Groupe de live avant tout, Riviera Paradise nous offre une première carte de visite ouvrant sur leur univers à la croisée du rock, du hard rock et du blues... Riviera Paradise est prêt mais l'êtes-vous également ?
Quelle est la question qu’on vous a trop souvent et à laquelle vous en avez marre de répondre ?
Julien Giraud : Comment on s’est rencontrés ? (Rires)
... et je ne vous la poserai pas. En revanche, Kourros, quand on s’était rencontrés en 2012, dans une autre vie, tu m’avais dit "Pourquoi avoir fait le chant du français » ? Aujourd’hui, j’ai envie de te reposer la question et de savoir comment on passe de "Rock.fr" à "Rock.us" ?
Kourros : La musique de Riviera Paradise impose de chanter en anglais. La technique que l’on utilise est différente. Par exemple, si tu veux traverser la manche à la nage tu mets un slip de bain. Si tu veux gravir l'Everest, ça ne te servira pas à grand-chose ! Finalement, humainement avec Julien, Flo et Robin les choses se font différemment.
J’ai la sensation d’avoir été au bout de de l’histoire [avec Incry]
Dans cette autre vie, tu officiais en tant que chanteur dans Incry (désolé, tu n’y couperas pas !) mais pourquoi ce choix de séparation en 2015 qui laisse un énorme goût d’inachevé et de regret pour tous vos fans ?
Kourros : Je comprends certains fans effectivement. De mon point de vue, j’ai la sensation d’avoir été au bout de de l’histoire.
Votre nom de groupe est lié à Stevie Ray Vaughan et de la dernière chanson figurant sur l’album "In Step" paru en 1989 plus précisément. Vous êtes d’ailleurs connus aussi pour avoir fait un tribute à SRV. Quel est le sens de cet hommage et qu’est-ce qui vous a particulièrement touché chez cet artiste pour porter le nom d’une de ses chansons ?
Julien : Oui, effectivement c’est une chanson plutôt rare de Stevie Ray. Mais c’est aussi la "French Riviera" qui, en quelque sorte, est une passerelle entre la France et le reste du monde. Un nom de groupe qui représente la France et en même temps qui est international. On trouve que ce nom nous représente et apporte notre
french touch au rock.
Nous avons évolué au fur et à mesure et suivi notre instinct
Après ces concerts de reprises, vous avez sorti deux EP ("Riviera Paradise" en 2019 et "How ?" en 2021) qui vous ont vu évoluer d’un blues rock (classic rock) à un heavy blues un peu plus musclé pour aujourd’hui aboutir à un premier album encore plus diversifié. D’ailleurs sur Deezer, vous êtes qualifiés de groupe au "son puissant aux influences rock us inspirés par Faith No More, Audioslave, avec un côté parfois métal qui tranche dans le vif et une voix à la Chris Cornell qui vous hérisse poil". Comment expliquez-vous cette évolution musicale ?
Julien : Oui c’est exactement ça, nous avons évolué au fur et à mesure et suivi notre instinct. Nous avons toujours laissé libre cours à notre inspiration. L’idée est de créer sans se poser trop de questions. Du coup lorsque nous avons changé de guitariste, juste après la période Covid, au moment où nous allions sortir "How ?", Robin nous a rejoint et les compositions ont pris un virage orienté hard rock. Mais tout s’est fait sans contraintes tout à fait naturellement. Nous travaillons notre style ensemble, collégialement.
Cette évolution et variété fait penser à celle de Gary Moore qui d’un heavy blues, hard rock est passé vers la fin de sa carrière à du blues classique, est ce que cet artiste fait partie de vos influences ?
Robin : Non, pas vraiment. Je n’ai pas de grosse influence blues, mes influences guitaristiques me viennent plus du hard rock et du metal.
Les gens se moquent du style
Êtes-vous conscients du risque que vos fans de la première heure ne vous suivent pas lors de cette évolution ? Avez-vous pu mesurer leurs retours ?
Julien : Oui bien sûr, nous avons écouté nos premiers fans. Et il se trouve qu’on a eu que des bons retours. En fait, je pense que les gens se moquent du style. Je crois que ce qui les touche c’est notre fougue, notre énergie et surtout le plaisir que l’on partage lorsqu’on monte sur scène.
Pour la finalisation de ce premier album, vous êtes passés par un financement participatif, avez-vous été surpris par le succès de cette campagne ? Est-ce que cela a ajouté une pression supplémentaire quant au rendu de l’album ?
Julien : Le
crowdfunding a très bien fonctionné : nous avons dépassé nos objectifs. Ce qui montre que nous sommes suivis et qu'il y a des personnes qui croient en notre musique. Donc il était normal que nous attachions une importance à tous nos contributeurs. C’est pourquoi nous avons pris une grande attention à leur envoyer les albums dans les temps prévus, c’est-à-dire en avant-première avant la sortie officielle de l’album.
Rien n’est caché, tout est spontané.
Le titre de l’album annonce d’ailleurs la couleur "Ready For More", prêt pour en avoir plus… vous n’avancez pas cachés ? Ce titre était voulu ?
Kourros : Nous n’allons pas par quatre chemins. Rien n’est caché, tout est spontané. Du coup l'énergie déployée nous est retournée. Quand tout se passe bien, que tu t'épanouis au sein d’un groupe, tu es prêt pour aller plus loin. Le titre “Ready for More” est donc de circonstance.
La pochette vous représente dessinés plutôt qu’en photo. Quelle a été la motivation derrière ce choix ?
Julien : En fait, nous avons fait la rencontre d’une dessinatrice lors d’un concert sur un festival. Cette personne est venue nous voir et nous a pris en photo. Puis je suis allé parler avec elle, et il se trouve que nous avons sympathisé et qu’elle nous a proposé de nous dessiner. Quelque temps après, lorsqu'on a vu les premiers croquis, on a trouvé ça hyper bien. Et on a donc pensé à les utiliser pour la pochette d’album. Elle a donc finalisé les dessins à la main et ceci nous représente parfaitement. Car nous sommes des artisans de la musique et ce travail visuel est aussi un beau travail d’artiste. Cette artiste peintre/dessinatrice se nomme Orphie Du Ligor. Ensuite la pochette a été mise en forme par un graphiste, Olivier Cascarino.
L'album a nécessité un travail minutieux au niveau des arrangements et du mixage pour s'adapter aux différents styles des compositions (d’un heavy blues ‘Game Master’ qui sonne très garage à ‘Rise Above’ et son orientation metal qui sonne plus massif et plus ample), comment avez-vous abordé cet aspect ?
Robin : Les arrangements se sont faits naturellement lors de la composition. Chacun a donné un avis lors de ce processus, notamment Kourros pour laisser la place à son chant. En ce qui concerne le mixage, nous avons fait confiance à Steven Bonh qui était notre ingé son. Il a pu nous guider et même nous faire des propositions d’arrangements pendant le mixage étant musicien lui-même. C’est grâce à lui que l’album sonne éclectique tout en étant cohérent.
Chaque émotion doit être servie par la bonne intention

La chanson "War" présente des éléments proches du rock metal alternatif à la Faith No More, avec un chant puissant et presque growlé. Comment Kourros travaille-t-il cet aspect vocal tout au long de l’album ?
Kourros : J’ai accumulé pas mal d'expériences et traversé différents styles par le passé. Ce qui me permet d'accorder mon style de chant à la musique. Lorsque la musique impose un chant saturé, je sature ma voix. Chaque émotion doit être servie par la bonne intention. Cela vient naturellement donc. J’aime beaucoup de types de chant différents. Je chante tous les jours, ce qui structure mon appareil vocal.
L'ordre des chansons dans l'album semble avoir été pensé pour maintenir une dynamique, avec des morceaux mid tempo placés stratégiquement (‘Hear Me Out’) et à la fin (‘It Feel Like Dawn’ qui semble être un peu à part d’ailleurs), cela est-il totalement conscient ?
Robin : Il est clairement conscient. On a voulu faire un ordre qui nous semble cohérent. Il va crescendo, non pas en termes de puissance mais de changements de style. 'Game Master' étant un titre plus orienté blues dans l’âme, les fans de la première heure ne seront pas dépaysés par les premières notes de l’album, pour les amener gentiment vers 'War'. Il y a eu également des contraintes beaucoup plus terre à terre comme la longueur des faces du vynile. On voulait que ce soit le même ordre sur ce dernier et sur le CD. Nous avons dû prendre ça en compte également.
On aime le côté instinctif et spontané
Les morceaux que vous proposez sont relativement courts, dépassant rarement les 4 minutes et 30 secondes là où vous citez aussi comme inspiration Rage Against The Machine voire Faith No More qui proposent des morceaux un peu plus longs. Qu’est ce qui a guidé ce choix de formats plus ramassés ?
Julien : Encore une fois, on ne s'est pas posé ces questions. On est juste allés vers l’efficacité et la spontanéité. Parfois sur un titre comme 'Hear me out', nous avions décidé d’en réduire un peu les parties. Mais en
live, parfois on les prolonge. On aime le côté instinctif et spontané. On aime jouer avec nos instruments dans le sens où l’on peut se permettre de la liberté. On se connait assez bien pour que cela fonctionne.
Cela n’empêche pas d’avoir des moments instrumentaux intéressants que ce soit dans la rythmique forcément variée, au niveau des riffs et des moments mélodiques (‘For The New Day’ pour ne citer que lui) et de la voix dont on a parlé tout à l’heure, que ressentez-vous si on vous dit que cet album est un vrai album de musiciens et le comprenez-vous ?
Robin : Personnellement, ça me fait plaisir. J’avais une lourde tâche en tant que nouveau guitariste d’un groupe déjà bien implanté. J’avais envie d’être à la hauteur de ce qui avait déjà été fait et quand tu me dis ça je pense l’avoir accompli. On est tous des musiciens avec nos propres expériences et on sait ce qu’on veut et surtout ce qu’on ne veut pas. Ça nous a permis de mixer nos différentes influences pour donner un album qui parle à la fois aux néophytes et aux musiciens.
Vous attachez une grande importance au format vinyle (expliquant peut-être ce format de 39mn pour un album) évoquant une certaine nostalgie bien que ce format revienne en force, cela se voit aussi dans le clip ‘Clip Master’ et dans l’image au format VHS, pourquoi ce choix ?
Julien : Le vinyle est redevenu à la mode, et je t’avoue que l’on aime bien ce format. De plus, cela collait avec l’esprit tableau de notre pochette dessinée. Ainsi l’association du côté vintage et artistique nous va bien. Donc vinyles, mais aussi CD et plateformes numériques.
Riviera Paradise a toujours été et restera un groupe de live !
Dans vos clips, on vous voit principalement jouer sur scène. Est-ce difficile de vous mettre en scène autrement ? Souhaitez-vous ainsi mettre en avant votre identité de groupe de rock authentique ?
Kourros : Riviera Paradise a toujours été et restera un groupe de
live ! C’est ce pour quoi nous sommes fait, et ce que nous voulons montrer. On aime aussi les clips avec acteurs et scénario mais on n’a pas eu encore d’idées assez efficaces pour le mettre en œuvre. Donc à suivre …
Et finalement, qu’attendez-vous de cet album ?
Julien : Nous espérons être entendus par un grand nombre de personnes, toucher un public, qui aimerait venir partager avec nous des moments de live. Notre but est de jouer un maximum, pour le
kiff de faire vivre cette musique qui nous est propre. Nous sommes des musiciens de scène, tu l’as compris. Alors pour avoir accès aux scènes, il nous faut nous faire entendre et que les gens aiment notre musique. Le public et aussi nos amis, les programmateurs de salles, les festivals etc…
On a commencé par la question qu’on vous a trop souvent posée, au contraire, quelle est celle que vous souhaiteriez que je vous pose ou à laquelle vous rêveriez de répondre ?
Kourros : Bonne question (Rires). J'aimerais que tu nous demandes simplement : "Un créneau se libère sur la mainstage du prochain Hellfest, êtes-vous disponibles ?" (Sourires)
C'est tout ce qu'on vous souhaite. Merci !
Riviera Paradise : Merci !
Merci à Calgepo pour sa contribution....
Et merci à Calgepo pour sa contribution...