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"Œuvre musicale d'art contemporain, moderne et génératrice d'émotions, "The Harmony Codex" de Steven Wilson constitue une exploration fascinante de la musique à la fois électronique et organique."
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5/5
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Steven Wilson est insaisissable comme une anguille. Sa discographie solo parle d’elle-même. Son postulat de départ n’a pas bougé d’un iota consistant à ne proposer jamais deux fois le même album à la suite. Être là où on ne l’attend pas et surtout pas là où on voudrait qu’il soit. Il faut dire que jusqu’à présent, ce crédo lui a beaucoup réussi, du moins jusqu’à "The Future Bites" qui a souvent été décrié par une bonne partie de certains fans (et chroniqueurs) qui le suivaient jusqu’à présent dans ce slalom des genres. Album incompris ou bien trop aux antipodes de la sensibilité des nombreux fans du début, "The Future Bites" donnait le sentiment de ne pas avoir été assez travaillé. Il faut dire aussi qu’il a été plombé par la pandémie qui n’a pas aidé à sa promotion ne permettant pas à son créateur d’aller au bout de son concept.
C’est donc avec une certaine fébrilité que "The Harmony Codex" est attendu au tournant. Steven Wilson serait-il à la croisée des chemins dans ce jusqu’au-boutisme ? Estimant ne pas avoir pu aller au bout de sa précédente démarche de moderniser sa musique, l'Anglais a souhaité ici conserver l’orientation électronique fondatrice de "The Future Bites" tout en ayant semble-t-il pris du recul et appris de ses « erreurs ». L’une d’elle serait d’avoir un peu oublié que l’électronique a besoin de mélodies fortes et parfois d’un apport plus organique pour déclencher les émotions et être totalement accrocheuse.
Pour autant, ce nouvel album n’est pas une redite du précédent. L’écoute attentive de "The Harmony Codex" permet de ressentir tout le soin qui a été apporté aux compositions et aux sons. Rien n’est laissé au hasard que ce soit dans la fusion électronique-organique mais aussi dans le travail des voix auxquelles Steven Wilson est de plus en plus attentif. Il a semble-t-il fini sa mue de chanteur en prenant conscience que la voix est un réel instrument permettant d’apporter une plus-value en jouant sur les intonations et les harmonies. Il va jusqu’à expérimenter d’autres manières de chanter comme le quasi-slam du très réussi ‘Actual Brutal Facts’ qui rappelle étrangement les travaux de Massive Attack.
Dans sa globalité, l’album fait penser à un voyage dans l’espace où l’auditeur serait seul avec lui-même dans une apesanteur faussement relaxante. "The Harmony Codex" offre ainsi de longs moments contemplatifs essentiellement instrumentaux (le méditatif ‘The Harmony Codex’) laissant le soin à la musique de transporter l’auditeur dans ses propres pensées. Pour réussir cette mission et comme une sorte de synthèse, Steven Wilson puise de ses précédents albums certains marqueurs pour les transformer afin d’aboutir à une toute nouvelle création tout en ne donnant pas l’impression de tourner en rond. Pour l’aider dans cette démarche il fait appel à sa garde rapprochée : Nick Beggs à la basse, Ninet Tayeb, Theo Travis, David Kollar, Craig Blundell et le fidèle Adam Holzman. Cette présence plus importante accordée aux "vrais" instruments (le retour des solis de guitare dans ‘What Life Brings’, ‘Rock Bottom’ ou ‘Staircase’ dans lequel il faut souligner les énormes lignes de basse) apporte une chaleur qui manquait à "The Future Bites".
On retrouve donc un peu du travail de "Grace For Drowning" et de "Closure / Continuation" dans l’incroyable instrumental ‘Impossible Tightrope’ avec sa construction progressive 70's mêlant jazz fusion et électro avec maestria après une introduction plutôt atmosphérique. Le duo avec Ninet Tayeb sur ‘Rock Bottom’, frère jumeau de ‘Pariah’ de "To The Bone", va encore plus loin dans la recherche de l’émotion la plus pure possible où Steven semble s’effacer humblement pour laisser plus de place à sa complice. On sent aussi poindre une inspiration très Peter Gabriel ("Up") dans la rythmique de ‘The Beautiful Scarecrow’ (qui rappelle aussi "Insurgentes" par son oppression). Le comble de cette fusion équilibrée entre électro et organique est atteint par le morceau ‘Staircase', avec sa première moitié très dynamique, entrainante et lumineuse contrastant avec une seconde partie plus aérienne qui emprunte certains passages de ‘Harmony Codex’ afin de conclure en beauté ce retour sur terre.
Jouissant d’une production sans faille, "The Harmony Codex" est une expérience dense qui, dans son alternance poussée entre titres électro fusionnels et plus pop rock, pourrait parfois en perdre certains en chemin. Il faut savoir s’y abandonner (si possible au casque) pour l’approfondir et en découvrir ses multiples richesses. Steven Wilson réussit un coup de maître en prouvant que l’on peut provoquer des émotions avec une musique moderne exigeante. Il aura sans doute le mérite de ne laisser, encore une fois, personne indifférent. - Site officiel
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LISTE DES PISTES:
01. Inclination 02. What Life Brings 03. Economies of Scales 04. Impossible Tightrope 05. Rock Bottom 06. Beautiful Scarecrow 07. The Harmony Codex 08. Time is Running Out 09. Actuel Brutal Facts 10. Staircase
FORMATION:
Nick Beggs: Basse Steven Wilson: Chant / Guitares / Claviers / Percussions Ninet Tayeb: Chant / Invité
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(5) AVIS DES LECTEURS
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Une fois de plus, j'écoute de The Harmony Codex. Je dois avouer être un fan complet de Porcupine Tree et de Steven Wilson solo. Mon avis est donc partial. Cet album me transporte à chaque écoute un peu plus loin. Et le morceau que je préfère à une écoute n'est plus forcément celui-ci, l'écoute suivante. Je reconnais qu'il m'a fallu me le passer dans lea oreilles plusieurs fois, avant de commencer à l'apprécier à sa juste mesure. Maintenant, pour moi, il est parfait.
Voici une critique que j'ai trouvé intéressante. Elle montre bien les subtilités de tous ces morceaux.
https://progcritique.com/steven-wilson-the-harmony-codex/
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Après la déception de "The Future Bites", c'est sans précipitation aucune que j'ai fini par acquérir et mettre mes deux oreilles sur ce nouvel opus dont le moins que l'on puisse dire est que son auteur a une nouvelle fois fait fi de toute considération commerciale ou autre en entamant les débats avec un titre limite expérimental, du moins pas du style de ce qu'on attendrait pour une ouverture flamboyante.
Une deuxième plage plutôt sympathique et mélodique précédant ensuite LE ratage de l'album, un 'Economies of Scale' porté par une rythmique électronique affreuse, et voilà l'album qui décolle avec un titre pur progressif, avec 'Impossible Tightrope' et ses 10 minutes plutôt folles.
Mais finalement, cette plage ne sera qu'un one-shot sans suite, la deuxième partie de l'album évoluant dans une ambiance très atmosphérique, avec une Ninet Tayeb de nouveau impériale ('Rock Bottom') et une musique qui va se dérouler sans anicroche, mention spéciale à la plage titre dont l'ambiance particulière plonge l'auditeur dans un véritable état de bien être.
Décidément insaisissable, Steven Wilson n'a pas fini de nous surprendre, en bien comme en mal, à chacun son jugement. Me concernant, "The Harmony Codex" est d'ores et déjà dans la première catégorie là où son prédécesseur croupit quelque peu au fond des étagères.
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Musique qui s'adresse plus au cerveau qu'au cœur ? Mais est-ce que cela n'a pas toujours été le cas avec Steven Wilson ? Après le mal nécessaire que fut The Future Bites, je suis en ce qui me concerne heureux de le retrouver à ce niveau. J'ai lu ici et là une relative déception quant aux qualités mélodiques de l'ensemble qui ne serait pour certains finalement qu'une jolie coquille vide. Bon, même s'il a connu parfois de belles réussites mélodiques, y compris en solo, Wilson n'a jamais été MC Cartney que je sache. Je trouve cependant le procès actuel injustifié, les lignes mélodiques de Harmony Codex sont très simples, certes, mais aucunement sans relief, et elles restent bien plus en tête que la pop facile de Blackfield par exemple. Si l'on s'intéresse à No-man dont il a été question ici, c'est même une caractéristique récurrente dans l’œuvre de l'artiste. Alors oui, c'est un album qui requiert une certaine exigence, mais de là à dire qu'il est élitiste, faut pas non plus exagérer, on a connu bien plus hermétique ! Oui encore, Steven Wilson a parfois déçu ou agacé par ses choix musicaux et ses déclarations contradictoires, et par son obsession d'obtenir ce numéro 1 qui le fuit toujours et certains voient avec bonheur ce nouvel opus qui ressemble un peu à un rétropédalage, quand d'autres lui tiennent encore rigueur de ses errements récents. Mais ce qui me plaît ici, c'est que malgré quelques références évidentes, c'est surtout du Steven Wilson que l'on entend. Celui de Porcupine Tree, de Insurgentes, de The Raven ou donc, de Future bites. Un travail de synthèse sous forme de bilan, pourtant paradoxalement (et c'est à mon sens le véritable tour de force du disque) sans redite, car persistant à aller de l'avant. Qu'il continue à me pondre des albums de cette teneur, c'est tout ce que je demande, et s'il pouvait le faire dans le cadre d'un nouveau Porcupine Tree un plus aventureux, ce serait encore mieux !
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(7) COMMENTAIRE(S)
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Plus j'écoute cet album et plus il me satisfait. Je ne sais pas si il s'adresse plus au cerveau ou au coeur, mais il s'adresse parfaitement à mes oreilles.
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@NEWF, loll, pas certain que je le soutiendrais si il passait au reggae. Je ne connais pas No Man. Je vais aller lire ta critique et ecouter No Man.
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@GHOSTKNIGHT Je respecte bien évidemment ton opinion. Mais s’il te plait, ne présuppose pas de ce que j’aurais préféré ou pas. Je suis la carrière de Steven Wilson depuis "Coma Divine" de PT. J’ai apprécié tous ses virages stylistiques, même les plus electro (va lire ma chronique du dernier No Man si ça t’intéresse). J’aurais juste aimé que "The Harmony Codex" soit un peu plus inspiré et surtout beaucoup moins plat. Sur beaucoup de titres (‘Inclination’, ‘The Harmony Codex’ entre autres), il ne se passe strictement rien, et Steven ne nous avait pas habitué à ça. Et s’il faut du matériel haut de gamme pour apprécier l’album, on en revient à l’élitisme que je pointais du doigt dans mon commentaire précédent. Faire un album pour démonstrateur de chaines Hi-Fi n’est pas exactement ce que j’attends d’un artiste. En tout cas, ce que je constate, vu les critiques dithyrambiques quasi unanimes de la presse, c’est que Steven Wilson est devenu intouchable. Si demain, il décide de fumer des bédos et de composer du reggae, beaucoup crieront encore au génie.
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En total désaccord avec @NEWF, je trouve l'album excellent, très équilibré. Bien sûr, ce n'est pas du Porcupine Tree (que j'adore), c'est peut-être ce qu'aurait préféré @NEWF, mais on ne peut reprocher à un artiste de talent, comme l'est Steven Wilson d'évoluer. je reconnais, que cet album est fait pour être écouté au casque et plusieurs fois, pour en saisir toutes les subtilités (cela fait au moins 5 fois que je me le repasse dans les oreilles et je ne cesse de faire des découvertes). Cet album est le contraire de chiant. Mais peut-être n'est-il pas fait pour toutes les oreilles.
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C’est vraiment dommage. A force d’intellectualiser sa musique à l’extrême, Steven Wilson ne me procure plus aucune émotion. La faute à son obsession de vouloir à tout prix se débarrasser de ses oripeaux de rockeur pour revêtir définitivement le costume d’artiste un peu snob et distant qu’il devient au fil des années. Le problème, c’est que sa musique est de plus en plus prétentieuse. Et le constat est récurrent : viser à tout prix la perfection a toujours pour conséquence d’éloigner le public de l’auteur, qui s’enferme sans même s’en rendre compte dans un élitisme souvent irréversible. "The Harmony Codex" me fait penser à certains films d’auteur des années 70, comme "Solaris" de Tarkovsky par exemple. C’est très beau, mais c’est chiant.
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LECTEURS:
3.8/5 (16 avis)
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STAFF:
3.4/5 (13 avis)
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