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TITRE:
VOLA (21 NOVEMBRE 2024)
TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:
METAL PROGRESSIF
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Quelques heures avant son concert parisien, nous avons rencontré Asger Mygind qui revient sur le parcours sans faute de VOLA...
STRUCK
- 03.01.2025 -
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Avec "Friend of a Phantom", les Danois confirment leur parcours sans faute depuis la sortie de leur premier album en 2016 qui fait de Vola, un des chefs de file de la nouvelle scène metal progressive...
L’actualité de Vola est marquée par la sortie de "Friend of a Phantom" qui fait suite au remarqué "Witness". As-tu été surpris par l'accueil de cet album, et mesures-tu l'impact qu'il a eu sur votre statut au sein de la scène prog et metal moderne ?
Asger Mygind : C'est vraiment cool de voir les réactions vis-à-vis de ce nouvel album, notamment sur YouTube où les gens ont commenté nos singles. Il semble qu'ils dégagent de bonnes vibrations et une bonne énergie (Sourire)…
Nous avons créé une marque de fabrique
Et comment expliques-tu cela ?
Je pense que nous avons créé une marque de fabrique avec notre son. Si bien que quand les gens écoutent un de nos titres, ils savent que c’est du Vola ! Il y a un sentiment de reconnaissance, quelque chose dans nos nouvelles chansons qu'ils apprécient, et c’est clairement le but !
Avec cette reconnaissance, Vola est davantage attendu et parfois sous le feu des critiques. Comment gérez-vous cette pression accrue, aussi bien dans la création que dans la communication avec vos fans ?
Je pense que le but est seulement de créer la musique dont nous serions fans. C’est toujours mon but quand je compose : créer quelque chose dont je serais moi-même fan. Par la suite, c’est clairement un bonus si le public l'apprécie également pour pouvoir promouvoir la musique en tournée…
Notre but est de nous concentrer sur créer quelque chose dont nous sommes heureux.
Malgré le succès, certains auditeurs ont pu être déstabilisés par votre évolution stylistique au fil des albums. Ces retours, parfois mitigés, influencent-ils vos choix musicaux ou restent-ils en marge de votre démarche artistique ?
J'espère qu’ils resteront toujours en marge ! Je ne sais pas si c’est conscient ou non, mais nous ne cherchons pas trop à savoir ce qui s’écrit sur nous. Notre but est de nous concentrer sur créer quelque chose dont nous sommes heureux.
Malgré tout, "Friend of a Phantom" est votre quatrième album. Huit ans après votre premier album, n’est-ce pas plus compliqué de faire la musique que vous aimez tout en ne vous répétant pas ?
Je pense que c'était difficile de commencer le processus de composition de cet album après "Witness" sachant que cet album avait tout de l’album idéal que j’ai toujours rêvé de faire.
En clair, tu n’étais pas sûr de pouvoir faire un album aussi bon à défaut d’être meilleur que "Witness" ?
Exactement ! Je ne savais pas par où commencer avec "Friend of a Phantom". J’avais l’impression que j'avais sorti de mon corps toutes les idées pour "Witness" et je ne savais pas où aller par la suite.
Et quel a été le tournant ?
J'ai dû aller dans des impasses, expérimenter et constater que certaines choses ne fonctionnaient pas… Et nous en sommes finalement arrivés à la conclusion qu’il fallait juste composer les chansons dont nous serions fiers sans avoir de son prédéterminé, sans se prendre la tête….
Ce n'était donc pas le cas au début ?
Non ! Au tout début du processus de composition de cet album, je voulais écrire quelque chose qui sonne futuriste… Mais ça n'a pas vraiment marché. Donc on a finalement décidé d’écrire des chansons dont nous serions fans et dont nous serions fiers tout simplement, sans avoir de vision particulière, juste composer…
Et finalement, des idées vraiment cool ont commencé à émerger comme ‘Paper Wolf’ ou ‘Break My Lying Tongue’ qui sont les premières chansons écrites, je crois, ou encore ‘We Will Not Disband’… Et finalement, nous nous sommes retrouvés avec neuf chansons dont nous sommes très fiers…
Tu as répondu en partie à cette question à savoir que depuis vos débuts, vous avez su passer d’un rock progressif atmosphérique à un metal moderne infusé de pop et de textures électroniques. Avec cet album, penses-tu avoir trouvé une signature définitive, une marque de fabrique comme tu l’as avoué ou êtes-vous encore en exploration ?
Je pense que nous continuons d'explorer. Cet album est un moment dans le temps. Et j'espère vraiment qu’on va continuer de faire ainsi sur les albums à venir. Mais il y aura toujours des éléments qui reviendront encore et encore. Par exemple, nous aimons avoir des refrains avec des gros sons, nous aimons également avoir des riffs heavy, nous apprécions intégrer des éléments électroniques dans nos chansons : ces éléments continueront d'apparaître dans nos albums futurs.
On a l'impression que Vola cherche à proposer des compositions toujours plus accessibles malgré une technique omniprésente. Il semblerait qu'il y ait plus de titres calmes sur cet album. Peut-on s'attendre à un prochain album encore plus pop ?
C'est une bonne question...
Chaque nouvel album est une réaction au précédent
J'espère que ta réponse sera bonne également, on a vu trop de groupes pas forcément bien évoluer…
(Rires) Le prochain album sera totalement composé de chansons folk avec des guitares acoustiques (Rires).... Je le dis souvent -mais c'est très vrai pour ce qui nous concerne- chaque nouvel album est une réaction au précédent. Et cet album a plus de choses mélodiques, je pense penser que le prochain sera plus heavy. En d’autres termes, si tu as exploré dans une certaine direction pendant un certain temps, tu peux t’en lasser et vouloir aller dans une autre direction. Donc oui, je suis sûr que le prochain album sera différent de "Friend of a Phantom".
A cet égard, "Friend of a Phantom" pousse encore plus loin la recherche sonore avec des textures électroniques marquées, comme dans ‘Break my Lying Tongue’ et son rythme hypnotique. Est-ce une volonté de réaffirmer cette facette de votre identité musicale ?
Oui, les claviers sont une grande partie de ce que nous sommes. Etant le seul guitariste du groupe, mon objectif principal est à faire des riffs. Et concernant les sons de tête, c’est souvent Martin (NdStruck : Martin Werner) -notre clavier- qui s’en charge. Ça offre un contraste avec les distorsions que nous aimons particulièrement : si un couplet est très guitare et heavy, c'est intéressant de plonger dans un univers électronique sur le prochain couplet, ça crée une dynamique. Je pense que c'est quelque chose qu'on va continuer à creuser de façon approfondie.
Le rythme est dans l’ADN de ce que nous faisons : nous sommes très concentrés sur le rythme et le groove.
L’album met à l’honneur une rythmique aussi raffinée que technique, même lorsqu’elle s’aventure sur des tempos plus lents. Partagez-vous cette perception, et si oui, comment travaillez-vous sur cet équilibre ?
En termes de rythme, nous avons un batteur aventureux. Adam (NdStruck : Adam Janzi) crée des patterns très cool et ça crée une belle texture à l’ensemble. Le rythme est dans l’ADN de ce que nous faisons : nous sommes très concentrés sur le rythme et le groove. Quand j’étais adolescent, j'ai découvert Meshuggah et aujourd’hui, c’est le cœur de ma réflexion quand je fais des riffs : ça doit entrer dans mon corps et me donner envie de bouger.
Et tu as mentionné Meshuggah. Ce n'est pas Jens Kidman que vous avez invité sur le titre ‘Cannibal’ qui se distingue par sa puissance et la voix d’Anders Fridén d'In Flames. Comment cette collaboration s’est-elle concrétisée ? Et pourquoi avoir choisi une voix gutturale pour ce morceau sans renouveler l’expérience ailleurs sur l’album même s’il y a quelques-uns plus "timides" dans d’autres titres ?
Pour répondre à la première partie de ta question, nous nous sommes rencontrés en Los Angeles lors de notre tournée aux USA en 2023. Anders et Björn (NdStruck : Björn Gelotte) sont venus voir notre concert et on a appris qu'ils étaient des grands fans de Vola. C'était incroyable (Sourire) !
Et la prochaine étape est de rencontrer Jens Kidman et de voir qu'il est un fan de Vola ?
(Rires) J'espère mais je serais assez étonné qu’il le soit (Sourire) !
Nous avons gardé le contact avec Anders. Et quand nous avons terminé la tournée et qu'il a fallu travailler sur "Friend of a Phantom", nous avons décidé d’avoir un invité au chant sur ‘Cannibal’. J'avais une démo et nous pensions que le titre allait prendre de l’envergure avec des cris très agressifs comme Anders est capable d’en faire. Nous lui avons proposé et il a accepté de le faire.
Mais pourquoi n'avez-vous reproduit l’expérience sur d’autres titres de l’album ?
Nous aimons vraiment que les chansons aient un contraste entre elles et comme tu l'as dit, j'ai fait d’autres screams aussi dans l'album. En général, cet album a plus de voix agressives que par le passé. Mais effectivement, tu as raison, c’est la seule chanson qui réclamait vraiment ces types de cris. Si une autre chanson avait eu cette même "vibration" dirons-nous, il y aurait eu des screams.
La guitare est un élément omniprésent de la rythmique et il y a très peu de solos. Est-ce un choix pour se concentrer sur le chant notamment lors des concerts ?
On en revient à ce que la chanson réclame. On a considéré qu’aucune d’entre elles n'avaient vraiment besoin d’avoir un solo de guitare. Dans le cas contraire, on en aurait ajouté. Mais on peut le dire qu’il y a comme un dogme : il ne peut y avoir qu'une guitare à la fois parce que je suis le seul guitariste. Dans ces conditions, on les remplace par des solos de clavier à la place, qui peuvent se mêler à mes distorsions de guitares.
Mais avez-vous imaginé recruter un deuxième guitariste pour avoir une guitare rythmique et soliste en même temps ?
Il y a quelques années, nous étions deux guitaristes mais ça ne marchait pas si bien...
Parce que tu ne veux tout simplement pas partager la lumière…
(Rires) C’est vrai ! Non mais même si je fais quelques solos ici et là, j'adore également un bon solo de synthé et je peux y ajouter mes distorsions de cordes.
J'imagine que ça a pu surprendre certaines personnes de constater que cet album comportait des éléments très calmes
Cet album semble approfondir les contrastes qui font votre charme : des mélodies fortes, qu’elles soient instrumentales ou vocales, comme dans les titres ‘Glass Mannequin’ ou ‘Tray’. As-tu eu conscience -en le composant- de franchir un nouveau cap dans votre symbiose artistique ?
J'imagine que ça a pu surprendre certaines personnes de constater que cet album comportait des éléments très calmes mais c’était déjà le cas sur l'album "Applause Of A Distant Crowd" : ce n'est donc pas si nouveau pour nous. Et comme je suis très amoureux de musique ambiante et des groupes comme Ulver qui ont une très grande influence sur moi, je cite également souvent David Sylvian qui a fait beaucoup de choses ambiantes et qui a selon moi une très belle voix.
Ça créé un super contraste à un album de pouvoir alterner des passages calmes et d’autres très heavy comme Opeth qui m’a également énormément inspiré.
Mais quel Opeth ?
(Rires) Tu es plus ouvert à l'inspiration quand tu es un jeune, et "Blackwater Park", "Damnation", "Deliverance" et "Ghost Reveries" ont une place spéciale dans mon cœur.
Mais effectivement ce sont les albums qui mêlaient death metal et rock progressif ce qui n’était pas commun…
C'est vrai que de tels albums nécessitent plusieurs écoutes pour arriver à entrer dedans
Mais il faut prendre des risques…
Exactement !
Au risque de déplaire aux fans, ce qui n’est plus le cas de Vola si j’écoute ce que tu me dis : vous composez uniquement des morceaux qui vous plaisent…
C'est effectivement assez compliqué comme ça de m’impressionner en tant qu’auditeur et si j’ai l’impression d’y être arrivé, je suis heureux (Rires).
Les paroles de ‘Bleed Out’ frappent par leur noirceur. Ce titre surprend par sa brutalité centrale et un refrain presque lumineux. Quelle émotion ou quel message souhaitez-vous transmettre à travers cette dualité ?
L'intention de la chanson était d’écrire à propos de deux frères, des jumeaux nés juste avant minuit et qui se développent très différemment. Quand un des jumeaux est très diplomatique et paisible, l'autre est violent et dans la confrontation. Et ces deux frères différents vont affecter leur vie de famille - le frère violent agresse son frère paisible en raison de leur lien familial.
Vos pochettes d’albums ont toujours été soignées, de "Inmazes" à "Friend of a Phantom". Quel rôle jouent-elles dans votre vision artistique globale, et comment se déroule le processus de création pour ces visuels si distinctifs ?
C'est très important pour nous. Ce dont je me soucie le plus dans un groupe, ce sont d'abord les chansons et ensuite les pochettes parce que ça contribue à un ensemble et ensuite, le visuel peut donner une nouvelle perspective sur les chansons. Ca peut paraître étrange comme processus mais nous essayons toujours de trouver une image qui encapsule les vibrations d'une chanson.
Mais nous n’avons jamais contacté de designer pour nous faire une pochette. On a toujours essayé de trouver quelque chose de déjà existant dont on achète les droits. Ce qu’on a fait avec "Friend of a Phantom".
Justement, cette pochette évoque une image intrigante. Quelle est la symbolique derrière ce titre, et en quoi reflète-t-il le contenu global de l’album ?
"Friend of a Phantom" est une métaphore pour suivre une certaine route dans la vie qui est dangereuse pour toi, comme une addiction à l'alcool ou à des drogues, ou suivre des théories conspirationnistes… Certaines de ces choses peuvent procurer un peu de confort et vous aider à soulager vos douleurs comme l'alcool ou les drogues… Mais finalement, c’est dangereux et ça peut éventuellement détruire celui qui va suivre ce chemin.
Est-ce que ça relève du vécu ?
Ce ne sont pas des choses que j'ai expérimentées mais je n'ai pas nécessairement besoin d’expérimenter les choses sur lesquelles je vais écrire, je dois juste ressentir le sentiment. Si j’écris sur une relation dysfonctionnelle, c'est en pensant à ma peur de perdre quelqu’un que j’aime : il faut que je puisse me reconnaître -dans une certaine mesure- dans ces émotions.
Pour en revenir à la pochette, on voit un fantôme catatonique, qui ne bouge pas alors que les oiseaux s’envolent. Pour moi, c'est le symbole de personnes bloquées dans leur vie alors que tout le monde avance dans une même direction.
Cet album est clairement plus triste que "Witness"
Les textes de cet album semblent encore plus introspectifs et dénoncent une société toujours plus en colère, explorant des thèmes comme la solitude et le poids des émotions. Peut-on dire que "Friend of a Phantom" est ton album le plus personnel jusqu’à présent ?
C'est une bonne question. Ça me représente dans une période de ma vie quand nous avons créé cet album. Mais je ne pense pas avoir assez de recul, cet album est trop frais. Je pense que je pourrais mieux comprendre tout ça un peu plus tard.
Je pense que cet album est clairement plus triste que "Witness" ; même si tout ce que nous écrivons est très souvent -comme la plupart du temps je dirais- une histoire triste, il peut y avoir une sorte de lumière, de positivité, et peut-être qu'il y en a un peu moins dans cet album.
Nos précédents albums étaient également personnels mais je me dis que dans le futur, nous serons un peu plus distants.
Dans notre précédente interview, tu indiquais que les séries pouvaient t’inspirer pour la musique. Quelle série t’a inspiré pour ce dernier album ?
Nous avons un peu parlé d’Opeth tout à l’heure et je sais que leur dernier album est inspiré par la série "Succession". Et j’adore également cette série ! Elle ne m’a pas inspiré consciemment mais elle m’a fait une grande impression.
Et finalement quels sont tes attentes pour cet album, je suppose tourner -vous jouez ce soir au Petit Bain ?
Et bien, j'espère que nous allons agrandir notre public…
A cet égard, vis-tu de ta musique ?
Malheureusement pas (Sourire) !
Ça pourrait être l’attente que cet album vous permette d’atteindre ce niveau…
Ça serait un énorme bonus si on pouvait.
Et aujourd'hui, comment réussissez-vous à réconcilier vos trois vies à savoir les deux professionnelles et celle personnelle ?
Exactement : c'est un puzzle (Rires) ! Mais j'adore faire ça. Je le fais depuis des années maintenant et c’est devenu une partie naturelle de ma vie : si je n'écrivais pas de chansons, je serais vraiment triste.
Mais ça dépend également de ta situation personnelle…
J’ai une partenaire incroyable et je viens d’être père d’un enfant qui a six mois.
Et ce sera de plus en plus difficile de concilier toutes ces vies dans le futur…
C’est vrai ! C'est difficile et ça le sera encore plus dans le futur.
J'espère que ça sera plus facile quand vous vivrez de votre musique
Un jour, j’espère (Sourire)...
Merci beaucoup !
(En français) "Merci"
Et merci à Torpedo et Calgepo pour leurs contributions...
Plus d'informations sur https://www.facebook.com/volaband
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