Voix douce et décontractée, MusicWaves a rencontré une maman apaisée et épanouie.
La dernière fois que nous nous sommes rencontré était en 2010 pour la sortie de ton album "What Lies Beneath", peux-tu dire à nos lecteurs ce qu'il s'est passé depuis ces années ?
J'ai BEAUCOUP tourné. Je suis entourée depuis quelques années maintenant d'une équipe fantastique qui me rend les choses plus faciles qu'avant, et qui est très productive. Tout fonctionne très bien ensemble.
Et c'est aussi grâce à ça que tu as sorti autant de disques ces dernières années : il y a eu le "Live at Sibelius Hall" en 2011, le double live "Act 1" en 2012, puis ce nouvel album studio "Colours In The Dark"...
Oui, il faut aussi dire que je n'ai jamais autant chanté que ces dernières années, avec les sessions d'entrainements. Je suis aussi devenue maman, ce qui m'a permis d'être un peu chez moi car en 13 ou 14 ans, je n'ai jamais pu me poser chez moi plus d'un mois ! C'est de la folie ! Il se passait tellement de choses, des tournées, et des besoins de déplacements pour la musique. Donc j'ai enfin pu me poser chez moi et m'entrainer dur et ma voix a beaucoup évolué, c'est beaucoup plus naturel.
Et ce nouveau rôle de maman t'a-t-il inspiré dans l'écriture ou dans les thèmes abordés dans tes chansons ?
Pas vraiment non, car en fait, ça fait 2 ans et demi que je compose pour cet album, donc ma fille n'était pas encore en projet à ce moment-là. Mais d'une certaine façon, elle me rend si heureuse et si fière au quotidien, toute cette expérience de parent est si nouveau pour moi, c'est tout à fait unique ! Donc je pense que vu que c'est une grande partie de ma vie maintenant, je pense qu'elle doit avoir son influence sur moi, comme tout ce que j'ai fait dans ma vie en fait, ça m'a influencé, conduit à composer ce "Colours In The Dark".
Comment est-il possible de consilier le rôle de nouvelle maman avec celui d'artiste en tournée mondiale ?
J'étais en tournée quand je suis tombée enceinte. J'avais encore 5 mois de tournée prévue encore. Je me suis éclatée, c'était un moment merveilleux. Je n'ai pas été malade, une pèche d'enfer ! J'ai même travaillé sur la production de cet album, enceinte de 9 mois !
Je suis sûr que ça va intéresser nos lectrices : quelle est ton secret ?
Je n'en sais rien !!! (rires) Tu sais quoi ? Je suis du genre à être malade en voiture, en bateau, en avion, partout ! Mais là, rien ! Je m'attendais à bien pire, mais c'était super simple. Donc ma grossesse est passée, et j'ai continué à travailler dur, tout le temps. Ma fille fait partie de nous, elle est comme nous donc elle m'accompagne en studio, partout. Elle fait ses nuits, donc ce n'est pas compliqué. Là, elle est à Paris avec moi. On est sur la route depuis Mars, avec les mêmes bagages et le bébé ! Mon mari travaille et voyage avec moi, donc elle est avec ses deux parents sur la route.
Elle nous suivra aussi sur ma prochaine tournée qui commence en Octobre de cette année, jusqu'en 2015, normalement... si tout va bien et qu'elle a la santé bien sûr, c'est ma priorité. Mais c'est un bonheur de pouvoir faire ça. Elle aura 3 ans à la fin de la tournée, et n'aura connu que ça, il n'y a pas de raison que ça se passe mal. Elle ne saura pas ce que c'est d'avoir une maison fixe, elle est habituée à voir des nouvelles personnes c'est bien, je pourrais vous la laisser qu'elle ferait plein de sourires ! (rires) Après, elle regrettera sûrement les choses d'une vie normale, mais je m'efforcerai déjà de veiller à sa santé et sa sécurité.
Toi-même, tu es finlandaise, vis en Argentine, toujours sur la route... Voyager sans elle te ferait perdre toute attache.
Tu sais, j'aimerais aussi qu'elle connaisse la Finlande, elle a les deux nationalités, a une partie de la famille là-bas et je lui parle en Finlandais. C'est important pour moi qu'elle ait cette culture, je lui ferai des plats finlandais ! Ensuite, la vie à Buenos Aires n'est pas facile pour une enfant qui grandit, c'est dangereux. Quand j'étais enfant, je sortais de chez moi sans que mes parents ne s'inquiètent. A Buenos Aires, ce n'est pas possible...
Ok pour la partie personnelle et familiale, encore toutes nos félicitations aux heureux parents. Parlons à présent musique et de ton nouvel album "Colours In The Dark". C'est ton 4ème album studio en solo, et on y retrouve cette dualité Classique et Metal qui t'est si chère.
Tout à fait, elles me complètent. Les parties agressives, à la guitare, me donnent toute l'énergie de me donner à fond, et de sortir ce que je dois sortir. En live, j'ai besoin de cette énergie pour faire chaque concert. Ça, c'est une moitié de moi. L'autre moitié vient d'une formation classique. C'est elle qui me pousse à travailler, à continuer de chercher à me perfectionner et de progresser sans cesse, pour faciliter l'expérience de ma première moitié. Ces dernières années, le travail a rendu les choses très faciles. Elles me complètent vraiment car je ne serais pas heureuse de chanter au théâtre tout le temps, je perdrais tout le fun et la liberté que j'ai avec les 2.
Et c'est aussi la réaction de tes fans qui réagissent à tes concerts dans des Théâtres et regrettent parfois le manque de Metal de ta carrière solo.
Tu sais, la musique, c'est tout pour moi, j'ai grandi avec, et tout dans ma vie y est lié. Tous les jours de ma vie sont remplis en musique. Mes fans ont grandi et évolué avec moi. Je suis intimement convaincue qu'ils savent et s'attendent à ce que j'évolue moi aussi et que je me développe. Ce nouvel album est une croissance et j'ai découvert une nouvelle profondeur dans la musique, je pense que c'est le bon chemin.
Et cette profondeur, tu l'expérimentes aussi du côté ethnique, en incorporant pour la première fois des instruments typiques...
Oui, exactement ! J'ai voyagé en Turquie et j'ai beaucoup aimé ces sonorités orientales, si riches, si colorées. J'ai aussi énormément apprécié de travailler avec des musiciens très talentueux. Sur la dernière chanson, 'Medusa', on a un joueur arménien de Duduk qui fait une improvisation absolument fantastique.
Sur la chanson "Victim Of Ritual", le premier single de l'album, dont l'artwork est également très différent et très marqué par cet aspect ethnique, on entend une mélodie séduisante au hautbois, très douce, avant d'exploser sur un chorus très marqué aussi. De quoi la chanson parle-t-elle, et y'a-t-il un nouveau message que tu souhaites apporter dans cet album, avec ce titre plein de sens ?
Oui, il est plein de sens. Le titre est "Victim Of Ritual" et je l'ai écrite en pensant à toutes ces victimes de rituels que j'ai pu voir. On a tous des petits rituels avec lesquels nous vivons, qui sont pour la plupart insignifiants, heureusement, mais dont d'autres sont invisibles et régissent notre vie. J'ai voulu en faire quelque chose de très positif.
Comment est-ce possible quand tu parles de "victimes" ?
En aidant à s'en rendre compte pour mieux aider à s'en débarrasser, comprendre qui on est, ce qu'on fait. J'en ai aussi, comme avant chaque concert par exemple, rien de grave, mais chez certains, ça l'est plus. C'est le premier single, sorti début juillet, et dont nous avons également tourné le clip avec une super histoire sombre.
Sur la pochette de ce single, on t'y voit le visage peint, un peu tribale, ce qui rompt l'habitude de te voir toujours majestueuse et immaculée. A quoi doit-on s'attendre d'autre concernant ces changements ?
Tellement de choses, tout est possible ! (rires) C'est la première couverture où je ne suis pas maquillée. C'était une super session photos. Pour le clip, on est allé jusqu'en Inde pour le tourner. Je voulais réussir à donner un effet très particulier, très surprenant avec toutes ces couleurs parce qu'à l'écriture de cette chanson, je n'avais pas le titre encore, mais les couleurs étaient très présentes. A l'image de ma vie, mais tu verras, les autres images du livret de l'album sont encore plus surprenantes. Je les adore, elles en disent tellement sur les gens, elles transmettent des sensations, nous touchent... C'est comme la musique. Il y a un vrai parallèle entre ces couleurs riches et ce que je fais avec ma musique pour surprendre, toucher les gens...
Derrière le titre de l'album "Colours In The Dark", on a l'idée que le noir absorbe toutes les couleurs de la vie et les enferme, les emprisonne toutes. Est-ce que c'est une métaphore extensible à notre société actuelle de consommation, des rituels qui prennent le pas sur nos vies ?
Je ne suis pas allée si loin, c'est beaucoup plus personnel en fait. Mais c'est en effet tout à fait ouvert à interprétations plus générales, et si ça te touche et te donne matière à réflexion dans ce sens, c'est parfait, c'est le but. J'aimerais que ça fasse réfléchir.
J'adore porter du noir, c'est ce qui contient et absorbe toutes les couleurs, et je me sens vraiment bien dedans. J'ai toujours évolué, et encore aujourd'hui dans un monde d'hommes, à être LA femme...
LA couleur ?
Oh, j'adore ! Oui, la femme qui les colore (rires) ! Ça n'a jamais été un problème pour moi, car ils m'ont toujours donné beaucoup de liberté dans mon travail, j'ai toujours eu beaucoup de chance.
Ta voix y est également remarquable aussi bien techniquement qu'émotionnellement. Tu nous disais continuer à la travailler, t'arrive-t-il encore de la découvrir, malgré tes nombreuses années de chant ?
Bien sûr, c'est clair ! C'est même incroyable. J'ai découvert récemment cet aspect "Coloratura" de ma voix, une sorte de haut soprano que j'avais mais que j'ignorais. Je n'étais pas très sure quand je montais autant avant. Là, c'est acquis, j'ai pris confiance, gagné de la puissance et de la liberté quand je monte si haut. Ce n'est peut-être pas évident pour tout le monde, mais je l'entends, et croyez moi, ça n'a rien à voir avec avant. Dieu seul sait où je vais, et si je vais m'arrêter ! (rires)
L'album a été arrangé avec le LA Orchestra Choir. Comment le choix a-t-il fait ?
Parce que j'ai une partie de mon équipe qui les connait bien de mes albums précédents. James Dooley s'est à nouveau occupé des arrangements et depuis le temps qu'il travaille avec moi, j'ai tenu à ce qu'on écrive une chanson ensemble. Je lui ai supplié qu'on co-écrive une chanson, et c'est devenu "The Deliverance". C'est bien me première chanson d'amour. Ça fait partie des choses sympa qu'il se passe à Los Angeles pour moi. C'était tout à fait naturel.
Sur cet album tu as repris le titre "Darkness" de Peter Gabriel. Tu nous avais habitué à des chansons de Rock des 80's, pourquoi celle-ci en particulier ?
C'est très différent, c'est clair ! En fait, quand j'aime vraiment quelque chose, je n'hésite pas à m'investir à fond, et à tout donner. Quand j'ai pensé à reprendre 'Darkness', Je me suis très vite résignée en me disant "Non, pas possible, je suis trop fan de Peter Gabriel, et je sais comment il travaille et le temps qu'il passe sur ses productions. Je n'oserai jamais... Mais je l'ai fait ! (rires !)
A la fois, ça t'as pris des années pour te décider, donc le temps, tu l'as mis aussi !
Vu comme ça, c'est vrai ! (rires) J'adore son travail, et j'aime tellement l'artiste. 'Darkness' est une chanson magnifique, forte et très bien écrite.
Sais-tu s'il l'a déjà écouté ?
Je lui ai envoyé ma version, (elle chuchote) mais il ne m'a pas encore répondu. J'adorerais qu'on en parle ensemble.
Lors de notre dernière rencontre, à notre question sur celle que tu aimerais qu'on te pose, tu avais répondu que tu allais y réfléchir et nous répondre. Ça fait trois ans, tu dois avoir eu assez de temps...
NOOOOONNNNN !!!! (elle éclate de rire) Pas du tout ! En plus j'y ai réfléchis après l'interview mais je n'ai pas trouvé !
On espérait que tu travailles sur cette question !
Nooonnn !! Va en enfer ! (rires) Il va falloir la reporter pour la prochaine fois ! (rires)
C'est noté ! Merci Tarja !
Merci à vous !
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