Quand les membres de Black Bomb A, Smash Hit Combo, Betraying the Martyrs, Sirenia, Les Tambours du Bronx... le tout sous la houlette de HK des Vamacara Studio, ça donne un collectif metal (bien évidemment) aux forts relents néo avec notamment des parties "rap" par Déhà le black métalleux... Depuis le premier titre dédié au personnel hospitalier, au plus fort de la pandémie, le projet s'est étoffé pour devenir un groupe pour qui l'avenir (puisqu'avenir il y aura) loin du chaos imminent qui nous est promis...
Renato, on t'a déjà posé cette question au titre de nos précédentes entrevues, cette question concerne tes compères. Quelle est la question qu’on vous a trop souvent posée et à laquelle vous auriez marre de répondre ?
Déhà : Ah ouais, pas mal ! La mienne, c’est la base : "Tu as tellement de projets, quand dors-tu ?".
Renato, tu dois avoir droit à la même…
Renato Di Folco : Pas autant que lui, il a bien plus de projets que moi !
Pierre Jacou : Je ne vais pas être le bon client pour cette question, je n’ai pas la réponse… Après, je suis bassiste, je ne suis pas le mec qui fait le plus fantasmer les journalistes (Rires)…
Renato : Dans le cadre de Dr0pdead Chaos, celle qu’on me pose tout le temps, c’est de savoir si c’est un vrai groupe ou un
side project ?
La question ne se pose désormais plus : vous ouvrez les hostilités avec ce nouvel album, cette journée promo et surtout des dates de concerts…
Renato : Je suis assez d’accord avec toi !
Dr0pdead Chaos a vu le jour en mars 2020, la date parle d’entrée sans avoir besoin d’en dire plus, chacun se souvient de ce qu’il faisait quand le ciel lui est tombé sur la tête avec ce confinement et avec le recul, c’est même assez hallucinant de constater ce qu’on a vécu…
Renato : On a vite oublié !
Jacou : Ça paraît loin !
… Comment des musiciens d’horizons aussi différents ont-ils réussis à donner naissance à ce groupe en si peu de temps ?
Jacou : Il n’y a rien de programmé ! Si on doit faire rapidement la genèse des choses : un jour d’enfermement comme on l’a tous connu, je reçois un coup de fil de Sylvain Sarrobert, bassiste de Sidilarsen, qui me dit qu’il avait gribouillé un petit bout de riff, un truc cool qu’il souhaitait me faire écouter et que si je voulais participer plutôt que de m’ennuyer, il en serait fort aise… J’écoute le squelette de la chanson et je le rappelle immédiatement en lui disant que c’était hyper bien mais qu’est-ce qu’il comptait en faire ? Il me répond qu’il voulait faire participer tous les copains qu’on croise sur la route, histoire de ne pas s’ennuyer… La question naturelle qui vient était de savoir qui il avait contacté. Il me répond qu’il a contacté Baptiste (NdStruck : Baptiste Ory, guitariste) de Smash Hit Combo ce qui tombait bien puisque j’appréciais beaucoup cette personne.
Mais à deux guitares et une basse, on n’allait pas bien loin… Il n’avait pas forcément pensé à d’autres personnes si ce n’est Renato pour le chant mais il ne le connaissait pas plus que ça. Je trouvais le choix fabuleux, je me suis donc permis de le contacter en me disant que c’était peut-être le moment sachant que j’avais déjà essayé de l’intégrer dans un
cover band de Pantera mais il avait refusé…
Renato : (Rires) !
Jacou : Entretemps, j’appelle HK (NdStruck : HK Krauss) le producteur du Vamacara Studio et désormais manager de Dr0pdead Chaos pour lui dire que j’avais ce projet que je trouvais cool dans les tuyaux et que s’il voulait le mixer l’affaire... Il a accepté immédiatement et me demande “Qui en est” ? Je lui réponds donc les premiers membres et Renato pour lequel il me répond qu’il allait le contacter pour lui dire qu’il est bien con s’il refuse le projet.
Renato : HK m’a appelé en me disant que Jacou allait m’appeler et que je devais répondre positivement (Rires) !
Jacou : A partir de là, on a cette première mouture immédiate et pour ne rien te cacher, le premier batteur que j’avais contacté était Kevin Foley avec qui j’avais partagé la scène avec Black Bomb A mais le seul problème qui se posait était qu’il n’avait pas de batterie chez lui et ne voulait pas écrire des parties de batterie sur ordinateur : un rockeur quoi ! Il a donc refusé et ayant connaissance de ça, HK nous dit qu’il peut contacter Boris (NdStruck : Boris Le Gal) de Betraying the Martyrs qui accepte.
A partir de là, on commence à bosser et on se dit qu’il faudrait des arrangements de claviers. Immédiatement, Renato et HK proposent Déha que je ne connaissais pas.
Renato : En effet, HK, Déhà et moi avions travaillé ensemble sur un petit projet et on a adoré chanter ensemble la première fois…
Déhà : Je reçois les compositions que je trouve cool également, je commence à travailler un peu les arrangements, les claviers et je vois qu’il y a encore un peu de place et je propose un petit truc vu qu’on est là pour s’amuser : je propose un petit rap…
Mon premier amour musical a toujours été le rap !
Ce qui est amusant sachant qu’on attend beaucoup de choses de toi, Déhà mais pas du rap…
Renato : … d’un black métalleux, exactement (Rires) !
Déhà : Mais tu sais comme n’importe quelle personne, j’ai découvert la musique quand j’étais gosse et mon premier amour musical a toujours été le rap ! Avec l’évolution -j’ai grandi dans des sphères variées du metal- mon style préféré reste le black metal mais ça n’empêche pas de trouver un esprit dans le rap. Je suis un grand fan de Linkin Park devant l’éternel et tout ce qui tourne autour : j’ai toujours aimé faire du rap !
Encore une fois, vous venez tous d’horizons très différents pour vous retrouver là où on ne vous attend pas pour vous faire plaisir comme jamais…
Renato : On aime dire que la musique de Dr0pdead Chaos se rapproche beaucoup de la scène des débuts 2000, du néo metal début 2000… On a tous vu et vécu cette époque mais nous étions tous déjà dans des groupes différents qui ne jouaient absolument pas ce style. Et puis surtout, à cette époque, jouer ce style était interdit pour les petits Français que nous étions parce que la scène était saturée et nous étions déjà bien occupés par ailleurs.
Mais finalement, comme tu as pu le constater, on ne s’est jamais posé la question du style, en vérité, tout s’est rajouté petit à petit pour donner cette musique. Et quand on a vu le résultat, on a dû se résoudre à l’évidence qu’il y avait quand même pas mal de néo metal des années 2000. Mais finalement, on a quarante ans, plus personne ne fait ça aujourd’hui et puis surtout, on fait ce qu’on veut (Rires) !
Comme tu le dis, plus personne ne fait ça aujourd’hui, n’avez-vous pas craint que cet album et ce groupe n’allaient pas trouver son public - même si les premiers concerts ont répondu en partie à cette question depuis ?
Renato : Comme tu le dis, on constate que le public répond en masse…
… mais comment l’expliquez-vous alors que ce n’est plus le style en vogue ?
Renato : Je n’en ai aucune idée !
Jacou : Il n’y a pas forcément d’explication : la musique peut être intergénérationnelle ! Est-ce que quelqu’un se pose la question de savoir pourquoi la musique de Queen marche encore alors qu’elle a été faite dans les années 1980, même chose pour Black Sabbath dans les années 1970…
… ce sont certes des précurseurs qui sont toujours diffusés sur les ondes mais aujourd’hui, un nouveau groupe qui déciderait de faire cette musique marcherait-il pour autant ?
Jacou : S’ils font des pastiches ou un
cover band, ça va marcher. Et puis j’ai envie de dire qu'Oasis a cartonné alors que c’est très inspiré de la pop anglaise depuis le début…
Renato : En fait, on ne se pose pas la question. Ce qui me rassure en me disant qu’on va trouver notre public assez rapidement, c’est que les concerts qu’on vient de faire regroupent tous les milieux du metal. Encore samedi soir, à Châteauroux, un mec avec un pins Marduk est venu me voir en me disant que ce qu’on venait de faire était incroyable…
Les mentalités ont évolué !
Mais finalement, ces concerts ne regroupent-ils pas les fans de tous les styles de metal en raison de vos styles d’appartenance : en clair, le mec au pins Marduk est venu pour Déhà par exemple ?
Renato : Peut-être, peut-être… On n’a pas la réponse mais peut-être, c’est une possibilité ! Mais ce qui compte finalement, c’est que le groupe arrive à toucher toutes ces personnes. Et je t’avoue que tous les concerts qu’on a fait jusqu’à présent embarquaient toutes les personnes présentes, ce qui fait qu’on est plutôt sereins vis-à-vis de cette sortie !
Jacou : On a quand même fait du hip-hop devant un public de thrash métalleux (Sourire) ! Je pense qu’on aurait fait ça il y a vingt ans, on se serait fait fracasser ! Mais les mentalités ont évolué !
Déhà : La personne lambda est beaucoup plus ouverte d’esprit…
… musicalement parlant !
Jacou : Chaque chose en son temps (Rires) !
Mais c’est vrai que le public français est plus ouvert d’esprit à l’instar du public américain qui a toujours apprécié la musique sans étiquette…
Renato : Je pense que ça se démocratise gentiment aussi en France. Là où il y a vingt ans, ça ne marchait pas, je pense qu’aujourd’hui, on est complétement dans cette veine : disons qu’on tombe bien !
On a évoqué la genèse du groupe…
Jacou : Justement pour finir sur ce sujet, on a oublié un musicien qui pèse quand même dans le groupe, c’est notre ami guitariste soliste Nils Courbaron… Et je peux te dire que c’est une vraie prouesse de la part de ce groupe de faire jouer du néo metal à un fan d’Iron Maiden (Rires) !
Renato : Il y a deux prouesses : c’est Déhà, le black métalleux qui fait du hip-hop et le heavy métalleux qui fait du néo metal !
Jacou : C’est fou !
Ce titre allait être notre moyen de mettre notre pierre à l’édifice au milieu de tout ce chaos justement…

... Mais on ne peut pas ne pas évoquer le fait que là où pas mal de gens applaudissaient à leurs fenêtres, vous avez choisi la voie artistique en sortant un single qui est dédié au personnel hospitalier. C’était important de vous dire qu’à votre niveau vous pouviez faire quelque chose, un petit geste pour aider la communauté scientifique ?
Renato : Quand ce premier a été finalisé -sorti des studios d’HK mixé et masterisé- on s’est demandé qu’en faire : fallait-il l’offrir et le lancer en pâture à tout le monde ou fallait-il se servir de ce morceau et de nos notoriétés personnelles pour soutenir une cause qui touchait tout le monde, sachant que ce moment était vraiment particulier… Finalement, c’était donc plutôt facile pour nous de se dire que ce titre allait être notre moyen de mettre notre pierre à l’édifice au milieu de tout ce chaos justement…
On se retrouve trois ans tard… Concrètement, rien n’a changé et on a le sentiment que tous ces élans de générosité n’ont servi à rien…
Jacou : C’est compliqué ! On sort complétement du domaine musical…
… Tu as tout à fait raison mais pour avoir milité quelque part en apportant votre pierre à l’édifice, il nous semblait important de faire un bilan de votre démarche…
Jacou : Chacun fait peut avec ce qu’il a comme cartes en main et personne n’a à juger de ce que les gens peuvent faire. Nous avons trouvé cette idée de titre : à ce moment-là, c’était une évidence pour nous puisque mine de rien, nous avions quelqu’un sur le front dans le groupe. Il ne faut jamais oublier que Nils -au-delà d’être un excellent guitariste- est infirmier pour gagner sa vie : il nous a raconté la crise Covid de l’intérieur et ça a été évident pour nous de se dire que si on devait faire quelque chose, ça devait servir à lui et ses collègues… On ne s’est pas posé plus de question que ça en se demandant quelle cause on allait défendre, non ! Tout était réuni pour que nous tirions dans ce sens…
C’était très compliqué, on a fait cette action mais effectivement, constater que quelque temps plus tard, des lits d’hôpitaux ferment : ce sont des longs débats politiques mais ça ne nous rend pas indifférents…
Renato : … nous sommes à Bastille en même temps (Sourire) : ça veut quand même dire quelque chose !
Jacou : On est d’accord mais effectivement, on se casse le cul, on lance une solidarité parce que c’est la merde et en face, la réponse… bon bah voilà…
La priorité est d’exister pour que ça serve à quelque chose

Trois ans plus tard, vous sortez cet album, qui est une sorte d’accomplissement en soi vu que chacun a retrouvé sa vie musicale d’avant. C’était important pour vous de maintenir le groupe en vie pour se souvenir et continuer de rendre hommage aux gens qui nous ont permis de nous en sortir face à cette pandémie ?
Renato : Question très fine et très pertinente. La vérité c’est qu’après ce premier coup d’aide aux soignants, nous avons réessayé avec le deuxième
single en apportant notre soutien aux salles de concert qui étaient tout simplement en train de crever à ce moment-là : on a fait ce qu’on pouvait, au moment où on pouvait le faire….
Mais aujourd’hui, la priorité est d’exister pour que ça serve à quelque chose parce que le deuxième
single a beaucoup moins marché en termes d’aide : on a beaucoup récolté sur le premier et beaucoup moins pour le deuxième…
A partir de là, je dois te dire que si jamais on devait soutenir une cause -on en a tous quelques-unes en tête- il faut que le groupe soit solide avant tout pour pouvoir vraiment rapporter quelque chose et pas seulement trois clopinettes pour faire parler de nous !
On est donc concentrés pour faire avancer le groupe, faire monter le groupe le plus haut possible et lorsqu’il aura atteint un niveau stable et où on aura des épaules suffisamment solides pour apporter un soutien à quelqu’un, à ce moment-là on le refera !
La pochette de "Underneath The Sound" est très symbolique avec cet arbre et ces lampes éclairées. Doit-on y voir un hommage aux victimes, aux soignants et en général, à ceux qui ont souffert durant cette période, comme un arbre de vie tel qu’on le voit dans de nombreuses religions ?
Renato : J’adore cette interprétation mais ce n’était pas l’idée… Mais tu es en train de répondre à la question qu’on se pose avec Déha depuis le début c’est-à-dire comment les gens vont interpréter tout le projet Dr0pdead Chaos, toutes nos paroles etc… En effet, sur tous nos textes, tout le monde peut se créer sa propre histoire comme tu viens de le faire sur la pochette et je trouve ça génial !
Donc non, ce n’était la signification de la pochette mais ça pourrait…
Jacou : Personnellement, quand j’ai vu la pochette, j’ai eu plus ou moins la même interprétation que toi. Tu te doutes bien qu’on a essayé plusieurs pochettes. Pour l’anecdote, c’est sur le tournage du clip que Renato a pris cette photo. On l’a retravaillée derrière mais à la base, elle n’était pas proposée pour être la pochette. On a donc essayé d’autres choses et je ne sais plus exactement comment mais on est revenus sur cette photo et il a fallu qu’on réfléchisse pour savoir si ça nous plaisait et si ça marchait… Et je t’avoue que l’idée de l’arbre de vie me plait bien et si tu regardes bien, il y a sept lanternes on est sept musiciens sur scène et ça c’est un coup de hasard…
Non ?
Renato : Si (Rires) !
Jacou : Comme quoi, le hasard fait bien les choses… C’est HK qui l’a retravaillée et quand on est arrivé au résultat final, on s’est demandé comment les gens allaient l’interpréter. Mais tu vois, ton interprétation n’est pas si mauvaise ou alors on est deux à être tombés complétement à côté (Sourire)…
Renato : Non, non, je trouve ton interprétation géniale et Déhà a exactement le même avis que moi !
Déhà : Totalement !
On a tous beau avoir un ego [...] mais dans ce groupe, cet
ego va servir ce projet si bien que tout devient bizarrement facile…
Musicalement parlant, on l’a dit, vous venez d’horizons différents mais cet album est album un mélange des genres entre metal, alternatif, rock, punk et rap. Comment avez-vous réussi à amalgamer tout cela pour ne faire qu’un ?
Déhà : Tu sais, on a plus ou moins une vingtaine d’années de bouteille derrière nous mais on a une chance incroyable : on a tous beau avoir un ego -qui est légitime- mais dans ce groupe, cet ego va servir ce projet si bien que tout devient bizarrement facile… Facile de pouvoir se comprendre, se gérer, de proposer des idées, de rebondir l’un sur l’autre…
Mais comment l’expliques-tu car effectivement, en écoutant cet album, on a le sentiment que tout s’est fait très naturellement, comme si cela coulait de source, comment expliquez-vous cette complicité si évidente entre vous ?
Déhà : Je ne sais pas dire si c’est une question de chance… J’ai envie de dire que les gars, je ne les connaissais presque pas ou très peu…
… d’où la question…
Déhà : Tu arrives, tu vois des gens pour la première fois et tu as l’impression que ce sont tes frangins : c’est vraiment bizarre !
Renato : Les personnes à la base de ce groupe sont Sylvain, Jacou et Baptiste. Et quand HK est entré dans le jeu, il a appelé Déhà et Nils : si ce choix de personne peut ne pas paraître évident, il savait où étaient les bonnes personnes… On connaît les gens de la scène et on sait avec qui on n’a pas envie de travailler, tout simplement. Je crois donc que ce sont des bonnes pioches, les bonnes et belles personnes à droite et à gauche et par chance, la magie a opéré parce qu’il ne faut pas oublier la part de chance quand même…
Jacou : Si je peux me permettre, dés le départ, comme on a servi une musique et on était tous chez nous dans un moment un peu bizarre pour notre profession. Premièrement, ça nous a tous donné une bouffée d’air frais et quand on s’est tous vu en visio pour discuter du projet, on était contents de se voir parce que ce sont des visages que tu croises normalement dans des bons moments à savoir des festivals, des plateaux que tu partages… Ça nous a ramené vers quelque chose qu’on avait perdu et puis il y a eu une alchimie que je ne peux pas expliquer -parce que ça aurait pu craquer au moment du deuxième morceau, les choses n’ont pas été toujours simples…- mais je pense sincèrement que comme on a décidé de servir quelque chose qui allait au-delà de nos petites personnes, il n’y a pas eu de souci ou quelconque tirage de couverture…
Dès le deuxième morceau, on s’est dit qu’il n’était plus question de collectif mais de groupe !
A l’écoute de cet album, l’alchimie est évidente mais à quel moment précis vous êtes-vous dit que ce projet allait être un groupe qui allait écrire un album ou bien c’était l’idée dès le départ ?
Jacou : On s’est posés beaucoup de questions !
Renato : C’est dès le deuxième titre en fait ! Le premier
single était un collectif de musiciens écrit afin d’aider les soignants. Dès le deuxième titre, on s’est dit qu’on était capables d’écrire plusieurs titres et ça colle toujours. Donc dès le deuxième morceau, on s’est dit qu’il n’était plus question de collectif mais de groupe ! On a acté la création du groupe et on a fait un album direct en enquillant les titres dès le deuxième… parce qu’il faut savoir que l’album est écrit depuis deux ans et on l’a enregistré, il y a un an et demi…
Pour autant, ce n’est pas facile de vous situer, on a eu le sentiment en écoutant de retrouver un melting-pot entre Korn, Slipknot, Faith No More et Linkin Park ?
Dr0pdead Chaos : Ça nous va (Rires) !
L’esprit de l’album est totalement ancré dans la culture metal en vogue à la fin des années 1990, quand Sepultura et Machine Head ont permis l’essor de toute une génération de groupes. Vous y avez répondu en partie mais vous retrouvez-vous dans cette génération néo metal ?
Jacou : Bien sûr !
Renato : Bien évidemment !
On vous repose la question parce que si c’est le dénominateur de la musique de cet album mais à la lecture de vos CV respectifs, ce n’est pas le style de musique dans lequel on vous attend…
Renato : C’est vrai ! Nils nous dit encore à chaque concert qu’il n’aime pas le néo metal mais qu’il adore jouer du Dr0pdead Chaos avec nous (Rires) !
Jacou : Je vais prendre mon cas particulier, j’écoute des trucs un peu plus extrêmes type Cannibal Corpse, Mordid Angel… et tu ne peux pas dire aux gens avec qui tu traînes à ce moment-là qui défendent ça bec et ongles parce qu’il fallait être vraiment dans le truc…
On était plusieurs à se cacher à cette époque !
… des trve…
Jacou : (Rires) Je ne voulais pas utiliser ce mot mais clairement oui ! Et j’avais envie de leur dire que j’avais un petit plaisir coupable parce que j’aimais beaucoup Korn, j’adore Mudvayne parce qu’ils ont un bassiste incroyable… mais tu le gardes pour toi ! On était plusieurs à se cacher à cette époque ! Mais finalement tu te rends compte que tu n’es pas seul et que nous sommes une armée complète !
On évoque cette génération avec des titres comme ‘Underneath the Sound’, ‘Escape’ ou ‘Save Yourself’ dans lesquels on retrouve ce son, quelque part entre Slipknot, Soulfly et le Machine Head époque "Burning Red", vous retrouvez-vous dans cette description ?
Jacou : Absolument !
Renato : Tout à fait !
Sur certains soli de Nils Courbaron, on retrouve logiquement un côté heavy plus classique, comme sur ‘Underneath the Sound’, ‘Save Yourself’ et ‘Humans’. Etait-ce justement une demande de Nils de placer ces soli en mode guitar hero ?
Renato : Non ce sont les morceaux qui appelaient à avoir un solo ! A l’inverse, tu as des morceaux qui n’ont pas de solo… Mais les morceaux qui appelaient à avoir un solo, Nils était le premier à se manifester (Sourire) ! Et effectivement, la plage était écrite pour lui naturellement…
Déhà : Le mec arrive fait son solo et tu ne peux que valider !
Jacou : En revanche, je n’ai jamais eu un groupe avec un
guitar hero, un mec qui déboule de la note… Et la première fois que j’ai entendu une chanson dans laquelle je participe avec ça, j’ai adoré (Rires) !
Sur des titres comme ‘One Last Encore’, ‘What I’ve Learnt’ ou ‘Rainman’, c’est le côté accrocheur qui prime et même là, on retrouve un son rock US à la Creed ou Alter Bridge…
Renato : … avec plaisir (Sourire) !
La majeure partie des morceaux de cet album sont plus ou moins des
hymnes : c’est une particularité qu’on adore tous dans Dr0pdead Chaos et
qu’on va évidemment garder pour la suite parce que suite il y aura…
… Peut-on interpréter que votre objectif était de proposer une sorte d’anthologie d’un certain son US des années 1990 et début 2000 ?
Renato : En fait, tous autant qu’on est, on adore les gros refrains, les choses qui marquent, les trucs grandiloquents… j’ai toujours rêvé d’écrire le plus gros refrain jamais écrit et le chanter dans un stade : évidemment ! Donc à un moment donné, quand tu as toutes ces possibilités, que les morceaux s’y prêtent et qu’en plus, tu as envie de faire profiter de ta musique au plus grand nombre, tu écris ce genre de refrain et de parties avec un grand plaisir ! Et c’est pour ça que la majeure partie des morceaux de cet album sont plus ou moins des hymnes : c’est une particularité qu’on adore tous dans Dr0pdead Chaos et qu’on va évidemment garder pour la suite parce que suite il y aura…
Jacou : Comme tu l’as souligné et je rebondirai là-dessus et j’irai même un peu plus loin, ce qui est hyper-rassurant c’est qu’on est sept musiciens -et HK qui participe énormément- donc en fait, on est huit entités qui ont un fond commun musical mais également des grands écarts fabuleux… Quand on termine une chanson et qu’on est huit à se dire que c’est cool, on se dit que si on est huit à s’entendre et dire que c’est bien, c’est que globalement, on ne s’est pas planté !
C’était ultra-évident d’utiliser le rap à cet escient pour pouvoir amplifier un message que l’on a dans Dr0pdead Chaos…
Et pour finir, sur des titres comme ‘Dr0pdead’ et ‘Rainman’, vous ajoutez une bonne dose de rap dans votre propos. Mettre en avant cette influence était important pour vous afin de montrer une ouverture musicale et une liberté affirmée ? Et enfin, est-ce que des Public Enemy, Rage Against the Machine ou Body Count ont compté pour certains d’entre vous ?
Jacou : Alléluia (Rires) !
Déhà : Comme je l’ai dit tout à l’heure, à la base, comme il y a un espace où il n’y avait pas de chant, j’ai proposé un rap. J’avais envie d’essayer quelque chose, et là où je m’attendais à un : "C’est une bonne idée mais…"...
Renato : Et la réponse a été un grand "Oui !"
Déhà : ... puis "Pourquoi ça fonctionne ?" : j’ai trouvé ça assez drôle. Mon grand fantasme est de faire du rap depuis plus de 17 ans, je me suis dit que ça allait être cool… A partir de ce moment et dès le deuxième
single, je voulais mon passage de rap (Sourire) et on a continué directement dans cette brèche… Ce qui est important et ce qui est très cool avec l’adjonction de rap dans Dr0pdead Chaos, c’est que le rap -acronyme de
rhythm and poetry- est le journalisme de la rue à la base et pour moi, le texte a toujours été beaucoup plus important que la musique… Ayant grandi avec NTM, IAM, Assassin, la scène US
East Coast ou
West Coast qui m’ont touché, j’ai toujours aimé de choses qui importaient et je me suis dit que c’était ultra-évident d’utiliser le rap à cet escient pour pouvoir amplifier un message que l’on a dans Dr0pdead Chaos… Tous les engrenages se sont faits si facilement que c’était évident !
Tu parles de message mais si on ne devait en retenir qu’un de cet album quel serait-il ?
Déhà : L’espoir !
Jacou : C’est quelque chose qui nous a tient à cœur !
Et niveau espoir, qu’attendez-vous de cet album ?
Renato : Qu’il plaise au plus grand nombre ! A l’instar de ce premier titre qui n’est pas metal du tout, j’ai vraiment envie que les gens qui passent dans la rue se demandent si c’est vraiment ça le metal, qu’ils adorent et finalement se demandent pourquoi ils ne s’y sont jamais intéressés avant… Le but de cet album est clairement de plaire au plus grand nombre !
Plaire au plus grand nombre et faire des scènes bien sûr… A cet égard, vous avez joué au Hellfest l’an dernier - ce qui est assez fou finalement - mais au regard du succès rencontré par Dr0pdead Chaos -qui pourrait dès lors devenir votre priorité-, comment vous allez gérer vos agendas avec vos formations d’origine ?
Renato : Je pense qu’on le fait déjà aujourd’hui. Si ce groupe devient plus gros, on inversera la tendance et on le fera dans l’autre sens… Aujourd’hui, on arrive très bien à faire
matcher les agendas, je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas le cas si jamais Dr0pdead Chaos passe au-dessus des autres… Quoi qu’il en soit, c’est que dans les mois à venir, notre priorité à tous, c’est Dr0pdead Chaos !
On a commencé par la question qu’on vous a trop souvent posée au contraire quelle est celle que vous souhaiteriez que je vous pose ou à laquelle vous rêveriez de répondre ?
Renato : Tu as été bon sur toute la ligne !
Merci !
Renato : Merci beaucoup, cette interview était hyper cool !
Jacou : Ouais, c’était très bien !
Déhà : Carrément !
Et merci à Noise pour sa contribution...