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"Trop long, trop uniforme, et surtout trop sage, Steven Wilson n’a pas su intégrer la folie du jazz dans ce "Grace For Drowning"."
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2/5
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Deux ans après un “Insurgentes” plutôt réussi, Steven Wilson nous livre à présent son deuxième effort solo. Si “Insurgentes” s’était légèrement détaché des productions précédentes du maître à penser de Porcupine Tree, No Man et autres Blackfield, par son coté encore plus atmosphérique et aux effluves légèrement psychédéliques, “Grace For Drowning” tente de répondre à une autre interrogation : le jazz est-il soluble dans le progressif atmosphérique ?
SW est parti d’un constat simple : si le progressif a connu son âge de création débridé dans les années 70, pour autant le style, s’il y en a un, s’est rarement inspiré du jazz, pourtant grand domaine d’inventivité. Et si des groupes comme King Crimson ou Mahavishnu Orchestra ont emprunté les chemins du jazz, ils restent des exceptions très minoritaires. Partant de là, Mr Wilson s’est entouré d’artistes connus (Jordan Rudess aux claviers, Tony Levin à la basse), ou moins connus mais issus de la sphère jazz.
“Grace for Drowning” se veut ainsi un hommage aux 70’s dont il tente de reprendre l’inventivité, tout en gardant le côté atmosphérique de ses précédentes créations. Or les deux styles sont quasiment opposés : l’atmosphérique repose souvent sur une grande économie de moyens, réduisant les lignes mélodiques pour s’appuyer sur les ambiances et les sonorités. Même si Steven Wilson est considéré comme un maître en la matière, cette simplification a pu être une des critiques majeures opposées à Porcupine Tree, ses détracteurs affirmant que la musique du combo devenait de plus en plus creuse (personnellement, je pense au contraire que PT atteignait souvent un équilibre quasi-miraculeux !). Opposer au caractère ténu de l’atmosphérique le foisonnement harmonique et rythmique du jazz était donc un gros pari.
Et de foisonnement il n’est malheureusement guère question ici... Les musiciens, excellents, ne sont pas en cause (même si Gavin Harrisson est absent, ses remplaçants assurent d’excellentes partitions). La production est comme d’habitude irréprochable. Par contre les morceaux s’étirent dangereusement, le côté jazz apparaissant surtout pour des séquences libres mais digressives, s’égarant en méandres languides. Steven Wilson utilisant beaucoup moins les contrastes d’intensité sur cet album, l’auditeur se perd donc dans les longueurs, à l’image de l’orgue de ‘Sectarien’, du sax de ‘Remainder the Black Dog’, de la guitare de ‘Track One’, du long passage planant de ‘Like Dust I Have Cleared From My Eye’, ou d’un passage quasi-atonal au milieu de l’epic ‘Raider II’.
Le résultat est un regrettable constat d’ennui. Pour beaucoup de formations, “Grace For Drowning” aurait été un album honorable. Venant de Steven Wilson, il est jugé plus sévèrement, l’album (double) paraissant trop étiré et trop mince musicalement pour maintenir l’attention de l’auditeur, surtout dans un registre général particulièrement sombre et donc peu propice aux démonstrations d’enthousiasme. Les élans harmoniques (‘Belle de Jour’, finement orchestré, ‘Deform to Form a Star’, très PT calme) ou les contrastes (‘No Part Of Me’) sont trop rarement présents pour emporter l’adhésion. Trop long, trop uniforme, et surtout trop sage, Steven Wilson n’a pas su intégrer la folie du jazz dans son univers - dommage ! - Site officiel
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LISTE DES PISTES:
101. Grace For Drowning - 02:06 102. Sectarien - 07:41 103. Deform To Form A Star - 07:51 104. No Part Of Me - 05:45 105. Postcard - 04:29 106. Raider Prelude - 02:23 107. Remainder The Black Dog - 09:27 201. Belle De Jour - 03:00 202. Inder - 04:49 203. Track One - 04:16 204. Raider Ii - 23:21 205. Like Dust I Have Cleared From My Eye - 08:01
FORMATION:
Jordan Rudess: Claviers Mike Outram: Guitares Nic France: Batterie Nick Beggs: Basse Pat Mastelotto: Batterie Steven Wilson: Chant / Guitares / Basse / Claviers Theo Travis: Sax, Flûte Tony Levin: Basse Trey Gunn: Basse / Warr Guitar
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(10) AVIS DES LECTEURS
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Un album qui ne laisse pas indifférent ! il suffit de voir les réactions + et - !
Pour éviter redondances voici quelques constats : * les liens avec le Jazz, moi je les trouve discrets... çà ne me gène pas, ni me me choque, je me sens plus dans du progressif * parenté avec King Crimson... mouais, parfois, mais pas si net que ça. Sans doute des pointes d'inspiration en lien à "Lizard" ou "Wake of Poseïdon". * Ce n'est pas du Porcupine Tree ? ben ça y ressemble quand même beaucoup, même si là Steven est entouré d'autres artistes. Un peu différent de l'autre album solo, sans doute effectivement plus intimiste et plus nostalgique... * Moi, je suis un peu déçu par' Sectarien' et 'Raïder II' (d'où le 7). Le second est trop long par rapport à ce qu'il a à dire, et/ou pas assez varié. Il aurait mérité quelques interludes plus mélodiques, ou être raccourci à 10-12 mn. Pour 'Sectarien', la reprise du thème initial aurait mérité d'être évitée, et remplacée par un final et/ou une transition vers morceau suivant.
Le reste est bien voire très bien et nous rappelle qu'en 1970 on osait ce type d'album, et qu'aujourd'hui les groupes font des morceaux trop speed et trop bavards qui étourdissent (cf. le Flower Kings des dernières uvres). Ici, nous sommes aux racines du prog.
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Même si il n'y a aucun musicien de Porcupine Tree dans ce disque, les fans de ce groupe majeur de la scène prog s'y retrouveront à l'écoute de ce second solo du leader. Il y a ici pas mal de sons et d'ambiances qui rappellent le PT des années 90 jusqu'à "Stupid Dreams". Mais réduire cette œuvre solo à un nouvel album de PT ou dire que le son est daté est un raccourci que je n'emprunterai pas. C'est simplement la "patte" musicale d'un des compositeurs les plus prolixes de la scène rock. Ce n'est pas nouveau de dire que Steven Wilson voue une admiration sans bornes à King Crimson (un des groupes fondateurs du prog) et à Bob Fripp son leader. Alors l'ombre du roi cramoisi plane d'ici et là : le thème majeur de 'Sectarian' qui évoque un 'Red' soft ou encore 'Raider' qui nous envoie encore plus loin dans le passé avec les saxos et la flûte de Théo Travis qui évoque furieusement Mel Collins (mais aussi parfois David Jackson de VDGG). Mais si on écoute l'œuvre dans son ensemble, on a quand même près de 80 minutes de musique sublime, de vraie musique, qui prend parfois son temps (oui les silences sont musicaux!), rarement agressive ('Remainder The Black Dog', un des meilleurs morceaux, avec Steve Hackett... si, si, à la fin c'est bien lui avec sa maîtrise du larsen!) sans être molle et loin d"être barbante. Même les petits intermèdes (comme le désuet parfum de 'Belle de jour') sont jouissifs. Une musique qui contient toute la richesse de ce qui distingue le prog : la musique part dans des sens que l'oreille n'attend parfois pas, comme ces sonorités parfois jazzy (Pat Metheny....), ces chœurs (parfois trop présents, le seul reproche que je ferais), des cordes classiques, des lignes de basse mélodiques et des guitares à la fois rugueuses et mélodieuses. SW Wilson est très bien accompagné : mention spéciale à Jordan Rudess dont les claviers sont magnifiques, et surtout à Théo travis qui donne en grande partie la couleur de certains morceaux avec ses flûtes et ses saxos (le seul qui semble eu avoir l'autorisation d'improviser....).. Parti-pris osé quand même de choisir ces 2 instruments comme solistes principaux, la guitare étant ici relativement discrète (quelques touches "Porcupiennes", un peu d'acoustique et des phrasés crunch typiquement jazz). Malgré la présence du mellotron le son ne parait jamais daté (le piano très présent est intemporel) contrairement à Opeth. SW chante de mieux en mieux, mais le disque est majoritairement instrumental. L'enregistrement est bien sûr excellent (bizarrement bien mieux que les derniers PT, ici on entend bien la basse). Un des meilleurs disques de 2011 et une œuvre majeure pour l'édifice du prog.
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Surprise et étonnement en lisant la chronique de notre site préféré dont il me tardait de découvrir l'avis au sujet de la dernière création du Maître Wilson! J'avoue que je m'attendais à des louanges pour ce qui m'apparaît être, au fil des écoutes, un véritable chef d’œuvre. Semblant quelque peu en retrait lors de la dernière offrande de Blackfield, l'artiste a probablement consacré davantage de temps à son dernier projet solo. Bien lui en a pris. Car "Grace For Drowning" est soigneusement produit, méticuleusement arrangé et soigné pour accoucher probablement de l’œuvre la plus personnelle de Steven Wilson à ce jour. Toutes ses influences y sont réunies dans un melting pot du plus bel effet. Le mariage de tous ces styles apparaît si improbable qu'il se révèle d'autant plus majestueux. Le leader de Porcupine Tree n'ai rien laissé derrière lui. De la culture des seventies où il s'est de toute évidence nourrit et d'où ont pris naissance ses talents de musiciens et de compositeurs, aux arrangements sonores, au sens de la mélodie et de l'harmonie vocale dont les reflets illuminent les compositions. Aussi, on y croise, comme réunis dans la pénombre et l'obscurité naissantes d'un soir d'été, à échanger leurs idées, leurs pensées, leurs sentiments, calmes et reposés, les différents génies de notre époque musicale : ou quand Crimson rencontre Brian Wilson. Les refrains sont imparables, s'entêtent à nous envahir les neurones et à emplir nos sentiments, ensorcelés par le son des flûtes et des guitares. Génial. On comprend toujours mieux pourquoi Steven Wilson cite comme influence le travail vocal des Beach Boys de la période 1966 - 1973. Cet album nous prend par la main pour nous proposer un voyage dans les entrailles de l'âge d'or de la musique. Il est à conseiller à tous les passionnés des textures atmosphériques finement travaillées, à ceux qui apprécient les albums concepts (le rappel de thèmes redondants) et l'expérimentation, le mélange des styles. Il faut le découvrir comme on déballe une merveille attendue depuis si longtemps. Il faut se montrer patient, y délier chaque ficelles l'une après l'autre, tranquillement, lentement. Afin de ne rien manquer. Afin de tout savourer. Il faut également ouvrir ses sentiments. Les laisser s'imprégner de chaque son, de la mélodie. Il faut laisser son âme s'abandonner. Se laisser transporter. Comme Steven Wilson le fut sûrement lorsqu'il composa ce chef d’œuvre. Libre comme jamais, en phase avec soi-même. Pour nous livrer un chef d'oeuvre. Son chef d’œuvre. Probablement le plus abouti en date. Merci Steven Wilson! God bless you... 9,5 !
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4.0/5 (21 avis)
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STAFF:
3.4/5 (14 avis)
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Avec son nouvel album "The Future Bites", Steven Wilson est revenu sur la confirmation du tournant electro-pop dans sa musique au micro de Music Waves.
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