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"Premier album politiquement incorrect du groupe controversé Laibach, pionnier du métal industriel européen."
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4/5
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Première émanation d'un
groupe né au tout début des années 80 dans une ville minière du
centre de la Slovénie, l'album « Laibach » (Ljubljana en
allemand) est paru en 1985 dans un contexte politique très
particulier, qui explique sa forme pour le moins singulière. Dans la
Yougoslavie communiste, le ton sarcastique employé, avec
l'utilisation enthousiaste d'une imagerie d'inspiration totalitariste
en vue de la désamorcer, a été très mal perçu par les autorités
de l'époque qui s'empressèrent de censurer l'album. Le collectif du
groupe Laibach, qui utilisait autant la musique que l'imagerie,
restera en perpétuelle évolution mais entraînera toujours autant de
polémiques liées à son goût de la controverse, voire de la
provocation – dénoncer le totalitarisme par des hymnes et des
costumes de scène de style militaire est un exercice à haut risque.
Plus de trente ans après sa sortie, l'écoute vous donnera-t-elle
l'envie d'envahir la Pologne?
Pour cette première
production, Laibach affiche un line-up atypique avec un chanteur
(Milan Fras et sa moustache chaplinesque), et trois préposés aux
claviers et percussions (le très aryen Ervin Markošek, l'halluciné
Dejan Knez et le respectable Ivan Jani Novak). Le groupe nous
plonge d'entrée dans son chaudron bouillant, qui constitue avec Ministry un des premiers témoignages du style métal industriel. Ce
premier album éponyme pourra servir de bande originale de vos
cauchemars les plus politiquement incorrects.
L'album est construit sur le plan d'une
maison à huit portes aux couloirs démesurés, impression rendue par le
minimalisme et le caractère répétitif des rythmes. Ces huit pistes
dégagent les effluves d'ambiances sonores malsaines, passant par la
chambre des tortures ('Sila' où l'on imagine un système de
châtiments à la chaîne), le peloton d'exécution à l'ambient lent
et hypnotique ('Sredi Bojev'), la chambre du bourreau (toutefois en
retrait, Milan Fras maîtrise déjà son chant si particulier entre
détachement froid et cruauté), ses actions sur les cadavres encore
fumants ('Mi Kujemo Bodočnost', 'Brat Moj' dont le texte est aux
antipodes de son interprétation, preuve supplémentaire de l'humour
très décalé du groupe), tandis que les percussions s'imprègnent
dans les oreilles des auditeurs. Comme tout est politique, la
propagande est assurée à grands renforts de trompettes wagnériennes
('Panorama') ou pour le titre le plus intemporel ('Drzava'), par
saupoudrage de rythmiques typiquement industrielles (ou écoutables
diront les mauvaises langues). Le ton plus léger de certains titres
('Dekret' qui rappelle un New Order qui aurait viré sa cuti),
n'empêchera nullement la mise à l'écart du groupe …
Fidèle
à son esthétique controversée , Laibach
privilégie la voie du mimétisme politique en
déclamant un texte en italien ('Cari Amici') évoquant un autre Duce – et dit outre-tombe par
Tomaž Hotsnik, leader du groupe suicidé en 1982 - , ou en utilisant
un authentique discours du maréchal Tito sur 'Drzava' (renforcé par
les chœurs et les applaudissements), ce qui les condamnera au ban de
la scène musicale. L'écoute de cet album, toujours sujet à
controverses, reste une curiosité assez éprouvante et n'est pas
conseillée aux oreilles à la recherche d'harmonies soyeuses. - Site officiel
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LISTE DES PISTES:
01. Cari Amici 02. Sila 03. Sredi Bojev 04. Država 05. Dekret 06. Mi Kujemo Bodocnost 07. Brat Moj 08. Panorama
FORMATION:
Dejan Knez: Claviers / Batterie Ervin Markošek: Claviers / Batterie Ivan Novak: Chant / Claviers / Batterie Milan Fras: Chant
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