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En 1994, le mouvement thrash n'est plus que l'ombre de lui-même. Le grunge est passé par là. Metallica, sur le point de muer en une créature bâtarde, vit les derniers jours de son âge d'or après deux ans de tournée. Seul, Pantera perpétue la flamme, et explose d'ailleurs cette année-là avec Far Beyond Driven. Seul ? Pas tout à fait. Car en dépit du départ de son batteur historique, Slayer remet le couvert avec un sixième album studio, toujours sous la houlette du fidèle Rick Rubin.
Mais comment procéder lorsqu'un style tout entier s'essouffle ? Comment surmonter l'absence d'un membre fondateur ? Et surtout, comment faire pour entamer une nouvelle décennie après un tel sans-faute sur 5 albums consécutifs ? Il faut innover. Se remettre en question sur le plan artistique. La réponse semble évidente, mais le hic, c'est qu'il s'agit de Slayer ! Et aussi efficace qu'elle puisse être, la recette de leur thrash/punk ne saurait guère souffrir de modifications, sans quoi c'est une identité forte qui pourrait s'évaporer (qui a dit Metallica ?).
Et pourtant, avec Divine Intervention, le quartet reformé se lance avec audace à l'assaut des 90's, en prenant des risques considérables. Premièrement, l'apport de notions mélodiques à leurs créations. Du Slayer mélodique, oui. Dit comme ça, ça semble parfaitement antinomique... Et malheureusement, ça l'est. Ainsi, le très formaté "Serenity in Murder" se révèle être un échec cuisant, dont sera tiré un clip tout aussi raté. Slayer a appris à ses dépends que préparer un tube est inutile. Tom Araya montre ici les limites évidentes de son talent de vocaliste. Deuxièmement, la recherche d'atmosphères, d'ambiances, dans des morceaux étonnants que l'on pourrait quasiment qualifier de progressifs (vous avez bien lu), à l'image de l'opener, "Killing Fields", qui se veut révolutionnaire dans le petit monde du thrash : sur fond de blast beat, Araya déclame, sans hâte. Structure à la Hell Awaits pour ce morceau qui évolue et explose en plusieurs temps. A noter que c'est Bostaph qui ouvre l'album, comme pour afficher la détermination d'un groupe décidé à ne pas se laisser dépérir. Le morceau-titre lui aussi est une cassure terrible avec le Slayer des années 80, cassure si manifeste qu'elle leur coûtera une partie de leur fanbase. Frénésie en berne, solo mélodique... C'est à ne pas en croire ses oreilles.
Et pourtant... Et pourtant. Il aurait été prématuré d'enterrer Slayer. Car l'auditeur pris de court est assailli par des brûlots thrash ("Sex, Murder, Art", "Dittohead", "Circle of Beliefs") qui viennent s'intercaler entre ces pistes à vocation mélodique. Et brûlot thrash est un bien faible terme : on nage même en plein punk dans "Dittohead", véritable hymne à la dissidence au riff terrifiant. Sur "Circle of Beliefs", c'est Araya qui retrouve son débit insensé, renouant avec l'agressivité que l'on craignait évanouie. "Mind Control" conclut l'album de la même manière : un hybride punk/thrash féroce et endiablé, des soli débiles, des riffs à 2000 à l'heure... Slayer.
Pas totalement concluant, c'est avec appétit que ce combo mythique aborde donc sa deuxième décennie, et les fans n'ayant pas quitté le navire se voyaient déjà repartis comme en 83. Hélas, il n'en sera rien, et Divine Intervention marque clairement le début d'une traversée du désert qui durera jusqu'en 2001... Ce n'est toutefois pas un mauvais album, bien au contraire, et s'il fait pâle figure comparé aux standards établis précédemment (Reign in Blood ou Seasons in the Abyss, pour ne citer qu'eux), il ne démérite pas pour autant. A réserver aux inconditionnels du genre et aux fans ; les autres ne seront peut-être pas aussi indulgents, et sanctionneraient une ambivalence pas réellement maîtrisée. - Site officiel Le saviez vous ?
"SS-3" parle de Reinhard Heydrich, un architecte de l'Holocauste. SS-3 fait référence au numéro de la plaque d'immatriculation de la voiture dans laquelle il a été tué.
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LISTE DES PISTES:
01. Killing Fields - 03:57 02. Sex, Murder, Art - 01:50 03. Fictional Reality - 03:37 04. Dittohead - 02:30 05. Divine Intervention - 05:33 06. Circle Of Beliefs - 04:29 07. Ss-3 - 04:06 08. Serenity In Murder - 02:36 09. 213 - 04:51 10. Mind Control - 03:04
FORMATION:
Jeff Hanneman: Guitares Kerry King: Guitares Paul Bostaph: Batterie Tom Araya: Chant / Basse
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