Mine de rien, et après un break de presque 20 ans débuté en 1982, Kaipa nous propose ici son 10ème album studio. La formation reste la même que sur le précédent « Angling Feeling ». Hans Lundin est toujours le claviériste et maître à penser du groupe et le petit dernier Per Nilsson, semble avoir totalement trouvé sa place dans le groupe. Cette impression est toute personnelle mais je trouve que Kaipa sonne plus rock, plus direct depuis le départ de Roine Stolt. Côté production, le résultat est toujours aussi agréable et côté inspiration, le prog’ de Kaipa reste teinté d’ambiances 70’s (on pense à Yes, aux Flower Kings) tout en débordant d’éléments Folks.
Aleena Gibson s’impose encore un peu plus au chant (elle porte « In The Heart Of Own Magic Field » toute seule) et assure de mieux en mieux dans un registre rageur comme sur le superbe « In The Wake Of Evolution ». La voix de Patrik Lundström sonne toujours de façon aussi particulière mais est tellement dramatique qu’on est vite conquis. Parfois, on croirait même entendre un Mercury au loin comme sur « Electric Power Water Notes » ou « Arc Of Sound ». Ces deux titres sont d’ailleurs sans le moindre doute les meilleurs moments de l’album. Gorgé de ce feeling très positif qui illumine leur musique, le groupe y fait tomber des barrières.
Sur « Electric Power Water Notes », qui débute comme une ballade, on croise des passages soul, quelques riffs bien métal (mais sous mixés pour ne pas perdre le fil) et bien d’autres ambiances tenues de mains de maître par la rythmique tantôt jazzy, tantôt rock, de la paire magique Agren/Reingold. Ils se payent même le culot d’un passage reggae sur la fin. Sur « Arc Of Sound », Kaipa déroule des ambiances limites AOR dans une autre pièce colorée et captivante. “Smoke From A Secret Source” développe quant à lui la mélodie folk par excellence, entrecoupée de passages très soul et riches en chœurs (on pense encore à Queen). Plus direct, il maintient l’auditeur captif jusqu’au « The Seven Ocean’s Of Our Mind » final, qui débute tout en émotion pour laisser place à un formidable plaidoyer pour l’humanité sur fonds de chœurs noirs.
La marque du vrai professionnalisme dans cette histoire est cette habileté à mélanger les différents ingrédients sans jamais froisser l’auditeur. « In The Wake Of Evolution » est un véritable voyage à travers le temps et la musique qui vous laissera une foultitude d’images et d’émotions dans la tête avec une seule envie, celle de se repasser le tout encore plus fort ! Les textes, qui ne sont pas en reste, sont riches et fédérateurs sans être niais.
Si vous ne connaissez pas encore le groupe et que vous êtes un Ayeronaute qui aime la douceur ou simplement un fan de bon vieux prog’rock 70’s qui ne dirait pas non à un petit bal folk, cet album est fait pour vous. Si vous êtes fan, vous avez là un très bon cru, à gouter les yeux fermés (cela vous évitera de croiser du regard cette vilaine pochette) !