Ton actualité est la sortie de ton album "Osmium". L’osmium est un métal convoité des joailliers, parmi les plus rares au monde. Y-a-t-il un message personnel derrière le titre de ton album ?
(Rires) Non pas du tout, il y a deux raisons à ce titre : la première, c’est que j’ai regardé la série "Fringe" (la suite de X-Files) et à un moment ils parlent de l’Osmium et j’ai trouvé ce nom tellement cool que je l’ai noté et je me suis dit que l’utiliserais un jour. C’est chose faite ! Et la deuxième : c’est un élément du tableau périodique, et en plus un métal de transition. Comme je viens du monde du metal, c’était une parfaite transition (Sourire)
Les influences de Joe Satriani et Steve Vai sont assez claires dans ton style. Cela va même jusqu’à ton nom de scène et le matériel qui apparaît sur la pochette de l’album. Ne crains-tu pas d’être catalogué comme une copie de Steve Vai et finalement faire de l’ombre à ta musique et cet album ?
J’écoute Satch et Vai depuis toujours, donc ce sont forcément des influences majeures pour moi et ça se ressent d’office dans certains aspects de mon jeu de guitare…. c’est l’équation entre le cerveau, les doigts, et le cœur qui fait ça. Quant au nom du groupe, à la base, je voulais appeler le projet "Osmium" et tous les musiciens avec qui je bosse dans différents projets, dont celui-ci, m’ont tous dit : "tu es fou, c’est ton projet solo, tes compos, tes idées, un projet qui te tient à cœur, donc utilise ton nom"… et un jour je me suis dit "VAL EXPERIENCE BAND", ça sonne bien. Et de fait, ca m’a aussi permis de trouver un chouette visuel.
La pochette, idem, j’ai fait une séance photo et quand j’ai demandé à mon graphiste de trouver un truc, le lendemain, il avait la pochette, que je trouve cool et parlante : on voit que c’est mon projet, car je suis dessus, mais avec une guitare donc on sait que c’est du rock, et ça a de la gueule : que demander de plus ?
Concernant le mot "copie", là je dois réagir : dès que l’on joue dans un style particulier, il y a des détracteurs qui vont utiliser ces termes. Mais je trouve ça dommage, car mes morceaux sont mes morceaux, et je joue un style de musique qui me parle, et dans lequel je veux faire voyager les auditeurs. Je ne sais forcément pas m’éloigner complètement de mes influences, c’est un fait, mais si tu écoutes bien, on reconnait mon jeu, il y a des
patterns et un toucher particulier.
Dans le rock instrumental, le plus important : faire chanter la guitare et raconter des histoires. Et surtout, éviter d’utiliser ce style pour afficher une technique incroyable mais sans intérêt…la guitare doit être au service de la musique et les morceaux destinées à tous, pas seulement aux guitaristes.
On a évoqué Vai et Satriani, quels sont les autres guitaristes que tu affectionnes particulièrement ?
C’est large : Brian May (je suis un grand fan de Queen), Dino Cazares de Fear Factory ainsi que Head et Muky dans Korn, ils ont révolutionné le metal chacun dans un style différent. J’adore les vieux Santana, John Mc Laughlin (Mahavishnu), Buckethead, Jeff Beck, Paul Gilbert, Andy Timmons, Eric Johnson, Kotzen, Van Halen, SRV, je pourrais en citer beaucoup et en France, Patrick Rondat et Pascal Vigné sont deux guitaristes que je suis depuis longtemps.
Ecoutes-tu d’autres styles de musique par ailleurs ?
Ah oui, je suis un métalleux avant tout : Fear Factory, Gojira, Korn, Limp Bizkit, Machine Head, Sepultura. Je suis aussi un grand fan de death : Obituary, Ingested, Aborted,… Et d’autres groupes totalement différents : Portishead, Bjork, Amon Tobi...
La musique instrumentale a eu son heure de gloire il y a des années, mais elle peine à se faire une place aujourd’hui face à la musique chantée. Pourquoi sortir un album de guitare instrumentale ?
Pour plusieurs raisons :
- La première : pourquoi pas… ? J’ai baigné dans la musique instrumentale depuis mes 16 ans, donc pour moi c’est tout à fait naturel. Alors je sais que c’est parfois difficile de le "vendre" aux gens, mais si tu regardes, la musique instrumentale est tout autour de nous en permanence : musique classique, musique de film, musique de jeux vidéos. C’est vraiment parce que le côté "business" de la musique s’est développé autour des musiques chantées, mais au-delà de cela, la musique instrumentale a toujours une place et il faut se battre pour cela !
- Je fais de la musique par pure passion, donc si j’arrive à attirer un public, tant mieux, et je fais tout ce que je peux pour cela. Si pas, tant pis, je continue quand même.
- La musique et les goûts suivent des cycles, comme la mode, comme un tas de choses, donc aucune raison que le rock instrumental disparaisse.
- Il y a un public, il suffit d’aller voir des guitaristes de rock instrumental connus en concert, ils brassent pas mal de monde… alors oui, on parle de salles à taille humaine, pas des stades, mais c’est très bien comme ça.
- La dernière raison : suivre sa passion. Si on cherche à créer de la musique (ou toute autre forme d’art) pour faire plaisir aux auditeurs, ce n’est pas un bon critère à mes yeux. Il faut jouer ce dont on a envie, sans se poser de questions, et tout ira bien.
Penses-tu ajouter des voix à tes morceaux à l’avenir ?
Si ça se fait, ce sera parce que le morceau le demande. Mais je ne le ferai pas "parce que c’est bien d’avoir un morceau chanté sur un album". Bon, après, je ne suis pas un bon chanteur, donc j’ai du taf si je veux chanter (Rire)...
Comment composes-tu en général ? Seul à la maison ? En groupe ?
Principalement seul ! Ça fait longtemps que je joue de la musique, et la technologie actuelle permet de faire beaucoup de choses chez soi. Donc en gros, je compose tout, je fais des démos de la préproduction, et ensuite, j’envoie aux musiciens avec qui je bosse, qui cherchent de leur côté comment amener leurs instruments dans l’équation, et ensuite, on va en studio.
Composer en groupe, c’est beaucoup plus chronophage également.
A cet égard, as-tu fait appel à des musiciens de studio pour l’enregistrement de "Osmium" ou bien est-ce ton groupe comme peut l’entendre le nom sous lequel sort cet album Val Expérience Band ?
Ce sont tous des musiciens avec qui je fais de la musique dans d’autres projets, notamment mon autre groupe
Mingawash. La plupart sont pros et c’est leur métier. Ils m’apportent plein d’idées dans la conception finale des morceaux et on bosse ensemble les compos des préprod pour les sublimer avec leurs idées. Et ça fonctionne bien, car on a tous un but commun : faire de la musique qualitative !
Peux-tu nous parler un peu matos ? On voit une magnifique Jem Ibanez Vai dans tes vidéos et la pochette. Est-ce l’instrument principal sur lequel tu joues ?
Ah c’est marrant, de toutes les interviews que j’ai faites jusqu’à présent, c’est la première fois où l’on me parle de la Jem sur la pochette. Je joue principalement sur Ibanez, même si j’ai d’autres guitares (Fender, Jackson, ESP..etc). Au fil des années, j’ai testé énormément de guitares et certaines me permettent de mieux m’exprimer et de me sentir à l’aise. Je n’ai pas choisi mes signatures Ibanez pour faire "genre" ou parce que je suis fan des artistes, mais bien parce que ces guitares sont incroyables. D’ailleurs, sur les modèles RG ou sur les Jems (RG signature Steve Vai), je compose différemment que sur une Joe Satriani. L’instrument te guide un peu dans la façon de jouer, c’est assez fun.
Donc, sur cet album, j’ai utilisé mes Jems principalement, et quelques Joe Satriani, en fonction des morceaux. Je privilégie les instruments
made in Japan qui sont d’un confort extraordinaire, et permettent de se lâcher au niveau expressivité. Sur la pochette, c’est une JEM avec touche en érable, ce qui est fun, car je ne joue jamais là-dessus, je suis principalement sur des touches rosewood ou ébène, mais je la trouve superbe visuellement.
Niveau son, qu’utilises-tu : émulateur, multi effets, ampli ?
Vous êtes fous de me lancer là-dessus, on est parti pour des heures, je suis un geek du matos… (Rires). J’ai beaucoup de matos donc je peux choisir et tester plein de choses cool.
Mais depuis 2007 je joue beaucoup sur émulateurs. J’utilise énormément mes LINE6 POD X3 PRO, et plus récemment un AXE FX II XL. En studio, on a fait du ré-amping pour mes guitares rythmiques, via un vrai Marshall JVM410H modded dans un 4x12. Et les guitares acoustiques via un micro dans une belle grande pièce du studio. Mais sinon, mes leads, tous avec mon LINE6 et le fractal.
En live, c’est une autre histoire… j’ai 50 ans depuis cette année, donc je dois préserver mon dos, même si j’ai un
backliner qui m’aide avec le matos. Donc, je me suis fait un pédalier qui contient tout : pre-amp, effets, D.I., et je me connecte directement dans la table de mixage.
Il va encore évoluer, je vais recevoir un TC Plethora X5, que je trouve assez cool et polyvalent.
Donc, pr les autres geeks comme moi, voici mon setup :
- I/O BOX infinity (tout en haut à droite)
- Tuner BOSS TU3S
- Pedale Wah Dunlop 935 optique
- Whammy 5
- Je rentre dans le EVH switcher (qui switche mes pédales et envoie des signaux MIDI au TONEX et LINE6 DL4)
- EHX Ravish Sitar (pour le morceau 'Osmium')
- Le TC Sub’n’UP pour l’octaver (dans le mroceaux 'Troubles')
- Le IK multimedia Tone X, dans lequel j’utilise le son d’un EVH en disto et Fender en clean
- Un vieux Chorus CE-2 Boss
- Un pédale BBE Sonic STomp qui me sert d’EQ et de Boost quand j’en ai besoin
- Le LINE6 delay DD4 (avec la BOSS DD3 en série, mais OFF, c’est un backup)
- Une Reverb TC Hall Of Fame (pour l’intro de OSMIUM et des sons d’ambiance)
- Je sors sur 2 DI MOOER vers la table.
Je joue depuis 6 mois sur le TONEX, c’est fantastique cette machine, et abordable niveau prix. Que demander de plus ? J’ai comparé les sons du EVH avec mon "vrai" EVH, impossible de les distinguer les yeux fermés. Désolé pour les fans d’amplis à lampes ! J’adore les amplis à lampes, mais là, on est dans une période technologique où la différence est vraiment minime, et ne fait aucune différence, croyez-moi, j’ai passé 2 jours de studio à tout comparer avec l’ingé-son… On s’est bien amusés, mais on a conclu que finalement, tout fonctionne dans un mix.
Dans un monde où il est difficile de vivre de sa musique, quel temps arrives-tu à accorder à ta passion ?
J’essaie de combiner un maximum et pour le mieux. Je travaille dans les télécoms en tant qu’ingénieur, et j’ai mes 2 groupes qui occupent le reste de mon temps, et pour lesquels je travaille énormément aussi. Donc, c’est bien, car je ne suis pas dépendant financièrement des rentrées de mes groupes, ce qui me permet de continuer sans me soucier de trop de cet aspect, et je peux continuer à exercer ma passion.
Tu accordes une place prépondérante à la technique. Depuis combien de temps pratiques-tu la guitare ?
Pour réagir à ta question, je n’accorde pas une place prépondérante à la technique. Ok, je sais jouer, car je joue depuis longtemps, et l’expérience que j’ai acquise me permet de laisser libre mon expressivité. J’ai besoin de maîtriser certains aspects pour pouvoir jouer certaines choses que je veux exprimer et que j’ai en tête. Quand tu regardes sur YouTube, il y a des milliers de guitaristes qui jouent comme des dieux, qui savent tout faire. C’est impressionnant, mais après quelques minutes, on est vite gavé... Tu as beau avoir toute la technique que tu veux, l’important c’est de composer de la bonne musique, écoutable, et qui ne soit pas un prétexte à exposer cette technique. Peu y arrivent.
Parfois, quand les gens voient mes clips vidéos, ils me disent "wow, quelle technique, moi je ne sais pas jouer comme ça". Je réponds souvent "mais en as-tu besoin ?" La musique n’est pas un concours, chacun a besoin de pouvoir s’exprimer sur son instrument, et l’important c’est de le faire correctement, avec cœur, et se faire plaisir. Kurt Cobain connaissait 5 accords de guitare, mais regarde les morceaux qu’il a composé avec ces 5 accords, et l’énergie qu’ils contiennent, la force musicale. Donc la technique n’est là que pour servir un but artistique. Si ce n’est pas le cas, alors c’est futile.
On est dans un monde où le visuel compte souvent plus que le reste… un gars qui joue du tapping à quatre doigts 300 bpm, au même titre qu’une nana en petite tenue qui fait des covers de groupes rock à la batterie vont avoir beaucoup plus de vues que d’autres garçons ou filles qui jouent simplement leurs morceaux sans fioriture ou artifices. Mais bon, ce n’est pas grave, il faut juste s’accrocher et continuer à croire en ce que l’on fait.
Comment envisages-tu l’avenir ? As-tu d’autres projets ? Concerts ou album ?
Facile : j’ai fini de composer mon deuxième album, donc je dois l’enregistrer pour le printemps 2025. J’ai la préproduction qui est finie, et le titre (celui qui trouve gagne un CD !).En parallèle je dois promouvoir "Osmium", sur les réseaux sociaux, mais également jouer le plus possible en Belgique, en France, en Suisse, en Hollande, en Allemagne, etc.
Là, je fais quelques
in store en Hollande, pour présenter l’album. J’espère venir aussi en France en faire quelques-uns, je dois encore contacter les magasins de musique que je connais.
Beaucoup de travail, mais ça fait partie du jeu !
Un dernier mot aux lecteurs de Music Waves…
Premièrement, merci à Music Waves pour l’interview et le support.
Pour les lecteurs : continuez à écouter de la musique, à vous y intéresser, à découvrir, et à supporter les webzines et les magazines papier ! Internet permet une accessibilité infinie à tout, et souvent gratuitement, mais n’oubliez pas que derrière, les gens bossent et injectent beaucoup d’énergie. Donc merci à tous ceux qui participent au monde la musique, que ce soit du côté des musiciens, des infrastructures, des organisateurs, des médias, mais également du côté du public, sans qui, on jouerait tous sur notre divan devant un film, sans pouvoir nous exprimer sur scène.
Quant à VAL EXPERIENCE BAND : allez découvrir, vous verrez, ce n’est pas réservé aux musiciens, au contraire, l’album vous fera voyager, à travers différents styles (rock, blues, jazz, musique orientale, etc.), et je suis convaincu que chacun peut y trouver son compte. Et si vous aimez, abonnez vous à ma chaine YouTube (oui, je sais, je suis obligé de faire aussi du business !).