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TITRE:

SIMONE RINGER (23 SEPTEMBRE 2024)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

POP



Si le nom de Ringer vous parle, vous serez forcément envoûté par la voix de Simone qui nous propose son premier EP "Intentionnel"...
STRUCK - 18.10.2024 -
8 photo(s) - (0) commentaire(s)

Le nom de Ringer a marqué la scène musicale française notamment dans les années 1980 avec les Rita Mitsouko. Si le groupe Minuit -qui réunissait les enfants Chichin et Ringer- se posait en digne héritier de leurs parents, Simone Ringer a décidé de se lancer dans une aventure en solo plus radicale...





Quelle est la question qu’on t’a trop souvent posée et à laquelle tu aurais marre de répondre ?

Simone Ringer : "Qu'est-ce que ça fait de faire de la musique quand vos parents sont musiciens ?" ou "Comment ça se passe par rapport à votre mère ?"… Ce genre de trucs : ce sont les questions qu'on me pose tout le temps...


C’est inévitable et nous allons également enfoncer des portes ouvertes. Ayant grandi dans un univers musical très riche, qu'est-ce qui t'a motivée à suivre la voie de tes parents et à te lancer dans la musique ?


Je crois que quand j'ai commencé, je ne me suis pas trop posé la question. La question s'est plus posée après mais ce sont surtout les commentaires que tu peux lire sur YouTube et que tu prends en pleine gueule…


Un groupe c'est un peu comme un couple : c'est rare que ça dure vraiment très longtemps…




Tu as été membre du groupe Minuit, créé avec ton frère Raoul Chichin et Joseph Delmas, et vous avez sorti notamment l'album "Vertigo" en 2018. Pourquoi as-tu décidé aujourd'hui de te lancer en solo avec cet EP ?


On s'entendait tous très bien, on avait une super atmosphère de scène, on n'arrivait plus à composer ensemble. Après un groupe c'est un peu comme un couple : c'est rare que ça dure vraiment très longtemps…
On a tous des univers assez différents. Ce qui était génial, c'est une fois quand ça marche, c'est trop bien, on va plus loin et on s'enrichit mais parfois, chacun tire de son côté, on n'avance pas et c'était le cas.


As-tu travaillé seule sur cet EP, ou as-tu collaboré avec d'autres artistes et producteurs ? Quelle a été l'importance de ce travail solitaire ou en collaboration pour toi ?

J'ai composé quasiment tout, toute seule. Et par la suite, j'ai rencontré Michael Lovett -de Nzca Lines mais également un des musiciens de Metronomy- avec qui j'ai coproduit mon EP et avec qui je continue de travailler : c’est vraiment mon collaborateur musical.


J'ai l'impression d'être plus radicale dans la musique que je fais et de pouvoir être plus aventureuse



Et concrètement, qu'est-ce que ce projet solo t'apporte de plus ou de différent par rapport à ce que tu vivais avec le groupe Minuit ?

En tout cas, ce qui est sûr, d'être toute seule signifie que j'ai toute la liberté : il n'y a aucune négociation avec qui que ce soit avec comme résultat que j'ai l'impression d'être plus radicale dans la musique que je fais et de pouvoir être plus aventureuse.


C'est ce qui vous manquait au sein de Minuit ?


Oui, je pense. En fait, je commençais à composer et je faisais des morceaux où il n'y avait pas de guitare mais pour un groupe dans lequel il y a deux guitaristes... Et finalement, je me demandais comment on allait jouer ces titres et quelle allait être la place des guitaristes… Aujourd’hui, j'ai l'impression d'être plus, un peu plus aventureuse, donc plus éclectique, un peu plus barrée, moins référencée peut-être aussi.


Il fallait me reconnecter émotionnellement à l'enfant…




Dans le registre barré, il y a le premier single ‘Dance’ dans lequel tu chantes "cesser de vivre à l'ombre des gens heureux" et de "retrouver l'insouciance et la fièvre de ton adolescence". Ressens-tu déjà une certaine nostalgie à peine à la trentaine ?

Je pense que c'était aussi la nostalgie de la créativité et de la liberté de l'enfance, de l'imagination… : c’est ça qui me manquait ! Et justement, quand je n'arrivais plus très bien à écrire, il fallait me reconnecter émotionnellement à l'enfant…


Tu l’as évoqué les commentaires sous la vidéo de ‘Dance’ sur YouTube évoquent souvent Catherine Ringer et Les Rita Mitsouko. Comment vis-tu cette comparaison ? Est-ce un poids à porter ?

Ça fait toujours chier mais pour être franche, j’ai lâché l'affaire. Disons que de toute manière, j'ai une voix qui est assez similaire et c'est comme ça… Mais finalement, ça dépend exclusivement du ton des gens : comme toujours, il y a des trucs méchants, il y a des trucs qui sont plutôt gentils. Ça fait partie de qui je suis donc je n'ai pas une bataille à mener contre ça…


La musique de ton EP semble avoir quelques échos des Rita Mitsouko, notamment dans le titre 'Samy' (surtout dans l’interprétation), tout en adoptant un style plus électronique et moderne. Est-ce une manière pour toi de te distinguer et de trouver ta propre voie artistique ?

Je n’ai jamais trop pensé en termes d'émancipation. Je suis assez instinctive donc généralement, je ne fais pas trop les trucs en me disant qu’il ne faut pas faire telle ou telle chose : ce n’est pas dans ma manière de fonctionner créativement…


J'adore changer de personnage !


Ton interprétation vocale est très versatile, comme on l'entend dans ‘Ghost’ avec ses influences trip-hop (à la Beth Gibbons), et ‘Dance’, qui oscille entre pop, électro-punk et opéra. Comment abordes-tu ces variations dans ton interprétation et ta technique vocale ?


J'adore changer de personnage : ça me plaît énormément ! En fait, je suis musicienne, je compose toute seule mais je ne suis pas instrumentiste : mon instrument, c'est ma voix ! Et donc le but est de pousser au maximum de tout ce que je peux faire avec. A chaque fois, je me créé des décors, je me créé des personnages et je m’amuse avec et je me fais rigoler aussi, ce qui est très important (Sourire)…
Le but est donc d’explorer tout ce que je sais faire avec mon instrument justement.


J’ai du mal à refaire deux fois le même morceau




Cet EP révèle plusieurs facettes de ton univers musical, allant des morceaux dansants comme ‘Aeronef’ à des titres plus mélancoliques comme ‘Samy’. Cette ambivalence reflète-t-elle ta personnalité ou l'image que tu souhaites donner à l'auditeur ?

Je ne réfléchis pas trop à l’image que je veux donner. Non, c’est tout simplement ma personnalité mais je pense un peu comme tout le monde : on a tous une part de joie, de mélancolie. Et généralement, je vais dans la direction des aspects que j'aime retrouver chez les grands artistes qui sont des sources d’inspirations : je pense à des albums de Madonna qui sont hyper variés sur les émotions que ça peut nous donner. C’est typiquement ce que j’aime dans les carrières d'artistes : le fait d’être complet, ce sont des choses qui me portent et que j'ai envie de faire. Et j’ai du mal à refaire deux fois le même morceau, ce qui ne veut pas dire qu’on ne va pas retrouver des choses que je vais reprendre et explorer pour pousser au bout la démarche…


Est-ce la raison pour laquelle tu as déjà dévoilé trois titres sur les six qui composent l'EP ? En d’autres mots, pourquoi ce choix, sachant qu'il y aura finalement peu de surprises à la sortie de l'album complet ? Est-ce une façon de s'adapter aux nouvelles habitudes d'écoute de la musique aujourd'hui ?

En fait, je dirais que j'ai plus un concept par morceau (Rires) ! Et ensuite, je me fais confiance pour me dire que le lien se fait et sans forcer. Et puis, je ne suis pas une personne conceptuelle, j'ai du mal à conceptualiser tout un album en revanche, j'aime bien me plonger dans un univers par morceau qui généralement va aussi croiser différents univers. Mais je pense que ma voix, mon interprétation finalement fait le lien entre tout ça parce que même si les morceaux sont différents, on sait que c’est moi. Un peu comme Björk qui peut changer de personnage au fil des albums, on reconnaît sa touche et c'est toujours elle, même si elle se transforme…


Maintenant que je suis seule, j'ai l'impression de pouvoir aller beaucoup plus loin


Les clips et l'image sont de plus en plus importants dans l'industrie musicale. Dans ‘Dance’, on te voit d'abord un peu coincée, puis te libérant progressivement. Quel est ton rapport à l'image, et comment gères-tu cet aspect de ton travail artistique ? Est-ce un élément indissociable de ta musique ?

Oui ! Et il faut savoir que je viens de l'image : à la base je suis graphiste, illustratrice, j'ai fait des études dans l'image, c'est ce que je voulais faire à la base. Donc autant avec Minuit que qu’en solo, j’ai toujours fait mes images : j'adore ça, ça m'amuse beaucoup ! Et encore plus maintenant que je suis seule, j'ai l'impression de pouvoir aller beaucoup plus loin et de pouvoir pousser le curseur et de m'amuser en rentrant dans ces personnages…


Cet EP semble très personnel et introspectif. On pressent un certain engagement très actuel, quels sont les thèmes particuliers qui te tiennent à cœur et que tu souhaitais aborder à travers ces chansons ?


Je n'ai pas spécialement des thèmes, ce sont juste des choses qui me traversent et qui éclosent. Généralement, c’est la musique qui me porte et je commence ainsi. Donc c'est rare, mais en fait je n'écris jamais un texte que je vais poser en musique. La musique va appeler le texte, va appeler des mots et du coup un univers, un décor. Après, je vais parler d'amour, de personnages, de rapports humains, de féerie, de fantasque. Je n'ai pas spécialement des thèmes... Je vois plus ça comme quelque chose d'assez pop. En fait, je ne fais pas forcément de la chanson dans ma façon de composer : j'ai des petits bouts d'univers qui se collent et qui se mélangent ensemble et le texte également...
Je regardais récemment Rosalia -une artiste que j’adore-, je lisais ses textes et j'adorais la manière dont elle écrivait avec pas mal d'images, des espèces de punchlines sans forcément que ça raconte une histoire de A à Z. Ce sont plus des images qui créent ensuite une histoire que chacun peut s'approprier. J'aime bien penser comme ça.


Dans tes titres, il y a un mélange d'influences très éclectiques, allant du rock à l’électronique en passant par le trip-hop. Comment choisis-tu les éléments que tu intègres dans ta musique ? Est-ce une démarche instinctive ou plus réfléchie ?


Je suis quand même assez instinctive. Je compose tout au synthé et j'ai des instruments que j'adore : j'adore le mellotron par exemple parce que j'adore les flûtes, j'adore un peu cette espèce d'orchestration… Donc je vais avoir ces instruments que j’aime bien et dans ma manière de travailler, je pars souvent de la basse parce que c'est quelque chose d’hyper important pour moi. Donc j’écris une ligne de basse qui est le fil conducteur de ma musique. Je pars souvent de la basse parce que j'ai remarqué que quand je commence à plaquer des accords au piano, ça va vite vers une chanson un peu variété ou un peu triste et ce sont des choses dont j'essaie de m'écarter. Mais généralement, j'essaie de penser à ce que j'ai envie de chanter sur scène.


Qu’aimerais-tu que les auditeurs retiennent de cet EP ? Y a-t-il un message ou une émotion particulière que tu souhaites transmettre ?

La pluralité d'émotions justement ! J'aime bien pouvoir me dire que c'est un voyage et pouvoir se plonger à chaque fois dans un peu de folie, de la tristesse ou de la joie. Mais j’ai surtout envie de pouvoir faire sourire les gens aussi, de garder une espèce de truc qui t'a réveillé et qui t'a surpris. Quand les gens me disent que je les ai surpris, c'est un bon sentiment que j'apprécie particulièrement.


Enfin, quels sont tes projets pour la suite après la sortie de cet EP ? Prévois-tu de partir en tournée ou de continuer à travailler sur de nouveaux morceaux ?

Tout ça (Sourire) ! J'ai un autre EP qui est prêt et qui sortira en janvier. Et ensuite, le but est de partir défendre les titres sur scène. Mais c’est très long : les morceaux qui figurent dans cet EP, je les ai faits il y a un an et demi… J’ai donc entretemps pu faire les images, j’ai pu le faire vivre et notamment sur scène. L’objectif est donc de continuer mais jusqu’à présent et pendant un an, j'étais seule sur scène et désormais j’ai une musicienne qui m’accompagne…


Je voulais faire quelque chose de radicalement différent de ce qu'on faisait avec Minuit




Justement ça devait être dur d’être seule quand on était certes sur le devant de la scène mais accompagnée d’un groupe quand tu étais encore dans Minuit ?

Franchement, c'était un défi mais j'aimais bien. En fait quand j'ai commencé à faire des choses toute seule, je voulais faire quelque chose de radicalement différent de ce qu'on faisait avec Minuit. Par exemple, on jouait tout en live, on ne composait pas du tout avec l’ordinateur, on composait avec des vrais instruments. Désormais seule, j'ai fait tout à l'ordi, pas du tout de la même manière. Et du coup d'être toute seule sur scène, c'était un défi très intéressant parce que ça me permet de savoir si j'arrive à tenir la scène toute seule et de faire en sorte qu’on ne se fasse pas chier. Et j'ai plutôt réussi ce défi ! Après, je ne fais pas un concert d'une heure et demie pour l'instant mais non encore une fois, c’est un beau défi qui t’oblige à ne te reposer sur personne, mais c'est ça, la vie d'artiste solo.


Mais désormais tu n’es plus seule...

Je suis en train de monter ça avec une autre artiste. Et effectivement, j'ai hâte. Je suis allée au bout de faire tout toute seule : j'ai envie de jouer avec des musiciens !


Et c'est ce qu'on entendra sur le prochain EP ?

Le prochain EP a été composé de la même façon que celui-ci : avec moi à la composition, à l'écriture et l’aide de Michael Lovett. J'aime bien enregistrer des choses seule ou avec d’autres artistes et ensuite faire ma tambouille toute seule…


On a commencé l’interview qu’on t’a trop souvent posée au contraire quelle est celle que tu souhaiterais que je te pose ou à laquelle tu rêverais de répondre ?

(Elle réfléchit) Je ne sais pas, je n'ai jamais pensé à ça.





Puisque tu sèches, je te propose d’y réfléchir et lors de notre prochaine rencontre, nous commencerons la prochaine interview par cette question et ta réponse…

Ok, ça marche (Sourire) !


Merci beaucoup

Merci à toi


Merci à Calgepo pour sa contribution...

 
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