Pour son ultime date française du Skeletour, Ghost a vu les choses en grand. Après avoir embrasé Toulouse et Lyon, le groupe suédois investissait, ce 13 mai 2025, l’Accor Arena de Paris pour une cérémonie d’un genre unique. Pas de première partie, pas de téléphone – un système de sécurisation parfaitement huilé privant la salle de presque tout écran – mais un public déjà conquis, une part non négligeable arborant maquillages et tenues à l’image de leurs idoles. L’occasion parfaite pour communier, dans la ferveur et sans filtre, autour de Papa Emeritus V, alias Tobias Forge, venu défendre son dernier opus "Skeletá".



Une fois le rideau tombé, le décor donne le ton. Une scène circulaire sur mesure, centrée autour d’une batterie surélevée, entourée de claviers et surplombée d’une immense structure en projecteurs formant le logo du groupe. Le spectacle commence dès la première note.
Les projections monumentales, notamment celles des vitraux gothiques et colorés sur fond de structures en dur, transforment les lieux en une sorte de cathédrale païenne. Sur le premier tiers du set, l’ambiance liturgique est renforcée par un magnifique Diable.
Le concert s’ouvre sur "Peacefield", puis enchaîne avec plusieurs titres du dernier album – 'Lachryma', 'Call Me Little Sunshine', 'The Future Is a Foreign Land', 'Satanized' – qui posent une atmosphère à la fois dense et mélodique. Mais ce soir, c’est surtout l’album "Meliora" qui est mis en avant, avec ses titres puissants et taillés pour le live, tels que 'From the Pinnacle to the Pit', 'Cirice' ou encore 'He Is'.



Le show est millimétré, porté par une production sonore d’une précision chirurgicale. Même l’acoustique parfois capricieuse de Bercy ne parvient pas à entamer la puissance du son. Tobias Forge est au sommet de son art : élégant, drôle, maître de la scène. On pourra regretter l’aspect un peu simplifié de son personnage Papa V Perpetua, dont le maquillage et le costume semblent pensés pour la praticité plus que pour l’iconographie. Il n’empêche, sa présence magnétise.
Autour de lui, les Ghouls multiplient les échanges avec le public, et le guitariste lead – malgré une imposante botte orthopédique – n’a rien perdu de son énergie. L’interprétation de 'Year Zero' se termine dans un fracas visuel saisissant : un effet de verre brisé donne une impression de rupture puissante. Sur 'He Is', la scénographie évolue avec finesse : les vitraux se reforment lentement sur cette ballade épique, avant de se briser à nouveau, détruisant également les structures pour laisser place à un décor post-apocalyptique pour 'Rats'. La montée en puissance musicale s’y traduit par une progression d’accords finale d’une intensité redoutable.



Les projections vidéo ne cessent de se renouveler, atteignant leur apogée sur 'Mary on a Cross', où des larmes de sang glissent sur les joues de la Vierge pour le plus grand plaisir des fans. Mention spéciale également aux choristes et claviéristes, affublées d’ailes de chauve-souris à la Gene Simmons, dont les costumes soignés contrastent avec ceux, plus sobres, des Ghouls.
Le rappel commence sur une note douce et émotionnelle avec 'Mary on a Cross', avant d’embrayer sur l’enjouée 'Dance Macabre' et l’inévitable 'Square Hammer', hymne final repris en chœur par toute la salle. Tobias Forge, facétieux comme à son habitude, plaisante en remerciant le public d’être resté jusqu’au bout malgré le fait que, selon lui, toutes les bonnes chansons ont déjà été jouées. Une pirouette bien sentie pour conclure en beauté.



Avec cette date parisienne, Ghost confirme plus que jamais son statut de géant du rock contemporain. Sur le sol français, le groupe est désormais chez lui. Et quel plaisir de voir un concert entier sans un océan de smartphones levés : un public pleinement présent, des souvenirs gravés dans les esprits plutôt que dans les pixels. Une expérience rare, qu’on aimerait voir se généraliser.
Setlist :
Peacefield
Lachryma
Spirit
From the Pinnacle to the Pit
Call Me Little Sunshine
The Future Is a Foreign Land
Devil Church
Cirice
Darkness at the Heart of My Love
Satanized
Ritual
Umbra
Year Zero
He Is
Rats
Kiss the Go-Goat
Mummy Dust
Monstrance Clock
Rappel :
Mary on a Cross
Dance Macabre
Square Hammer
Un grand merci à Olivier de Replica qui nous a permis de couvrir cet énorme événement !