PAUL CRIBAILLET: Rock In Balma (ROCK) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Paul Cribaillet fait partie de ce que l'on pourrait oser appeler les musicophages. Ayant appris le piano au cours de son enfance, le Narbonnais s'est également distingué derrière un micro. Il s'est mis au service des autres, devenant un requin de studio et de scène assez sollicité (notamment avec Norbert Krief de Trust) ou en officiant dans des tribute bands pour jouer la musique qu'il aime (Toto, The Beatles). Les fans de rock progressif l'ont par ailleurs déjà rencontré en compagnie d'Orion. Pourtant, à l'aube de ses 50 ans Paul n'avait encore jamais enregistré le moindre album sous son nom. C'est désormais chose faite avec ce "Rock In Balma", réalisé comme son nom l'indique dans la banlieue est de Toulouse.

L'album débute sur l'énergique mais ensoleillé 'Just To Have It All' sur lequel le piano rivalise avec la guitare et une batterie survitaminée, un morceau placé en éclaireur et qui annonce le programme à suivre. L'album alterne ainsi des morceaux rock et des ballades. Parmi les morceaux les plus énergiques se place 'Muddy Old River', hommage à Muddy Waters sur lequel se fait ressentir tout le pouvoir écrasant du flot de cette rivière boueuse avec un piano majestueux et une guitare féroce. Paradoxalement, il s'agit d'un morceau instrumental. Il est dommage de se priver de la voix douce et généreuse de l'artiste qui ne craint pas d'aller décrocher des notes plus aiguës comme auraient pu le faire un Daniel Balavoine voire une Véronique Sanson. Paul Cribaillet est autant à l'aise dans la langue de William Sheller que dans celle de Roy Harper, son accent ne le trahissant pas. Pour lui donner encore plus de charme, le chant est doublé par Nadia Coste, qui apporte une plus-value sensuelle. Il est également une autre voix qui se manifeste assez à propos, celle de la guitare de Jean-Pierre Horville, qui obtient des bons de sortie (sur 'Marina) et conclut l'album sur une note déchirante ('My Old Friend').

Les thèmes des chansons sont directement inspirés par le vécu de l'artiste et s'intéressent à la part des ténèbres de l’être humain, sans verser dans un voyeurisme morbide, l'écriture poétique très imagée de Paul Cribaillet lui permettant de dépasser le simple constat et de présenter des solutions, en somme retrouver la lumière étincelante. Cette esthétique se traduit à la fois musicalement mais aussi thématiquement, les morceaux sont mélancoliques mais jamais plombants. 'Dix Ans Après' démarre sur des notes angoissantes avant de retrouver le soleil : la chanson parle directement de son regard de père sur son fils atteint d'autisme, une chanson qui émeut jusqu'aux larmes. 'Jackal's Out' met en scène une métaphore de la peur qu'il faut vaincre. Seules ombres au tableau, l'effet de pathos est évité sur 'Cent Ans' (qui évoque les féminicides) mais aurait mérité un traitement moins manichéen, tandis que 'Courber Le Dos' tombe dans le cliché : les mots semblent artificiels, la mélodie tourne en rond et les manifestations de Nadia Costa alourdissent un ensemble qui manque d'équilibre.

"Rock In Balma" est le premier disque d'un musicien talentueux, véritable touche-à-tout. L'album enchaîne des morceaux de sensibilité rock et des ballades couronnées de lumière, traitant en anglais ou en français de thèmes chers à son auteur, qui arrive en traitant du particulier à rejoindre l'universel ('Dix Ans Après' mériterait d’être diffusée à la radio). Un grand cru : espérons que Paul Cribaillet retrouve très vite les chemins du studio pour le deuxième volet de ses aventures musicales qui méritent d’être écoutées par le plus grand nombre. - Site officiel

PAUL CRIBAILLET

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