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TITRE:

BRKN LOVE (13 JUIN 2022)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

ROCK



Retour sur une interview perdue mais retrouvée à l'occasion de la sortie de "The Program"
STRUCK - 20.06.2025 -
4 photo(s) - (0) commentaire(s)

Au moment où BRKN LOVE revient avec son nouvel album "The Program", nous avons remis la main sur l'interview de Justin Benlolo -leader et maître à penser du groupe...





Quelle est la question qu’on t’a trop souvent posée et à laquelle tu aurais marre de répondre ?

Justin Benlolo : "Quelles sont tes inspirations ?" (Rires)


Et on ne te la posera pas…

Merci (Sourire) !


Le premier album de BRKN Love est sorti hélas en pleine pandémie et n’a pas pu être promu comme il se devait, comment toi et le groupe avez-vous vécu cette frustration ?

Eh bien, au début j’étais dégoûté, nous venions de sortir l’album et nous allions commencer notre tournée, nous étions au Canada et trois semaines plus tard : confinement !
Au début, je me disais que ça faisait chier mais on ne pouvait rien y faire et que ça durerait deux ou trois mois… En clair, ça ne m’a pas vraiment affecté les deux ou trois premiers mois mais par la suite, ça a duré nettement plus longtemps que je le pensais et comment prédire une telle chose : on n’avait jamais vécu quelque chose comme ça par le passé et j'espère qu’on ne revivra plus…


Je ne veux pas être oiseau de mauvais augure mais on ne sait pas ce que nous réserve l’avenir…

Tu as raison : on ne sait pas mais jusqu’à présent, nous avons eu la chance d’être sur la route depuis un an aux Etats-Unis qui resteront toujours ouverts (Rires) : les salles ont rapidement réouvert mais c’est le business (Rires) !
Mais à l’époque, je me disais que nous ne pourrions jamais tourner… Même si nous avons un peu tourné l’an dernier, c’était avec des chansons qui dataient… C’étaient des vieilles nouveautés en quelque sorte mais c’était dur à vivre parce que cet album représentait beaucoup de travail -ce sont des chansons que j’ai écrites et que j’ai cultivées pendant des années- et c’était un peu comme si on jetait ce travail…


Pour autant l’album et le groupe n’est pas passé inaperçu : plus de 350 000 écoutes par mois sur Spotify (avec des pointes à plus de 500 000), le titre ‘Shot Down’ a atteint la 15ème place des charts US (Active Rock) et la 5ème place aux charts canadiens. On suppose qu’il y a un mélange de fierté d’avoir atteint ces places sans trop de promo et de frustration de ne pas avoir pu aller plus loin ?

Peut-être… le Canada a toujours été bienveillant avec nous parce que je suis canadien et les canadiens prennent soin les uns des autres…


Je veux qu’on parle de bienveillance mais si vous avez atteint des places si honorifiques, c’est surtout que votre musique est bonne…

C’est vraiment sympa de me dire ça (Sourire) ! Mais désormais, je suis très excité de savoir ce qu’il va se passer sachant qu’il semblerait que jusqu’à présent, tous les voyants sont au vert… On verra ce qu’il va se passer !


Pour ces raisons, estimes-tu que ce nouvel album "Black Box" -constitué de deux EPs- est le vrai départ de BRKN Love ?

A mon sens, "Black Box" est l’album de la rédemption… et ce sera le vrai test qui nous permettra de voir…


Je n’ai plus eu envie de jouer de la musique pendant un certain temps : j’ai arrêté pendant des mois !




Ça doit d’autant plus te faire enrager car ce test était promis à ce premier album éponyme qui avait toutes les qualités pour relever le défi…

Oh merci, merci beaucoup parce que cet album est un peu comme mon bébé, tu sais ! J’étais frustré, dégouté… et je n’ai plus eu envie de jouer de la musique pendant un certain temps : j’ai arrêté pendant des mois !


Au point de laisser tomber le groupe pour de bon ?

Honnêtement, pendant quelques mois, quand j’étais chez moi, je ne prenais plus ma guitare, je ne chantais plus… je restais affalé sur mon canapé à boire des bières et regarder des films ou jouer aux jeux vidéo : c’était du gâchis !


Et quel a été le déclic qui t’as redonné goût à jouer de nouveau ?

A un moment donné, c’était ridicule ! Je détestais ce que j’étais en train de devenir. J’étais une épave qui ne prenais pas soin de moi : je ne mangeais pas équilibré, je dormais trop, je ne faisais rien…


Ça a été vraiment compliqué d’écrire des textes parce que rien ne se passait dans ma vie !




... comme la majorité de la planète qui était en dépression…

… et je buvais énormément ! Et je me souviens qu’un jour, je me suis réveillé en me disant qu’il fallait que je pense autrement : ça ne pouvait plus durer ainsi. J’ai recommencé à travailler la musique et les choses commençaient à se calmer notamment au Canada, les gens commençaient à se faire vacciner… les choses commençaient à changer, même si à l’époque on ne savait pas trop où on allait, mais il le fallait parce que nous commencions à devenir tous un peu fous…
J’ai donc recommencé à travailler la musique en me disant que si tout allait bien, nous allions reprendre la route et je n’aurais pas le temps de le faire…
Mais la difficulté a été d’écrire des paroles alors que tout était encore fermé : je ne pouvais pas me servir de mes expériences pour les retranscrire en paroles… Ça a été vraiment compliqué d’écrire des textes parce que rien ne se passait dans ma vie !
Mais j’ai réalisé que si rien ne se passait dans ma vie, c’était finalement une sorte de conflit interne dont je pouvais parler !


Une écriture plus cathartique que jamais…

Exactement !


Tu l’as évoqué en partie, vous avez fait une tournée en ouverture de Badflower, comment s’est passé ce retour sur scène après cette longue interruption ?

Nous tournions depuis un certain moment, ce n’était pas notre première tournée mais cette dernière tournée a été la meilleure que nous avons pu faire… parce que Badflower est vraiment un super groupe et leurs fans sont géniaux, tous les concerts étaient à guichets fermés, les fans étaient fous, ils sautaient les uns sur les autres… C’est la première que nous faisions une tournée comme celle-ci en Amérique parce que sans vouloir dire du mal, généralement, le public est un peu rigide et se lâche rarement alors que je sais que le public européen est dément ! Nous n’avons jamais encore joué en Europe…


… mais avec un peu de chance, très prochainement !

Je l’espère vraiment parce que tous les groupes de rock que j’ai croisés m’ont dit que le public ici est incroyable !


Votre premier album était très live tandis que le son de "Black Box" semble plus ample, était-ce un vrai choix délibéré ?

Clairement ! Notre premier album a été enregistré dans les conditions du live. Pour "Black Box", même si les batteries sont live, j’ai programmé les batteries en premier puis j’ai joué les parties de guitares. Quand les guitares étaient terminées, j’ai joué les parties de basse et ensuite, j’ai fait les chants… et enfin, on a refait les "vraies" batteries avec les musiciens… C’est une approche vraiment différente de celle habituelle, je n’avais jamais enregistré de cette façon…


Et maintenant que tu as expérimenté ces deux approches, quelle est celle que tu choisiras pour le prochain album ?

C’est difficile de répondre…


Un mélange des deux ?

Probablement, parce que quand tu composes sur ordinateur, ça te donne une certaine liberté pour revenir et changer… alors que quand on joue tous ensemble, tout sort de façon viscérale, "vraie" et quand c’est en boîte, c’est terminé… mais c’est souvent les meilleurs moments des albums qu’on adore, comme cette fragilité de la voix de Robert Plant sur un passage ou quand Eddy Van Halen foire ce riff… mais c’est ce qui rend ces morceaux si géniaux !
La prochaine fois, on fera probablement un mélange de ces deux approches parce que j’adorerais à nouveau faire quelque chose de "vrai"…


L’ensemble de vos titres vont à l’essentiel (ils font moins de 4 minutes), c’est un choix assumé de transmettre et se bâtir sur cette énergie ?

Ouais ! Les chansons de plus de 3 minutes et 30 secondes m’ennuient !


Tu n’as donc rien d’un artiste de progressif qu’on a l’habitude de promouvoir…

Ce n’est clairement pas notre cas ! Malgré tout j’aime le metal ou le rock progressif mais il faut que je sois dans une humeur particulière parce que j’aime avant tout les chansons accrocheuses !
Je mets délibérément ce paramètre au centre et ça permet d’ouvrir des opportunités sur scène : tu peux ajouter des mesures sur un riff, jouer un solo de guitare ou de batterie à un autre moment...  Tout est fait en sorte pour qu’on puisse laisser les choses se faire naturellement sur scène. Et il faut également que ce soit simple pour que le public puisse comprendre et jouer notre musique. Tous les musiciens du groupe sont de super musiciens, je dirais que je suis le moins doué d’entre nous (sourire) : mes musiciens sont très, très bons ! Nous avons tous des fondations très techniques et nous pourrions nous aventurer sur des passages plus techniques si nous ne voulions…


J’aime les choses simples !




… mais ce n’est pas la musique que tu souhaites jouer…

Exactement ! J’aime les choses simples !


Ta voix est très puissante, agressive parfois. Comment travailles-tu ta voix, comment tu en prends soin ?

J’avais l’habitude de fumer et je ne fume plus… Je ne devrais pas le dire mais je fumais également de l’herbe -je viens du Canada où c’est légal (Rires)- mais je n’en fume plus non plus.
J’exerce ma voix depuis très longtemps, je travaille avec un coach vocal depuis dix ans, c’est très important et en particulier dans le rock qui fait appel à une voix agressive : il faut vraiment prendre soin de sa voix. La voix ne restera pas telle quelle si tu n’en prends pas soin, c’est un peu jouer de la guitare ou du piano, il faut également s’exercer, notamment pour que les doigts restent souples.
Ta voix peut se détériorer très facilement si tu n’y prends pas soin… : j’en suis très conscient depuis très jeune, je m’échauffe avant de chanter et je fais également attention après… Je fais très attention !


BRKN Love représente un croisement entre Royal Blood et Led Zeppelin voire Dramagods notamment le morceau final ‘Spell’, à savoir une musique efficace qui sonne relativement vintage malgré tout, es-tu d’accord avec ce constat ?

Je suis d’accord avec toi et j’aime beaucoup les comparaisons que tu cites, j’apprécie beaucoup parce que ce sont des groupes que j’adore… Mais les chansons que je compose ne sont pas forcées, elles sortent naturellement ainsi : elles sont "vraies" !


Et travailles-tu à faire en sorte d’avoir ta propre signature au milieu de ces influences ?

Hum, je ne sais pas trop… En fait, je dirais que finalement tu produis ce que tu écoutes : si tu écoutes tel ou tel album à un moment donné, ça va t’influencer par la force des choses, ces influences vont montrer leur tête… C’est clair que ça va s’entendre mais je ne pense pas à ça, si c’est le cas, c’est cool mais c’est comme ça…


On ne va pas réinventer la roue : notre musique reste du rock’n’roll !



Dans le prolongement de la question précédente, ‘Like A Drug’ est le premier single que vous avez choisi. Il montre que vous avez franchi un palier dans la personnalité du groupe. C’était une volonté pour vous de vous affirmer et de vous émanciper de vos influences ?

C’est compliqué de répondre… Pour être honnête, il faut que nous fassions très attention quand nous arrivons avec une nouvelle composition, je me demande si nous proposons quelque chose d’autre… Je suis très conscient de tout ça et je très attentif à ça. Parfois, tu proposes une composition, tu ne sais pas d’où elle vient tu joues un riff et d’un coup, tu te dis que ça pourrait être la base d’une chanson : c’est toujours comme ça que ça se passe mais finalement, qu’est-ce qui nous différencie des autres groupes, le groupe et sa façon de jouer, ma voix… parce qu’on parle de rock’n’roll, on ne va pas réinventer la roue : notre musique reste du rock’n’roll !


Votre musique est basée sur des riffs très efficaces (‘Fever Dream’), selon toi, qu’est-ce qu’un bon riff ?

J’aime les trucs gras, des trucs lents et groovy… J’aime également les riffs simples joués sur une corde… Bien évidemment, les trucs compliqués sont également cool et j’adore les guitaristes metal qui officient dans ce registre mais j’aime vraiment les trucs bien gras et lourds comme ceux de Tommy Iommi qui te prennent aux tripes… J’adore les riffs lents, fuzz et groovy…


Avec autant d’énergie déployée, ne crains-tu pas ceux qui vous pourraient vous reprocher un manque de contrastes ?

Un manque de contrastes ? Hum, je n’ai jamais pensé à ça, pour être honnête, je ne suis pas allé aussi loin…
Par exemple, je voulais mettre une ballade sur cet album mais je ne suis pas arrivé à écrire la chanson qui allait… Pour être franc, je pense que c’est plus simple d’écrire une chanson rock’n’roll qu’une ballade sentimentale parce que tu peux très rapidement sonner mielleux… Je voulais donc vraiment mettre une ballade mais je n’y suis pas arrivé et pour tout te dire, je continue de travailler dessus (Rires) !


Ce sera pour le prochain album… A tire personnel, tu as été choisi par Desmond Child pour le Desmond Child Live -tu as repris ‘I Was Made for Loving You’ de Kiss notamment- comment as-tu reçu ce choix et que retiens-tu de cette expérience pour toi et le groupe ?

Je l’ai rencontré il y a plusieurs années quand je vivais à Los Angeles. Il aimait ma musique, il aimait ma voix… et rapidement, il m’a demandé de faire certains trucs…


Ça doit être une sacrée fierté ?

C’est incroyable ! Je me souviens d’avoir grandi avec Kiss, Bon Jovi, Aerosmith, si tu vas sur Internet, il y a de grandes chances que tu voies le nom de Desmond Child sur la majorité des tubes de l’époque… Ce mec a travaillé avec tout le monde, sa discographie est inimaginable !


Et désormais Justin Benlolo…

Exact ! J’ai pu chanter ces chansons incroyables qu’il a écrites, des chansons avec lesquelles j’ai grandi… C’est assez fou ! C’est un honneur qu’il m’appelle pour faire ces concerts. A chacun des concerts, je me taisais et écoutais tout le monde parce que toutes les personnes présentes ont également joué avec tout le monde… J’ai énormément appris de ces concerts.


Et pour en revenir à ton actualité, qu’attends-tu de cet album ?

Je sais que je vais paraître présomptueux -parce que c’est ma musique- mais je pense que cet album est vraiment bon. Je crois vraiment qu’il peut faire sa place dans le rock moderne. Nous faisons partie de cette nouvelle vague de groupes rock, mais la plupart des groupes en provenance des Etats-Unis manquent d’imagination, ils sonnent tous plus ou moins de la même manière et je pense que nous proposons quelque chose de différent…





Pour finir, on a commencé cette interview par la question qu’on t’a trop souvent posée au contraire quelle est celle que tu souhaiterais que je te pose ou à laquelle tu rêverais de répondre ?

(Silence) Hum, je n’en ai aucune idée…


Je te propose d’y réfléchir et nous commencerons la prochaine interview par cette question et sa réponse…

Très bonne idée… Merci !


Merci à Calgepo pour sa contribution...


Plus d'informations sur http://www.musicwaves.fr/
 
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