Anciennement connu sous le nom de The Sunday Sadness, le groupe français créé par Kirby n'a cessé de faire évoluer sa musique et de prendre à contrepied ses fans. A l'occasion de la sortie de son second album "End of Time" qui signe le début de la collaboration avec le label Fearless Records, TSS nous propose une vision particulièrement sombre de notre monde composée de 13 titres plus metal que jamais mais en n'oubliant pas ses racines pop...
Quelle est la question qu’on vous a trop souvent posée et à laquelle vous auriez marre de répondre ?
John : Pourquoi TSS ? (Rires)
Avant cela, on va parler de votre actualité qui est la sortie de votre nouvel album “End Of Time”. De quelle fin des temps qui donne son titre au disque ?
John : Pour le nom de l'album "End of Time" : toutes les chansons de l'album parlent de la fin de quelque chose. Que ce soit la fin d'une relation, la fin de la vie… "End of Time" était une belle façon d'illustrer le thème général de l'album.
Nous avons une vision assez pessimiste du monde
Et si tu laisses l’auditeur le loisir de se faire sa propre interprétation, quelle est la vôtre ?
John : Je pense que nous avons une vision assez pessimiste du monde et qu'on est sur une fin d'une ère et qu'on court à notre perte d'une manière générale : "End of Time" représente assez bien cette génération perdue qui n'a pas trop espoir car je pense qu'on court à la fin de l'Humanité…
Vous êtes en train de me dire que vous n’êtes pas seulement sur une vision pessimiste, triste le dimanche mais tous les jours de la semaine ?
TSS : (Rires) !
Les virages musicaux étaient tellement extrêmes que c'était nécessaire de repartir avec un nouveau nom
Pour en revenir à votre première question, vous avez changé de nom de The Sunday Sadness en TSS. N’avez-vous pas craint de perdre une partie de votre public que vous vous étiez construit avec votre nom initial ? Comment s'est fait ce choix et pourquoi optez pour TSS qui est plus neutre ?
John : Ca a pu être confus pour beaucoup de personnes mais le changement de nom a aussi accompagné notre changement de direction artistique quelle soit musicale ou même visuelle. Mais oui, on a perdu des gens en route en changeant de style et en changeant de nom.
Hugo : Mais ça valait le coup.
John : Ca valait le coup. On a dû recommencer à reconstruire une
fanbase plusieurs fois.
Matthieu "Kirby" : Les virages musicaux étaient tellement extrêmes que d’une manière, c'était un peu nécessaire aussi de repartir avec un nouveau nom. Mais de toute façon, ce nom inclut l'ancien et les gens font assez vite le lien. Et d’ailleurs, c’est encore le
tag de notre Instagram, c’est également le nom du premier EP si les gens regardent notre discographie, ils faire le lien assez facilement…
Vous évoquiez le changement de style d’un album à un autre mais ces changements, on les retrouve même au sein d’un même album comme le dernier en date. En d’autres mots, on voit bien que vous communiquez au rythme de sortie de singles dont la teneur peut être différente des autres titres sorties par ailleurs. Dans ces conditions, quel est votre attachement au format album et plus globalement, pourquoi sortir un album de nos jours ?
John : Ca s'est fait un peu sur le tard dans sens où on avait déjà commencé à sortir
single après
single : c'était notre rythme de croisière. Et on a rencontré les personnes de Fearless Records -le label avec lequel on travaille aujourd'hui- qui tenaient à ce qu'on sorte un album. Du coup, on a dû faire le tri de ce qu'on voulait garder pour l'album de ce qui avait été sorti en amont. On sait aussi que le rythme actuel pour un artiste est un peu imposé par les réseaux sociaux : on est obligés d'avoir une certaine présence. Mais de façon générale, on pense qu’un album c'est une bonne façon de clôturer une ère et de présenter un projet terminé de A à Z avec un sens…
A cet égard, la pochette de ce nouvel album est très froide et très belle également. Elle représente deux mains qui s'unissent, l'une semble douce et l'autre puissante. N’est-elle pas finalement une représentation de votre musique ?
Kirby : Complètement, En fait, notre précédent album était un album purement pop et synthwave : l'
artwork de cet album représentait les quatre membres du groupe dans cette esthétique douce.
Aujourd’hui, c'est toujours la même esthétique dans un fond un peu noir, un peu étoilé. Et cette main avec un gant médiéval noir avec des pics qui agrippe cette main douce représente clairement notre nouveau style musical qui embarque l'ancien avec lui.
Malgré tout, cette pochette nous semble paradoxale car elle ne suggère pas la fin de quelque chose et le thème pessimiste que vous évoquiez mais plutôt le début d’une nouvelle ère notamment musicale comme tu l’évoquais. Pourquoi ce paradoxe ?
John : On n’a absolument pas comme intention de s'arrêter là ! Cette image de ce cavalier noir qui attrape la main innocente représente quelque chose de positif pour nous. C'est entre guillemets l'avènement du metal pour TSS mais ça peut aussi représenter la violence qui prend part sur le reste. C'est une transition mais pas forcément pour de l'espoir.
On déteste faire la même chose deux fois et on se sent donc un peu
obligé d'expérimenter

Votre musique propose une grande originalité, comment arrivez-vous à concilier originalité, puissance, tout en restant direct et accessible ?
John : Je pense qu'on garde toujours le meilleur de ce qu'on a pu faire avant en l'occurrence, la pop avec tout ce qui fait une chanson pop : la structure, le fait que soit assez accessible pour tout le monde. Pour cet album, on a trouvé un nouveau ciment qui est le nu metal, qui est dans nos coeurs depuis toujours et qu'on peut explorer aujourd'hui.
En fait, on déteste faire la même chose deux fois et on se sent donc un peu obligé d'expérimenter et de trouver de nouveaux styles à greffer au projet. Mais oui, on tient à voir ces structures et ces refrains catchy.
Kirby : En fait on a gardé des habitudes de production de la pop dans le son, qu'on adapte maintenant en faisant du metal.
Vos titres proposent des textes en français et en anglais. Est-ce que c’est une vraie différence et un point fort dans le monde du metal qui propose la plupart du temps des textes en anglais ?
John : Les Français sont étrangement les plus froids à l'idée d'avoir du français dans des chansons metal. En revanche, à l’international, ça a l'air d'être plutôt bien apprécié. Et je pense que c'est ce qui fait notre force aujourd'hui : avoir poussé ce français et d'en être fier !
Nul n’est prophète en son pays…
Hugo : Je pense qu'on a nos chances en France.
John : Je ne fais pas une croix dessus. Je pense que comme tous les groupes français avant nous : ils font leur preuve à l'international et au bout d'un moment, le public français est obligé de se rendre à l'évidence, il y a des signes qui ne trompent pas comme le succès de Landmvrks…
Aujourd’hui, dans quel(s) pays ou continent(s), la recette TSS fonctionne le mieux aujourd'hui ?
Kirby : Aux Etats-Unis et de loin même.
John : L’Allemagne, l’Angleterre, ça marche bien également…Et là, on commence à attaquer le marché japonais avec un
featuring qui nous a aidés à y rentrer.
A ce titre, on trouve que votre démarche se rapproche de celle des groupes Japonais de visual Kei qui comme vous, semblent tout oser (on pense notamment à Dir En Gray). Est-ce que cela fait partie de vos inspirations ?
Kirby : J'en ai écouté dès l'école primaire : j'avais un grand frère qui était tombé là-dedans. Quand j'étais jeune, j'étais dans des blogs, enfin un blog en particulier. J'ai un peu arrêté d'en écouter aux alentours de 2016-2017 mais récemment -pendant l'écriture de "End of Time" en fait- je suis retombé dedans. Maus oui, c’est vrai que ça m'accompagne depuis que je suis enfant, clairement.
On voulait absolument créer quelque chose d'unique, d'être frais et de se différencier
Avec ce côté metal, cette ligne directrice pop, on a le sentiment que vous essayez d’apporter quelque chose de nouveau...
John : C'est notre intention ! On voulait absolument créer quelque chose d'unique, d'être frais et de se différencier un peu de la scène.
Et ce nouveau son semble passer par l’ajout d’influences urbaines comme sur le titre ‘Dead’. Ne craignez-vous pas que ces influences urbaines déroutent les fans de metal pur jus tout autant que vos riffs metal peuvent rebuter les fans de musique urbaine ?
John : Ce n'est pas un objectif mais presque (Sourire).
Hugo : La pop dérange plus les métalleux que le metal dérange ceux qui écoutent de la pop. On arrive à faire aimer du metal à des gens qui n’en écoutent pas. Mais inversement, c’est dur de ramener les métalleux vers ce que nous faisons.
A ce titre, vous avez récemment ouvert pour Asking Alexandria. Comment s’est passée la réception ?
John : (Sourire) A ce moment-là, on faisait plutôt de l'emocore donc ça allait. Après, c'était notre tout premier concert, c’était donc dur de convaincre lors d’un tout premier concert.
Kirby : Plus récemment, on a joué avec Motionless in White et la réponse du public était super positive…
Hugo : … alors qu’on n’était même pas aussi metal qu'aujourd'hui.
Kirby : Mais je pense qu'en effet, c'est une bonne porte d'entrée de nous associer à des groupes de metal qui ont des esthétiques comme Motionless in White et qui sont déjà acceptés par la scène.
Nous portons énormément d'attention à l'image que nous diffusons
Et concernant cette esthétique, quelle est la part de l'imagerie dans TSS ?
John : C’est un gros morceau de TSS. Nous portons énormément d'attention à l'image que nous diffusons. On tient à mettre l'image en avant.
On peut le voir ici, sur vos vidéos… mais comment allez-vous décliner la sur scène sachant que c’est un défi en soi, le public va vous attendre au tournant sur la base de ce qu'ils ont pu voir et pour que vous puissiez leur offrir une représentation à défaut d'être exactement la même, fidèle de l’image que vous voulez diffuser ?
John : Déjà, on a des "costumes" de scène qui sont un peu particulier et on a un jeu de lumière qui embellit le tout qui nous rend un peu mystérieux…
Kirby : On a un jeu de lumière qui prend quasiment le dessus sur le reste du
show : c'est extrêmement travaillé.
Et vous arrivez le mettre en place même quand vous n’êtes pas tête d’affiche ?
Hugo : On arrive à s'adapter à toutes les scènes.
Kirby : En février, on a tourné avec un groupe américain Set It Off en Europe : ils nous ont laissé carte-blanche sans nous poser de limite. Et on s'adapte. Mais actuellement on réfléchit à la scénographie etc, quand on jouera en tant que
headline…
Et justement quand se profilent ces concerts en tête d’affiche ?
John : Nous faisons nos premières tournées
headlines en Europe en septembre/ octobre. On travaille sur une scénographie, un côté visuel du
live.
Et comment appréhendez-vous cette tournée en tête d’affiche ? Un aboutissement, une étape ?
John : Ça fait partie du développement.
Hugo : Ce sont des étapes.
Kirby : On a joué notre premier concert
headline en dehors de France, il a un mois. C'était à Cologne en Allemagne. C'était dans une belle salle, c'était complet. J'ai vraiment senti un premier pas qui venait d'être passé.
Ce sont des histoires qu'on raconte et pas du vécu
On l’a évoqué le thème de l’album est globalement pessimiste mais à qui s’adresse spécifiquement le titre ‘So Long My Friend’ ?
John : On aime bien laisser part à l'interprétation. Mais même si les chansons sont souvent inspirées de ce qu'on vit, majoritairement, ce sont des histoires qu'on raconte et pas du vécu. Ce titre, en l'occurrence, c'était une mise en scène de quelqu'un sur son lit de mort à qui on parle pour la dernière fois.
Dans le prolongement de notre échange sur votre vision, la réponse concernant ce titre. Est-ce que "End of Time" est un album concept ?
John : Tout est un peu centré sur le relationnel et c’est ce qui lie les chansons entre elles que ce soit les relations amoureuses, amicales, les relations toxiques etc… C'est souvent la relation de deux personnes
Même si ce n’est pas un concept-album, qu’évoque la scène finale de ‘Ending Scene’ ? Est-ce une fin qui ouvre sur quelque chose d'autre ?
John : ‘Ending Scene’ est l’avant-dernière chanson, ‘So Long My Friend’ clôt l’album. Ces deux chansons ont une saveur un particulière dans l'album parce que ‘Ending Scene’ est la plus violente et ‘So Long My Friend’ est la plus douce. On voulait absolument finir l'album sur un contraste un peu intriguant qui laisse un goût différent du reste de l'album.
Est-ce que vous pensez que cet album vous va permettre de passer un cap ?
Hugo : Oui.
John : On l’espère en tout cas.
L'album a déjà atteint son objectif !
Avez-vous déjà eu des premiers retours qui peuvent vous conforter dans cette idée ?
John : Une grosse partie des
singles sont déjà sortis et ont clairement fait exploser notre
fanbase. Donc pour nous, l'album a déjà atteint son objectif !
Hugo : C’est également notre premier album avec Fearless Records.
John : C'est également notre premier album de metal aussi. Ensuite, concernant les titres présents sur l’album qui ne sont pas sortis en tant que
single, le retour est celui des journalistes que nous rencontrons et globalement, on est complimenté sur l’album. Donc oui, il est possible qu'il plaise à pas mal de monde…
On sait qu’une tournée en tête d’affiche européenne se profile mais avez-vous prévues d’autres choses par la suite ?
John : Notre gros objectif est de préparer une tournée aux US. C'est vraiment ce qu'on aimerait faire en priorité parce que la majorité de nos fans sont là-bas.
Et on est en train de réfléchir à la prochaine ère de TSS, c'est-à-dire l'esthétique qu'on va choisir, les sonorités qu'on a envie d'intégrer.
Et puis, on a une tournée française qui va arriver début l'année prochaine.
On espère que l'album va nous permettre de faire de plus de tournées et de se faire une plus grosse place dans la scène d'une manière générale.
On a commencé l'interview par la question qu'on vous a trop souvent posée. Au contraire, quelle est celle que vous souhaiteriez que je vous pose ou à laquelle vous rêveriez de répondre ?
John : Hum…
Kirby : Rien ne me vient à l’esprit…
Vous semblez sécher… Ce que je vous propose c'est que lors de notre prochaine rencontre, pour la prochaine promotion… justement quand prévoyez-vous de proposer un nouvel album ?
John : L’album sort le 27 juin. Mais je ne sais pas quand est-ce qu'on va reprendre la sortie des
singles de l'album suivant…
Mais pour vous, une sortie d'album : c'est tous les deux, trois ans… ?
Hugo : Deux ans
John : Je pense qu'on peut vivre largement deux ans avec un album.
Hugo : Si on fait des versions
deluxe, si on sort des
singles…
John : On n’a pas encore une vision définitive.
Kirby : Mais je sens qu'on a besoin de deux ans pour faire quelque chose qui nous plaise vraiment...
Hugo : Et entretemps, il faut faire vivre le premier album. Dès que le deuxième arrive, le premier arrête de vivre médiatiquement.
Donc je vous donne rendez-vous dans deux ans et on commencera justement notre interview par la question que vous auriez aimé que je vous pose et votre réponse…
TSS : (Rires) !
Merci
Merci à vous.
Et merci à ThibautK pour sa contribution...