Après une édition 2011 réduite à sa plus simple expression, une journée de solidarité devant un parterre réduit, on craignait qu'un des plus anciens festivals français n'ai vécu ses derniers moments. Mais il n'en fut rien et en ce Samedi 08 Septembre, c'est avec un plaisir immense que l'on retrouve cette véritable 14ème édition du festival, toujours dans le cadre verdoyant et chaleureux du château de la princesse de Raismes.
Les efforts des organisateurs ont payé et c'est toute une équipe de bénévoles motivés qui nous accueille et qui nous a concocté une belle affiche pour cette édition. Le cadre a repris sa forme habituelle avec ses deux scènes, ses stands nombreux et de qualités et surtout, cette belle ambiance, enrichie par une affluence très correcte qui laisse optimiste pour l'avenir. Raismes a donc gardé sa belle particularité avec sa scène découvertes qui va permettre aux spectateurs de faire connaissance avec de très bonnes formations tout le long de la journée.
Il faut mettre à l'honneur cette scène et ces groupes qui œuvrent avec talent pour se faire connaitre auprès du public. Beating Mosquito a l'honneur d'ouvrir en cette fin de matinée et il a déjà devant lui un public assez fourni qui apprécie son métal progressif parfaitement joué qui bénéficie d'un son clair et puissant. Ensuite les bons groupes vont se succéder dans des styles assez variés, Dead'N'Crazy va proposer un mélange efficace entre hard-rock, progressif et métal classique, tandis que Tyson Boogie nous renvoi à AC/DC, Motörhead et Rose Tattoo avec un talent certain pour faire bouger le public tant les musiciens maitrisent bien ce style inusable. Ensuite, The Long Escape confirme le bien que l'on pensait de lui suite à l'écoute de "The Triptych", leur nouvel album. Véritables touche-à-tout, les musiciens naviguent entre pop, prog et métal avec aisance et une belle technique. Le groupe est clairement une des belles révélations de la journée et devrait rapidement postuler à des scènes principales s'il continue sur cette lancée.
TANK, précédé par une réputation scénique déjà intéressante, avec un passage à Wacken notamment, nous propose ensuite un death mélodique puissant et carré, les musiciens montrant une belle expérience. De plus, Raf Pener est très efficace vocalement, montrant de l'aisance et de l'énergie dans le style et évitant de sonner metalcore comme le font trop de formations du genre. Superscream propose ensuite un heavy progressif assez classique, à la fois puissant et mélodique, mais enrichi par quelques influences world que le groupe aurait pu mettre plus en avant lors de cette prestation. Avec Fluxious, on tient la curiosité du jour avec ce groupe suisse très éclectique qui évolue entre jazz, soul et métal, le tout emmené par une chanteuse, Joana Desfosses, au timbre profond et envoutant. Passé la surprise, le public se laisse entrainer dans cette musique à l'âme pleine de feeling qui s'avère avoir été une des plus passionnantes à suivre de la journée sur cette scène. Enfin, Holophonics propose un power métal à tendances symphoniques assez classique mais qui fait son effet, le groupe jouant même un titre de plus en raison du retard de Girlschool devant un public qui a apprécié sa prestation. Ce sont les régionaux de l'étape de Rozz qui clôturent cette scène en tant qu'invité spécial et ces vétérans, toujours emmenés par un Marcel Ximenes impérial à la guitare, méritent cette petite attention. Ils avaient, l'année dernière, porté le festival à bout de bras et cette année encore la petite troupe du groupe a rendu pas mal de services au festival, lui permettant en grande partie de survivre. Musicalement, le groupe est bien meilleur qu'en 2011, son chanteur, Olivier Bourgeois, fait le show et rend parfaitement hommage aux titres du groupe. De fait, Rozz remporte un beau petit succès et réalise à merveille son rôle de première partie de luxe pour Pretty Maids.
La scène principale apporte un programme très varié, tapant dans pas mal de styles différents et faisant honneur à des styles plus extrêmes pour le plus grand bonheur de festivaliers venus spécialement pour cette occasion.
Irminsul ouvre le bal et les Français vont rencontrer un beau petit succès avec leur heavy métal classique chanté en français et qui renvoi aussi bien à Iron Maiden, la basse était bien mise en évidence, qu'à un Saxon ou à un Judas Priest. De plus, le groupe nous a fait l'honneur de quelques titres de son futur album, dont le très bon "Je ne te dis rien" au refrain très efficace. Ensuite, on retrouve un habitué avec Max Pie qui était déjà présent en 2009 et en 2011. On retrouve ainsi le sympathique et charismatique Tony et sa bande avec leur métal progressif, à la fois technique et mélodique, qui fait toujours mouche auprès du public. Le groupe grandit rapidement et devrait, à n'en pas douter, continuer sur sa belle lancée.
Les Anglais de Voodoo Six débarquent ensuite et leur hard-rock typé 70's est efficace, certes peu original, mais les musiciens, dont certains passés par Dirty Deeds, le groupe fétiche de Steve Harris, leader d'Iron Maiden, ont de la bouteille et le tout fait son effet en ce début d'après-midi ensoleillé. Avec 77, on passe la vitesse supérieure. En deux disques, les Espagnols se font largement connaitre avec leur hard-rock se voulant un hommage à ce que faisait AC/DC avec Bon Scott. Malgré le mimétisme, vocalement c'est même bluffant, le groupe assure un maximum et met le feu. A la guitare LG, Valeta est un digne héritier d'Angus Young et distille soli et riffs avec une classe certaine. Les Espagnols n'apportent certes rien de bien neuf mais ils manient la poudre avec une efficacité qui fait plaisir à entendre et qui remporte un large succès auprès d'un public déjà très nombreux.
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Avec Melechesh le Raismes Fest innove par rapport à ses éditions précédentes et ouvre son affiche au black métal. Et le groupe israélien va profiter de l'occasion qui lui est offerte en présentant une prestation de haute tenue, à la fois violente et envoutante, tant son black est puissant et incisif mais emprunt d'une couleur chaleureuse qui fait la différence. Le groupe a réussi son pari, il aura sans doute aussi laissé quelques anciens septiques, mais sa musique teintée d'influences orientales aura sans nul doute gagné des adeptes. Avec The Answer le Raismes Fest va connaitre un de ses grands moments tant les Irlandais ont mis le feu avec leur hard-rock chaleureux, rempli de feeling et d'énergie et porté par un Cormac Neeson formidable d'aisance et de classe au chant. L'homme est de plus un showman accompli qui n'hésite pas à venir chanter au milieu des fans pour le plus grand plaisir de ces derniers. D'un bout à l'autre de ce grand concert, on est porté par les titres de la formation irlandaise qui confirme un potentiel gigantesque.
La pression est ainsi assez forte pour les trois dernières formations. La première d'entre elle évoluant de plus dans un style radicalement opposé. Napalm Death et son grind death sont ainsi une curiosité et une découverte pour pas mal de festivaliers, mais les Anglais ont aussi leur public et l'ambiance dans les premiers rangs est déjà chaude avant même le début du concert. En un peu plus d'une heure, le groupe va mettre une claque monumentale à tout le monde. Basant son set sur son dernier et excellent album, "Utilitarian", il assure un show violent mais maitrisé par un quatuor de haute qualité et emmené par un Barney intenable, bavard et très concerné par les thèmes de ses chansons, toujours aussi revendicatrices envers les torts de notre société. En plus de 20 chansons, le public a eu droit à un florilège de la carrière du groupe, de "Scum" à nos jours, avec pas mal de grands moments comme notamment "Suffer The Children" et la reprise des Dead Kennedys, "Nazi Punks Fuck Off". Bien sur, le style n'est pas à mettre entre toutes les oreilles tellement il est violent, mais le festival de Raismes, en s'ouvrant à ces styles et de telles grandes formations, prouve qu'il peut évoluer et aller de l'avant.
Après cet ouragan, ce sont les vétéranes du hard-rock que sont Girlschool qui ont la lourde tache de rassasier un public déjà largement bien nourri. Mais le show des demoiselles va peiner à décoller et surtout trainer un peu en longueur, le son est de plus parfois fluctuant et on sent la formation anglaise parfois peu concernée. Malgré tout, le public massé dans les premiers rangs a apprécié et a fait un joli succès aux tubes des années 80 du groupe, "Hit And Run" notamment et "Emergency" en fin de concert. Il reste le plaisir d'avoir vu en concert un des grands anciens des années 80, compagnon de cordée de Motörhead et garant de l'histoire d'une certaine conception du hard-rock britannique.
Ce sont enfin les très attendus Pretty Maids qui ont l'honneur d'achever cette édition quasi. Et les Danois, plutôt rares en France, vont remplir cette tache avec classe. Le hard-rock mélodique qu'ils présentent est en effet taillé pour la scène avec pas mal de titres imparables tirés de toutes les époques du groupe, des années 80 à nos jours. Le groupe est de plus parfaitement en forme, Ronnie Atkins chante à merveille, en alternant avec efficacité vocaux calmes et puissants, tandis que Ken Hammer, son complice de toujours, fait preuve de dextérité à la guitare. De fait, cette heure et demi de concert passe fort rapidement tant le groupe enchaine les bons titres, balançant avec classe entre heavy et chansons plus FM. Il prouve que sa carrière récente est de grande qualité, que çà soit avec "Pandemonium", "I.N.V.U", "Little Drops Of Heaven" et "It Comes At Night", 4 très bons extraits de leur dernier album en date, "Pandemonium". Ces titres prouvent la variété du style du groupe avec notamment un titre éponyme surprenant car assez agressif sur les couplets avec un Atkins quasi méconnaissable. Ensuite, "Destination Paradise", extrait de "Anything Doing Is Worth Overdoing", et "Wake Up To The Real World", extrait de l’album du même nom, prouvent que le groupe a pondu dans les années 90 et 2000 quelques excellent tubes, très immédiats et aux refrains imparables. Ensuite, et logiquement, les trois premiers albums du groupe sont largement représentés tant ils constituent encore l’âge d’or des Danois. Le classique "Future World" de 1987 est mis à l’honneur avec 4 titres, dont le classique morceau éponyme, ainsi que les très bons "Love Games", "Rodeo" et "Yellow Rain". Et force est de constater que ces chansons marchent toujours aussi bien malgré les années, tant la capacité du groupe à pondre des titres à la fois hard et accrocheur est forte. Le premier album n’est pas non plus oublié avec notamment le classique "Red, Hot And Heavy" qui, en dernier rappel, constitue un final de choix avec un refrain repris en cœur par le public.
Le groupe danois boucle ainsi en beauté et avec talent une journée parfaite sur tout les plans et qui devrait, on l'espère sincèrement, relancer ce festival qui demeure l'un des plus sympathiques organisé en France. Ce fut une réussite artistique et populaire complète qui prouve que les festivals à taille humaine ont leur mot à dire devant les machines bien huilées. Il nous reste à remercier l’organisation du Raismes Fest ainsi que tous les bénévoles pour leur gentillesse et leur dévouement avec un merci tout particulier à Philippe pour son travail et sa disponibilité.
Un petit merci personnel à mon ami 'Wacken' pour la photo du groupe Melechesh qu’il m’a gentiment donné.
Plus d'informations sur http://www.prettymaids.dk/