La passion de Yann Armellino pour le classic rock n’est plus à démontrer. Que ce soit en solo ou avec son compère El Butcho, le guitariste met depuis des années son sens du riff et du solo incandescent au service d’un heavy rock d’excellente facture. "Heritage Blend", le premier album de son nouveau projet Armellino, ne déroge pas à la règle. Aux côtés du guitariste et chanteur Vincent Martinez, de son frère Alban Armellino à la batterie, et de Jacques Méhard Baudot (guitariste de Jesus Volt) à la basse, Yann Armellino redonne vie à un heavy blues qui plonge ses racines dans les années 1970, mais se pare d’une fraîcheur indéniable pour rendre hommage au style qui a forgé sa culture musicale.

Le ton est donné dès l’entame de l’album avec un ‘Almost Scored Me’ très groovy, et l’énergie ne retombe jamais, chaque morceau de l’album distillant des riffs accrocheurs et des solos percutants. La complémentarité des guitares du couple Armellino/Martinez fonctionne à merveille, et Yann peut exprimer sa virtuosité, souvent impressionnante (‘Got Yourself A Loser’, ‘These Bones’) en s’appuyant sur une assise rythmique particulièrement efficace.

Du heavy blues (notamment celui de Whitesnake) au southern rock (‘Come Sing’), “Heritage Blend" ne cache pas ses influences, mais les transcende plus d’une fois avec des titres vraiment inspirés, comme les excellents ‘Slice Of My Pie’ et ‘Bad enough’. Le groupe arrive même à nous surprendre avec deux reprises très originales dans leur approche musicale : le groove funk rock du ‘Fire’ d’Etta James, avec Jessie Lee Houllier (sans ses Alchemists) au chant, et la version acoustique très réussie du ‘Dancing In The Moonlight’ de Thin Lizzy.

Avec des musiciens inspirés et un chanteur qui combine parfaitement la puissance vocale nécessaire au hard rock et la subtilité de ses influences soul, "Heritage Blend" transpire la sincérité et le respect des grands noms du heavy blues, sans jamais tomber dans l’hommage forcé. La pochette, clin d’œil à Fleetwood Mac première période, fait écho à cette approche sans prétention, où dominent la passion et le plaisir de jouer. Pour les amateurs de six-cordes, c’est un régal, pour tous les autres, c’est la démonstration que le classic rock est intemporel quand il est joué avec autant de conviction.