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TITRE:

GENS DE LA LUNE (1er NOVEMBRE 2014)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

ROCK PROGRESSIF



Un premier Novembre aux couleurs chatoyantes avec un magnifique soleil ! Voila les conditions de rêve pour réaliser une interview pas comme les autres du groupe Gens de la Lune dans le cadre du prog en Beauce II
PHENOMENA - 05.01.2015 -
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Quelle est la question que l’ont vous à trop souvent posée ?

Jean-Philippe Suzan (JP) : Oh là là, j’ai bien une idée…

Damien: Je pense que la question est différente selon chacun de nous.


Globalement ? 

Damien : J’ai la réponse pour Francis : quand est ce que tu remontes Ange ?

JP : c’est précisément ce que j’allais dire, ce n’est pas une question mais plutôt un thème récurrent. 

Francis : On leur répond que nous sommes très bien là haut sur la lune et que nous ne voulons pas allez plus loin titiller les nuages. En plus, il parait que les nuages maintenant sont toxiques.


Tu parles de Lune, justement, quelle est l'origine du nom du groupe ?

JP : Ah l’origine des gens de la lune… la légende des gens de la lune plutôt. Une légende comtoise contait que naguère à Champey, un petit village de Haute Saône, des villageois ont cru voir brûler la forêt et ils sont partis éteindre le feu avec des sceaux de toutes tailles pour l'éteindre. Arrivés au brasier, ils se sont aperçus que c’était la lune rousse et rase qui donnait l’illusion d’un feu de foret.



Francis : A mon avis ils devaient être sous substances narcotiques. 

JP : Les gens du village se sont gentiment moqués d’eux et les ont appelés les gens de la lune ! Moi pour info j’habite à 5 km de ce village.

Francis : Concernant les gens qui me demandent si je veux refaire Ange, je leur dit que c’est un village à 5 km de celui d’Emilie Jacotey, avec les marais et sa chèvre. C’est toujours le même coin, on sévit toujours par là, on a foutu le bordel et on continue encore...

JP : A Champey d’ailleurs, il y a une super boulangerie qui fait de l'excellent pain et de bonnes pâtisseries.


On va parler un peu de musique : on  a l’impression que les chansons sont écrites spécifiquement pour la scène, pour mettre en valeur le côté théâtral du groupe. L’intensité y est d’ailleurs démultipliée par rapport aux albums. Ce paramètre intervient-il lors de la composition ?


Francis : Sincèrement, à partir du moment ou tu fais du rock, le studio te demande toujours un univers ou techniquement tu dois être à la pointe de ce que tu fais et effectivement en live tu peux donner libre court à ta créativité et tu vas privilégier l’unité du groupe. Ce n’est pas la même démarche.

Et si on parle du premier album qui a été enregistré il y a huit ans, les morceaux sont les mêmes mais ils ont changé. Car nous avons changé notre façon de jouer de notre instrument et les musiciens  ne sont plus tous les mêmes.

JP : Et puis, il y a des titres qui font partie de l’univers d‘un album mais qu’on ne jouera pas sur scène, ils ne sont pas forcement fait pour cela mais pour l’univers de l’album en question. Épitaphe c’est différent car on joue l’intégralité de l’œuvre.



Les disques de Gens de la Lune sont auto produits. As-tu démarché des labels avant cela ?

Francis : Non, je pense que l’on est en avance sur notre temps. En fait si tu regardes dans le monde du prog, il y a de plus en plus de groupes auto-produits. Le marché du disque change et ce qu’un label pouvait apporter avant il ne l'apporte plus de la même façon. C’est plus difficile mais ce n’est pas forcément un mal. Sans autoproduction, ce serait difficile d’en vivre aujourd’hui.


Il me semble que la distribution de vos albums est plus que restreinte (en-dehors du site internet et de quelques revendeurs de prog), tout comme la communication sur les réseaux sociaux. Est-ce une volonté ?
  

JP : Oui c’est vrai, c’est une réflexion que l’on a nous aussi et on évolue. Mais on est en accord avec ce qu’on souhaite faire, et ce que l’on fait aujourd’hui est différent de ce qui se fera dans l’avenir. C’est sur scène que l’on s’exprime et tout se passe là.

Francis : Le CD est un objet qui se perd mais souvent les gens le veulent suite à un concert car cela correspond à un moment précis qu’ils ont vécu.


Gens de la Lune donne l’impression d’être centré autour de Jean-Philippe Suzan et de Francis qui compose tous les titres me semble-t-il. Comment se déroule ce processus de composition ? Y a-t-il un apport des autres musiciens ?

JP : Non, la composition se fait en groupe. Francis compose beaucoup mais chacun apporte son idée. Damien à apporté un titre sur le dernier album.

Tous : C’est une méthode qui permet d’avancer vite, Francis ne compose pas comme pour un album solo. Quand il fait la maquette, il imagine ce que cela va donner quand on se l’accaparera.

Francis : Notre méthode de travail correspond au groupe gens de la lune et elle fonctionne pour nous et pour le public. Il y a un équilibre en fonction de nos personnalités et de nos emplois du temps respectifs. Cela marche je croise les doigts, me gratte les…, touche du singe !




Une question pour Francis en particulier : tu as déjà consacré un album à Roger Comte, celui-ci à Léon Deubel, qui sera le prochain ?


Francis : Toi peut-être ?


Jean-Pierre Chevènement ?

Francis : En vedette parmi les morts-vivants ! Les Zombies avec « cheche » en tête.

Francis : Roger était un peintre assez âgé vivant dans son musée et je me suis dis qu'il fallait en parler de son vivant pour changer. C’est un personnage très excentrique, un peu à la Dali dans son trip à lui, il a fait le portrait de Brel, Brassens etc. Au départ la musique et les textes ont été fait pour un spectacle qui n’a pas pu se faire pour différentes raisons. Au final, il a quand même été sorti en CD par ma maison de disque de l’époque qui trouvait qu’il fallait valoriser ce travail.

Pour Debel, au contraire, c’est une demande de l’adjoint de la culture de Belfort qui commémorait le centenaire de la mort de Léon que je ne  connaissais même pas. Au départ, c’est lui qui nous a tenu la main et maintenant c’est l’inverse.



C'est la deuxième fois que la ville de Belfort te sollicite pour un projet en particulier (la 1ère c'était pour le bicentenaire de la Révolution et l'album Sève qui peut). Est-ce que Belfort va vous demander encore quelque chose ?

JP : En fait, tu as envie de savoir le thème du prochain album (rires) ? Alors demande-le !

Francis : Tu veux un scoop ? Et bien le prochain album s’intitulera : quand on a rien à dire, il faut fermer sa gueule. (rires)


Est-ce que cela implique une manière différente de travailler quand le thème est ainsi imposé ?

Francis : Non pas forcément. On en a discuté tous ensemble, j’ai proposé cela et nous sommes partis dessus.

Damien : Pour le coup Francis a fait un travail monumental, trois mois de recherches, la lecture de tous les poèmes de Debel, ce qu’on ferait pour une production de cinéma. Sur 100 % d’une production, il a retenu 10 % au maximum. C’est un album qui a du sens.

Francis : Je suis resté trois mois sans rien écrire. Il faut bien connaitre la personne et son univers avant d’écrire n’importe quoi. Moi il m’a fasciné, on a donné une très mauvaise image de Deubel qui était dépressif et malade. Mais ce n’est pas du tout cela, et tu le ressens sur l’album, quand il reçoit sa première paye, il se paye des vacances à l’armée en faisant son boulot de merde. Quand il est en Italie, il se tape des délires graves, il est toujours dans l’extrême.

JP et Damien : En fait nous sommes bien rentrés dans son univers car  au final c’est du gens de la lune.

Damien: En réalité, ce n’est pas une contrainte. D’ailleurs, je voulais répondre à certains qui disent que les textes sont ésotériques. Si tu prends le troisième titre, bleu indigo, tu réutilises le langage de Deubel avec des mots que tu ne connais pas, c’est sans concession, ce n’est pas pour faire du grand public.

Francis : C’est un hommage à Baudelaire, Verlaine et Laforge. Quand on utilise le terme Thérémine dans "choc d’un prélude", c’est en hommage à Varesse qui compose une de ses premières œuvres sur des textes de Deubel et qui part aux USA en 1903 pour produire la première symphonie pour musique électronique. Ce type part à la rencontre du Thérémine et de son inventeur, le Russe Lev Sergueïevitch Termen (connu sous le nom de « Léon Theremine » ) qui habite aux USA et cela ne se fera pas (Le Thérémine c’est électronique car cela comporte des formes d’ondes).



Pour rebondir sur ta remarque sur le côté électronique, comment as-tu suivi l’évolution des sons et des techniques, en particulier le côté technologique des synthétiseurs ? As-tu envie de te rapprocher de nouvelles sonorités constamment, ajouter des sons d’Asie, d’Orient, du Japon en particulier pour les incorporer dans tes musiques ?


Francis : Quand Deubel se noie, il devient un autre monde. Pour moi, le monde du synthé devient aussi un autre monde. J’en ai discuté il y a 5 minutes avec Lazuli, je voulais écouter un groupe qui se nomme Haken et en cherchant sur internet, je suis tombé sur un mec qui fabrique des claviers sans touches : le Haken continuum (contrôleur d'interprétation musicale développé par Lippold Haken). J’en ai un sur scène et c’est un peu comme une léode pour claviers, entre autres.


Quels sont vos projets pour le futur ?

Damien : Faire le maximum avec Epitaphe et Deubel.


MW : Vous êtes contents de vos dates pour l’instant ?

Damien : c’est un show à géométrie variable, au début, c’était à Belfort avec des violons et des percussions, 15 personnes sur scène, mais ce n’est pas possible partout. Et c’est très bien, même à 5 sur scène dans une petite salle, on va faire autre chose mais tout autant intéressant.

Francis : Et on s’est ré-accaparé la théâtralisation, c’est important dans le prog. On a Pergaux (ressemblance avec le bassiste). Damien, lui représente le coté Militaire et autoritaire qui fait chier Deubel. JP se transformer avec le rôle de Deubel, C’est un Deubel nouveau qui respecte le personnage en lui donnant une nouvelle vie. Et Sed lui devient un clodo qui trainaille (c’est un peu la ville, Paris, le côté sournois et froid de la ville!), et moi, je suis la grand-mère et aussi je deviens Paris qui ouvre ses bras aux artistes. Il va même se nourrir d’une pelure d’orange tellement c’est difficile mais il continue à travailler ses poèmes. Puis je deviens même sa conscience parfois, un personnage multi-facettes comme j’aime beaucoup. Je trouve que la théâtralisation c’est très enrichissant et important. Il faudra donc faire beaucoup d’épitaphe, mais ce n’est pas facile ni simple ces derniers temps et le travail que Michelle fait est énorme, elle est seule et se bat beaucoup.

JP : Ce genre de travail laisse des traces et mon comportement sur scène a changé aujourd’hui (même sur des titres du premier album), c’est une œuvre à 5 et c’est juste énorme et indélébile. C’est très rock en fait.


Question traditionnelle du site : quel est votre meilleur souvenir d’artiste ?

JP : Une réponse consensuelle, c’est Prog en Beauce et l’interview de Music Waves. (rires)

Damien : La Guyane, notre premier concert là-bas, et le Bataclan avec Ange.

Francis : Oui, la Guyane c’était quand même exceptionnel, tu as des rivières avec des poissons qui sortent pour manger des moustiques en pleine nuit, juste à côté de la scène. Avec Seb, on ne savait pas à quoi s’attendre... En arrivant on a vu des voitures partout, le parking était plein à craquer et il y avait un côté « roots » en plus (faire de la pirogue dans l’après midi entre deux concerts). On avait en plus un super matériel et un super son.

JP : Moi je pense aussi au FIMU, sur Belfort qui attire beaucoup de monde. J’avais un trac de fou parce que je jouais sur mes terres (émotionnellement c’est fort aussi).

Francis : Nul n’est prophète en son pays.


Au contraire, quel pourrait être le pire ?


JP : Sans doute le départ de notre guitariste, après l’un des premiers concerts de Gens de la Lune, à Audincourt. Il est mort d’un cancer 15 jours après. Il vivait ses derniers moments sur scène et se trouvait avec une casquette pour cacher sa calvitie.

Francis : Tu as des gens sur scène qui disait : "c’est bien votre concert mais le guitariste ne bouge pas beaucoup". Il vivait ses derniers moments ; il a tenu et avec ses yeux, il a bouffé la salle !

Damien : Pour moi, c’était en même temps un bon souvenir, je venais de rencontrer Francis et 15 min après, j’ai un coup de fil en me disant le guitariste est mort. C’était triste et heureux à la fois.

Francis : Oui, on cherchait, sa femme nous avais demandé de le faire et on a discuté avec le guitariste qui avait le même matos (une Strat Fender). Dans le même registre, la femme de Farid, notre ancien Bassiste... Putain de crabe ! Bon, arrêtons de plomber l’ambiance !


Nous avons commencé cette interview par la question qu’on a trop souvent posée, au contraire, quelle est celle que vous souhaiteriez que je vous pose ?


JP : Question intéressante. (rires)

Francis : Moi j’ai une question : quand est-ce que tu prends ta retraite Décamps ? Faudrait qu’il arrête de jouer de la musique, des notes de musiques cela ne sert à rien ! Faudrait qu’il prenne un travail comme tout le monde ! (rires)


Et tu répondras ?


Oui, je vais peut être commencer à travailler, un travail comme tout le monde quoi !



Avant de se quitter, un dernier mot aux lecteurs de MusicWaves ?

Tous : Rock The Moon et longue vie sur la lune. Venez sur la lune, mais pensez à prendre quand même un petit cache-nez. 


Merci à Arnaud pour les vidéos, Tony B pour les questions, Bill Bocquet et Laurent Bonicalzi pour les photos.



Plus d'informations sur http://gensdelalune.fr/
 
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