Malgré (ou à cause) de son sabordage inattendu décidé en 2007 après douze ans de service effectif et seulement quatre vrais albums, Hate Forest jouit désormais d'un véritable culte dont cherchent à bénéficier les labels qui ont signé les divers véhicules (Blood Of Kingu, Drudkh, Dark Ages et le récent Old Silver Key) de son ancien guide, le mystérieux Roman Saenko, sur lequel on ne sait quasiment rien, voire dans une moindre mesure ceux de Thurios (Kladovest), cependant que d'autres tentent de profiter de cette manne en raclant les fonds de tiroir, en espérant sans doute tromper le chaland persuadé d'avoir à faire à de nouveaux opus, l'entité noire ayant généreusement répandu sa semence entre 1999 et 2005, notamment avant l'enregistrement de son premier méfait longue durée, le brutal et épidermique The Most Ancient Ones (2001).
Ainsi, après les rééditions diverses et la mise en vente de Dead But Dreaming, produit hybride car agglomérat de titres inédits et de pistes live au son dégueulasse, ce n'est ni plus ni moins sur trois efforts annexes (The Curse, The Gates et Temple Forest) que le label Funeral Industries a jeté son dévolu, dont seul le format vinyle dans des éditons soignées et homogènes lui permet de conserver une vague intégrité.
Gravé en 2001 et distribué à l'origine sous la bannière de Ancient Nation Productions, The Gates est le premier des trois EP enfantés par la bête ukrainienne cette année-là. Il se compose de deux titres, auxquels ont été accolés pour cette nouvelle édition et afin d'attirer le fan archéologue, deux autres plages, "Shining Abyss" et "Forests Of Nevres", en fait des esquisses instrumentales capturées durant l'automne 1998 et qui contribueront à enrichir Scythia quelques mois plus tard, première démo officielle du groupe.
Davantage que "Where The Fame Is Eternal", essai ambient de près de 20 minutes uniquement rempli du bruit des flammes qui crépitent, dont on devine qu'il s'agit du brasier d'une église en train de se consumer, et dont Hate Forest utilisera le principe pour le plus court et bien nommé "Burning Churches" figurant sur Ritual, c'est surtout pour "In Cold Empty Darkness" que The Gates mérite le détour en cela qu'il s'agit d'une sorte de brouillon des longues et désolées traversées parsemant les futurs Purity et Battlefieds et dont les atours épiques n'étouffent jamais la noirceur primitive.
Si l’entreprise est contestable, elle permettra au moins à ceux qui ont pris le train en marche de comprendre l'origine d'un culte tout à fait justifié...