Pour l'un des derniers concerts avant confinement, nous sommes allés applaudir la talentueuse Beth Hart qui se produisait une fois de plus à guichets fermés dans la prestigieuse salle de l'Olympia pour une double date assez exceptionnelle car elle se produisait seule sur scène le samedi 29 pour une soirée en toute intimité, puis avec son groupe en ce dimanche. La
setlist était donc aussi imprévisible que la belle qui nous réservera quelques surprises en cette belle soirée...
Kris Barras band
C'est à Kris Barras, l'ancien champion de MMA reconverti à la musique Blues et que nous avions eu l'occasion de rencontrer pour parler de son '
The Divine and the Dirty' que revient le privilège d'ouvrir cette soirée musicale. Si son passage des arts martiaux mixtes à la musique
nous avait convaincu, l'expérience sur scène est un autre domaine que le sportif doit continuer d'entretenir pour confirmer sa place et habituer un public d’aficionados à entendre son timbre de voix et voir sa 'gueule' tatouée.
Empruntant la scène préparée pour Beth et ses musiciens et dans une configuration et décor que nous reconnaissons immédiatement, Kris, accompagné de Josiah J Manning (Henry Essence, Wille and the Bandits), s'installe dans la plus grande simplicité en devant de scène. Pas de blabla, pas d'introduction, le musicien est là pour jouer, et s'y emploie car le temps est assez restreint pour lui permettre de marquer les esprits. C'est évidemment avec un 'Heart on your Sleeve' que le set débute au son des deux guitares pour une entrée réussie.
La suite du set se déroule sans encombre, mais sans grand moment non plus. Le jeu des musiciens est agréable, efficace sans être ni trop technique, ni trop 'cheesy' et la voix de Barras se prête particulièrement bien au genre. Quelques envolées solistes sur ces guitares classiques viennent tout de même ponctuer la prestation, surprenant agréablement l'audience qui reste attentive, et Barras parvient, sans mettre son public KO, à faire passer ses émotions dans ce genre où elles sont indispensables.
Une belle prestation, qui nous laisse légèrement sur notre faim, alors qu'on espérait secrètement un set plus long pendant lequel Barras aurait pu échanger davantage avec son public. Ce sera pour une prochaine fois !
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Beth Hart
Comme lors de son
dernier passage à Paris, c'est par le fond de la salle que la
blues woman fera son entrée, sur le titre 'Tell Her You Belong to Me' issu de l'excellent 'Better Than Home'. Ballade mémorable, tellement chargée émotionnellement, cette chanson lui permet d'aller à la rencontre de son public, embrasser ses fans malgré les menaces de CoV qui tourne en ce moment... Avec un sourire indéfectible, elle se prête volontiers aux selfies, aux accolades et gestes tendres envers ce public demandeur, tout en faisant monter progressivement sa voix. Une belle introduction, forte en émotions et sous le signe de la bienveillance jusqu'à ce que, d'un saut d'un seul (malgré sa robe ultra courte), elle atterrisse sur scène, sans passer par les escaliers latéraux, rien à foutre, et commence à se déhancher aux rythmes de 'Sugar Shack', entrainée par une incroyable envie de jouer ce concert, pleinement, à 200%.
Les prochains morceaux sont interprétés debout au micro, et nous font découvrir une Beth toute en sensualité, dégageant toute son attitude de 'bad girl' en ondulant son corps sur les mid-tempo suaves de 'Close to My Fire'.
Alternant entre chansons de son répertoire, et d'autre empruntées à d'autres grands artistes tels que Bill Withers ('For My Friend') ou Bobby 'Blue' Bland ('I'll Take Care of You'), elle se les approprie à merveille. Beth Hart rayonne de mille feux et veut échanger avec son public, que ce soit en dispersant quelques anecdotes çà et là, pour dire le contexte d'écriture d'une chanson ('Rub Me for Luck' écrite pour Joe Bonamassa par exemple), ou donner plus d'informations sur leurs significations.
Les musiciens qui l'accompagnent sont véritablement remarquables, Jon Nichols à la guitare, Tom Lilly à la basse et Bill Ransom assurant les percussions. Le solo de 6-cordes exécuté sur 'I'll Take Car of You' est époustouflant, ne montrant qu'une des facettes du talent de Nichols.
Le jeu de Ransom est également à couper le souffle, et on distingue clairement la complicité et tout l'amour de la chanteuse pour son batteur, garant du groove indispensable ce soir.
Seul Lilly ne semble pas dans une forme olympique et apparait légèrement en dessous, un peu à la traine notamment lorsqu'il s'exécute à la contrebasse.
Mais c'est incontestablement Beth qui mène l'orchestre au gré de sa volonté. C'est ainsi que nous aurons 3 chansons non prévues à la
setlist de ce soir ajoutées au dernier moment, comme 'Mama This Song's For You' écrite évidemment pour sa maman Dorothy, à la fin de laquelle elle essuie quelques larmes, acclamée et réconfortée par son public, également très touché.
De la même façon, c'est à l'issue du rappel initial fait de 'Woman Down' et 'Bad Woman Blues' que Beth, qui n'en a visiblement pas terminé malgré les 25 minutes de retard sur le planning, encore euphorique, décide de lancer un ultime 'I'd Rather Go Blind', reprise de Etta James, même si les paroles lui échappent un peu et qu'elle passe la moitié de la chanson allongée sur scène, cela ne l'empèche pas de nous foutre une dernière fois les poils au garde-à-vous dans une intensité et une tension à son comble.
Envoûtante, touchante, sensuelle, sensible, attachante... La belle nous joue et se joue des tours quand l'émotion se fait trop forte, quand les paroles s'envolent, ou encore quand ses musiciens ne cessent de l'impressionner, même en plein concert.
Seule au piano sur 'Take It Easy On Me', la chanteuse met sa voix à nu, quand le soupir des couplets se fait chanson, avant de prendre toute son intensité sur les refrains et pont, ne ménageant pas son clavier qui tremble sous ses assauts, submergée par ses émotions palpables quand sa voix résonne dans cet Olympia presque religieux. Si ce n'est quelques fans qui tapent des mains au fil des rythmes des chansons ou à chaque solo, le public est presque trop discipliné. Sur 'My Baby Shot me Down', la batterie acoustique de Ransom continue de surprendre la
frontwoman qui joue sur cet air inspiré de culture latine pour dégager toute sa sensualité. La réelle complicité entre la chanteuse et son batteur trahit la fierté et l'immense bienveillance qu'elle peut avoir pour ses musiciens qui savent la mettre à l'honneur.
La soirée riche en émotions s'achève dans un tonnerre d'applaudissements fournis, en
standing ovation. La
frontwoman nous est apparue plus affirmée, plus à l'aise que jamais, pour un concert mémorable.
Un grand
Merci à
Replica de nous avoir permis de couvrir cet événement.
Retrouvez toutes les photos de
Beth Hart en HD en
cliquant ici et la retransmission du concert capturé par les équipes d'Arte sur le site d'
ArteLiveWeb.
Setlist :
Tell Her You Belong to Me
Sugar Shack
Close to My Fire (reprise de Slackwax)
For My Friend (reprise de Bill Withers)
Try a Little Harder
I'll Take Care of You (reprise de Bobby 'Blue' Bland)
Fire on the Floor
Rub Me for Luck
Jazz Man
Easy
Learning to Live
Isolation
Mama This One's for You
Take It Easy on Me
Without Words in the Way
Baby Shot Me Down
If I Tell You I Love You (reprise de Melody Gardot)
Love Gangster
Spanish Lullabies
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Woman Down
Bad Woman Blues
I'd Rather Go Blind (reprise de Etta James)