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"Prenant le pouls d’une nature de plus en plus vulnérable, "Birna" est encore une réussite à mettre à l’actif de Wardruna, œuvre d’art totale belle et déchirante."
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4/5
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Nonobstant les incontestables qualités de ses prédécesseurs, dans la continuité stylistique et spirituelle desquelles il s’inscrivait, le fait est que "Kvitravn" a sans aucun doute permis à Wardruna de franchir une étape importante dans sa carrière, tant d’un point de vu commercial qu’artistique, lui ouvrant un public de plus en plus large et achevant la lente mutation de son art. Lui offrir un successeur n’était donc pas chose aisée. Plus que jamais, les Norvégiens ont pris leur temps -quatre ans- pour élaborer et peaufiner cette nouvelle création par conséquent très attendue.
Sa pochette, dépouillée comme toujours, créé un lien évident entre "Birna" et "Kvitravn". Ainsi, au plumage du corbeau succède la fourrure de l’ourse, que désigne en vieux norrois le titre de ce sixième album. A travers cet animal, l’œuvre se veut autant un hommage à celle qui incarne la gardienne des forêts qu’une méditation mélancolique sur la destruction de la nature. Chassée de son habitat par l’expansion dévorante des activités humaines, l’ourse meurt peu à peu et son domaine avec elle. Appelant à son retour comme le suggèrent les battements de cœur et la dimension rituelle de l’introductif ‘Hertan’ qui sonne comme une incantation chamanique, "Birna" peut être vu comme la métaphore d’une nature en danger, forte et majestueuse mais fragile.
En cela, l’opus poursuit la thématique amorcée par "Kvitravn" dont il creuse également un même sillon musical, esquissant ainsi un ensemble plus global et cohérent. Le morceau qui donne son nom à l’album et a fourni un clip de toute beauté en guise un premier extrait, confirme la connexion entre les deux disques, que cimente par ailleurs une perfection sonore identique. Le travail sur l'instrumentation et les chœurs est impressionnant (magnifique Lindy-Fay Hella), illustrant encore une fois à quelle maîtrise est parvenu au fil des années Wardruna et Einar Selvik qui est en l’âme et l’architecte.
Pour autant, "Birna" n’est pas une resucée de son prédécesseur. Plus organique (le pulsatif ‘Ljos Til Jord’), il se révèle surtout moins immédiat, plus difficile d’accès. Passé les trois premiers titres, le menu s’enfonce dans un bois, sombre et énigmatique, parfois aux confins d’un ambient tribal et nocturne. Du haut de ses 15 minutes au garrot, ‘Dvaledraumar’ paraît tout d’abord inutilement long. Ses trésors, immenses (particulièrement le chant du maître des lieux), se dévoilent néanmoins par petites touches, lente respiration d’une infinie tristesse. De même, la deuxième partie de l’album peut décevoir. Si ‘Jord Til Los’, le percussif ‘Himinndotter’ ou le lancinant (et déjà connu) ‘Lyljaberg’ accrochent l’oreille facilement par leur aplats souvent hypnotiques, tel est un peu moins le cas des ‘Hibjornen’, ‘Skuggehesten’ et ‘Tretale’, pulsations rituelles et squelettiques qui cependant n’en sont pas moins ciselées à la manière d'orfèvreries crépusculaires.
Prenant le pouls d’une nature de plus en plus vulnérable, le successeur de "Kvitravn" se doit par conséquent d’être abordé dans son entièreté trippante et spirituelle, œuvre d’art totale belle et déchirante. S’il réclame nombre d’écoutes pour être apprivoisé, le fait est que "Birna" est encore une réussite à mettre à l’actif de Wardruna qui sans se départir de sa patte froide et néanmoins ensorcelante, sait toujours nous surprendre.
- Site officiel
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LISTE DES PISTES:
01. Hertan 02. Birna 03. Ljos Til Jord 04. Dvaledraumar 05. Jord Til Ljos 06. Himinndotter 07. Hibjørnen 08. Skuggehesten 09. Tretale 10. Lyfjaberg
FORMATION:
Einar Selvik: Chant / Guitares / Basse / Claviers / Batterie / Kravik-lyre, Taglharpa, Bukkehorn Lindy Fay Hella: Chant
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