Après un premier voyage initiatique à la recherche de la porte vers l'été, les 5 suédois de Moon Safari reviennent avec un deuxième album très copieux. Ce "Blomljud" étale ses quelques 101 minutes sur 2 CDs et peut laisser craindre la saturation pour l'auditeur gavé par trop d'information sonore ou le désintérêt dû à un sujet trop délayé. Le seul moyen d'en juger étant l'écoute, je m'y colle sans plus tarder.
Une petite intro ("Constant Bloom") à capella confirme les qualités vocales exploitées dans le premier album et ce chorus à 4 ou 5 voix n'est pas sans rappeler les élans lyriques de Queen ou les harmonies de Manathan Transfert. Sans laisser le temps à l'émotion de redescendre, le groupe enchaîne sur le plus long titre du premier CD, "Methuselah's Children" qui tout au long de près de 16 minutes va donner un aperçu de tout ce qui va être le cœur de cet album. La richesse vocale due à la multiplicité des interprètes (4 des 5 musiciens sont crédités au chant) s'appuie sur une trame de mélodies enjouées rehaussées par de nombreuses interventions en solo des guitares et des claviers, parfois acoustiques, parfois électriques. Après un démarrage en douceur au piano auquel se joint rapidement un synthé aérien, la batterie arrive pour marquer un rythme plus soutenu où viendront s'appuyer les accords de la guitare acoustique. Après un break où les voix et le piano se mêlent en faisant songer à Queen sur "A Night At The Opera", c'est le piano qui assure la rythmique jusqu'à un retour sur le thème initial du morceau. Le final nous permet d'entendre distinctement pour la première fois un petit solo de guitare électrique.
Voilà, vous savez tout !!
J'ai écouté 20 fois cet album et chaque fois l'effet est le même : dès la 3ème ou la 4ème minute, je ferme les yeux et je me laisse bercer pas les mélodies et les arrangements si riches et si mélodieux de Moon Safari, et quand je ferme les yeux je ne peux pas écrire...
Donc, je ne vous parlerai pas des 9 minutes instrumentales de "Moonwalk" avec ses enchaînements de passages lents et rapides, forts et calmes, ses soli multiples et enjôleurs. Je ne décrirai pas le coté country de "Bluebells" qui rappelle les harmonies vocales de Crosby, Stills and Nash (éventuellement and Young) à Woodstock ("Suite Judy Blue Eyes"). J'éluderai la guitare folk genre Dobro qui ouvre "Yasgur's Farm" (et par la même occasion le deuxième CD), ainsi que le violon du très 'giguesque' "Lady Of The Woodland". Mais je ne pourrai pas cacher la présence de "The Other Half Of The Sky", ne serait-ce que parce que ce titre étale sur près de 32 minutes une déferlante de mélodies, une avalanche de sonorités très harmoniques.
Moon Safari confirme avec ce deuxième album tout le bien que je pensais de cette formation qui semble faire fi des modes. Les richesses vocales sont encore magnifiées par les 4 voix qui souvent se mêlent, s'épaulent, parfois se répondent ou se décalent comme dans le canon final de "In The Countryside". Les arrangements musicaux sont d'une qualité exemplaire : malgré le grand nombre d'instruments intervenant, le son est toujours d'une clarté impressionnante.
Il y a dans cette album une sorte de cohésion, d'unité de coloration musicale qui fait que, malgré la durée de l'ensemble (plus de 100 minutes, je le rappelle !), on ne se lasse pas, à moins qu’on ne soit pas client du prog mélodique.