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Si James Williams n'est pas un jeune musicien débutant, son premier effort discographique "The Epiphany" n'est pourtant sorti qu'en 2011, sur le label Magna Carta et sous le nom de groupe X Opus. Nous avions alors affaire à un album de metal progressif alambiqué et parfois surchargé où figuraient ensemble deux chanteurs qui ne s'accordaient pas toujours bien (l'un poussant trop sa voix et flirtant avec le registre extrême s'avérait même pénible). L'ensemble était en outre très agressif et pas très bien produit...
Il fait bien mieux ici avec cet album instrumental enregistré certes en grande partie seul mais avec la collaboration occasionnelle du claviériste Matt Guillory pour les soli et de Mike LePond (Symphony X) à la basse. Les percussions programmées sont très convaincantes et le son d'ensemble est plus que correct. Pas de problème non plus avec ceux que le chant sur l'album de X Opus pouvaient rebuter.
Le terme "eclectic shred", qui signifie littéralement une "mise en pièce (du manche de guitare s'entend !) éclectique" s'applique plutôt bien à cet album. Bien qu'étant un virtuose impressionnant, Williams ne passe pas son temps à vouloir le démontrer à grands renforts de soli interminables. Certes, notre homme joue vite et bien, mais il sait aussi faire preuve de sensibilité et de douceur, notamment sur plusieurs passages acoustiques. Et comme il a joué ou programmé de belles parties orchestrales ou de piano sur la plupart des morceaux, les ambiances sont également variées, avec plusieurs incursions dans les gammes orientalisantes (c'est devenu une mode mais le guitariste arrive à renouveler quelque peu le style).
Si on devait rapprocher Williams d'un virtuose connu, mis à part l'inévitable Yngwie Malmsteen évidemment, on pourrait citer George Bellas dont il partage le goût pour les structures progressives, et également Vinnie Moore. Comme ces derniers et à la différence du premier, Williams affectionne aussi le jazz rock dont on trouve quelques échos ici et là et notamment sur le long premier titre, "B17 Flying Fortress", un morceau qui fait allusion au thème de la guerre. Un thème qui refait surface ailleurs, comme sur le sombre et magnifique "Auschwitz" qui alterne passages dramatiques, soli déchainés et un thème plus mélancolique agrémenté d'un piano et de quelques timbres de synthés froids mais splendides. On sent que les influences classiques du musicien ne se limitent pas à la période 18-19ème siècle. Il cite d'ailleurs aussi bien Bach que Chopin et le très moderne Stravinski dans ses références. Les thèmes parfois étranges et inhabituels le démarquent de nombreux autres guitaristes même si notre homme ne renonce pas à des descentes de manche infernales, justifiant ainsi le titre de son album.
Williams n'hésite pas à délaisser la guitare le temps de quelques interludes puisque "Unborn Massacre" est entièrement interprété aux claviers, avec divers échantillons d'instruments classiques et de chœurs. On trouvera dans ce court morceau dramatique une allusion au célébrissime "Carmina Burana" de Carl Orff entre autres (ça devient un peu trop l'habitude depuis pas mal d'années, ceci dit).
"Maxwell's Castle" est l'un des rares titres assez courts qui ne soit pas un interlude, un titre typiquement "néoclassique" qui rappelle quelque peu Vivaldi, rapide et épique, mais où figure une partie centrale sans la moindre partie percussive, une splendide orchestration de guitare électrique rehaussée de piano et de synthés de cordes sans parler d'une petite section acoustique pleine de finesse. Pour les connaisseurs de guitare instrumentale, "Europa" peut paraître, encore une fois, un peu convenu mais ce n'est qu'en apparence... Au premier thème orientalisant succède une partie plus hispanisante et diverses sections aux mélodies plus ou moins faciles à cerner. On regrettera que Williams n'ait pas eu accès à un véritable orchestre tant cette musique réclame un traitement de grand envergure.
Le dernier morceau est sans doute le plus intéressant et le plus long aussi. "Journey To Andromeda" fait voyager l'auditeur à travers des styles assez divers, presque trop. Si le début aux subites accélérations fait craindre une overdose de notes, il n'en est rien car ce titre qui fusionne les influences classiques, jazz-rock, folk et progressives surprend dès la deuxième minute avec une longue section complètement acoustique légère et jazzy, qui comporte même un solo de synthé façon minimoog sur un fond de cordes légères ! Et les parties se succèdent douces ou plus rapides, nuancées, pleines de retenue ou au contraire débridées. "Andromeda" peut sembler un peu décousu mais s'avère une étude indéniablement intéressante.
Tout amateur de progressif qui apprécie la musique instrumentale devrait s'intéresser à "Eclectic Shred", album qui explore des sentiers encore en friche. Si James Williams ne se distingue pas par un son très personnel – mais qui peut y prétendre aujourd'hui, vu le nombre incroyable de grands techniciens apparus depuis près de 30 ans ? – il le fait grâce à sa musique, où percent des influences reconnaissables mais en y rajoutant son lot de nouveautés. Certains sont plus doués pour la musique instrumentale que chantée, cela semble être le cas de Williams, dont on attendra la prochaine production avec impatience, en espérant qu'un véritable batteur à la hauteur de ses ambitions vienne cette fois le seconder. - Site officiel
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LISTE DES PISTES:
01. B17 Flying Fortress (7:12) 02. Keltoi (0:48) 03. Dropa Stones (8:09) 04. Unborn Massacre (3:25) 05. Auschwitz (7:35) 06. Eclectic Shred (6:13) 07. Cruise Control (1:36) 08. Maxwells Castle (4:31) 09. Europa (8:09) 10. Journey To Andromeda (10:26)
FORMATION:
James Williams: Guitares / Basse / Claviers / programmation batterie Matthew Guillory: Claviers Mike LePond: Basse
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