Au moment où les légendes de la scène rock sudiste Lynyrd Skynyrd, Allman Brothers Band ou autres Molly Hatchet se rapprochent du crépuscule de leur carrière (quand elle n'est pas déjà effective), la relève de ladite scène compte désormais un nouveau talentueux rejeton en la personne de The Georgia Thunderbolts. Nul besoin de témoin, il suffit d'écouter pour s'en convaincre...
Quelle est la question qu’on a vous trop souvent posée et à laquelle vous auriez marre de répondre ?
Tj Lyle : "Comment le groupe s’est formé ?"…
Riley Couzourt : Ah oui, exact !
Tj : C’est vraiment la question qui revient sans cesse…
Et je ne vous la poserai pas…
The Georgia Thunderbolts : (Rires) !
Comment gère-t-on la comparaison avec le Allman Brothers Band lorsque l’on est un jeune groupe de rock sudiste originaire de l’état de Géorgie ?
Tj : Nous le prenons comme un compliment et comment faire autrement, c’est un groupe légendaire que nous écoutons comme d’autres groupes de rock sudistes comme Molly Hatchet…
Il y a pire comparaison…
Tj : Exactement (Rires) !
Justement par rapport à cette comparaison, pourquoi avoir repris ‘Midnight Rider’ du Allman Brothers Band ? Était-ce de l’inconscience ou de la provocation ?
Riley : Oh, en fait, j’ai entendu une autre version de cette chanson que j’ai trouvée super cool et on a décidé de faire notre propre version également, une version un peu plus
heavy. La première fois que notre manager Richard Young -membre des Kentucky Headhunters- a entendu notre reprise, il l’a tout de suite adorée.
Et c’est également intelligent de faire ce type de reprise puisque nous avions l’habitude de commencer nos concerts par ‘Can I Get a Witness ?’ le titre éponyme de notre dernier album mais depuis, nous commençons par ‘Midnight Rider’ : ça attire immédiatement l’attention du public… Le public fan de rock sudiste ne peut être qu’attiré par cette chanson et ensuite, on peut jouer notre propre musique.
Plus largement, ce style musical fait que les nouvelles formations sont immédiatement comparées aux anciennes. Que répondez-vous à ceux qui vous comparent à Lynyrd Skynyrd ?
Tj : C’est un énorme compliment ! Tous les musiciens actuels ont grandi avec des influences des groupes des années 1970 ou 1980. C’est donc logique qu’on essaie de nous comparer sachant que j’ai grandi avec tous ces musiciens… mais quoi qu’il en soit, c’est définitivement un compliment !
Et aujourd’hui, quel groupe peut se targuer de créer un nouveau style ?
Riley : Aucun ! Toutes les musiques et les groupes actuels trouvent leurs racines quelque part. Mais le truc cool dans la musique et ces comparaisons, c’est que tu peux créer une connexion avec le public car il ne faut pas oublier que notre objectif est de jouer de la musique !
Outre cette tournée, votre actualité qui date est cet album "Can We Get a Witness" sorti il y a un an. Mais pourquoi avoir sorti un album reprenant en grande partie vos anciens titres plutôt que de sortir un nouvel EP ?
Tj : A la base, l’EP devait être un album mais le Covid est arrivé ! Nous avions sorti un album en 2020 mais avec le Covid, nous n’avons pas pu tourner… et il fallait que nous sortions quelque chose pour maintenir le lien avec les gens avant que nous puissions reprendre la route.…
On parle actuellement d’une relève du rock sudiste avec des groupes tels que Whiskey Myers, Blackberry Smoke, Robert Jon & The Wreck, voire Black Stone Cherry en plus hard-rock. Comment vous situez-vous par rapport à ces groupes ?
Tj : La plupart de ces groupes viennent de notre manager Richard Young, membre de The Kentucky Headhunters qui est un groupe légendaire de rock sudiste, et son fils John Fred Young est le batteur de Black Stone Cherry. Cela nous a ouvert énormément de portes en jouant aux côtés des Kentucky Headhunters ou Black Stone Cherry, Blackberry Smoke…
En ouvrant pour ces groupes, nous avons pu rallier à notre cause leurs fans…
Peut-on parler d’une grande famille du rock sudiste ?
Tj : Bien sûr !
Riley : C’est même la chose la plus importante et particulièrement aux Etats-Unis. En ouvrant pour ces groupes, nous avons pu rallier à notre cause leurs fans… Mais effectivement la comparaison avec Blackberry Smoke ou Whiskey Myers provient du fait que nous jouons le même style de musique mais à bien y regarder, tous ces groupes n’ont rien à voir… Est-ce que Blackberry Smoke et Black Stone Cherry ou Whiskey Myers ont le même son ? Selon moi, non ! Mais le fait de comparer fait sens, d’ailleurs je le fais également (Sourire)…
Ces formations ont déjà plusieurs albums à leur actif et ont connu des évolutions de carrière progressives. Est-ce un exemple que vous envisagez de suivre ou avez-vous une vision différente pour la suite de votre carrière ?
Tj : Nous voulons juste sortir le plus d’albums possible ! Nous voulons envoyer un message positif aux gens, il y a tellement de négativité dans le monde. Nous n’écrivons sur rien de négatif.
Riley est un guitariste
heavy que ce soit dans ses riffs ou ses solos mais plein d’âmes. De mon côté, j’essaie d’écrire des paroles exaltantes…
Et comment y arrives-tu, l’actualité ne prête pas à l’optimisme ?
Tj : Tout simplement en gardant une attitude positive…
Nous essayons juste de vivre le moment présent en essayant de rendre les gens heureux
Et es-tu optimiste concernant notre avenir ?
Tj : Oui, j’essaie de l’être… Qui sait ce qui va se passer (Rires) ? Nous essayons juste de vivre le moment présent en essayant de rendre les gens heureux (Sourire)…
Et enfin, quel regard portez-vous sur les légendes du rock sudiste et sur le fait qu’elles soient toutes en train de disparaître avec les décès de leurs membres ?
Riley : Chaque fois qu’un de ces grands musiciens meurt, c’est terrible ! Nous avons eu la chance de pouvoir jouer avec quelques-uns de ces grands hommes qui ont fait l’histoire du rock sudiste, des légendes du rock comme The Marshall Tucker Band, The Outlaws et bien sûr Deep Purple même si ce n’est pas du rock sudiste ou encore Roger Daltrey, Lou Gramm… Plein d’artistes avec qui on a eu la chance de jouer avant qu’ils n’arrêtent !
Mais c’est la vie finalement…
Tj : Une partie de la vie est la mort !
… et en ayant joué avec eux, en plus de vos albums, le public voit en vous l’héritage de ces légendes…
Tj : Absolument ! Et finalement, ça nous permet de relayer notre message.
Riley : Par chance, il y a toujours des groupes qui continuent à jouer du rock sudiste, de la musique rock’n’roll qui ne mourra jamais et qui est toujours la musique la plus populaire sur cette Terre.
Sans ces traits d’union nous n’aurions pas touché ce public !
Pour en revenir à votre album, comment en avez-vous sélectionné les titres et qu’est-ce qui vous a décidés à en laisser certains de côté ?
Tj : Certains titres ne collaient tout simplement pas. Et tout est une question d’attitude : quand nous sommes entrés en studio, nous avons juste essayé de faire quelque chose qui plairait au public. Et nous avons eu une super idée en reprenant les chansons de Frankie Miller ‘Be Good to Yourself’ et des Allman Brothers ‘Midnight Rider’ placées au milieu de cet album. C’est le plus important, sans ces traits d’union nous n’aurions pas touché ce public !
Malgré tout, au même titre que les reprises que tu viens de mentionner, The Georgia Thunderbolts ne se résume pas qu’à du rock sudiste. Comment faites-vous pour rester homogène ?
Tj : Tout dépend du public pour lequel nous jouons et le groupe pour lequel nous ouvrons.
Et concernant vos albums ?
Riley : Mascot, notre label, nous aide énormément sur ce plan en essayant de choisir les chansons qui peut-être se vendront le plus… De notre côté, nous nous contentons d’écrire les chansons : c’est notre boulot !
Ils ont pris tous nos titres, les ont mis en place et en les écoutant d’une traite, ça sonnait super bien !
Cet album se termine sur ‘Set Me Free’, longue pièce ambitieuse et captivante avec une montée en intensité. Ce type de titre vous semble-t-il indispensable à un bon album de rock sudiste ?
Tj : Bien sûr ! C’est une chanson différente…
Riley : C’est un super hymne qui débute très lentement avec un riff poisseux et qui termine à la façon d’un Pink Floyd ou d’un Led Zeppelin. Je crois que c’est Richard, notre manager, qui a choisi cette chanson comme titre final et c’est un très bon choix…
Je chante des paroles country sur des chansons rock !
Avec ‘Dancin’ With The Devil’ et ‘It’s Alright’, vous laissez apparaitre des influences folk-country. Pensez-vous que cet élément pourrait vous permettre de vous démarquer des autres formations du genre ?
Tj : Je le pense, oui ! Et nous venons également de cette scène country et même si les riffs que Riley joue sont parfois plus rock que country : je chante des paroles country sur des chansons rock ! Mais oui, nous pourrions jouer de la country toute la journée (Rires) !
Riley : C’est effectivement de là que nous venons !
C’est dans votre sang, contrairement à un Français…
Riley : Tout à fait ! Nous avons grandi avec cette musique que tu entends partout : nos grands-parents, nos parents… écoutent cette musique à laquelle tu ne peux pas échapper (Rires) !
Nous sommes définitivement issus de la classe ouvrière !
Sur un titre comme ‘Spirit Of A Workin’ Man’, vous vous faites revendicatif et défendez le milieu ouvrier. Vous considérez vous comme un groupe engagé et en ce sens, quels artistes seraient vos influences ?
Tj : Nous sommes définitivement issus de la classe ouvrière ! Nos parents ont travaillé dur pour ramener de la nourriture sur la table. Nous sommes vraiment reconnaissants du fait que même s’ils n’avaient pas grand-chose, ils ont tout fait pour que nous ne manquions de rien quand nous étions gamins… Et nous agissons de la même façon : si tu ne travailles pas, tu n’auras jamais rien ! La vie est loin d’être facile !
Riley : Pas mal de groupes comme Jackyl, qui ont fait des milliers de dates par an, nous ont influencés... tu ne pouvais pas plus travailler plus que ces mecs… Blackberry Smoke semble vouloir suivre les mêmes pas, Black Stone Cherry joue des centaines de dates… J’ai peut-être tort mais faire des concerts, rencontrer le public… c’est la chose la plus importante pour nous et à ce titre, nous voulons également suivre les pas de Black Stone Cherry ou Blackberry Smoke…
Nous sommes sur la même ligne, nous faisons exactement les mêmes sacrifices !
Vous semblez être une bande d’amis solidaires. Est-ce un élément indispensable à vos yeux pour faire une carrière, en particulier dans ce genre musical ?
Tj : Absolument ! On doit s’entendre les uns avec les autres. Nous sommes sur la même ligne, nous faisons exactement les mêmes sacrifices !
Vous êtes malgré tout un groupe assez jeune. Pensez-vous que cela puisse durer, en particulier sur le succès vous tombe dessus ?
Tj : Il y aura toujours un risque mais tu te dois de garder la tête froide et on en revient toujours à la même chose : avoir la bonne attitude et réaliser qu’il ne s’agit pas uniquement que de toi mais de cinq mecs qui font que ce groupe marche…
Riley : Je pense que tout le monde a assez la tête froide pour que le succès ne détruise pas le groupe si jamais nous devenons millionnaires…
Tj : Il n’y a pas de place pour la grosse tête dans notre groupe !
Riley : Non pour être honnête, je pense vraiment que si nous devenons millionnaires demain, cela ne changera rien, surtout quand tu sais où nous avons grandi, notre éducation…
Tj : Il n’est pas question d’argent !
… vous dites ça aujourd’hui mais tous les groupes qui ont explosé en termes de popularité, ont vu leur relation évoluer… J’ai en tête le documentaire que je ressors à l’envi de Metallica qui était un groupe d’amis et qui ne l’est plus…
Tj : C’est vrai ! Je vois ce que tu veux dire : c’est plus une société…
Riley : Ça craint d’en arriver à ce point : je préférerais arrêter plutôt que d’en arriver là…
Tj : C’est vrai qu’il n’est plus question de plaisir dans de telles conditions…
Quelque soit l’orientation qui sera prise, nous sonnerons toujours comme du Georgia Thunderbolts !
Et pour la suite, avez-vous déjà des pistes que vous comptez explorer pour développer votre identité au milieu du paysage rock sudiste ?
Tj : Oui, nos influences sont vraiment profondes, on ne sait pas de quoi sera fait l’avenir : peut-être ferons-nous un album de pop ?
Riley : (Rires) !
Tj : Non, je déconne (Sourire), mais quelque soit l’orientation qui sera prise, nous sonnerons toujours comme du Georgia Thunderbolts !
Mais je suppose que vous avez des compositions prêtes sachant que votre album…
Tj : … date d’il y a deux ans ! Nous travaillons sur un nouvel album -nous avons deux titres- et cet hiver, quand nous serons de retour chez nous, quand nous aurons du temps, nous avons prévu d’enregistrer le reste du futur album…
Et sur les deux titres, avez-vous déjà vu une évolution ?
Tj : Clairement !
Riley : A ce titre, les tournées que nous venons de faire avec tous ces groupes nous ont rendus plus matures, nous sommes de meilleurs musiciens, la voix de Tj grandit chaque jour… Pour ces raisons, le prochain album rendra le public encore plus heureux parce que cet album sonnera encore mieux parce que nous-mêmes sonnerons mieux (Rires) !
On a commencé cette interview par la question qu’on vous a trop souvent posée, au contraire quelle est celle que vous souhaiteriez que je vous pose ou à laquelle vous rêveriez de répondre ?
Tj : Hum… Je ne sais pas mais c’est vrai que j’aime les questions bizarres qu’on n’a pas l’habitude de nous poser comme savoir quelle est ma nourriture préférée (Rires)…
Riley : … ou combien de bières, j’ai bu sur cette tournée (Rires) !
Et alors ?
Riley : Beaucoup, beaucoup (Rires) !
Merci
The Georgia Thunderbolts : Merci beaucoup !
Merci à Loloceltic pour sa contribution...