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TITRE:

KWOON (19 FEVRIER 2025)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

POST ROCK



Après plus de dix ans sans album studio, Kwoon revient avec Odyssey, un voyage sonore immersif entre post-rock et contemplation. Sandy Lavallart nous raconte la genèse de cet album conçu comme une véritable odyssée.
CALGEPO - 10.03.2025 -
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Après plus de dix ans d’absence discographique, Kwoon, le projet de Sandy Lavallart, revient avec "Odyssey", un album aussi majestueux que contemplatif. Entre post-rock aérien et envolées cinématographiques, l’artiste nous embarque dans une traversée immersive où l’océan, la solitude et l’émerveillement face à l’immensité du monde se rencontrent. Depuis ses performances hors du commun – du sommet du Mont Blanc à un phare isolé en pleine mer – jusqu’à la minutieuse élaboration de ce nouvel opus, Kwoon a fait de la liberté et de l’exploration ses moteurs créatifs.

Rencontre avec un artiste qui préfère prendre son temps plutôt que de suivre les courants, et qui nous raconte ici la genèse d’un album pensé comme une véritable odyssée sonore.


Quelle est la question qu’on t’a trop souvent posée et à laquelle tu aurais marre de répondre ?

Ce serait... Peux-tu me parler de Kwoon, mon projet ? D'où vient ce nom ? Peux-tu nous expliquer comment le projet est né ? Et... d'où cela vient.





Depuis 2011 et "The Guillotine Show", Kwoon n’avait pas sorti d’album studio, mis à part quelques titres épars et un live en 2022. Qu’est-ce qui explique cette longue pause et ce retour en 2025 avec "Odyssey" ?

J’avais besoin d’une pause. À l’époque, j’étais un peu lassé et j’ai préféré me concentrer sur mon métier de compositeur pour l’image. J’ai écrit beaucoup de musique, ce qi m a permis de toucher a tout, jusqu'à diriger un orchestre, mais rien pour Kwoon. Puis, petit à petit, l’envie de composer pour moi est revenue naturellement, sans pression. C’est ainsi qu’est né "Odyssey".


Ces dernières années, tu as multiplié les expériences live hors du commun : un concert sur le Mont Blanc, une guitare envoyée dans la stratosphère, un set au phare de Tévennec… souvent en solo, en immersion totale avec la nature. Comment ces expériences ont-elles nourri la création de cet album ?

J’ai toujours aimé me confronter à l’immensité du monde, me sentir petit face à la nature. La mer, les montagnes, les glaciers, les histoires de marins… tout cela me fascine et m’inspire profondément. Jouer seul au sommet du Mont Blanc ou sur un phare hante perdu en pleine mer m’a nourri artistiquement et émotionnellement. Avec "Odyssey", j’ai voulu retranscrire ces sensations en studio.


Le titre ‘King of Sea’ est apparu dès 2021-2022, bien avant la sortie de l’album. Ton indépendance te permet-elle de prendre le temps nécessaire pour peaufiner chaque morceau ? Te considères-tu comme un artisan de la musique, sculptant chaque note avec patience ?


Oui, et c’est essentiel pour moi. Je ne suis soumis à aucune pression extérieure, aucun calendrier imposé par un label. Je préfère sortir un album quand il est abouti plutôt que de me précipiter. Peut-être que pour les prochains, je serai plus rapide, mais pour "Odyssey", je voulais revenir à mon rythme, sereinement.


Kwoon est avant tout ton projet personnel, mais il a tissé des liens forts avec d’autres musiciens, notamment du groupe Dionysos. Comment perçois-tu cette évolution et à quel moment ressens-tu le besoin de t’entourer pour mener à bien ton œuvre ?


Tout s’est fait naturellement grâce à Stéphane Berla, un réalisateur avec qui je travaille depuis près de 20 ans. Il réalise les clips de Dionysos et d’autres groupes comme Matmatah, M... En collaborant avec lui, j’ai fini par rencontrer Babet et Mathias Malzieu. J’adore leur univers, et quand j’ai entendu Babet chanter, j’ai immédiatement pensé à elle pour King of Sea. Depuis, on garde contact, Mathias m’a d ailleurs invité à jouer en première partie de Dionysos à Jonzac.


La mer est omniprésente dans l’album.




L’album s’ouvre sur ‘Leviathan’, une introduction puissante qui laisse place à ‘King of Sea’, un titre empreint d’émotion dont les premières notes évoquent presque la ‘Sonate au Clair de Lune’ de Beethoven. Ce morceau semble poser l’ambiance générale de l’album, comme le début d’un voyage. Comment est née l’idée de cette odyssée sonore ?

J’ai composé une première version en jouant sur le phare de Tévennec, lors d’un de mes concerts en immersion. L’océan m’inspire énormément, et j’ai voulu traduire en musique ce lien profond que j’ai avec lui. De retour en studio, j’ai retravaillé le morceau pour en faire une version plus aboutie. La mer est omniprésente dans l’album, et ce titre en est une pièce maîtresse.


Le clip de ‘King of Sea’ est une merveille d’animation, un hommage aux marins qui évoque le travail de Steven Wilson. D’où vient cette idée et en quoi l’animation permet-elle, selon toi, de toucher différemment le spectateur ?

C’est encore une collaboration avec Stéphane Berla. On se connaît si bien qu’on partage instinctivement la même vision artistique. L’histoire du clip est inspirée du destin tragique de nombreux marins : ces hommes qui partent travailler en mer sans savoir s’ils reviendront. Il y a quelque chose de poétique et de bouleversant dans ces récits. Je voulais leur rendre hommage à travers cette chanson et cette animation.


Il faut un équilibre entre simplicité et raffinement.



L’album dévoile peu à peu tout son potentiel émotionnel et demande plusieurs écoutes pour en saisir toutes les nuances. Pourtant, certains morceaux comme ‘White Angel’, avec ses arrangements de cordes subtils, semblent plus immédiats. Cherches-tu volontairement cet équilibre entre accessibilité et profondeur dans ta composition ?

C’est comme une recette de cuisine : il faut un équilibre entre simplicité et raffinement. Certains morceaux de l’album sont plus immédiats, d’autres nécessitent sûrement plusieurs écoutes pour en saisir toutes les nuances ou les petits secrets que j'y cache. J’ai aussi exploré différentes sonorités, du rock à l’électro, en passant par des arrangements orchestraux. Mon travail dans la musique à l’image m’a appris à écrire pour des instruments classiques, et j’ai voulu intégrer cette richesse à "Odyssey", tout en restant fidèle à mon univers.


À l’écoute de l’album, on devine des influences multiples : les ambiances éthérées d’Archive, l’audace de Pink Floyd (notamment dans l’utilisation des samples sur ‘Blackstar’), et même un lien avec la musique classique. Comment parviens-tu à fusionner ces inspirations sans jamais perdre ton identité sonore ?

Je suis quelqu’un de curieux, j’aime explorer et comprendre comment sont faits les morceaux que j’écoute. Mais au final, c’est mon instinct qui guide mon écriture et qui me permet de garder une identité sonore cohérente.


Quand je compose, j’ai immédiatement des images et des couleurs en tête.




Au-delà de la musique, l’influence du cinéma et des arts semble très présente dans ton travail. Quels ont été tes repères visuels et narratifs pour la création de "Odyssey" ?

Oui, notamment la science-fiction et des réalisateurs comme Christopher Nolan. Quand je compose, j’ai immédiatement des images et des couleurs en tête. Avant même d’écrire les arrangements, je sais déjà quelle sera l’ambiance du morceau, la couleur de la pochette ou même l’esthétique du clip. Ma musique est visuelle, je la vois avant de l’entendre.


Des morceaux comme ‘Jayne’ ou ‘Life’ mettent en avant une approche plus acoustique et épurée. Cette simplicité est-elle un moyen d’apporter plus d’humanité et de proximité à ta musique ?


Non, mais comme je le disais tout à l'heure, je pense que c'est important dans un album d'avoir des moments où on sent que les titres respirent un peu plus. À l'écoute, c'est plus agréable.


"Odyssey" s’écoute presque comme un film musical, avec des moments de silence et de contrastes qui renforcent l’intensité de l’ensemble. Conçois-tu la création d’un album comme l’écriture d’un film, où les images précèdent parfois la musique ?

Oui, pour moi, un album doit raconter une histoire, avec un début et une fin bien réfléchis. Mais aujourd’hui, les gens écoutent souvent la musique en playlist, ce qui change un peu l’approche. Malgré cela, j’ai construit "Odyssey" pour qu’il puisse être écouté comme un voyage, du premier au dernier morceau.


Si l’album baigne globalement dans une atmosphère mélancolique, certains titres comme ‘Youth’ apportent une touche de candeur presque lumineuse. Est-ce une manière d’insuffler une certaine insouciance à l’album, un regard vers l’enfance ?


Oui, totalement. Je voulais retranscrire cette époque insouciante des années 90 que j’ai tant aimée. C’est un titre plus orchestré et joyeux.


L’album se clôt sur ‘Nestadio’ (9 minutes) et ‘Keep on Dreaming’, deux morceaux essentiellement instrumentaux, avec seulement quelques vocalises. Pourquoi ce choix de conclure l’album sans paroles ?


C’est un clin d’œil à mes débuts dans le post-rock, tout en affirmant une évolution vers le rock progressif/alternatif. Terminer un album principalement chanté par des morceaux instrumentaux, c’est une manière de laisser respirer la musique et d’offrir une sorte de générique de fin.


C’est à la fois mon voyage intérieur et un voyage à travers l’espace




Certains auditeurs évoquent une atmosphère émotionnelle particulièrement marquante dans "Odyssey". Est-ce quelque chose que tu recherches consciemment, ou est-ce une conséquence naturelle de ton processus créatif ?

Oui, c’est à la fois mon voyage intérieur et un voyage à travers l’espace, le temps et l’océan. La vie est un équilibre entre moments de joie et de tristesse, comme un cycle perpétuel. J’ai voulu retranscrire cette dynamique dans l’album.


Ton public est fidèle mais reste encore relativement confidentiel. As-tu envie que "Odyssey" élargisse ton audience, ou préfères-tu conserver cette approche presque intime avec tes auditeurs ?

Je n’ai rien calculé, mais je suis heureux de voir que de nouveaux auditeurs découvrent mon univers. Sur les réseaux, je constate un engouement croissant, et je suis reconnaissant envers ceux qui me suivent depuis le début. Merci a eux, ce sont nos meilleurs ambassadeurs.


Tes concerts sont souvent des expériences immersives dans des lieux insolites. Envisages-tu une tournée spéciale pour « Odyssey », dans cet esprit d’exploration musicale et visuelle ?

J’ai des idées, mais tant que rien n’est concret, je préfère ne pas en parler.


Après tant d’années d’existence, quel regard portes-tu sur l’évolution de Kwoon et sur ce qu’il représente aujourd’hui pour toi ?


C’est incroyable. Nous avons joue à Shanghai en novembre dernier lors d'un beau festival et entendre le public chanter mes morceaux… c’était inimaginable. Je repense aux morceaux que j’ai écrits seul dans ma chambre ou sur une plage en Bretagne… savoir qu’ils résonnent à l’autre bout du monde, c’est le plus cadeau pour un musicien !


Quelles sont tes attentes ?


Je n’ai pas d’attente particulière. Je profite du moment présent, je vais aller surfer, voyager, continuer a parcourir le monde et croiser des vies, et si l’album est bien accueilli, tant mieux, ça me donnera surement encore plus de vent dans les voiles pour la suite d Odyssey..


On a commencé l’interview par la question qu’on t’a trop souvent posée. Au contraire, quelle est celle que tu souhaiterais que je te pose ou à laquelle tu rêverais de répondre ?


Un jour, quelqu’un m’a demandé : « Elle est où maintenant, ta guitare envoyée dans l’espace ? » Ça m’a fait sourire, et je préfère laisser planer le mystère…



Plus d'informations sur https://kwoon.bandcamp.com/
 
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