Le Nord de l’Europe est à l’honneur au
Splendid de Lille en ce mardi 19 novembre. La salle nordiste accueille une étape de la tournée de
Solstafir. Loin des modes fugaces, la formation islandaise s’est fait un nom et dispose d’une belle armada de fans qui vont vite bien remplir la salle.
Avant cela c’est
Hamferd qui entame les hostilités. Originaire des Îles Féroé, la formation œuvre dans un doom teinté de death et gagne petit à petit en popularité. Dès l’introduction il se dégage un charme fort. Une mélodie lointaine se fait entendre en forme de bruit de vagues, instaurant une ambiance mélancolique et quand tout démarre c’est un plongeon dans le grand nord qui s’effectue. La voix de Jon Aldara donne le frisson. Son chant clair est pur et profond avec des airs de complainte mystique. Jon excelle aussi en
growl semblant sorti des abysses de l’âme.
L’entame est idéale. Jon et ses camarades balancent un jus de doom plein de force, et le côté hypnotique dégagé par le chant clair fascine. Le public est conquis,
Hamferd séduit et la suite va être prenante. Les titres alternent entre un esprit doom écrasant porté par le growl et des aspects mélancoliques à fleur de peau. Les musiciens sont au top, ils dégagent un charisme fort avec une classe certaine. Jon brille en alternant growl féroce et en déclamant avec un chant aérien incandescent.
Hamferd a livré un concert envoûtant il a transporté dans le lointain et a donné le frisson à plus d’une personne dans la salle.
Après ce moment magique le ton va devenir fou. L'inclassable
Oranssi Pazuzu transforme chaque performance en expérience auditive. L’entame calme est flippante en forme de bande-son d’un film d’horreur psychologique. Clavier et percussions ajoutent un côté cauchemardesque. Derrière la raclée est totale. Le chant de Jun-His semble sorti d’un roman de Lovecraft avec un côté fou délirant dérangeant. La musique est aussi folle, électro, black et psychédélisme s’entremêlent, portés par les guitares et des son de claviers sortis du néant. Dans la salle tout le monde est scotché par ce délire expérimental.
Oranssi Pazuzu tient son public par la gorge et ne va pas le lâcher. Au-delà de la violence des passages calmes amènent un côté effrayant avec un côté spatial prenant. Quand la hargne reprend le dessus le groupe embarque au-delà de la folie. Bien sûr il n’est pas facile de tenir le choc mais le côté envoûtant entraîne plus d’une personne. Entre space rock ambiant, black cosmique aérien et violent, le groupe signe une bande-son digne du premier "Alien" pour sa force oppressante. Jun-His continue de régner en parfait maître de cérémonie. Cette heure de concert a été particulière.
Oranssi Pazuzu a plongé dans son univers avec une classe folle, et a montré qu’il était un fabuleux créateur d’ambiances glauques d’une rare noirceur.
Chacun a repris ses esprits quand les lumières s’éteignent pour
Solstafir. Les spectateurs sont massés devant la scène et apprécient un superbe décor. L’introduction sur 'Nattafr'i est planante et mélancolique. '78 Days In The Desert' embarque dans un tourbillon émotionnel. Ce long instrumental est une leçon puissante et sensible taillé dans un post metal balancé par des musiciens plein de classe. La force hypnotique dégagée est envoûtante et la suite avec 'Silfur-Refur' et 'Blakkrakki' est prenante. Addi est un
frontman charismatique. Son chant a des airs de cri primal et la musique mixant violence et tristesse est d’une force d’âme énorme. Le récital est splendide, la foule est sous le charme et apprécie le plongeon dans le cœur de l’Islande.
Après ce début remarquable, Addi lance un coucou timide et avec 'Svartir Sandar' la leçon reprend de plus belle.
Solstafir est au sommet de son art, le charme dégagée est fabuleux, les parties instrumentales sont énergiques avec un spleen bien présent. Le chant de Addi est énorme, il semble possédé et entraîne la foule dans son monde. 'Hun Andar', 'Fjara' ou 'Otta' ont la même profondeur. Au delà du chant intense les plages instrumentales fascinent, taillées dans le meilleur d’un post metal d'une mélancolie pénétrante. Le temps a filé vite comme si il s’était arrêté et le groupe se retire pour préparer le final.
Avec l’immense 'Goddess Of The Ages
Solstafir finit en beauté. Addi se lâche comme il sait si bien le faire. Il harangue la foule, grimpe sur les barrières et s’amuse pendant un long moment avec un public en communion. Véritable chef-d’œuvre émotionnel, le titre embarque dans le lointain avec sensibilité mêlant puissance et fragilité avec grâce. Addi survole les débats avec un chant en forme de cri de désespoir prenant à la gorge.
Solstafir a été grand une fois encore, il a proposé un concert remarquable et a donné le frisson à un public sous le charme d’une tristesse belle et touchante.
La soirée a été parfaite, il reste à remercier A Gauche de la Lune pour avoir organisé cette soirée et Méli pour ses très belles photos.