Nous sommes à Louvain-la-Neuve en ce début de mois de novembre pour assister comme chaque année au
Mass Deathtruction Festival. La sympathique et chaleureuse Ferme du Biéreau nous accueille cette année encore et pour cette 12ème édition, Pedro et ses équipes ont réuni 16 formations en ce samedi pour une journée marathon organisée entre salle principale et salle annexe. Une fois encore l’affiche met à l’honneur toutes les variantes du metal extrême.
Tout démarre sur les coups de midi dans la salle principale avec
Pestifer. Les Belges œuvrent dans un death technique proche d’
Obscura et
Death. On retrouve toute la force du genre servie par un son puissant. Au
growl Jérôme épate, il hurle avec une force énorme et penche même vers le
grind. Le rythme est intense, le groupe joue vite et bien. La technique impressionne, Valéry et Poncho balancent des riffs ébouriffants mais sans tomber dans un excès démonstratif, remuant une foule motivée sous le charme de titres percutants.
Pestifer a montré qu’il était un très bon représentant de la scène death technique.
La salle annexe démarre avec
Raum. Originaire de Belgique, cette jeune formation joue dans un black metal teinté post. L’intro lugubre donne le ton puis le groupe fait parler la puissance avec force. Le rythme est énorme et prend à la gorge un public attentif. Au-delà du côté haineux qui tabasse, le groupe propose aussi un côté glacial donnant l’impression de sombrer dans les ténèbres de l’âme humaine. Derrière le mix entre férocité et facette épique est remarquable. Avec un concert hargneux, puissant et dégageant un côté sombre attirant,
Raum a montré de belles dispositions. Il semble bien parti pour devenir un des fers de lance d’une scène très vivante.
Dans la salle principale l’ambiance est bouillante. Il faut dire que
Crisix est déjà là pour balancer une dose de thrash teinté mosh. L’entame musclée provoque des pogos d’entrée. Le rythme rapide et la voix aiguisée de Julian impressionnent. Ce jus de thrash parfaitement joué est musclé. La suite est aussi remuante, le groupe est en forme et balance une charge en bonne et due forme. Julian chante à toute vitesse avec un côté barge fun. Il apprécie l’accueil et salue la foule avec sympathie. ‘Leech Breeder’, ‘Great Metal Moterfucker’ et ‘Full HD’ cartonnent portées par des refrains énormes et de soli intenses. Un
wall of death se lance dans une belle ambiance. Chanté par un des guitaristes, le medley avec ‘Hit Th Lights’, ‘Walk’ et ‘Antisocial’ en français met le feu. Puis ‘Ultra Thrash’ achève une prestation dynamique. Les Espagnols ont confirmé leur talent et auraient mérité une place plus haut sur l’affiche.
Avec les Français de
Hats Barn, le ton se fait plus noir. Les musiciens en imposent avec leur maquillage, et la scène est agencée pour une parfaite cérémonie black pure et dure. L’intro flippante est vite balayée par un son venu des enfers. Le rythme est sauvage tout comme la haine balancée par un Psycho possédé. Tout cela tabasse avec énergie et écrase le public. Le côté
true black prend aux tripes avec intensité. Un interlude glacial permet de souffler un peu. Puis la raclée reprend avec un côté impressionnant de férocité.
Hats Barn était en mode méchant, il a donné un concert en forme de déclaration de guerre black.
Avec
Enforcer le festival accueille un autre gros morceau. Les Suédois proposent un heavy speed à l’ancienne et après ‘Diamonds And Rust’ en intro ils envoient la sauce avec ‘Destroyer’. Rythmé et porté par un chant ultra aigu, le titre est une claque dotée d’un solo de feu. L’accueil est royal et avec ‘Undying Evil’, ‘From Beyond’ et ‘Coming Alive’ on retrouve de pures tueries. Portés par des refrains énormes et des soli de feu les titres cartonnent dans l’esprit de
Judas Priest et
Iron Maiden. Olof dégage un charisme énorme et remue la foule. Plus épique ‘Zenith Of The Black Sun’ mixe côté speed et accrocheur. Pure power ballade, ‘Nostalgia’ est épique, portée par un refrain énorme et le chant puissant d'Olof. Le speed est de retour avec ‘Mesmerized By Fire’, ‘Live For The Night’ et ‘Take Me Out Of This Nightmare’, mettant le feu à un public ravi. Le rappel avec ‘Midnight Vice’ est savoureux et teinté de touches speed à l’ancienne.
Enforcer a été énorme avec une prestation heavy de haute volée. Lui aussi aurait pu être plus haut sur l’affiche.
Avec
Abduction le black reprend le pouvoir. Les Anglais ne vont pas faire de quartier. Portés par A|V, leur maître de cérémonie masqué, qui dégage un côté glacial le groupe balance un black hargneux. Le son est énorme et de la batterie au chant en passant par les riffs tout va très vite. Le rythme infernal colle au mur, A|V hurle comme un damné avec un côté écorché flippant. Ce pur jus de black ravit les amateurs, ici la férocité est reine et nul espoir ou mélodie ne ressortent. Tout le concert est cru et bestial et prend à la gorge. Avec cette prestation
Abduction a marqué les esprits en donnant pure leçon de haine en impressionnant représentant d’un black metal pur et dur.
Le ton reste black et occulte avec
Asagrum, quatuor féminin venant des Pays-Bas et de Finlande. L’entame est méchante, proche de Marduk. Le chant haineux est impressionnant, tout transpire la haine et le rythme rapide fait effet. Le côté bestial ressort de même qu’une force épique glaciale qui envahit la salle. Jamais le rythme ne va baisser, les titres s’enchaînant sans laisser le temps de souffler. Ce concert hargneux est impressionnant avec un côté nihiliste. L’ambiance est moins chaude bien sûr que lors des prestations brillantes précédentes, le côté redondant pouvant lasser. Et on se dit que le groupe aurait été plus à sa place en salle annexe. Malgré cela
Asagrum réussit à convaincre grâce à son implacable méchanceté.
Dans la salle annexe, le black reste le maître avec
Ante-Inferno, originaire de Grande-Bretagne. Le ton est intense d’entrée. C’est une leçon de brutalité qui s’abat sur le public avec un côté froid et violent. Le chant abyssal prend à la gorge et cette déclaration de guerre tape juste. Au-delà de la violence, le groupe a la bonne idée de proposer des passages calmes et épiques qui glacent le sang et permettent souffler. Cela donne un concert violent et intense mais captivant, qui entraîne vers un monde froid et sombre.
Ante-Inferno a proposé un set intelligent. Il s’est montre comme un exemplaire soldat de la cause black metal avec le petit plus qui fait la différence.
Après la trilogie des enfers, le ton revient au death avec les Suédois de
Demonical. L’intro empruntée à Helix fait effet puis avec ‘Toward Greater Gods’ le groupe attaque fort. On retrouve un son death lourd pas loin de
Bloodbath ou
Suffocation, avec un growl abyssal et un côté hargneux écrasant. La suite est dense et intense. ‘We Conquer The Trone’, ‘Into Victory’ et ‘Aeons Of Death’ sont des tartes de death
old school portées par un chant caverneux délicieux. Après un speech sympa sur l’accueil la suite est aussi brute. ‘The Order’, ‘Fallen Moutain’ et ‘Wrathspawn’ défoncent en forme de tarte death. Le final est énorme, ‘Unfold The Darkness’ et ‘Välkommen Undergang’ ravissent avec un chant guttural purement suédois. La reprise des Ramones, ‘Somebody Put Something In My Dring’, est appréciée avec un côté punk passé à la moulinette thrash.
Demonical a proposé un concert en forme de célébration d’un son thrash percutant.
Before The Dawn arrive de Finlande et pratique un death mélodique. Dans ses rangs on retrouve Tuomas de Wolfheart qui jouera plus tard. L’entame sur ‘Unbreakable’ est efficace, le son n’est pas parfait mais s’améliore rapidement. Le growl se fait bien entendre tandis que l’on apprécie une bonne force mélancolique. ‘My Darkness’ confirme la bonne impression avec le même équilibre entre force et mélodie. Le chant clair est bien géré et l’accueil est bon. ‘Faithless’, ‘Dying Sun’ et ‘Downhearted’ sont de bonnes claques de death mélodique, chant clair et
growl amenant un bon équilibre des forces. Le public apprécie et avec ‘Chains’ et ‘Wrath’ le groupe balance de bonnes tartes portées par des refrains accrocheurs. Le final avec ‘Deathstar’ et ‘Deadsong’ est plaisant avec un bon équilibre des chants et une bonne puissance en action.
Before The Dawn a proposé un solide concert taillé dans le meilleur d’un son death mélodique.
Groupe culte par excellence,
Whiplash ramène dans les années 80 à la naissance du thrash. La formation américaine n’a pas eu une carrière aussi brillante que ses collègues d’
Overkill,
Hirax ou
Exodus mais elle garde une bonne armada de fans. Portée par Tony Partaro, dernier membre originel présent, elle va cartonner d’entrée avec ‘Last Man Alive’. La voix éraillée de Tony est solide et le rythme rapide fait effet. Derrière, les tueries s’enchaînent. ‘Killing On Monroe Street’, ‘Spit On Your Grave’ puis ‘Insult To Injury’, ‘Sword Meet Skull, Skull Meet Sword’ et ‘Walk The Plank’ décapent. Le son est cru dans un esprit vieux thrash, les soli sont rapides et le côté direct avec des refrains fédérateurs déclenchent des pogos. L’accueil est royal, Tony est acclamé par la foule. ‘Stage Dive’ est une secousse de thrash à l’ancienne. ‘Nailed To The Cross’, ‘The Burning Of Atlanta’ et ‘Power Thrashing Death’ achèvent tout le monde avec la même énergie brute et des des soli de feu.
Whiplash a donné un concert convaincant, son énergie était communicative. Il a fait des heureux dans la fosse en laissant en nage plus d’un festivalier.
Avec
Brutal Sphincter, la délicatesse est de mise dans la salle annexe. Auteurs d’un gore grind déjanté et dotés d’un humour décalé, les Belges blindent la salle. L’entame ne fait pas dans la dentelle, le son est cru et le rythme rapide. Ça joue vite mais bien, les musiciens ne font pas n’importe quoi et se plaisent à assommer un public ravi de la fête. Un circle pit se lance même malgré l’étroitesse des lieux. Les titres s’enchaînent à toute vitesse. Parmi eux on citera les délicats ‘Marc Dutroux National Hero’, ‘Autistic Meltdown’, ‘Anders Breivik Utoya Party’, ‘Infibulation Championship’ ou ‘The Art Of Squirting’, tous exemplaires représentants d’un grind débile et caustique qui demande une bonne dose de second degré.
Brutal Sphincter a fait honneur à son statut. Il a donné un concert gras et cinglé et a usé un public totalement dingue.
Wolfheart est un solide client en matière de death mélodique. D’entrée les Finlandais attaquent fort avec ‘Skyforger’. Porté par une intro au piano le titre est une longue perle puissante et mélancolique qui marie les ambiances avec grâce. Le chant clair de Tuomas est remarquable, contrastant avec le growl porté par Vagelis. Après ce moment hors du temps ‘Ghost Of Karelia’ et ‘Zero Gravity’ sont d'appréciables moments de death mélodique. Vagelis remue la foule , puis ‘Knell’ se fait séduisante avec un chant clair à donner le frisson. Le côté death ressort avec ‘Boneyard’, ‘Routa Pt.2’ et ‘The King’. Le travail sur les riffs et soli est efficace avec une bonne puissance. Au milieu de la furie on apprécie de bons passages mélancoliques portés par la voix claire. Le final est royal : ‘Strength And Vandor et ‘Aeon Of Cold’ confirment la qualité du groupe pour tabasser tout en proposant des passages mélodiques pleins de tristesse. Vagelis remercie la foule et évoque le grand moment qu’est cette première tournée pour le groupe. ‘The Hammer’ cartonne avec un côté death appuyé.
Wolfheart a proposé un concert intense accrocheur, sensible et costaud. En matière de death mélodique il a montré qu’il était une valeur sûre.
Avec
Coffin Feeder on retrouve une formation récente construite autour de membres de
Leng Tch’e,
Aborted ou
Fleddy Melculy. Ce petit monde se fait plaisir en proposant un deathcore inspiré par les tueurs en série et les films d’action. Après une intro SF sympa le groupe lance la baston. Le son est énorme, Sven hurle avec énergie et tout cela dépote. La suite est virulente dans le pur esprit du genre. L’ambiance est bouillante, Sven remuant un public en mode pogos et circle pit. Au centre de l’action un titre comme ‘Toolbox’ aura fait effet. Le mix moderne dégagé est intense avec une batterie en fusion et des riffs brûlants.
Coffin Feeder a montré que le deathcore pouvait être redoutable de puissance. Le groupe a fait effet et confirmé une rapide montée en puissance.
La tête d’affiche fête 40 ans au service du thrash. Porté par l’indestructible Schmier,
Destruction est une légende qui garde une forme olympique. La salle est remplie mais moins qu’en début de journée, ce qui est un peu dommage. Après une intro en forme de préparation à la tempête ‘Curse The Gods’ fait mal. Le titre très rapide est une tarte thrash portée par un Schmier charismatique et au chant aiguisé puissant. Ses coéquipiers sont impressionnants, distillant riffs et soli de haute volée. ‘Death Trap’ est encore plus speed et les pogos se lancent avec énergie. L’ambiance est chaude, Schmier est en grande forme et impressionne sur un ‘Nailed To The Cross’ porté par un refrain énorme. Schmier évoque les 40 ans, ensuite l’antique ‘Mad Butcher’ se fait sauvage en mode thrash pur et dur.
Bavard, Schmier se souvient de la venue de
Destruction en Belgique en 1985 et derrière le ton ne faiblit pas avec un ‘Life Without Sens’ explosif. La force d’impact du chant est énorme et niveau instrumental le tout épate avec une vitesse d’exécution hallucinante. La suite est percutante, ‘Release From Agony’, ‘Antichrist’ et ‘Thrash Attack’ ne font pas de quartier, dans une sauvage et intense célébration thrash. La fusion dans les premiers rangs est totale avec de bons
circle pits. Le solo de guitare qui suit fait effet en mode détendu avec une bonne communication avec la foule. Tiré des débuts, ‘Eternal Ban’ dépouille avec un ton féroce. La tronçonneuse annonce le classique ‘The Butcher Strikes Back’. Toujours aussi intense le titre fait un carton porté par un Schmier incisif. Après un court solo de batterie et un speech sympa ‘Bestial Invasion’ dévaste tout en mode thrash d’une rare brutalité.
Destruction se retire mais revient rapidement, un cri de guerre se fait entendre et ‘Diabolical’ arrive. Porté par un refrain énorme le titre est une tarte thrash. Dans un esprit
old school ‘Total Disaster’ montre que son nom est mérité et met le feu, porté par un rythme énorme. Le classique ‘Thrash ‘Til Death’ cartonne avec son refrain coup de poing en forme d’hymne total. L’anniversaire a été fêté dignement. Destruction a montré une forme olympique et balancé un concert fabuleux en forme de parfaite anthologie thrash.
Mais la journée n’est pas finie. La nuit est là et les derniers résistants ont rendez-vous dans la salle annexe pour un
after avec
Stillbirth. Les Allemands œuvrent dans un deathcore brutal et auraient sans doute mérité de jouer devant plus de monde. Mais cela ne va pas les atteindre. D’entrée ils cognent avec énergie. Lukas hurle avec intensité et le rythme est féroce. La suite sera aussi sauvage, le mix deathcore grind faisant des ravages. Les hurlements de damné impressionnent et le côté sauvage ne fait pas de quartier. L’
after a été savoureux,
Stillbirth a proposé un concert dégageant une énergie phénoménale.
Ceci achève une journée bien remplie. Une fois encore, le
Mass Deathtruction Festival a été une réussite avec son lot de concerts mémorables. Il reste à remercier chaleureusement Pedro pour sa ténacité et son travail constant au service de la cause métallique. Et nous lui donnons rendez-vous pour bien d’autres éditions de cette qualité.