Après une journée de samedi très réussie et ensoleillée, le dimanche s’annonce particulièrement fertile en découvertes et en confirmations, avec la présence une fois encore de gros noms de la scène métallique internationale et ceci dans un riche mélange des styles. Le festival redémarre assez tôt, peu après midi et après quelques averses qui avaient pu laisser craindre un dimanche pluvieux. Il n’en sera bien heureusement rien, la pluie ayant décidé de bouder pour le reste de la journée pour le plus grand plaisir des festivaliers.
C’est cette fois la scène principale qui se lance en première avec Veloce Hystoria. Le groupe, originaire de Bourges, va bien prendre sa chance malgré un public encore peu nombreux. Son heavy métal à tendances progressives prend bien. Le tout est puissant et efficace et au chant, Andre Fuciarelli propose une belle prestation, à la fois épique et mélodique. Les extraits de leur premier album, "Shining And Majestic" passent en tout cas très bien le cap de la scène où l'on sent clairement que le groupe est déjà bien à l’aise.
Avec Until The Last , la scène découverte se lance avec ce jeune groupe local qui a juste un EP à son actif. Son hardcore prend bien auprès du public. Le tout est assez classique dans le genre, mais le côté pop et quelques voix claires contrebalancent efficacement des passages nettement plus violents. Le tout est une bonne petite découverte pour les amateurs du genre.
Whyzdom enchaîne, et malgré la défection de leur chanteuse, les Français assurent quand même leur concert grâce à Lisa Middlehauve, ex chanteuse de Xandria. Et la sauce prend bien, le métal symphonique du groupe est classique mais la présence de Lisa au chant, soutenue par de nombreux fans de Xandria très motivés, est un plus certain pour le groupe tant celle-ci chante parfaitement dans un style lyrique mais pas pompeux. De fait les titres de "From The Brink Of Infinity" font leur effet sans soucis dans un style proche de Nightwish, et leur combo se taille un beau petit succès auprès d’un public qui commence à être un peu plus nombreux.
Avec Crackmind, nous retrouvons encore un groupe français. D’ailleurs, il faut saluer les organisateurs pour avoir très bien mis en valeur la très riche scène hexagonale. Ces derniers nous proposent un bon mixe de hard rock et de métal bien dans la tradition du genre. Et la formation, déjà très à l’aise sur scène et très professionnelle, est une bien belle découverte pour les amoureux d’un genre inusable.
Ensuite avec Bloody Mary place au fun et à un hard rock frais et sans prise de tête. Les Nancéens qui ont sorti un excellent "We Rock You Suck" en 2009 donnent un très bon concert qui lance complètement ce deuxième jour. Leur musique, patchwork d’Aerosmith, Tesla ou Ratt est en effet taillée pour la scène. Pierre Forgetton, avec son look à la David Lee Roth, met le feu au chant et à la guitare et s’avère être un frontman de tout premier ordre. Nous noterons que le groupe va bientôt rentrer en studio pour un album très attendu et dont il a nous fait découvrir deux titres en avant première dont l’excellent "Lies".
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Après cette belle claque, nous retrouvons avec plaisir Incry déjà entendu la veille et qui confirme complètement tout le bien que l’on avait pensé de lui. Son rock métal fait de nouveau largement son effet et la reprise du "Amerika" de Rammstein parachève un très bon concert d’un groupe qui devrait faire beaucoup parler de lui avec son nouvel album prévu pour la fin de l’année.
Heaven’s Basement arrive précédé d’une certaine réputation. Le très jeune groupe anglais, qui a juste un EP à son actif, a en effet été plébiscité par Kerrang et Metal Hammer. Malgré tout, leur hard rock mélodique, assez moderne et émo, est fort classique. Les musiciens, assez poseurs, sont très motivés et finalement le tout passe assez bien, mais le groupe devra savoir progresser et se créer une personnalité affirmée s'il veut franchir des paliers dans le genre.
Lost Soul enchaîne directement et nous propose un métal progressif de qualité. bien chanté et interprété, dans la pure tradition du genre. De quoi ravir les amateurs et autres fans de Dream Theater ou Symphony X.
Karelia doit au festival une petite revanche depuis l’année dernière et leur concert interrompu pour soucis techniques après un seul morceau. Et les Alsaciens vont prendre leur chance avec culot. Leur musique, mixe entre indus, électro et métal surprend un peu et divise pas mal entre les amateurs et les réfractaires. Mais force est de reconnaître au groupe une belle efficacité, en partie grâce à Matt, chanteur motivé et n’hésitant pas à s’adresser au public avec hargne à plusieurs reprises. Et au final Karelia réussit son pari et fait plaisir à ses fans en attendant de réussir à convaincre un plus large public.
Avec Glowsun, nous retrouvons avec plaisir des Lillois qui font leur trou petit à petit à force de concerts et bonnes chroniques."The Sundering" a par exemple été album du mois dans le magazine Rock Hard. Leur stoner désert rock est largement convaincant sur scène, dans l’esprit d’un Kyuss ou de Karma To Burn. Les Nordistes envoûtent littéralement le public avec une musique puissante et intense, bien souvent instrumentale et parfaitement dans les canons du genre. Le groupe est clairement un bel espoir et on ne peut que lui souhaiter de se faire largement connaître.
Avec Freedom Call, la scène principale attaque les choses très sérieuses en ce début de soirée. Les Allemands, toujours emmenés de main de maître par le chanteur Chris Bay, mais sans Dan Zimmermann, qui se consacre à Gamma Ray, viennent présenter leur très bon dernier album, "Legend Of A Shadowking", accompagné par quelques-uns uns de leurs meilleurs titres. Le heavy métal festif, frais et joyeux du groupe prend parfaitement auprès du public. Certes le groupe peut sembler gentillet à la frange dure des amateurs de heavy métal, mais des chansons comme "Metal Invasion", "Freedom Call", "We Are One", "God Of Thunder" ou "Flying High" sont immédiates et donnent une pêche d’enfer, faisant oublier tous les soucis du quotidien en nous amenant dans l’univers fantasy du groupe qui aura donné au final un des très bons concerts du week-end.
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Il revient à Wildpath l’honneur de clôturer la scène découverte et c' est effectivement une découverte de premier choix tant il donne un excellent concert. Son métal symphonique est frais, épique et puissant. Les musiciens assurent parfaitement dans un style assez speed et au chant, Marjolaine excelle avec une voix à la fois douce et puissante. On sent de plus que ce jeune groupe a déjà pas mal d’expérience et le tout est idéal pour finir en beauté avec une scène découverte toujours aussi riche et intéressante.
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Avec Die Apokalyptischen Reiter, nous retrouvons un groupe qui avait tout dévasté sur son passage au même endroit en 2008 avec son heavy métal teinté de thrash, de death et de folk dansant et visuellement impressionnant. Logiquement le groupe est plus haut sur l’affiche et dispose d’un temps de jeu assez long. Il va se montrer encore très convaincant malgré un effet de surprise cette fois absent. Au clavier, Dr Pest nous sort son show sado-maso habituel avec fouet, menottes et tenue en cuir de circonstance, tandis que Fuchs au chant se présente comme le véritable maître de cérémonie, dégageant un charisme énorme et une bonne humeur évidente. La mayonnaise prend aisément, même si le public répond un peu moins présent, mais des titres comme "Revolution" et son aspect hispanisant, "Adrenalin" et son côté martial à la Rammstein, ou "Es Wird Schlimmer" sont de grands moments. De plus, le formidable tube "We Will Never Die" s’impose comme un grand moment du concert avec son début acoustique, ses aspects folk et heavy qui s’entremêlent très bien, tout comme c’est le cas de "Seemann" avec ses airs de violons, ses couplets heavy et son refrain calme sur lesquels Fuchs danse avec une jeune femme du public en chantant à la manière d’un crooner. DAR comme il est plus facilement appelé a donc encore réussi son pari avec ce concert plus que sympathique. Souhaitons-lui à présent de rencontrer un plus large succès chez nous, car il le mérite amplement.
La tête d’affiche de ce dimanche bien rempli arrive ensuite après un long moment d’attente et de mise en place des instruments. Les Suisses de Krokus, à l’image de Uriah Heep, sont assez rares en France, et les voir est également une chance et un plaisir certain. De plus, le groupe a retrouvé son line-up de sa grande époque du début des années 80 et se présente avec un "Hoodoo" récemment sorti et de très grande qualité. Son hard rock proche de AC/DC est puissant et efficace. Storace, malgré les années a gardé toute sa gouaille et sa rage au chant, et même si le public a un peu déserté les lieux et que certains ne semblent voir en Krokus qu’une copie de son glorieux modèle australien, les quelques amateurs et connaisseurs présents ont largement savouré une belle prestation qui sent la sueur et le bon vieux hard rock à l’ancienne. Des morceaux comme "Long Stick Goes Boom" ou "Fire" sont en tout cas d’excellente facture, tout comme les extraits de "Hoodoo", et au final nous passons un très bon moment en cette belle fin de soirée de festival.
Ce bon concert achève une nouvelle belle édition du Raismes Fest qui a de nouveau été une belle réussite en dépit d'un public qui aurait pu être plus présent. Malgré tout, le festival reste une valeur sure en France avec son cadre sympathique et à taille humaine, et ses bénévoles efficaces.
J’en profite pour saluer les nombreux stands de merchandising et de disques présents sur le site qui ont aussi contribué à la bonne marche du week-end, et l’organisation qui nous permet de suivre les groupes dans de très bonnes conditions.
Plus d'informations sur http://krokusonline.seven49.net/