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TITRE:

AMON AMARTH (12 MARS 2019)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

DEATH METAL



Juste avant la sortie du sixième album des Suédois, nous avons rencontré Olavi Mikkonen qui revient sur la carrière du groupe, son actualité et sa renaissance.
PROGRACER - 08.05.2019 -
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Olavi Mikkonen devait nous recevoir avec Johan Hegg, la chanteur, mais ce dernier est absent à cause d'une mauvaise grippe.


Bonjour Olavi, comment va Johan ?

J'ai eu des nouvelles hier, il va un peu mieux mais il a toujours de la fièvre. 


C'est surprenant pour un Viking !

Oui, Il n'a qu'une jambe cassée et une blessure de hache dans la poitrine. Et l'ours avec qui il s'est battu est plus blessé que lui ! (Rires)

Quand on est en tournée, j’ai le trac avec le cœur qui s’emballe. Je suis toujours un fan




Quel regard portes-tu sur ta carrière ? Avec près de 30 ans de service, tu aurais peut-être pu sortir plus d’album et construire une carrière à la Maiden ou Metallica ?


Oui, je suis vieux (rires).  Quand tu commence aussi jeune que moi, à 15 ans, tu ne penses pas que ça va aller si loin. Je n’aurais jamais rêvé de ça ni que je continuerais à 45 ans. Ma profession c’est Amon Amarth, et tout ce que je fais y est rattaché depuis plus de 10 ans. C’est fou, je n’aurais jamais imaginé que cela puisse arriver, particulièrement de jouer ce genre de musique. Parfois c’est difficile de réaliser parce que je suis un mec normal,  je fais mes courses au supermarché, je n’ai rien de spécial. Et en même temps, quand on est en tournée, j’ai le trac avec le cœur qui s’emballe. Je suis toujours un fan.


Quand tu joue au Hellfest avec ces deux dragons géants sur scène devant les dizaines de milliers de fans et que tu es au milieu de tout ça, cela doit te faire sentir que tu n’es pas Monsieur Tout-le-monde, non ?


Oui, c’est fou mais je ne sais pas l’expliquer ou le décrire. 

(La pression), parfois tu l’as et d’autres fois non




Maintenant que tu as atteint cette popularité, ne ressens-tu pas une forme de pression quand tu composes ?


Il y a quelques années, après “Twilight Of The Thunder God” (ndlr : en 2008), j’ai eu des problèmes de ce genre. Il n’y avait rien qui me donnait du plaisir. Ce n’était pas vraiment un burn out mais plutôt un syndrome de blocage. Mais ça a été très ponctuel. Pour le nouvel album “Berserker” je n’ai ressenti aucune pression. Parfois tu l’as et d’autres fois non. Je n’y pense pas trop. Je crois que je suis plus inspiré quand les choses vont bien pour nous. Par exemple, à la fin de la dernière tournée qui fut un grand succès, tout comme l’album, en rentrant chez moi, au lieu de faire un break, je me suis mis à écrire dès le lendemain, et en un mois j’avais déjà plusieurs titres écrits. De même, lorsque nous sommes partis à Los Angeles pour choisir un producteur, pour visiter ce superbe studio, tout cela m’a inspiré également.


Cette étape est-elle la raison pour laquelle vous avez changé de producteur ?


Non. Nous avions simplement besoin de faire quelque chose de différent. Si tu cherches le meilleur producteur de death mélodique, c’est Anders Nip  ou Jens Borgen. Et nous sommes allés voir ces deux personnes. Le but était de faire quelque chose de nouveau que personne n’avait fait avant.


Vous vouliez casser la routine ?


Oui, et nous cherchions un nouveau son. L.A. est un endroit magique et inspirant pour ça, avec cette histoire de la musique qui y règne.


D’autant plus qu’il ne doit pas être facile de se renouveler ou d’être innovant dans le domaine du death et ses codes très marqués ?


Il y a 20 ans, mes inspirations étaient le heavy metal traditionnel de l’époque avec Slayer, Iron Maiden. Aujourd’hui, ils le sont encore et c’est pour cela que notre musique n’a pas beaucoup changé. Je ne suis pas influencé par Muse ou Radiohead. Pourtant nous cherchons à créer de la nouveauté. Par exemple, le titre “Raven's Flight", le beat, le tempo, c’est quelque chose que nous n’avions jamais fait avant. Pourtant le public s’est dit “Oh, c’est du Amon Amarth tout craché”. Nous essayons de nouveaux tempos, de nouveaux riffs mais notre empreinte mélodique reste peut-être un peu similaire. Pourtant nous apportons sans cesse des nouveautés comme le break acoustique au milieu de “Sheid Wall“ avant de revenir au heavy, ou le chant clair dans “Ironside“ sont des apports nouveaux pour le groupe. Pour les textes, c’est pareil, nous cherchons sans cesse de nouveaux angles même lorsqu’il s’agit d’aborder des thèmes récurrents comme Thor à qui nous consacrons deux nouveaux titres dans “Berserker”. Une autre exemple c’est “Into The Dark” , un titre parlant de Loki (le frère de Thor), un être sombre, nous l’approchons en expliquant que nous avons tous une part de noirceur en nous.




La culture viking est très présente dans vos textes. Est-ce important pour vous de mettre en valeur ces racines en cassant les clichés de l’inconscient collectif véhiculés par le cinéma ou les séries TV ?


Nous faisons notre truc. On se fiche un peu de ce qu’il se passe autour. Mais d’un autre côté, quand nous avons sorti “Twilight Of The Thunder God” en 2008, tout à coup, tout le monde a su qui est Thor, avant les comics adaptés au grand écran. Quand nous avons tourné au USA, on pouvait trouver des marteaux de Thor dans tous les magasins, et c’est bien sûr grâce aux films Marvel. 


Est-ce que cela a influé sur votre popularité ?
 

Oui, soudainement, les gens se sont rendu compte de quoi nous parlons dans nos chansons.  Quant à la série "Vikings", elle nous a aidé également, c’est cool de voir les gens appréhender la culture viking, les déguisements, etc . Mais dans 10 ans, ils seront sûrement passés à autre chose !


Votre actualité, c’est la sortie de l’album “Berserker” (ndlr : début mai). Il tire son nom d’un guerrier-fauve de la mythologie scandinave. Est-ce une suite logique de l’intégrer à vos récits, surtout quand on voit souvent Johan avec un T-shirt à ses couleurs sur scène ? Johan est-il une sorte de Berserker sur scène ?


Oh oui tout à fait ! (Rires) Il est le Berserker moderne. Non, en fait, tout l’album n’est pas axé sur ce personnage. Chaque chanson a son propre thème sans lien entre elles. Mais nous avons trouvé l’histoire du Berserker vraiment cool, ce guerrier repoussant l’envahisseur anglais et tuant des dizaines d’ennemis avant de succomber.


L’artwork de l’album montre justement ce Berserker, seul. Une couverture qui change des précédentes également …


Oui, et nous avons fait appel à un un nouvel artiste pour celle-ci que l’on voulait différente. Cela reste la représentation d’un fier et solide soldat mais nous voulions quelque chose de plus sérieux dans l’approche avec une ambiance et des couleurs plus travaillées. 


Il n’y a pas que cela que vouliez changer puisqu’avec un nouveau producteur …


… oui, c’est le Amon Amarth 2.0 dont je parlais. Ça ressemble à un nouveau départ en quelque sorte. C’est comme ça que nous le voyons, comme un nouveau chapitre dans l’histoire du groupe. Mais ce n’est pas quelque chose que nous avions planifié. C’est juste arrivé comme ça, naturellement.


Amon Amarth 2.0 pourrait donc repartir pour 30 ans encore ?


Ah, je ne sais pas quel âge tu penses me donne rmais 30 ans ça risque d’être compliqué (Rires). Mais nous sommes bien en ce moment, il y a une vraie bonne énergie dans le groupe.

Avec le temps, tu apprends de tes erreurs, tu engranges du savoir et de l'expérience. Nous avons mis tout ça dans l'album.




Durant cette carrière, t’es-tu déjà demandé jusqu’où vous pourriez aller ?

Ce n’est pas une question facile ça … J’aimerais pouvoir faire ça aussi longtemps que possible mais on ne peut pas poser de deadline. Ça durera tant nous sentirons que tout ce passe bien, que nous ayons quelque chose à partager avec le public dans l’écriture. Nous essayerons de le faire le plus longtemps possible. Pour l’instant tout se passe à merveille dans le groupe, nous avons les même envies, et l’énergie que Jocke apporte est incroyable : il est plus jeune que nous et est très enthousiaste à propos de tout, et ça nous booster également. L’alchimie au sein du groupe n’a pas été aussi parfaite depuis de nombreuses années. Et je pense que ça se ressent dans notre musique, que nous sommes très unis et avons encore envie de prouver beaucoup de choses. 


Vos compos ont évolué également, à l’instar du premier titre de l’album ‘Fafner's Gold’ qui est plus complexe, plus progressif aussi …


… Je suis content que tu l’aies remarqué …

… vous êtes conscient que vous allez surprendre, voire déstabiliser vos fans ?

L’un des objectifs de cet album était de proposer un titre d’ouverture qui soit surprenant par sa qualité d’écriture et d’interprétation, une intro à laquelle personne ne s’attendrait. Auparavant, le premier titre des albums était le single et je voulais changer ça.


C’est un nouvel exemple qu’avec cet Amon Amarth 2.0 vous avez presque tout changé …


Oui, c’était le but et vous verrez avec les vidéos qu’il y a aussi du nouveau de ce côté-là. Avec le temps, tu apprends de tes erreurs, tu engranges du savoir et de l'expérience. Nous avons mis tout ça dans l'album.


Quelle est selon toi la plus grosse erreur que vous ayez faite ?

Je ne pense pas avoir d’exemple de “grosse” erreur, plus des petites répétées. Quand je revois certaines chansons je me dis que l’on aurait pus arranger tel ou tel détail, ou faire un peu différemment ici ou là. Pas de vraie grosse erreur de carrière je pense. Ça fait partie de toutes les choses dont tu apprends et devient meilleur. 

Quand tu écoutes l’album d’une traite, il doit te faire voyager




Sans parler de concept album, “Berserker” nous a fait l’effet d’un grand livre racontant plusieurs nouvelles et se terminant en apothéose avec ‘Into The Dark’.


Oui tu as raison, il faut le voir dans son ensemble. Évidemment, chaque titre doit avoir assez de consistance pour exister seul. Quand tu écoutes l’album d’une traite, il doit te faire voyager entre ses hauts et ses bas, ses différents tempos, créant différents sentiments. C’est ce que nous avons essayé de créer.


Le côté épique est très présent et l’on a l’impression de regarder un film sombre et mélancolique. D’un autre côté il y a des titres beaucoup plus sauvages comme ‘Ironside’, ‘Valkyria’ ou ‘Raven’s Fight’. Cela ressemble à un combat qui va finir dans le sang. Ce sentiment d’entrer dans une bataille qui va se terminer par la mort était l’idée de départ ?


Je ne pense pas que c’était notre approche mais oui, en quelque sorte. Le Berserker est un soldat et quand tu entres dans une bataille comme la sienne tu sais que ça va mal finir. Pourtant tu y entres avec la rage du vainqueur, sinon, tu as perdu d’avance quoi qu’il advienne. 


Est-ce que cette philosophie peut s’appliquer au groupe et à sa carrière, ou il vous a fallu batailler pour en être là aujourd’hui ?


Oui. Au moins personnellement, je pense que c’est une bonne façon d’appréhender l’adversité. Le courage et la détermination. Au début nous étions des outsiders, et avec cette mentalité, tu travailles encore plus dur pour y arriver. Quand tu as ça en toi, tu obtiens de meilleurs résultats. 


Ce sont les événements de la vie qui t'ont forgé ce caractère ?


Non, nous l'avons tous eu au démarrage du groupe. À Stockholm, il y avait beaucoup de groupes et nous ne pouvions compter que sur nous-mêmes. C'était nous contre le reste du monde, mais plus dans un esprit de conquête que de bataille. Mais je ne sais pas vraiment d'où c'est venu, c'est juste arrivé et ça nous a aidé à persévérer. 


Nous découvrons aussi, au travers de titres comme 'Mjölner' ou 'Sheild Wall', un Amon Amarth plus en colère et plus 'Viking' dans un esprit old school. Es-tu d'accord avec ça ?

Oui, sûrement, mais je ne sais pas vraiment comment répondre à cette question.  Sur notre dernier DVD nous jouons deux sets. Un normal et l'autre sur du matériel Old School avec d'anciens morceaux. Il nous a fallu ré-apprendre et retravailler un peu ces titres pour les faire coller à l'ambiance des concerts. Cela nous a certainement influencés pour l'écriture de cet album. On s'est dit : "Hé c'était bien aussi ça" et ça nous a donné envie de revenir à ce genre d'écriture et d'interprétation. Je trouve que "Iron Side" et "Fafner's Gold" sont ceux qui sonnent comme à nos débuts, mais ceux que tu cites y ont aussi des racines.

Nous avons tous du sang Viking dans nos veines




Après tous ces albums traitant un peu du même thème, vous sentez-vous plus Vikings que Suédois ?


Nous avons tous du sang Viking dans nos veines, et nous ne le sommes pas plus maintenant que 10 ans auparavant. Nous faisons juste les choses mieux aujourd'hui.


L'auditeur pourra être surpris par le dernier titre "Into The Dark" avec son piano et son style symphonique. Était-ce le meilleur moyen de finir l'histoire et de rendre hommage au héros passés ? 


Oui, on peut le voir comme ça. Comme je l'ai dit, ce morceau parle des ténèbres que nous avons tous en nous. Et quand je l'ai écrit, j'avais dans l'idée que rendre la chanson épique et belle avec cet orchestre qui revient au final. 


L'album est très cohérent dans son ensemble ; envisagez-vous de le jouer entièrement sur scène ?


Pourquoi pas ? Ça aurait du sens en effet, même si on ne l'a pas planifié comme ça encore. Nous avons la chance que les fans aiment toujours nos nouvelles chansons. Même s'ils apprécient que nous jouions nos classiques, nous ajoutons toujours au moins cinq ou six chansons du dernier album. Je pense que ce sera encore le cas et que les fans apprécieront le nouveau travail donc, pourquoi pas. Mais nous devons maintenir certains classiques que les fans attendent. 


Il n'y a pas vraiment de d'invités sur l'album, pourquoi ?


Il y en a un en fait, pas pas forcément significatif. Pour l'intro du premier titre, Johan et moi avons tenté de jouer l'intro à la guitare acoustique mais nous n'avons pas aimé le résultat. Du coup, nous avons cherché quelqu'un d'habitué à ce genre d'instrument. Nous avons donc demandé à Javier Reyes de Animals As Leaders et il a gentiment accepté. Et le résultat est à la hauteur de ce que nous voulions. Il est incroyable à la guitare acoustique avec un feeling incomparable.


Il est souvent comparé à Steve Vai.


Oui, il est incroyable. Il avait sa guitare à 9 cordes je crois avec ce son très profond. 


Son univers n'en faisait pas un candidat naturel pour jouer avec Amon Amarth, non ?


En effet, mais nous avons demandé à notre producteur s'il avait un nom en tête et il nous a dit : "Bien sûr, mon ami Javier !" et ça c'est fait comme ça.


Qu'attendez-vous de cet album et de sa sortie ?


Nous espérons que les fans vont l'aimer autant que nous. Nous n'attendons pas grand'chose d'autre, sauf le faire découvrir au travers de la tournée d'été qui s'annonce. J'ai hâte de le jouer devant les fans. 




Des dates de prévues en France ?
 

Oui, nous jouerons fin juin au Knotfest et au Hellfest, ainsi que dans des clubs à Strasbourg et Toulouse. Et nous reviendrons à Paris cet automne lors d'une tournée en tête d'affiche avec un show plus massif qui devrait vous plaire. Et cette fois nous viendrons dans une grande salle pour avoir tout le set et le show complet. 





Nous avons hâte de voir ça. Merci.


Merci beaucoup (en français dans le texte).


Merci à Noise pour sa contribution....


Plus d'informations sur http://www.amonamarth.com/
 
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