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TITRE:

PSYKUP (20 MARS 2025)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

HARDCORE



Pour fêter ses 30 ans, le toujours sémillant Psykup revient avec un nouvel album "The Joke of Tomorrow"...
STRUCK - 09.05.2025 -
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En 30 ans de carrière, le parcours des Toulousains de Psykup n'a rien d'un long fleuve tranquille expliquant en partie une discographie que les fans trouveront trop peu fournie. Cependant, en 2025, elle s'enrichit d'une sixième pépite "The Joke of Tomorrow" qui n'a rien d'une blague et marque l'intronisation officielle de Matthieu Romarin (Uneven Structure, AnantA et Skàld tout récemment...) au chant. Un album qui pousse le curseur de la folie créatrice inhérente à groupe et ne manquera pas de ravir les fans de nos Autruches favorites...





Nous nous étions rencontrés il y a huit ans. Pour faire bref, hormis le Covid, que s’est-il passé pour toi et Psykup ?


Julien Cassarino : La tournée "Hello Karma" a subi le stop and go du Covid et de l’après Covid : finalement, nous aurons tourné pour défendre cet album pendant plus de trois ans depuis sa sortie en 2021. J’ai écrit des morceaux aussi de mon côté, dont le single ‘Happy Sad’ et les futurs morceaux de "The Joke of Tomorrow", et j’ai tourné avec mes autres projets musicaux tels que le Pink City Orchestra qui voyage à travers plus de 100 ans de musique de films.


J’écris en fonction de mon humeur et il faut croire que je ne me suis pas calmé avec le temps !




Justement, "The Joke of Tomorrow" marque les trente ans de carrière de Psykup. Certains groupes s’assagissent avec l’âge, mais ce n’est pas votre cas, votre musique est toujours aussi barrée et extrême. La rage n’attend pas le nombre des années chez Psykup ?

J’écris en fonction de mon humeur et il faut croire que je ne me suis pas calmé avec le temps ! La musique de Psykup reste un concentré de hargne due au hardcore new-yorkais, ce qui m’intéresse dans notre base metal, c’est cette violence névralgique pour mieux exprimer certaines émotions. Mais la mélodie reste prépondérante, c’est ce qui fait un morceau à mes yeux.


L'arrivée de Matthieu Romarin au chant il y a quatre ans semble avoir orienté votre musique vers des tonalités plus deathcore sur des titres comme ‘I Will Let You Down’ ou ‘Drinks On Me’. Est-ce un choix artistique prémédité ou l’occasion de mettre en valeur ses growls profonds et particulièrement maîtrisés ?

Matthieu n’a pas écrit de voix sur cet album, je m’en suis chargé pour assurer la transition douce. Cependant je connais son passif, sa voix et ses goûts, et j’ai donc écrit ses parties en fonction de ce qui lui correspondait le mieux, mais aussi en le poussant vers des contrées inexplorées, ce qui lui a valu quelques pétages de plomb en studio !


Ce nouveau binôme que vous formez avec Mathieu Romarin qu’on connaît notamment pour son travail chez Unenven Structure, AnantA… est excellent avec son chant death et le tien qui ne change malgré les années. Comment fais-tu justement ?

Je travaille beaucoup... Il faut entretenir si tu veux que ta voix tienne avec l’âge et continuer à chanter les trucs que tu chantais il y a trente ans. J'ai déjà un mode de vie assez sain et puis je bosse : je bosse ma voix tous les jours pour que ça tienne… Sachant que je suis prof de chant : ça me fait encore plus bosser ma voix pour expliquer… C'est devenu une routine. Et puis, j'ai d'autres groupes aussi qui font que je chante tout le temps.


Mais aujourd’hui, rencontres-tu plus de difficultés qu’à l’époque ?

Non, au contraire. J'ai l'impression que c'est de plus en plus simple parce que plus tu bosses, plus c'est simple ! Et puis tu te connais mieux. Ça n’empêche pas que parfois, je peux en chier (Sourire) !


Même si tu chantes dans d’autres groupes, as-tu dû modifier ton chant, ton mode de travail avec l’arrivée de Mathieu Romarin dans Psykup ?

Non ! En fait, quand on gueule l'un sur l'autre, c'est très simple. C’est plus compliqué sur les voix claires : faire en sorte que ça matche bien, qu'on ait les mêmes intentions... Justement, j'avais encore cette discussion avec Mathieu Romarin il n'y pas longtemps, je disais qu’on ne pouvait pas interpréter de la même façon des parties à deux que celles qu’on interprète en solo. Quand on est chacun autour, c'est facile mais à deux, c’est plus compliqué : par exemple, le petit vibrato que tu mets et pas l'autre, ça va fausser tes notes... Il faut donc penser un peu différemment. Mathieu est moins habitué que moi à chanter avec quelqu'un : c'est nouveau pour lui. Alors que je suis très habitué, j'ai chanté avec d’autres dans Rufus Bellefleur notamment… je suis habitué. Mais c'est un autre boulot mais c'est intéressant !
Mais on matche bien au niveau des timbres, des façons de placer la voix… On se comprend !


On a l’impression de se connaître depuis longtemps : ça glisse !


C’est vraiment ce qui ressort de cet album, on a le sentiment que ce duo existe depuis des années…

On a eu le même sentiment tous les deux ! On a l’impression de se connaître depuis longtemps : ça glisse !


Tu l’as évoqué tout à l’heure, vous aviez fêté l’arrivée de Matthieu Romarin en enregistrant le single ‘Happy Sad’. Pourquoi ne figure-t-il pas sur l’album ?

Il a été exploité en tant que simple single sur les plateformes, donc il n’est pas exploitable sur un album. Et de toute façon je l’ai toujours pensé comme un morceau transitoire entre "Hello Karma" et "The Joke of Tomorrow". Ça reste un de nos titres préférés et nous l’avons définitivement intégré à la setlist live.


En tant que compositeur, je privilégie le naturel




Votre musique a toujours été très éclectique. C’est encore un festival sur "The Joke of Tomorrow". Je pense notamment au titre ‘Same Player’ qui mélange funk, jazz, metalcore. Comment ce type de morceau est réfléchi en amont de sa composition et quel est le secret pour faire la part entre réflexion et spontanéité ?

La réponse est dans la question : pour sortir un morceau aussi métissé, il faut faire la part entre réflexion et spontanéité. En tant que compositeur, je privilégie le naturel, ça sort comme ça sort, et c’est le morceau qui s’écrit presque de lui-même. J’avais cette idée de sons rétrogaming et cette mélodie de départ, le morceau a coulé de source ensuite, et le jazz, qui est profondément ancré dans ma culture, s’est incrusté sans prévenir à la fiesta !


L’étiquette autruche-core vous va toujours ou considéres-tu que c’est une blague de jeunesse qui a fait son temps ?

C’est une blague de jeunesse qui nous va toujours ! L’autruche est notre mascotte, notre animal-totem, notre emblème, elle nous va comme un gant, tout comme nous on ne la voit pas venir mais elle peut être très mordante et agressive. Et vu que nous détestons toujours autant les étiquettes et les cases réductrices, tout est logique.


Les textes de cet album sont quasiment tous un appel à la résilience



Vous définissez cet album comme "un appel à la résilience". Peux-tu nous en dire plus sur ce sujet ?

Les textes de cet album sont quasiment tous un appel à la résilience, à l’acceptation de l’échec, de la déception, de la mort, de la tristesse, de la difficulté, de la perte, tous ces écueils qui émaillent le chemin de la vie. Une fois que l’on a intégré ces éléments, on peut avancer, se reconstruire, encaisser et se renouveler, toujours dans le but de devenir une meilleure version de soi-même et de prendre un recul salvateur sur soi.


Vous êtes connus pour votre humour et votre capacité à défier les conventions. Comment maintenez-vous cet équilibre entre la gravité des thèmes et le recul musical nécessaire pour les traiter ?

Ça fait partie intégrante de notre ADN : je ne me suis toujours entouré que de musiciens qui avaient du second degré. C’est selon moi le meilleur moyen de supporter les difficultés de la vie, qui peut offrir autant de belles choses que de drames insupportables. C’est l’essence-même du titre de l’album, qui vient d’une citation de H.G. Wells, le génial auteur de "La Guerre des Mondes" ou "L’Homme Invisible" : “The crisis of today is the joke of tomorrow”. On peut toujours arriver à rire d’un drame, avec le temps et l’acceptation, et il y aura toujours plus grave que ce que l’on rencontre soi-même à son échelle. Autant prendre chaque drame comme un tremplin pour rebondir et revenir plus fort. Je ne dis surtout pas que c’est facile, mais c’est un mantra pour moi.


Utiliser l’humour comme la politesse du désespoir me va parfaitement




Le titre ‘Burn After Hearing’ est presque aussi loufoque que le film auquel il fait référence ("Burn After Reading"). En l’écoutant, on se dit que le parallèle entre la musique de Psykup et le cinéma des frères Coen est presque évident. Utiliser l’humour comme la politesse du désespoir n’est-il pas ce qui vous définit le mieux finalement ?

Les Coen font partie de mes réalisateurs de chevet, il fallait bien qu’un jour je leur rende hommage. Utiliser l’humour comme la politesse du désespoir me va parfaitement, j’ai du mal avec les gens qui se plaignent en permanence sans jamais proposer de solution ou regarder plus loin que leur nombril, ou ceux qui se prennent dangereusement trop au sérieux. Ça ne donne jamais rien de bon, et les artistes les plus doués que je connaisse sont souvent aussi les plus drôles et les plus humbles.


Nous ne perdrons donc tout de même jamais notre côté sale gosse



Dans notre interview de 2017, tu disais revendiquer votre côté sale gosse. Mais le gosse semble avoir quand même bien grandi. Un morceau énorme et anxiogène comme ‘Fear Is The Key’ met quand même bien en évidence le côté sombre du Psykup de 2025, ne trouves-tu pas ?

Tout à fait, ce morceau parle de la nécessité d’avoir peur, c’est un clin d’œil à Yoda qui en parle à Luke dans "L’Empire Contre-attaque". "Fear is the Key" est aussi le nom d’un film méconnu qui m’a marqué plus jeune. Et c’est un titre plus dark, plus agressif, plus dur de bout en bout. Cet album cherche plus que jamais à atteindre un équilibre entre ombre et lumière, entre la folie du clown et la sagesse du boxeur de la pochette. Nous ne perdrons donc tout de même jamais notre côté sale gosse.


Pour toi, quelle serait la meilleure blague de demain ?

Ce serait que l’on découvre enfin que Trump et Elon Musk n’étaient qu’un canular, un happening de mauvais goût depuis le début (Rires) !


Nous ne fermons la porte à aucun style, aucun concept.




Est-ce que ce ne serait pas que Psykup sorte un album pop rock mainstream à l’image du titre ‘The Joke Of Tomorrow’ justement ?

Ça pourrait arriver un jour, tout est possible chez nous, c’est ça qui est excitant après trente ans de carrière. Nous ne fermons la porte à aucun style, aucun concept.


Quelles sont tes attentes pour cet album ?

Faire la meilleure tournée possible et répandre plus que jamais la bonne parole de l’autruche !


Justement avez-vous des dates de prévues ?

Oui, la première date de la tournée c'est le 5 avril à Tours, au bateau Ivre. Le lendemain, on est au Plan de Ris Orangis avec Klone et Hypnose : une date entre amis…
Mais c’est le tour de chauffe, la vraie tournée va débuter à la rentrée : on va jouer à Lille, on va jouer en Belgique, ça commence à tomber… Et tous les festivals, on se les garde pour l'été prochain quand l'album sera bien lancé.


Psykup existe donc depuis trente ans, comment expliques-tu cet engouement, cet enthousiasme des fans qui n’a jamais faibli autour du groupe expliquant ainsi toutes ces dates ?


On a un très bon nouveau tourneur qui s’appelle Blight et qui bosse avec Veryshow...


Tu sous-entends que les fans s’en foutent de vous, c’est juste que vous êtes désormais bien entourés ?

(Rires) Non, non ! C'est un peu des deux… Les fans continuent de nous suivre et de nouvelles personnes travaillent avec nous…


Ce qui est finalement assez logique vu que vous entrez dorénavant dans un rythme de sortie d’albums plus récurrente, tous les quatre ans…


Tout à fait ! Sachant qu’en plus, cet album est prêt depuis un an. On a attendu un an pour le sortir parce qu'il fallait coller avec l'agenda de Verycords qui avait beaucoup de sorties et des sorties metal notamment par ailleurs… On a donc laissé un peu passer le flot.


Et qu'as-tu fait pendant ce temps-là ?

Plein d'autres choses (Sourire) ! J'ai créé un nouveau projet acoustique avec ma compagne, qui s'appelle Sally and Me. J'ai un autre projet qui s'appelle Pink City Orchestra où on fait de la musique de film ; on est 25 sur scène avec des danseurs et on reprend cent ans de musique de films… Et enfin, je donne des cours de chant à longueur de temps : je ne m’ennuie pas (Sourire) !





Enfin, "Ctrl + Alt + Fuck" avait mis fin à neuf ans de silence et alors que nous étions rassurés avec la sortie de "Hello Karma !" sorti quatre ans après. "Joke of Tomorrow" sort quatre ans après. Faut-il en conclure que c’est désormais le rythme de sortie du groupe et qu’on peut d’ores et déjà se donner rendez-vous en 2029 ?


Rien n’est écrit à l’avance, c’est ce que la vie m’a appris. Donc qui sait, peut-être en 2029, peut-être dans 2 ans... En tout cas on essaiera toujours de surprendre l’auditeur, de ne pas rester dans nos chaussons confortables. 


Merci !

Merci à toi, c'était vraiment sympa de te revoir...


Et merci à Newf pour sa contribution...



Plus d'informations sur https://www.facebook.com/psykup
 
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