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TITRE:

CYNIC (8 DÉCEMBRE 2011)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

ROCK PROGRESSIF



Quelques minutes avant de pénétrer sur la scène du Divan du Monde, Paul Masvidal est longuement revenu avec Music Waves sur le nouvel EP, le nouveau virage musical, "Focus", le lien avec la scène extrême... pour une interview riche en tous points...
STRUCK - 19.01.2012 -
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Bonjour Paul, vous allez jouer ce soir au Divan du Monde, comment te sens-tu à quelques heures du concert ?
Paul Masvidal : Je me sens super bien, excité ! Je frissonnes un peu mais j’adore Paris et son public qui fait en sorte que nous soyons à l’aise…

Tu dis adorer Paris, quelle est votre relation avec le public français ?
Je ne sais pas ? Je pense que c’est historique, nous avons une longue histoire et c’est juste une de ses relations musicales passionnées. Tu vois beaucoup d’amour avec les français, c’est du moins ce que nous constatons ici…

J’ai l’habitude de finir mes interviews avec ces questions mais quand on rencontre un membre du groupe prog metal légendaire qu’est Cynic, je me dois de commencer par cette question. Quelle est la question qu’on t’a trop souvent posée ?
Je ne suis pas sûr mais une des questions à laquelle j’ai beaucoup de mal à répondre est : "De quoi parle cet album ?".

Ah oui ?
Ouais ! Parce que chaque album a son histoire et c’est dur d’être objectif. Je pense qu’un album a sa propre histoire et c’est le voyage de l’auditeur, donc quelques fois, c’est compliqué de l’expliquer avec des mots…

Je comprends mais je reste surpris car je pensais -comme les lecteurs de Music Waves- que la question qui revenait souvent était celle relative à la séparation puis…
… la réunification de Cynic… Ouais, mais heureusement, on ne nous pose plus cette question. Bien sûr, on nous l’a posé au premier album mais maintenant, on nous parle plus de la nouvelle musique.

Justement cette nouvelle musique, avec le nouvel EP, il semble que Cynic a terminé sa mutation musicale débuté sur "Traced In Air", "Carbon-Base Anatomy" sonne plus naturel et authentique que "Traced In Air"… Es-tu d’accord avec ça ?
Ouais ! Il sonne définitivement plus organique, il est très improvisé, nous avons fait tout l’album instinctivement, donc très rapidement et je le trouve très pur !

[IMAGE1]

Et quelle le principale explication de votre nouvelle orientation musicale : la maturité, l’expérience ?
Je le pense oui ! Toute musique est le reflet direct de la vie… Donc, l’année dernière, plein de choses se sont passées, il y a eu plein de changement pour Sean et moi-même… et l’album reflète tout cela, le reflet de cette folle année…

Une folle année durant laquelle Robert Venosa est mort. Comment as-tu vécu cette disparition ?
En fait, j’ai fait un rêve de lui la nuit dernière qui était très intéressant. J’ai envoyé un e-mail à sa femme pour lui raconter parce que c’est quelqu’un de très important pour moi, depuis que je suis gamin, depuis que j’ai 10 ans… Il a vraiment eu une vie extraordinaire durant le milieu des années 1970… Il était prêt à partir ! Mais c’est vrai que c’est toujours triste parce que j’avais l’habitude de beaucoup parler avec lui…

Robert Venosa était plus qu’un simple créateur de pochette pour Cynic, il semblerait qu’il ait influencé votre musique ?
Oh oui, énormément ! J’ai l’impression d’avoir passé ma carrière musicale à faire en sorte que ma musique sonne comme son art (Rires) ! Je suis un fan de beaucoup d’artistes mais lui tout particulièrement, son art me parle à un niveau que je ne comprends pas et ce depuis mon plus jeune âge…

Et comment travaillais-tu avec lui : est-ce vous qui lui donniez l’album fini et lui travaillait sur un artwork ?
Ouais… Généralement, je ne pouvais pas me permettre de lui demander quoi que ce soit… mais je lui donnais les démos sur lesquelles nous travaillions, il prenait dans ce catalogue de chansons et demandait de quoi traitait telle ou telle chanson… Donc, il prenait énormément part dans le processus ! Mais je suis devenu très proche de sa femme qui est également une fabuleuse peintre -Martina Hoffmann- et avec qui je parle beaucoup…

Et pour le futur, allez-vous travailler dorénavant avec sa femme ?
Je le pense, nous allons continuer de travailler avec le travail de Venosa parce qu’il y a laissé énormément… Mais je ne pense que nous les prendrons tels quels, sa femme pourrait prendre part au processus parce qu’elle est extraordinaire aussi…

Et musicalement parlant, quand décidez-vous qu’il faut arrêter l’enregistrement, qu’il faut cesser de faire évoluer une chanson ?
Ouais, je vois ce que tu veux dire, tu as raison, je pense qu’une chanson n’est jamais terminée ! A un moment donné, il faut juste arrêter en se disant qu’on est assez proche de la fin… Et finalement ce qui décide de l’échéance, c’est le label qui a besoin de l’album pour le sortir (Rires) sinon tu continuerais à travailler dessus !

Tu sous-entends que tu n’es jamais satisfaisant du contenu des chansons que vous faîtes ?
Ouais, je pense que c’est la malédiction des artistes : nous essayons toujours de faire en sorte que tout soit parfait mais rien n’est parfait donc, c’est sans fin… Mais bon, c’est quand même une malédiction bénie (Sourire) !

Et peut-on dire que c’est une des raisons pour laquelle Cynic a pris tant de temps avant de sortir un album après « Focus » ?
Ouais, c’est un des aspects ! Absolument ! La frustration… oui, il y a plein de composantes… Mais oui, je pense que nous changeons…

Actuellement comment vos fans ont accueilli ce nouvel EP ?
A ce jour, très bien !

Penses-tu que vos fans actuels sont les mêmes que les fans de l’époque "Focus" ?
Non ! Ce que je constate durant les concerts, c’est que tu as toujours quelques vieux fans mais la plupart sont de la nouvelle génération… La plupart de ceux qui viennent aux concerts sont de jeunes personnes, les plus vieux ont des enfants, ont des boulots… tu vois ce que je veux dire ?

Et concernant ces fans de la première heure, tu es conscient que la plupart sont déçus de l’orientation musicale prise par Cynic depuis "Traced In Air" ?
Ouais ! Ils voudraient garder leurs souvenirs, c’est quelque chose qui a fait partie de leur vie mais le temps passe et les artistes changent aussi (Rires) !

Mais vous avez radicalement… Est-ce la raison pour laquelle vous avez séparé votre site Web en deux parties : celle du Cynic actuel et celle du Cynic époque "Focus ?
Du vieux Cynic, ouais ! C’est comme une vie passée…

Dans ces conditions, n’avez-vous jamais envisagé de changer de nom de groupe ?
Je ne sais pas ? Parce que je pense quand tu écoutes tous ces albums, tous sonnent Cynic… Nous avons déjà nos projets séparés et ceci est la musique de Cynic… donc le nom est approprié !

Donc malgré tout, selon toi, le Cynic actuel a toujours des connexions avec le Cynic époque "Focus" ?
Ouais ! Ce sont toujours les mêmes personnes (Rires) !

Mais sans les cheveux longs !
Non (Rires) !

Tu as dis ne jamais être satisfaisant des titres que vous sortez. Comment juges-tu tes précédents albums et notamment "Focus" avec le recul ?
Je pense que c’est le meilleur que je pouvais faire à ce moment-là ! Je donne toujours le meilleur de moi-même !

Comment vis-tu le fait d’être un pionner d’une scène musicale le death progressif dont vous ne faîtes plus partie ?
C’est amusant parce que nous n’avons jamais fait partie de cette scène… Nous avons été associés parce que nous avons joué avec des groupes de cette scène : Cynic était plus un groupe extérieur à cette scène : nous avions déjà cette influence jazz, les voix au vocoder… ce n’était pas vraiment du death metal !

Tu parles d’influences jazz mais c’est également le cas de Meshuggah qui -tu l’admettras- est indéniablement un groupe de cette scène… et c’était définitivement le cas de Cynic avec « Focus ». Une autre preuve, le fait que plein de groupes de cette scène disent que leur principale influence est "Focus"… Comment vis-tu cela ?
C’est cool ! C’est super (Rires) !

A ce propos, quel est ton opinion sur la death metal actuelle ?
Encore une fois, je ne pense pas que nous n’ayons jamais fait partie de cette scène. Par exemple, quand nous avons commencé, nous avons tourné avec Cannibal Corpse qui est un vrai groupe de death metal. Et quand nous jouions devant leur public, ce dernier nous huait en nous traitons de tous les noms… On parlait de nous comme un groupe de jazz metal parce que pour être un groupe de death, il faut des growls et nous n’avions des growls de femmes… nous cassions constamment les règles… Donc, nous avons été associés à cette scène parce que nous avons joué sur plein d’albums qui ont influencé la scène death metal mais Cynic en tant que groupe est plus un groupe progressif qui a des éléments death…

Mais ne penses-tu pas que ce public n’était pas prêt pour cette musique extrême et certains mêmes qui vous ont hué à l’époque font partie de ceux qui disent fièrement qu’ils ont vu un pionner de la nouvelle scène extrême ?
Tu as raison… Certains ont dû changer d’avis ! Je pense que chaque personne a sa propre version subjective de la musique qui évolue et change constamment… Certaines personnes ont changé d’avis sur Cynic mais ça a pris du temps parce que nous avons commencé, personne… nous avions une petite base de fans (Rires) !

Malgré tout tu es conscient d’être un pionner et d’avoir ouvert les portes à des groupes progressif extrême comme Opeth dans un autre registre…
Oui, tu as raison ! Définitivement ! Je pense que certaines personnes ont trouvé plein d’idées et ont pu voir qu’on pouvait faire ça… C’est cool que d’autres groupes continuent de faire ça pour nous !

Un de nos lecteurs nous a demandé si vous prévoyez de faire une nouvel Aeon Spoke… Mais est-ce que ce groupe a-t-il encore du sens quand on sait que deux des titres de "Carbon-Base Anatomy" sont des ré-interprétations de titres d’Aeon Spoke ?
Ouais ! Quand tu as les deux mêmes mecs, ça n’a pas d’importance, c’est toujours la même histoire… Je veux dire par là que tu peux appeler le groupe comme tu veux, ce sont toujours les mêmes musiciens qui font de la musique ! Donc tout est lié, c’est toujours le même mec qui écrit une chanson que ce soit pour Aeon Spoke ou Cynic, ça n’a pas importance !
Mais tu sais un album de Cynic est une collection de chansons provenant d’une librairie musicale que j’ai accumulé pendant des années. Quand je fais un album, je me dis : "Oh voyons voir ce que j’ai fait là !"… Pour moi, une chanson est prête quand elle est prête ! Et les titres que tu cites sont des démos qui viennent d’Aeon Spoke mais qui n’étaient pas prêtes, c’étaient des démos, c’est pourquoi elles n’étaient pas sur un album… Et là, je me disais qu’elles étaient enfin prêtes à être sorties…

Et donc malgré tout, peut-on espérer un nouvel album d’Aeon Spoke ?
Oh, c’est possible, ouais mais je ne sais pas quand….

Mais l’évolution musicale de Cynic ne signifie pas la fin d’Aeon Spoke ?
Mon avis est que Cynic peut faire ce qu’il veut, le travail de Cynic est d’être libre, c’est notre travail et c’est ce que nous avons toujours fait… Mais Aeon Spoke est plus innocent dans sa qualité musicale. Donc, si nous devions faire quelque chose, peut-être que ça serait plus un album très voix accompagnée d’une guitare acoustique…

Tu disais que pour cet EP de Cynic, tu as pris de vielles démos dans ta librairie musicale. Est-ce que cela veut dire que tu ne crées plus rien à ce jour ?
Ce sont de vielles idées brutes, une collection d’idées formulées et accumulées pendant une période de temps… Pour moi, c’est comme si ces chansons n’existaient pas dans une période calendaire, elles ne font pas partie du temps… C’est juste que quand elles doivent sortir, elles sortent puisqu’elles sont prêtes ! La version définitive de "Carbon-Base Anatomy" par exemple, c’est LA chanson qui est finalement partagée et enregistrée proprement, ce n’est pas juste une petite démo…

Si tu devais choisir un titre de Cynic pour faire découvrir le groupe à quelqu’un qui ne connaîtrait pas le groupe, quel titre choisirais-tu et pourquoi ?
Hum ! Je ne sais pas ? C’est difficile, je penserais bien sûr a un titre du dernier album qui est le plus frais pour moi… Mais c’est amusant parce que si tu regardes notre catalogue -et même dans "Focus"- si tu écoutes une chanson comme "Sentiment", "Sentiment" n’est pas si différent de "Elves Beam Out" : c’est très expérimental, une sorte de chanson pop bizarre, avec ce vocoder, ce groove tribal… tout ceci est présent depuis le début, c’est juste que ça a évolué, que le son a changé…
Je ne sais pas, une chanson de "Traced In Air" qui couvre plein de territoires serait "King of Those Who Know", parce qu’elle a plein d’environnements différents, avec le goût de toutes les choses qu’a pu faire Cynic.

Sans transition, quel est ton meilleur souvenir de musicien ?
C’est amusant parce que j’en ai tellement mais j’en ai parlé avec les mecs plus tôt aujourd’hui et ça serait probablement l’importance qu’a pu avoir mon professeur quand j’étais gamin, combien de fois j’ai pleuré avec mon prof de guitare juste parce que c’était le moment où j’apprenais qui j’étais, j’étais au lycée… Je pense vraiment que nous considérons que tout est acquis mais nous oublions combien nous sommes chanceux de pouvoir faire ce que nous adorons et d’être musicien professionnel… Je suis vraiment reconnaissant d’être là où j’en suis rendu, de pouvoir jouer des concerts comme ce soir, ça n’a pas de prix…
Peut-être aussi le Hellfest était un grand moment aussi, il y a 4 ans ! De réaliser que Cynic était à nouveau réel… et pas seulement pour jouer des vieux trucs mais de nouvelles chansons !

Au contraire quel serait le pire souvenir même si tu en as évoqué un avec la tournée avec Cannibal Corpse ?
Attention, j’adore Cannibal Corpse, ces mecs sont encore de bons amis… c’était juste le public ! Mais je ne sais pas quel pourrait être mon pire souvenir ? C’est vraiment une vue de l’esprit qui rend la chose pire qu’elle n’est vraiment, qui nous fait constamment raconter l’histoire que nous avons vu… et je n’ai pas envie de me raconter de mauvaises histoires, de nourrir les histoires d’une mauvaise façon… donc je préfère laisser les histoires telles quelles sont et ne pas y penser en les oubliant et avancer…

[IMAGE2]

Que voulais-tu faire gamin ?
Je suis musicien depuis très jeune, donc je sais depuis très jeune que c’est ce que je voulais faire…

Donc tu dois être fier de ce que tu es devenu et avoir la possibilité de jouer ce soir à Paris par exemple ?
Ouais, c’est assez cool d’avoir un groupe, de pouvoir jouer dans différentes villes à travers le monde même si seulement 5 personnes viennent te voir de savoir que ta musique les a atteint : c’est amusant !

On a commencé par la question qu’on t’avait trop souvent posée, au contraire, quelle est celle que tu voudrais que je te pose ?
(Silence) Je ne sais pas ? C’est compliqué, je ne pense pas à ça… je pense que chaque journaliste a son propre style et est particulièrement intéressé par telle ou telle chose, certains se concentrent sur l’écoute… c’est vraiment un exercice unique qui dépend de la personne avec qui tu parles… Donc je ne sais pas si il y a une bonne question, cela dépend de toi !

Probablement pas la meilleure question, peut-être même la pire, c’est le mot de la fin et peut-être en français ?
Oh, je dois m’exercer (en français dans le texte) "Merci beaucoup" (Rires) !
Merci de lire cette interview et merci pour le soutien, nous apprécions les fans français qui ont vraiment fait beaucoup pour nous !

Merci beaucoup.
Merci !


Merci à Rose pour avoir rendu possible cette rencontre ainsi que Childeric Thor et XX pour leur contribution…


Plus d'informations sur https://www.facebook.com/cynicofficialpage
 
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