Le titre « Binaural » fait référence à une technique d’enregistrement qui utilise le « battement binaural », c’est à dire un effet auditif artificiel basé sur les fréquences des sons et qui s’apparente à la stéréo. Et c'est ce système qui a été utilisé pour enregistrer 6 des morceaux du 6ème album de PEARL JAM.
Après un « Yield » qui montrait un groupe plus soudé et ayant choisi d’emprunter une direction artistique plus cohérente que part le passé mais qui n’arrivait pas encore à reproduire le sans faute de ses premières productions, la bande à Eddie Vedder nous revient en 2000 avec ce « Binaural » qui peine encore à renouer avec les fastes d’auparavant.
Dès « Breakerfall » et son intro rappelant fortement « I Can See For Miles » des WHO, le ton est donné. Le morceau est entrainant, bien construit, efficace, mis il donne un sentiment de déjà entendu. Cette sensation de redite est renforcée avec « Gods' Dice », alors que « Evacuation » passe sans émouvoir. Il faudra attendre « Light Years » et surtout « Nothing As It Seems » pour découvrir un groupe bien plus inspiré et surtout plus captivant. Avec ce dernier titre, PEARL JAM se fait envoutant en diable, notamment via une superbe intro aérienne et grâce à l’utilisation d’une basse planante.
Les bonnes surprises continuent avec la magnifique ballade « Thin Air » et avec le plus rapide et surtout plus sombre « Insignificance », un titre qui au delà de son rythme soutenu se fait poignant et nous propose un Eddie Vedder très inspiré. « Of The Girl » et ses guitares claires, puis « Grievance » sont également à ranger au rayon des réussites. Cette bonne impression est cependant entachée par une fin d’album peu convaincante avec des titres très dispensables à l’image de « Sleight Of Hand, « Soon Forget » ou bien de « Parting Ways » qui se termine sur un ghost track totalement inutile et ridicule.
Un peu comme avec ces deux précédant essais, PEARL JAM montre de réelles qualités et un charme évident, mais il peine à maintenir la magie sur la durée. Pire, par moment il s’autoplagie, lui qui jusqu’à présent avait toujours brillé par sa faculté à innover, à surprendre. En ce sens, l’arrivée de Matt Cameron (ex SOUNDGARDEN) aux baguettes et le fait que le groupe n’ait pas fait appel au Producteur Brendan O'Brien pour la première fois de sa carrière ne sont guère sensibles. Et cela commence à devenir inquiétant et nous pousse même à douter de la capacité du groupe à reproduire la grâce d’un « Ten » ou d’un « Vs ».
Patience…
Il est à noter que pour faire suite à la longue tournée qui suivra la sortie de « Binaural », le groupe sortira pas moins de 72 CD live retraçant toutes les dates effectuées, à l’exception de celle de Roskilde, qui fut entachée par la mort de 9 personnes du public.