Après plusieurs singles sortis, The War Yaks a décidé de passer le cap -avec succès- en proposant son premier album "Bifucarte" dont le metal progressif a provoqué l'enthousiasme d'une partie de la rédaction de Music Waves...
Quel a été le plus grand défi lors de la réalisation de "Bifurcate" ?
Nat Ruscian : J’ai dû surmonter une peur liée à la production musicale. Le metal progressif n’est pas un genre facile à aborder dans ce domaine - les arrangements sont complexes et je voulais que chaque élément soit clairement audible. Apprendre à utiliser la compression, l’égalisation, le panoramique, la réverbération, tout cela était très intimidant, mais un jour je me suis assise et j’ai décidé de m’y mettre. Je pense que c’est ainsi que démarre tout projet d'envergure.
Quelles sont les principales thématiques explorées dans cet album ?
J’ai écrit la plupart de ces chansons entre 2019 et 2021, une période durant laquelle beaucoup de choses changeaient dans ma vie - mon ancien groupe s’est dissous, ce qui a été la séparation la plus difficile que j’ai vécue à ce jour. Je changeais de carrière, je faisais face à des problèmes de santé étranges et je composais beaucoup de musique pour essayer de comprendre tout ça. Pendant que je travaillais sur la production, mon mariage a commencé à se dégrader aussi, donc ces chansons résonnent encore plus pour moi maintenant qu’au moment où je les ai écrites. La plupart de l’album parle de la perte, des problèmes relationnels, des questions existentielles, en gros… de comment gérer tout ça, tu vois ? C’est un peu ce que la musique a toujours représenté pour moi.
Quelles sont les influences musicales qui vous ont inspirés pour cet album ?
Musicalement, je pense que les influences d’Opeth, Steven Wilson, et Devin Townsend sont assez évidentes. Je plaisante en disant que je n’écris que des lignes de basse à la Opeth - j’adore la manière dont Mendez parvient à soutenir la base tout en jouant des passages très musicaux, très émotionnels. 'Footprints' et 'Regression to the Mean' sont également très influencés par Rush. J'aime aussi m'inspirer de genres électroniques, notamment la drum and bass et le trip-hop, et j'essaie de garder une sensibilité pop pour rendre le tout plus accrocheur, malgré la complexité.
Quelle a été la première chanson réalisée pour l'album ?
Hmm, je pense que 'The Lengths' a été la première. À l’époque, je savais que je voulais qu’elle commence avec un son plus électronique, presque rêveur - je pensais beaucoup à
Lacquer de Katatonia - pour ensuite évoluer vers quelque chose de plus
soulful, et enfin peut-être un peu plus lourd. À ce moment-là, mon ancien groupe se désintégrait, et même si je savais que la fin approchait, je m'y accrochais désespérément. Cela m’a fait réfléchir à d'autres relations dans ma vie où je suis restée un peu plus longtemps que je n’aurais dû, et je pense que c’est un sujet auquel beaucoup peuvent s'identifier, non ?
Si tu devais décrire "Bifurcate" en trois mots, quels seraient-ils ?
Pyrrhique, victoire, bande-son.
As-tu une chanson préférée dans l’album ?
Je pense que 'Quiet Omens' est ma préférée. Elle a été un défi pour moi à bien des égards — c’est la chanson la plus complexe rythmiquement parlant sur l'album, et elle combine beaucoup de sons différents, du début trip-hop en rythme impair au second couplet plus industriel, puis cette petite touche jazzy au centre. Je ne savais pas si cela allait fonctionner, mais ça a vraiment pris forme ! Et Esteban et Jesse ont vraiment assuré à la guitare et à la basse, ces parties étaient difficiles — Esteban m’a surprise avec cette sorte de guitare inversée et inquiétante dans l'outro, et j’ai adoré ça.
Y a-t-il une chanson qui a particulièrement évolué depuis sa création initiale ?
'Train' a vraiment eu un long parcours, ce qui est approprié, étant donné que c’est une chanson sur un voyage. Anthony a écrit la chanson et me l’a confiée pour les voix, les paroles, et tout autre détail que j'aime ajouter, et j’ai été époustouflée — je ne comprends pas comment il arrive à trouver ce genre d’idées, mais elles continuent de me fasciner tout en me touchant profondément. Son solo de saxophone sur cette chanson a été une véritable épopée d’une journée entière. J’adore produire ce qu’il compose, non seulement parce que j’ai cet honneur, mais aussi parce que lorsque j'écris mes propres chansons, j'ai une idée claire de ce à quoi elles doivent ressembler. Avec les morceaux d’Anthony, j’ai une liberté totale pour la production, donc je ne sais jamais quelle forme finale ils prendront. J’ai été ravie du résultat pour 'Train'. C’est épique.
Quelle a été la chanson la plus difficile à finaliser ?
'Codriver' a été la plus compliquée à terminer parce que c’est une chanson d’amour que j’ai écrite pour mon ex-mari, avant que je ne sache que notre mariage touchait à sa fin. Quand je suis arrivée à l'étape du mixage et du mastering, cela a été une tâche empreinte de tristesse. Mais c’est une chanson magnifique, et j'espère qu'un jour, je pourrai l’aimer à nouveau pleinement.
Les retours du public correspondent-ils à tes attentes ?
Les retours ont été bien au-delà de mes attentes ! J’étais simplement heureuse de pouvoir mettre l’album quelque part où ma mère pourrait l’écouter. Elle l’adore !
Comment vois-tu l’évolution de The War Yaks après cet album ?
C’est difficile à dire. Je suis dans un nouveau groupe maintenant, mais Anthony et moi continuerons toujours d’écrire des trucs bizarres que ce n’est pas facile de convaincre un groupe de reprendre. Je suis vraiment excitée par ce nouveau projet cependant - il y a plusieurs nouveaux auteurs-compositeurs avec qui je collabore, et je suis impatiente de montrer au monde sur quoi nous travaillons !
Y a-t-il des collaborations ou projets futurs dont tu veux nous parler ?
Oh, je pense que je viens d’en parler - je suis actuellement concentrée sur une future collaboration, et il y a beaucoup plus de monde impliqué que dans The War Yaks. Plusieurs auteurs-compositeurs, chacun avec sa propre approche du prog contemporain et classique. Cela a été une grande source d’espoir pour moi récemment.
Prévois-tu un concert pour promouvoir l'album ou juste pour le plaisir et rencontrer tes fans ?
Malheureusement, ce serait très difficile de rassembler tout le personnel nécessaire, surtout quand nous vivons sur des continents différents !