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TITRE:

SILMARILS (30 SEPTEMBRE 2024)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

METAL FUSION



Après 21 ans de silence, Silmarils fait un retour remarqué et remarquable et ne compte pas s'en arrêter là...
STRUCK - 15.11.2024 -
9 photo(s) - (0) commentaire(s)

Dans une époque plus tourmentée que jamais, Silmarils fait son grand retour avec "Apocalypto"... Même si 21 longues années se sont écoulées depuis le dernier album en date "4Life", le groupe a encore plein de choses à dire et ne compte pas s'en arrêter là avec notamment comme premier point d'orgue, une affiche à l'Elysée Montmartre le 14 mars 2025... Si vu veux avoir du sport, cours vite acheter ta place...






Quelle est la question qu’on t’a trop souvent posée et à laquelle tu aurais marre de répondre ?


David Salsedo : Alors cette question n'a pas posée pour l'instant mais qu'on posait tout le temps : "Est-ce l'album de la maturité ?". Normalement c'est la peine de mort pour cette question. Je répondrai toujours : "Non, c'est l'album de l'immaturité !"


Ça me rappelle notre article du dernier album d’Ultra Vomit où nous avons parlé d’album de l’immaturité…

On était avec eux en promo sur France Inter il n'y a pas longtemps. On les adore, on s'aime bien réciproquement…


Entrons directement dans le vif du sujet. Après 21 ans d'absence, qu'est-ce qui vous a poussé à revenir sur le devant de la scène avec "Apocalypto" ?

21 ans d'absence justement ! Je vais développer mais il fallait ce temps pour retrouver une certaine urgence, une envie de dire des choses et que ce soit quasiment épidermique… Et que j’arrive dans cet état où tu te dis : si je ne fais pas de disque, je vais aller mal.


Il y avait un sentiment d’inachevé [...] Silmarils reste le groupe de ma vie et l'aventure de ma vie.




Mais était-il envisageable qu’il n’y ait jamais de suite ?


Je vais parler pour moi mais il y a eu un vrai manque. En fait, il y avait un sentiment d’inachevé. Et même si j'ai travaillé, écrit, produit beaucoup de gens, Silmarils reste le groupe de ma vie et l'aventure de ma vie.
En fait, ça fait longtemps que j'ai ce sentiment et il s'est trouvé que c'était les 25 ans du premier album en 2020. On a évoqué avec notre manager de l'époque de refaire un concert pour cet anniversaire. C'est parti de là. J'ai appelé le groupe, on s'est reformé en 2 minutes et 30 secondes, le temps qu'il faut pour passer cinq coups de fil de 30 secondes parce que tout le monde a dit : "Evidemment !". Et le concert au Bataclan a été un truc de dingue et on s’est dit qu’on ne pouvait pas en rester là.


Et ce concert a dû te conforter sur le fait que ce sentiment d’inachevé était partagé avec le public ?

J'ai eu ce débat avec certains membres du groupe que je ne nommerai pas car ils ont eu tout faux : ils pensaient que les personnes n'en avaient plus rien à foutre. Au contraire, je pensais et je pense toujours que je crois qu’ils ne se rendent pas compte à quel nous sommes un groupe générationnel.


Cela fait deux décennies depuis "4Life". À une époque où la musique se consommait encore principalement en albums physiques, Internet faisait ses débuts, et des enseignes comme Virgin dominaient le paysage musical. Aujourd'hui, tout est instantanément accessible et la musique est devenue un bien dématérialisé de consommation. Comment percevez-vous ce retour dans un univers totalement transformé ?

Ecoute, il faut avoir une grande capacité d’adaptation, d'autant que le disque sort sur notre propre label. Ce n'est pas comme si on était signé sur un label qui lui a vécu ces transformations et maîtrise les outils d’aujourd'hui. On fait tout nous-mêmes. Il a fallu apprendre vite en sortant notamment un single toutes les cinq semaines ce qui correspond à quasiment une sortie d'album quand tu es un label artisanal : je relaie tout sur les réseaux et je réponds personnellement à tout le monde… On commence à choper le truc mais cela nécessite des ressources humaines : on a des copains qui nous filent le coup de main et c'est cool.
Finalement, le disque est sorti il y a trois jours et vu comment il est accueilli, je pense qu'on n'a pas trop mal géré jusqu'à maintenant. Mais c’est certain qu’on n'aura jamais la force de frappe d'une major en termes de pognon mais en termes de savoir-faire, on a quand même fait quatre clips alors qu'on est un label indépendant. Je trouve qu'on se démerde pas mal -  et ce n’est pas fini...


On ne voulait pas devenir un groupe à rengaine, on a donc décidé de faire autre chose pour retrouver l'envie…


2024 semble être l'année des grands retours, avec des artistes comme Manu Chao, qui a influencé votre musique ou dans un autre registre, My Own Private Alaska. Pensez-vous que ce "revival" des années 1990-2000 reflète un besoin de dire ce qui n'a pas pu l'être à l'époque, ou bien le contexte actuel nécessite-t-il un retour sur scène ?

Ce qui est certain, ce n’est pas pour l’argent. Parce qu’aujourd’hui, on a fait ça pour l'argent qu'on perd (Rires) ! Tout dépend du fond du propos de l'artiste. Je pense qu'il y a sûrement des artistes comme nous qui ont cheminé autrement ailleurs et auquel ça manque,

Je ne sais pas si c'est une coïncidence, mais oui, il doit y avoir quelque chose dans l'air quand même. Peut-être que les gens commencent à avoir marre de l'urbain, commence à en avoir marre de voir des mecs tout seuls au milieu d'un Bercy sans même un DJ chanter sur une bande playback comme dans une émission Michel Drucker des années 1982 : ce n’est pas ça un concert en vrai, ça, ça s'appelle de la télévision…

On va voir mais notre concert au Hellfest et les Vieilles Charrues ont prouvé qu’on était chauds et encore en forme. Mais oui, c'est bien : il faut sortir les instruments ! Les gros artistes américains font des concerts de hip hop avec des instruments, enfin il n'y a qu'en France où on braque la banque... J’ai passé mon dimanche à regarder le documentaire sur DJ Mehdi qui est exceptionnel et sans trahir son propos parce que je ne connaissais pas DJ Mehdi, c'était : pas de barrières, pas de frontière dans la musique. Dans Silmarils, on est ensemble depuis qu'on a 16 ans et on a toujours cette musique, et quand on a sorti ‘Va y avoir du sport’, les gens nous ont dit qu’on s’était perdus… Non, c'était un concept album où il n’y avait pas de barrière. On avait sorti trois albums avec des guitares énervées et à un moment donné, on ne voulait pas devenir un groupe à rengaine, on a donc décidé de faire autre chose pour retrouver l'envie… Et le documentaire sur DJ Mehdi m’a conforté, ce mec est définitivement un génie et je regrette de ne pas l’avoir connu ou rencontré mais enfin, on partage la même vision de la musique.


Et ton propos est validé par votre duo avec B. Real qui est typiquement dans cet état d’esprit…

C'est notre ADN ! On est des mecs de banlieues qui avons grandi avec les disques de rock de nos grands frères et qui se sont pris le hip hop comme on se prend un train dans la gueule. Et on aimait les deux. On n'a jamais voulu trancher.


La pochette d' "Apocalypto" semble puiser dans l’esthétique du street art, avec des influences visibles de Jean-Michel Basquiat. Est-ce un moyen de rester connectés à vos racines artistiques et à votre parcours artistique ?

Avant toute chose, il faut dire que cette pochette est une œuvre originale de Robert Combas qui est des plus grands artistes contemporains français vivants, une légende depuis les années 1980. Il a effectivement côtoyé Basquiat qui est à la base de toute cette esthétique.
On a eu la chance que Robert Combas -qui est une star dans l'art contemporain- accepte de créer un tableau juste en écoutant les maquettes des chansons et les textes.


Tu n’es pas le premier à nous parler d’une œuvre réalisée ad hoc. Et dans le cas de celle de "Apocalypto", as-tu pu acquérir l’originale ?

Non, je n’ai pas les moyens (Rires) ! C’est une œuvre qui a été faite pour nous mais c'est une œuvre qui fait 2 mètres sur 2 qui finira soit dans un musée, soit chez un collectionneur. Et de l’avis général du monde de l'art contemporain, c'est une œuvre super réussie.
J'aimerais bien avoir les moyens de l'acheter… quand j'aurai remboursé ce qu'on me coûte ce disque (Rires) !


Cet album marque-t-il un nouveau chapitre pour Silmarils, ou est-ce une dernière création ponctuelle, un message d'adieu à la jeunesse actuelle afin de terminer l’histoire qui avait un goût d’inachevé comme tu l’as avoué ?

Non, je ne crois pas vu les retours qu'on a depuis trois jours. On ne peut pas t'arrêter là-dessus, ce n'est pas possible. On a des retours de fans qui sont dingues, qui disent que c'est peut-être le meilleur album. On a des retours critiques de Rock & Folk, de Rolling Stones… qui sont dithyrambiques… Et je vais te dire la vérité : je trouve ce disque mortel ! Vraiment parce que j'aime tout : la production, le son…


A cet égard, vu que cet album est unanimement reconnu comme le meilleur, ne serait-ce pas la meilleure des façons de se retirer ?

Ah, non non non ! Non, tu ne peux pas !


C'est le début d’une nouvelle ère et je n'ai pas l'intention que ça s'arrête maintenant




Mais la fraîcheur qu’on retrouve dans cet album n’est-elle pas le fruit de ces 21 années de silence et donc le risque est que vous ne la retrouviez pas pour un prochain album ?

Je vois où tu veux en venir mais pour cela, il faudrait qu’il n’y ait plus de raisons d'écrire, plus de raisons de s'indigner, plus de raisons de se foutre de la gueule de connard qui nous emmerde comme on le fait dans le titre ‘Mytho’... J'avais une formule qui était marrante, c'est que pour retrouver cette rage, j'ai organisé mon auto-insolvabilité ! C'est à dire que dans cette posture de label indépendant -où on se débrouille un peu- tout ce que j’ai pu faire par ailleurs -avec Johnny Hallyday par exemple- j'ai tout remis dans la cagnotte…
On n’est pas ABBA à qui on a proposé de se reformer pour un milliard. Il n’y a pas d’enjeu avec nous, seulement des coups à prendre et de l’argent à perdre… On est sur un fil, sur la corde raide, ça peut s'arrêter demain parce que tout ça coûte cher et demande une énergie folle… On est toujours dans une forme de précarité qu'elle soit intellectuelle, émotionnelle ou financière qui fait que j'aurais toujour des trucs à dire, pour schématiser.
Je pense donc que c'est le début d’une nouvelle ère et je n'ai pas l'intention que ça s'arrête maintenant parce que franchement je suis super content du résultat. Je suis également content d'avoir retrouvé mes potes. On est boulimiques de concert, on l'a vu au Hellfest par exemple…


Cet album est une version 2024 de Silmarils des débuts avec une production plus moderne, un son qui tabasse




A l’inverse, n’as-tu pas eu un regret de ne pas l’avoir fait avant et avant attendu 20 ans pour fêter l’anniversaire du premier album ?

Si je n'avais pas attendu 20 ans, le disque il ne serait pas ce qu'il est ! "4Life" -l’avant dernier album que j’aime beaucoup- était un disque dur à faire où je n'avais pas de vraies lignes directrices. Pour ce nouvel album -et vu qu’on rééditait le premier album-, je me suis remis dans les maquettes du premier album, toutes les versions studio… et ça m'a redonné une vision de ce qu'était le groupe et de ce qu'il devait être. Mais je comprends les choix l’époque parce qu'on ne voulait pas se répéter. En gros, cet album est une version 2024 de Silmarils des débuts avec une production plus moderne, un son qui tabasse.


L’un des premiers morceaux dévoilés était ‘Oublie-moi’, il est précédé dans l’album par le titre ‘Tu nous mérites pas’, un contre-sens pour un groupe qui revient dans la lumière : pourquoi ce choix ?

Ça tient plus au thème et au texte de la chanson. Je sens que ‘Tu nous mérites pas’ est en train de devenir un titre majeur, tout comme ‘Au Paradis ‘ qui a très bien marché… Mais bon, tous les singles qui sont sortis ont très bien marché. ‘Oublie-moi’ est une façon de parler d'une forme de complotisme même si le texte n’est pas évident mais ça a été parfaitement résumé par ailleurs par un mec en disant que ce titre parle d’un mec dans un bar qui se fait prendre la tête par une espèce de complotiste, antisémite et le personnage de la chanson lui : "Vas-y s'il te plaît, oublie-moi". C’est aussi con que ça, et ça permet de dissiper un malentendu où certains pourraient croire que c’est moi le complotiste.


Et ça se démocratise avec les réseaux sociaux. D’ailleurs, ça me rappelle le sketch de Fabrice Eboué et le fait qu’à l’époque, dans chaque bar, il y avait un idiot du village -Dédé- qui se réunissent désormais tous sur les réseaux sociaux…

C’est une super métaphore et ‘Oublie-moi’ parle de ça…


Le son de l’album sonne très 1990’s également très brut, sans semble-t-il avoir usé d’artifice actuel, très garage. C’est une volonté totalement consciente de rester fidèle à l’essence de Silmarils ou une réponse au son aseptisé d’aujourd’hui ?

Alors moi je ne trouve pas qu'ils sont garage, je trouve au contraire que les beats sont assez travaillés en termes de sons. C’est la raison pour laquelle on a travaillé avec Richard "Segal" Huredia qui bosse avec Dr. Dre et Eminem pour avoir un gros son beat. Je voulais un son très moderne en termes de rythmique. Je voulais un disque qu'on peut écouter dans la voiture avec des basses énormes. On a donc emprunté le son et la prod des beats et de la basse au hip hop et on a mis des riffs tranchants de guitare.

Je ne trouve donc pas que c'est garage, en revanche, il n'y a pas d'artifice. Il y a même des titres où il y a, honnêtement, il y a quatre pistes. ‘Welcome to America’, il n'y a rien : il y a un beat, une basse, une guitare et une voix et les petits enfants qui chantent, ce n'est pas un sample, j'ai vraiment fait chanter plein de petits Américains -les enfants de notre DJ qui est à Los Angeles- à distance de Pariscains.


Il y a quand même une baisse du niveau culturel général en France




Les paroles de Silmarils sont très importantes, la base du rap qui est très littéraire, notamment dans ‘Au commencement’ ou ‘Au Paradis’. Comment abordes-tu l’écriture dans un monde où le public semble parfois moins attentif à la profondeur et signification des textes ?

Je pense qu'il y a quand même encore des gens qui s'y intéressent. Encore une fois, je ne sais pas, mais j’ai voulu être direct et compréhensible tout le temps dans les textes. J'ai banni des métaphores. Je voulais que ce soit un truc assez brut.
Pour les textes dans la musique en général, je n'aime pas faire des généralités mais je pense qu'il y a quand même une baisse du niveau culturel général en France. Je sais que je passe pour un réac’ quand je dis ça mais non, il y a une vraie baisse objective du niveau culturel en France.


Comment l’expliques-tu ?

Je l'explique par la loi du plus grand nombre et par le plus petit dénominateur commun. C'est-à-dire que si tu veux faire du chiffre, il faut plaire au plus grand nombre. Et pour plaire au plus grand nombre, il faut rassembler les gens sur le plus petit dénominateur commun. C'est-à-dire qu'il faut aller là où tout le monde peut comprendre assez facilement. On va donc flatter le côté le plus simpliste, le plus direct et c’est la même chose en politique aussi avec la polarisation : tu n’as plus de discours, c’est soit noir ou blanc…
Et donc à un moment donné, si on veut avoir des générations pas trop connes, commençons à leur parler déjà dans une espèce de français qui dise des choses et je ne parle pas d’Aya Nakamura que j'adore et qui a créé une nouvelle langue et c’est sublime…


‘No Pain No Gain’ que vous reprenez avec B. Real de Cypress Hill sonne encore plus d’actualité. Qu’est-ce qui t’a guidé dans ce choix de chanson ?

Bizarrement, c'est la seule chanson qu'on avait écrite avant de se remettre sur l'album : c'est un inédit de Silmarils qu'on a retravaillé. J'ai trouvé qu'il y avait un truc dans ce texte que j'avais écrit il y a longtemps -un texte par rapport à mes origines et ma famille et le fait qu’elle s’est beaucoup déplacée- et j'ai trouvé que ça faisait écho avec l’actualité et les immigrants… Et puis j'adore le riff !
On a donc retravaillé le titre et à un moment donné, quand l'album était fini, on l'a envoyé à Segal -qui a mixé un disque et qui est ami avec B. Real- et on lui a juste demandé juste s'il pouvait le faire passer. Le temps a passé et un matin, j'ai une capture d'écran de B. Real qui dit : "J'adore le morceau, j'ai déjà écrit le texte. Est-ce que les gars peuvent être à Los Angeles dans quatre jours pour enregistrer parce que j'ai une dispo ?"... Ca a été un gros stress mais on y est arrivé : c’était dément !

Je parle beaucoup parce que je suis très excité par ce que je fais. Mais c’était étrange en studio parce qu'on était tous dans la même pièce et donc je l'entendais juste déblatérer le son. Je n'avais pas de casque, il y a que lui qui avait un casque et l'ingénieur du son. Et quand ça a été fini, on a ouvert les enceintes et on a pris une gifle parce qu’il a amené le morceau à un autre niveau. On avait l'impression d'écouter un groupe ‘ricain. Et comme ce n’est plus vraiment toi parce que tu n’entends plus le français, tu te dis que c’est hyper bien et qu’on n’est vraiment pas pourris en France (Sourire)…


Vous avez rencontré un succès fulgurant très tôt, avec une fusion metal/hip-hop novatrice, à l’instar de groupes comme Rage Against the Machine ou Cypress Hill, justement. Vos morceaux comme ‘Va y avoir du sport’ ou ‘Cours vite’ ont cartonné. Comment as-tu géré et vécu ce succès à l'époque ? Est-il possible que cette reconnaissance rapide ait contribué à votre longue pause après "4Life" ?


Bien sûr qu'on est content quand ça marche surtout quand on a fait un disque super sincère au moment de ‘Cours vite’. ‘Cours vite’, c'est un peu comme l'album d’aujourd'hui, écrit avec les tripes… Mais c'est vrai que ça a été fulgurant. Maintenant en réécoutant le disque, je comprends pourquoi : il y a une sincérité, il y a une prise de conscience et le riff de ‘Cours vite’ est fou. Ça a été un peu soudain et il a fallu gérer les rageux qui restaient sur le bord de la route.


L'erreur est là : on a trop remis de pièces dans la machine mais on n’est pas un groupe qui courbe l’échine…


A ce titre, penses-tu que vous étiez trop en avance sur votre temps avec cette fusion des genres ou bien justement votre succès a provoqué des jalousies ?

On était vingt sur la ligne de départ et c'est nous qui l'avons passé la ligne d’arrivée avec 8 kilomètres d'avance… Et à l’époque, plutôt que de s'excuser et de faire profil bas -nous sommes des mecs de banlieue influencés par le hip hop- on a mis les cascades à l'envers, on a monté le menton et on emmerdait tout le monde... L'erreur est là : on a trop remis de pièces dans la machine mais on n’est pas un groupe qui courbe l’échine… Quand les groupes concurrents nous crachaient dessus, on en remettait deux sur la table ! Mais bon, on est devenu mythique et pas eux. On s’est bien marré (Sourire) 8


Le genre metal/hip-hop a eu un impact considérable à l'international dès les années 1990, notamment aux États-Unis, avec des groupes comme Beastie Boys, Body Count, Rage Against the Machine ou Limp Bizkit. Même si Silmarils a connu le succès avec ‘Cours vite’, es-tu surpris qu'il n'ait pas connu le même succès en France, malgré votre influence et celle de groupes contemporains ? Est-ce le fameux adage : trop hip hop pour du metal et trop metal pour du hip hop ?


C'est un sous-genre…. Quand tu fais que du metal ou que du rap, c'est un peu plus facile : tu t’adresses à un public identifié. La fusion, c'est un sous-genre du metal. Ce n'est pas vraiment un sous-genre du rap parce que ça reste du rock quand même. Aux Etats-Unis, ça a toujours existé : Red Hot Chili Peppers est un des plus grands groupes du monde qui mélange du punk et du funk et du rap…


Mais il n’y en a pas eu en France…

Je ne crois pas que ce soit une histoire de style. C'est une histoire de chansons : ce sont les chansons qui restent. Et quand on s'est lassé, on a sorti ‘Va y avoir du sport’ et pour dire la vérité, à l’époque, on a essayé de faire un morceau à la Cypress Hill. Et il y a eu un déchaînement, les gens pensaient qu’on les avait trahis. Mais bon, le morceau est sorti en 2000, on est en 2025 et tout le monde la connait ! Mais ça ne voulait pas dire qu'on allait continuer à faire ça toute notre vie parce que pour nous, ce titre était une parenthèse. D’autres groupes ont fait des parenthèses dont tu n’entends jamais parler parce que c’est de la merde. De notre côté, quand on essaie de faire un morceau un peu décalé : c'est un tube !


Les artistes sont de plus en plus en train de devenir des influenceurs et de moins en moins des artistes




On l’a évoqué tout à l’heure, me monde musical a énormément changé depuis vos débuts. A votre époque où la scène était encore porteuse de messages notamment contestataires, elle semble aujourd’hui aseptisée, avec des artistes moins engagés, alors que les problèmes sociétaux sont exacerbés (climat, inégalités, surveillance de masse). Penses-tu que le rôle des artistes reste d’éveiller les consciences face à ces défis actuels ?


Instinctivement, je te dirais que oui ! Si on veut creuser un peu et faire la deuxième partie de la dissertation, -comme on m'a appris à le faire- il y a beaucoup d'artistes qui ne mouillent pas les maillots. Je pense à d'artistes très connus qui ne prennent pas position sur des trucs qui devraient couler de source parce qu’ils ont peur de perdre des followers... Je ne rentrerai pas dans le détail mais je pense que la vraie problématique, c'est ça. On est rentrés quand même dans l'époque des influenceurs et les artistes sont de plus en plus en train de devenir des influenceurs et de moins en moins des artistes. Chaque prise de position est un risque, un manque à gagner ce qui fait qu'effectivement, les artistes qui prennent position se comptent sur les doigts d'une main…


C’est un cercle vicieux, moins il y a d’artistes qui se manifestent, plus les autres auront peur de le faire…

… Et tu laisses le champ aux autres…


… et c’est la raison pour laquelle le retour de Silmarils est si rafraîchissant…

Tout est dans les chansons et dans les textes. J'ai une vraie ligne mais je n’ai pas de mérite, ça m'a toujours intéressé, j'ai étudié ça… Mais j'essaie de pousser le bouchon un peu plus loin.
Donc oui, c'est bien d'avoir des groupes qui disent des choses. Mais oui, il y en a de moins en moins car les artistes en règle générale -pas seulement les musiciens- se planquent…


Et concrètement qu’attends-tu de cet album ?

J'ai envie de faire des concerts. J'attends les retours de personnes qui nous attendaient et qui sont absolument éclatés par le disque...


Tu en as douté ?

Je ne pensais pas que ça rendrait les gens aussi heureux ! C'est dingue ce que je lis depuis trois jours. L’album a déjà été écouté un demi-million de fois en streaming. On nous parle beaucoup des textes. On nous dit qu'il y a une espèce de jouvence, de fraîcheur, d'honnêteté dans cet album…


Et concernant les concerts que tu évoquais en début de réponse, où en êtes-vous ?


Dans deux jours, on annonce une date à Paris importante pour nous, le 14 mars à l’Elysée Montmartre et ensuite, on part pour la tournée des festivals…


Silmarils is back pour défendre "Apocalypto" sur la scène mythique de l'Elysée Montmartre




Et cette date à l’Elysée Montmarte avec en première partie Cypress Hill…

Ça serait bien (Sourire) ! Non mais là on discute, il y aura peut-être un invité du même acabit mais français mais je n’en dirai pas plus… La vraie info, c’est que Silmarils is back pour défendre "Apocalypto" sur la scène mythique de l'Elysée Montmartre. Cette salle est un vrai choix parce que c’est là où ont joué Suicidal Tendencies, Beastie Boys… On n’y a jamais joué ! Notre salle, c'est le Bataclan mais je voulais une salle mythique qui sent le rock.


On a commencé cette interview par la question qu'on t'a trop souvent posée, au contraire, quelle est celle que tu souhaiterais que je te pose ou à laquelle tu rêverais de répondre ?

(Silence) Je ne sais pas si je suis content en ce moment. Franchement je te dis, je suis super content du disque, je suis super content d'avoir retrouvé mes potes, je suis super content de de pas en être resté là, d'avoir réanimé le truc… Mais putain, franchement, ça a été très dur : ça a été deux ans et demi de travail de fou et ce n'est pas fini…
Mais c’est une vraie joie. Sur la scène du Hellfest, j'ai compris qu’il n’y a pas de débat : j'ai bien fait et que même si c'est dur, même si ça coûte des thunes, ces moments n'ont pas de prix !


Merci beaucoup

Merci à toi et je suis désolé d’avoir autant parlé, je suis passionné par ce que je fais…





Et merci à Calgepo pour sa contribution…


Plus d'informations sur https://www.facebook.com/silmarilsofficiel
 
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