Depuis 27 ans, Sidilarsen arpente la scène metal industrielle au point d'en être devenu un des fers de lance hexagonal avec Mass Hysteria... Toutefois, les Toulousains ont amorcé un changement d'orientation plus metal sur le précédent album "On va tous crever". Au lieu de ça, le groupe revient sur ces Terres métalliques plus vivants et forts que jamais et ce, malgré le départ de Samuel un des membres fondateurs et frère du chanteur David...
"On va tous crever" a déjà cinq ans…
David "Didou" Cancel : … C’est fou !
... Il s’est passé plein de choses et la tournée pour promouvoir cet album s’est achevée seulement l’an dernier…
David : Tard ! Elle s’est achevée fin août 2023…
On s’est mis en pause cérébrale

Comment l’expliquez-vous : le succès lié à l’album ou les effets du Covid qui ont différé énormément de concerts et de tournées ?
David : Clairement, les deux ! On avait fait un bon tiers de tournée avant le Covid et quand la crise est arrivée, beaucoup pensaient et nous disaient qu’on allait avoir du temps pour composer et créer un album… Mais non, parce qu’on aurait eu envie de le défendre… On s’est donc mis en pause cérébrale pour une fois et on a pensé à autre chose. Et on a eu à faire face à des petites épreuves personnelles, des évènements : ce n’était pas du tout le moment d’écrire ou de composer. On a senti qu’il fallait digérer cette crise inédite dans le monde contemporain, et écrire à chaud sur une crise, c’est le meilleur moyen de faire de la merde (Sourire) !
Sachant que comme tu le dis, certains ont peut-être oublié mais on a vécu quelque chose d’exceptionnel…
David : Ce n’est quand même pas rien ! Il y a eu des malheurs ! Il y a des gens pour qui c’est abstrait et je l’entends. En revanche, il y a des gens pour qui ce n’est pas abstrait du tout : il y a eu des grands drames familiaux, des deuils très durs… Mourir du Covid : c’est horrible ! Et puis, le milieu culturel a été particulièrement frappé. On était quand même dans une position où on ne se savait pas si on allait pouvoir reprendre les concerts un jour : c’est quand même particulier mentalement ! Il y a eu une phase où on s’est demandé si on allait pouvoir continuer notre métier : ce n’était pas sûr du tout ! Comme souvent, ça a fragilisé les plus faibles, les plus petits…
Et finalement, être encore présents ici aujourd’hui doit vous conforter dans vos choix et le chemin de carrière suivi par Sidilarsen depuis ses débuts ?
David : Oui ! On a tenu bon ! Il y a eu beaucoup de choses. Mais c’est vrai que sur ces cinq ans, il s’est passé énormément de choses : il y a eu l’arrivée de Marvyn, le départ de mon frère Sam, l’ancien batteur… Beaucoup de choses très riches pour nous, mais on a voulu défendre "On va tous crever" jusqu’au bout et même Marvyn qui est arrivé pour la dernière année de cette tournée était dans l’énergie.
L’histoire est jalonnée de périodes sombres et il y en aura toujours !
Pour finir sur le thème, ce titre d’album "On va tous crever" était presqu’un titre prémonitoire, non ?
David : On ne peut pas dire qu’on est devin quand on écrit "On va tous crever" parce qu’il y aura toujours une bonne raison pour que ça fasse écho : par exemple, aujourd’hui, il y a la guerre en Ukraine… L’histoire est jalonnée de périodes sombres et il y en aura toujours ! Mais c’est vrai que ces dernières années, il y a eu une synchronicité folle ! Et aujourd’hui, on est énervés (Sourire) ! Et en plus, on a sorti le clip de ‘On va tous crever’ un an après l’album parce qu’on s’est rendu compte qu’il était bien accueilli. On avait déjà fait deux clips auparavant mais on s’est dit qu’il fallait en faire un de ce titre et finalement, dix jours après sa sortie, il y a eu le confinement ! Du coup, les gens l’ont regardé confinés chez eux et paradoxalement, ça a aidé le groupe à gagner de la notoriété. C’est un paradoxe absolu dans une période très dure pour nous !
C’est un paradoxe mais quand certains groupes ont disparu, d’autres ont eu un regain de notoriété en proposant des contenus nouveaux puisqu’en cette période d’inactivité, les gens confinés n’avaient rien d’autres à faire que de les regarder…
Marvyn Palmeri : C’est vrai qu’il ne restait que ça aux gens : il n’y avait plus de concert, plus rien !
David : D’ailleurs, on n’a jamais vendu autant de
merchandising en ligne. Ce qui était à beau à voir, c’est que les gens avaient le même enthousiasme pour nous soutenir : ils ne voulaient pas seulement le dernier T-shirt de Sidilarsen, c’était une démarche presque militante ! On a sorti de nouveaux modèles pendant toute cette période d’inactivité et on a même fait une bière d’ailleurs : on s’est lancé dans une activité de brasseur pendant un petit moment (Sourire) ! On a appris des choses : pendant cette période, on a fait des trucs qu’on n’avait jamais eu le temps de faire, comme réparer le camion (Rires) !
Et comme tu l’as un peu évoqué, en 2022, une nouvelle épreuve s’est présenté au groupe : Sam décide de partir. Comment gère-t-on ça quand un fondateur d’un groupe, ton frère de surcroit quitte le groupe ?
David : Honnêtement, c’était très dur !
Sam était arrivé au bout, il avait besoin de se recentrer
Y-avait-il eu des éléments annonciateurs ?
David : Oui ! Sam avait déjà envisagé d’arrêter trois ou quatre ans auparavant. On avait bien discuté pour savoir s’il était sûr, s’il fallait améliorer certaines choses… Sam était passionné par Sidilarsen : il y mettait sa vie, son corps, son cœur… tout ! Y compris dans les parties chiantes qu’on se répartit encore tous les cinq aujourd’hui. Il faut savoir que la vie d’un groupe ne consiste pas seulement à jouer, il y a beaucoup d’autres choses très chronophages comme la promo, la communication sur les réseaux sociaux, les réunions, conduire le camion, l’entretien du matériel : c’est plein de métiers différents ! Et Sam était très, très investi : il s’est même un peu brûlé parce qu’il est comme ça, il ne sait pas faire autrement… Il se mettait en danger psychologiquement et au niveau de sa santé physiquement également. Depuis quelques années, c’était trop pour lui et en particulier, les heures de camion… Et le fait de jouer de la batterie devenait difficile pour lui ! Marvyn en sait quelque chose parce qu’il y a une charge mentale sur le poste de batteur dans Sidilarsen : il y a les machines, le clic, l’interaction avec moi au chant… parce que Marvyn lance les séquences de chaque titre quand j’interviens… Il y a une charge mentale parce qu’il est la colonne vertébrale du groupe en
live…
Marvyn : Comme beaucoup de groupes, mais c’est différent parce que je suis le seul au clic et eux non… Il y a donc un stress supplémentaire du fait que je ne peux pas me rattraper si je rate un clic…. On rentre dans des détails techniques mais c’est vrai qu’il y a eu une petite pression, surtout au début : c’était important de bien se préparer !
David : Et donc Sam était arrivé au bout, il avait besoin de se recentrer : il est parti vivre à la campagne et il est très, très bien là où il est ! Il fait sa petite activité dans le verre. Mais il est toujours très attentif à Sidilarsen parce que ça reste toujours son bébé vu qu’il était là au tout début. Il avait besoin de casser fortement pour arriver à
swichter parce que sinon le deuil aurait été trop dur ! Ça fait deux ans aujourd’hui, il a du recul et il regarde tout ce qui se passe pour le nouvel album : il est très content, très fier !
Mais ne regrette-t-il pas ?
David : Non ! Forcément, il a des petits pincements bien sûr. On vient de faire une annonce très importante avec l’Olympia : ça lui fait forcément quelque chose mais il est fier avant tout du parcours !
Depuis, vous avez accueilli Marvyn. Quel était pour vous le critère n°1 pour remplacer Sam qui était dans le groupe depuis l’âge de ses 14 ans ?
David : Ouais, c’est complétement fou ! Je pense qu’on ne peut pas remplacer quelqu’un : c’est ma philosophie !
Marvyn : Bien sûr ! Le poste est le même sur le papier mais tu ne peux pas remplacer !
David : Dans notre esprit, Sam s’en allait et l’idée était d’accueillir quelqu’un de nouveau qui allait amener son univers. Evidemment, il fallait que ça
matche avec Sidilarsen -on ne peut recruter un mec qui ne faisait que du jazz (Sourire)- et on s’est dit que le critère n°1 était le
feeling.
Feeling personnel ou musical ?
David : Les deux : un
feeling total (Sourire) !
Au début, on a juste demandé des petites vidéos à toutes les personnes qui ont souhaité participer à l’audition. On avait demandé à chacun une vidéo du titre ‘A vif’ et une courte présentation orale parce qu’évidemment, on ne pouvait pas auditionner 70 personnes… On a respecté tous ceux qui ont participé en envoyant un message personnalisé à chaque candidat en leur expliquant pourquoi on ne les retenait pas : ce qu’on avait senti de bien et de moins bien chez eux… Et ce qui nous a parlé tout de suite avec Marvyn, c’était son langage corporel et sa frappe, son jeu de batteur pur qui était très largement au niveau pour Sidilarsen. Mais on a été très sensible à son identité, son langage corporel, sa façon de frapper… et ça, ça ne s’explique pas vraiment. Dans sa présentation, on l’a trouvé très sincère, très frais. Il était dans le haut du panier et ça s’est confirmé quand on l’a réellement rencontré.
Mais on a pris du temps, on ne pouvait pas évoluer avec un nouveau batteur sans prendre le temps alors qu’il y a quasiment eu 25 ans de route avec Sam par ailleurs : on a donc pris beaucoup de temps !
Il y a un faisceau lumineux, il faut le trouver !
Et on arrive à ce nouvel album "Que la lumière soit" qui est dans la même veine que le précédent. On y retrouve un Sidilarsen résolument metal et encore plus sombre. Car autant on pouvait entrevoir une lueur d’espoir sur "On va tous crever" avec notamment un morceau comme ‘L’ardeur du vivant’, autant tout espoir semble anéanti sur ce nouvel album. Première question, est-ce que cette antinomie entre les titres de ces deux derniers albums et le sentiment d’espoir qui ressort de leur écoute est consciente ?
David : Oui, il y a de ça mais tout n’est pas calculé, tout est très senti dans Sidilarsen. Mais effectivement, il y a un effet miroir : on trouvait provocateur d’avoir un titre plus positif -bien qu’il soit forcément ironique- comme "Que la lumière soit". Il y a aussi une notion de fascination, de complotisme voire de secte…
Marvyn : C’est complétement sujet à interprétation.
David : Mais il y a quand même de l’espoir dans cet album que ce soit sur ‘Adelphité’ ou même sur ‘On Revient sur Terre’, les refrains sont positifs finalement "Ouvrons les barrières en geste solidaire" : c’est le côté Sidilarsen Bisounours (Rires) qui existe depuis nos débuts ! Mais c’est vrai que l’album est très sombre et que même dans les titres où il y a une ouverture comme ‘Adelphité’ où on amène sur la solidarité et la bienveillance, les couplets sont très durs et très sombres parce que c’est ce qu’on ressent dans l’air et dans la société d’aujourd’hui : on ressent cette violence et cette fracture dans l’Occident mais même partout… Il y a quand même du positif mais il faut aller le chercher (Sourire) ! Il y a un faisceau lumineux, il faut le trouver !
Comme tu l’as dit, l’histoire est jalonnée de périodes sombres, mais on a l’impression de pas vraiment s’en sortir entre le Covid, les guerres, l’inflation… et contrairement aux périodes passées, cette menace écologique qui plane sur notre avenir…
David : On va dans un mur ! Et moi qui suis un jeune papa, c’est très dur parce que je ne sais pas ce que je vais expliquer et transmettre à mon fils ! Mais je pense qu’il y a toujours une part d’espoir comme sur l’album et ‘Luminaria’ qui est un interlude qui est le symbole de l’espoir. Il fait suite à ‘Du Sang sur les Fleurs’ qui est une image d’un moment sombre qui peut arriver dans l’histoire, comme la guerre en Ukraine qui arrive de manière fourbe ou on est dans le déni alors que cette guerre existe depuis 2014 mais on ne la voyait pas vraiment…
… Comme toutes les guerres finalement…
David : Exactement ! Et en fait, la musique a une dramaturgie dans ‘Luminaria’ parce que c’est dans ce chaos que l’on ressent que les voix d’un bébé sont l’espoir, la renaissance, la floraison…
Justement on se demandait si les babillements du bébé sur l’instrumental ‘Luminaria’ étaient soit de l’espoir ou tout simplement ironiques ?
David : Ce qui m’intéressait, c’est que ce soit les deux !
Même si pour toi, c’est plutôt de l’espoir…
David : A la base, oui ! Mais en même temps, on a renforcé le trait, le côté sombre parce que ce contraste, cette ambiguïté nous intéressaient : c’est tout simplement la fragilité de l’Humanité ! On est tout le temps sur un fil entre d’un côté l’Humanité et le côté animal, barbare, sanguinaire, destructeur…
Et toujours concernant ce titre, le bébé est-ce ton fils ?
David : Oui, c’est mon bébé mais il reste anonyme même si j’assume que c’est mon bébé…
On n’est fermés à rien, ouverts à tout !
Sans transition, avec le temps le metal de Sidilarsen semble abandonner de plus en plus son côté indus. C’est particulièrement le cas avec des titres comme ‘Les Enfants de la Rage’, ‘V(e)mpire’, ‘Inanité’. Ça ne vous amuse plus autant qu’avant de jouer avec les machines ?
David : Pour Marvyn, c’est compliqué de répondre par rapport à ce qu’on faisait avant mais il pourra donner son ressenti actuel. Mais si j’essaie d’avoir une vision globale, on n’est fermés à rien, ouverts à tout ! Si tu ressens qu’on joue un peu avec les machines, c’est en partie vrai : je dirais qu’on joue avec les machines d’une autre manière. C’est vrai qu’on met moins de séquences rythmiques, on est plus sur des nappes, des arrangements, des orchestrations ou des chœurs… on recherche plus un côté épique, puissant qui correspond bien à cet album. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y aura pas un jour de nouveau un morceau très électro-indus : pourquoi pas ?
Marvyn : Il y en a toujours en
live de toutes façons !
David : Mais on avait besoin d’aller chercher d’autres choses et c’est quelque chose que voulait également Sam avant de partir et qu’on avait touché du doigt sur "On Va Tous Crever". Sur ce qu’on avait sur "On Va Tous Crever", on a le sentiment -à tort ou à raison- d’avoir poussé les curseurs sur "Que la Lumière Soit" en renforçant les côtés sombres, puissants, violents même et également les côtés épiques, mélodiques et aérés…
Dans l’interview que vous nous aviez accordée en 2019 pour la sortie de "On va tous crever", vous nous aviez dit que ce qui avait principalement changé dans votre manière de composer était que vous aviez écrit les textes après la musique…
David : C’est vrai !
… Il semble que vous avez récidivé sur cet album ?
David : On a effectivement récidivé. On a beaucoup tout écrit avec Viber (NdStruck : Benjamin Bury) après les instrus. Marvyn, Sylvain (NdStruck : Sylvain Sarrobert) et Benben (NdStruck : Benjamin Lartigue) ont fait un trio de l’enfer pour composer des instrus géniaux qui nous ont particulièrement inspirés pour écrire…
Marvyn : Et on l’a ressenti également parce que ça a été simple ! Il n’y a pas eu beaucoup d’allers-retours, tout le monde était sur la même longueur d’onde… On n’a pas cherché à faire autrement vu que ça se faisait naturellement comme ça !
C’est particulièrement intéressant voire vital pour un groupe avec un certain parcours comme Sidilarsen de pouvoir changer ainsi sa façon de composer, d’avoir de nouveaux membres pour ainsi continuer à rester frais…
David : Carrément ! Et comme il venait d’arriver, Marvyn demandait jusqu’où il pouvait aller : il rentrait un peu dans le moule mais on le poussait…
Marvyn : Ils m’ont poussé bien plus que je ne le pensais… C’est vrai qu’on peut se demander jusqu’où j’ai pu composer dans cet album en arrivant dans un groupe avec une telle ancienneté, j’aurais pu entrer dans le groupe et qu’ils me demandent d’apprendre ce qu’ils avaient déjà écrit… Et en fait, pas du tout ! La compo a été quasiment faite de A à Z dès mon arrivée : il y avait quelques idées de riffs mais pas de batterie… Du coup, j’ai commencé à me mettre dedans et je me suis rendu compte que je pouvais proposer des idées de structures de guitares, de plein de choses… Non, vraiment, ce sont même eux qui me disaient que ce que je leur proposais était cool mais il fallait que j’aille plus loin (Sourire) ! Finalement, on s’est éclatés parce que tout le monde était très libre, personne ne s’est mis de barrière et en même temps, c’était dans un but commun !
David : L’objectif était d’être au service de la musique ! Et ce qui est marrant d’ailleurs, c’est que quand Sylvain est arrivé dans le groupe à la basse, ça a également redonné un coup de frais et les gens nous demandaient si l’évolution vers un metal moderne venait de Sylvain. C’était en partie vrai mais pas que parce que Benben qui adore composer avait lui-même ramené du frais, mais parce que l’arrivée d’un nouveau membre provoque une dynamique. Et ça s’est reproduit avec l’arrivée de Marvyn qui a déclenché une nouvelle dynamique chez Benben et Sylvain.
Marvyn : Effectivement, Benben nous a pondu des riffs de l’enfer sur cet album, des trucs limite death (Sourire)… Benben est très au courant de la scène actuelle, son jeu évolue en fonction, sa perception et du coup il nous fait découvrir des choses et inversement…
Chacun a amené beaucoup de choses sans qu’il n’y ait de règle
Vous vous nourrissez mutuellement, c’est une émulation continue…
David : Exactement ! Et Marvyn nous a amené un truc presque
old school génial sur ‘Miroir océan’… Je fais exprès de prendre un exemple contradictoire mais chacun a amené beaucoup de choses sans qu’il n’y ait de règle.
On ne peut pas nous endormir juste avec de la poudre aux yeux !
L’ADN de Sidilarsen, ce sont des textes engagés. On n’est encore pas déçus avec cet album où on retrouve notamment vos préoccupations écologiques avec ‘Miroir Océan’ dont tu parlais. Cependant, à l’écoute de ‘Sunburn’, vous semblez très critique vis-à-vis du tout électrique. Quel est votre avis sur le sujet ?
David : (Sourire) Non ! C’est un petit clin d’œil ironique pour dire qu’il ne suffit pas de décréter qu’on roule tous désormais en voiture électrique pour qu’on aille dans la bonne direction : il faut creuser plus que ça ! Il faut voir comment sont fabriquées ces voitures, il faut voir toute la chaîne… On a dit qu’il y avait peu d’entretien sur les voitures électriques or j’ai découvert récemment qu’il y a de gros scandales avec Tesla parce qu’il faut changer les moteurs… ce qui pollue à nouveau ! Je veux dire qu’on ne peut pas nous endormir juste avec de la poudre aux yeux ! En même temps, on n’est pas contre l’électrique dans l’absolu, on est ouverts mais pas au discours qu’on nous sert actuellement : un discours uniforme…
On essaie de proposer des choses intéressantes et un minimum intelligentes
Les complotistes (avec ‘Intox’) et les influenceurs (avec ‘On Revient sur Terre’) en prennent également pour leur grade. Les réseaux sociaux sont capables du pire, mais sont également devenus indispensables pour la promotion des artistes. Etes-vous à l’aise avec cette contradiction ?
David : Oui, on est à l’aise ! Je ne sais pas si on y arrive, mais on essaie de proposer des choses intéressantes et un minimum intelligentes sur les réseaux sociaux. On est obligés de faire de la promo et quand on fait de la promo, on assume de faire de la promo mais on essaie de ne pas faire du racolage…
Marvyn : Ce n’est pas dans notre nature et on est attentifs à comment on partage…
David : On essaie de proposer quelque chose d’intéressant sur le plan artistique y compris visuellement. On essaie d’avoir un propos un minimum intéressant. On se positionne quand il y a des sujets importants comme le sujet de l’égalité femme / homme, la parole des femmes et la remise en question de la parole des femmes… On essaie d’avoir une position intelligente et on a fait des communiqués sur lesquels on a bossé plusieurs mois : on a fait des communiqués au mot près… On essaie de ne pas se foutre de la gueule du monde sur les réseaux sociaux ! Après, on est dans une contradiction, mais ce qu’on dénonce sur les réseaux sociaux, c’est la violence et le côté binaire ! Nous ne sommes jamais binaires, nous ne sommes jamais violents… C’est ce qu’on a voulu pointer sur ‘On Revient sur Terre’ de notre manière sur le fait que la violence vient de l’anonymat et c’est pour ça que dans le clip, on a mis des masques : pour ce côté anonyme qui renforce ce côté agressif, violent… Et il y a également un clin d’œil aux religions et le Dieu Internet, le Dieu Algorithme…
Et effectivement sur ‘Intox’, on y va fort sur les théories complotistes où on parle carrément des platistes : c’est fascinant qu’il y ait des platistes en 2024 !
Marvyn : Et il y en a beaucoup (Rires) !
David : Tout marche à l’envers et c’est pour ça qu’on aimait l’image de la Terre plate parce que si elle est plate, en passant au travers, tu peux voir Lucifer ! Histoire de montrer cette porosité entre les idées. Tu peux tout renverser : le monde à l’envers comme dans "Stranger Things" !
Et c’est parfaitement résumé par Fabrice Eboué pour qui les réseaux sociaux sont des bandes à Dédé…
Marvyn : (Rires) Ces gens ont un énorme impact…
David : Et il faut se poser des questions sur les IA et les algorithmes parce que ce qui fausse tout sur Internet, ce sont les trucs spectaculaires : plus tu dis de la merde, plus ça buzze et tu agglomères du monde autour ! Heureusement, la majorité silencieuse reste modérée mais ça ne se voit pas et ça fait gagner du terrain aux violents…
Et finalement, quelle est la motivation d’un groupe comme Sidilarsen pour continuer à sortir des albums avec autant de rage après 27 ans… 27 ans de carrière ?
David : C’est vraiment n’importe quoi (Rires) ! Attends, on n’y est pas encore : on fêtera les 27 ans au mois de septembre… Déjà la beauté d’un parcours comme celui-là, humainement ! Le fait d’avoir de nouveaux membres dans le groupe, une équipe technique qui a évolué l’an dernier, et ça créé une nouvelle dynamique. Toujours concernant cette équipe technique -jusqu’à présent il y avait des
turnovers- mais cette année, un nouveau membre va augmenter l’équipe technique : c’est nouveau pour nous !
Marvyn : C’est très important pour nous parce que ce sont des membres à part entière…
Et finalement qu’attendez-vous concrètement pour cet album ?
David : Je pense que c’est l’envie de partage : le partage de la musique, le plaisir d’être avec le public…
On essaie de ne pas rester dans le confort des petites habitudes…
Et la fierté de continuer à passer des caps comme cet Olympia que vous venez d’annoncer pour 2025…
David : Bien sûr ! C’est une volonté ! Il y a une très belle dynamique en ce moment dans le groupe sur l’envie de progresser et de proposer de nouvelles choses : on renouvelle tout le décor de scène, tout le
show est entièrement revu… On a beaucoup travaillé pour ça en plus de l’album. On essaie de ne pas rester dans le confort des petites habitudes…
Marvyn : C’est sûr qu’on a bouleversé pas mal de choses !
David : Il y a des moments où c’est bien de pouvoir souffler un peu et on en aura besoin parce que depuis "On Va Tous Crever" entre le Covid, le changement de
line-up, le fait de se réinventer… on va un peu se stabiliser ! Mais il y aura de nouveaux objectifs…
On a hâte de voir tout ça… merci !
David : Merci à toi surtout !
Marvyn : Carrément !
Et merci à Newf pour sa contribution...