Houlà... C'est ce que l'on se dit à l'écoute de The Final Cut. L'album le moins connu des floyd a ses fans, qui sont souvent fans de Waters avant d'être fans de Pink Floyd. The Final Cut, c'est le seul album sans Richard Wright. C'est le seul album qui n'a pas donné lieu à une tournée. C'est le seul album complètement écrit par Roger Waters.
Nous sommes en 1982. Le film The Wall cartonne au cinéma, mais Pink Floyd est virtuellement mort. La notoriété du double-album-concept a dépassé celle de The dark side of the moon, mais les quatre musiciens ne se voient plus et ne donnent plus le moindre concert. Si ses trois acolytes ont laissé tomber Pink Floyd sans se soucier de l'avenir, Waters entend ranger la maison bien en ordre avant de la quitter. C'est pourquoi il rassemble toutes les chutes de The Wall et les colle ensemble pour en faire un album qui deviendra "The Final Cut". David Gilmour dira : "Si ces morceaux n'étaient pas bons du temps de The Wall, pourquoi le seraient-ils maintenant ?"
Effectivement, ils ne sont pas bons. Du moins dans l'ensemble. On a plaisir à retrouver quelques éléments du floyd abandonnés depuis la lointaine époque de Wish you were here : saxophone, choeurs féminins. Ils sauvent quelques titres : "The gunner's dream", émouvant, et le royal "Not now John", sans aucun doute le meilleur morceau du disque.
Le reste, sans être foncièrement mauvais, sonne comme une pâle copie de The Wall. Si un autre groupe avait écrit The Final Cut, on l'aurait accusé de plagiat éhonté. Waters signe une véritable autoparodie, jusque dans les paroles. Ecrire un album en hommage à son père, qu'il n'a pas connu, est une idée que l'on ne peut qu'admirer. Mais Eric Fletcher Waters méritait mieux qu'un exercice de rattrapage. La discrète allusion de Waters à son père dans The Wall (rendue plus flagrante dans le film) était certainement un bien meilleur hommage.
En conclusion, The Final Cut laissera froid bon nombre des amoureux de Pink Floyd, qui n'y retrouveront pas l'esprit d'invention et de liberté qui fit la légende du groupe. Pour collectionneurs, ou pour ceux qui trouvaient The Wall trop court.