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TITRE:

SKUNK ANANSIE (30 JANVIER 2019)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

ROCK ALTERNATIF



Rencontre avec Skin et Ace à l'occasion de la sortie du premier live officiel (hors acoustique) de Skunk Anansie
CALGEPO - 27.02.2019 -
14 photo(s) - (0) commentaire(s)

Après un live acoustique, Skunk Anansie, pour fêter ses 25 ans de carrière, sort son premier live officiel. Rencontre avec la charismatique Skin et le talentueux guitariste Ace pour une interview rétrospective.


Votre actualité est la sortie d'un live qui porte un regard sur 25 ans de carrière et pourtant vous ne paraissiez pas nostalgique surtout depuis votre reformation où vous avez enchaîné albums studios, pourquoi poser se regard dans le rétroviseur ?


Skin : Parce que nous avons tout simplement 25 ans et que pour un groupe ce n'est pas vraiment nostalgique. Aujourd'hui dans l'industrie musicale actuelle, 25 ans est un anniversaire à célébrer. C'est-à-dire que maintenant c'est rare d'atteindre cet âge. C'est un accomplissement. Nous avions décidé d'enregistrer au cours de notre carrière plusieurs concerts, et pour un groupe anglais voir que c'est toujours un succès est gratifiant...





C'est juste notre volonté de célébrer cette longévité que l'on doit aux fans et le besoin de leur rendre quelque chose de spécial en retour.




Pas seulement pour un groupe anglais mais c'est valable pour tous les groupes !

Skin : Oui bien sûr, ce succès c'est important, la durée aussi. Mais ce n'est pas à proprement parler de la nostalgie que l'on ressent. C'est juste notre volonté de célébrer cette longévité que l'on doit aux fans et le besoin de leur rendre quelque chose de spécial en retour. Skunk Anansie est un groupe de scène, de live avant tout. Et lorsqu'on a regardé un peu en arrière, on s'est aperçu que, c'est un comble, nous n'avions jamais sorti d'album live.


C'était donc le timing parfait pour le faire ?


Oui bien sûr, quelque chose de spécial pour nos fans.


Cet album live est comme un best of live (à l'image du "Flight 666" d'Iron Maiden) où chaque chanson est tirée d'un concert différent, comment s'est fait le choix de chaque titre ? Qu'est ce qui a déterminé le fait de choisir tel titre et tel endroit ?

Skin : Je dirais plus qu'il s'agit de parties de concerts plutôt. Chaque chanson n'est pas issu d'un concert en particulier. Il y a une grande section issue du concert donné à Gdansk en Pologne.


C'est la raison pour laquelle ce CD live sonne si fluide ?


Skin : Il y a deux raisons pour cela.

Ace : C'est le même groupe depuis le début, c'est la stabilité avant tout qui explique cela, puis la même table d'enregistrement. Nous avons un staff qui est stable et avec qui on travaille depuis des années. Chaque titre ont la même vibe, la même vibration et c'est pour cela que ça marche. Ils ont en fait le même débit, la même énergie et intensité.

Skin : Ace s'est chargé de rechercher les meilleures versions qui pourraient coller au concept. Il en a écouté beaucoup...


Oui, j'imagine que vous avez dû écouter énormément d'enregistrements, d'extraits de concerts....

Skin : Ça a été le travail titanesque de Ace (Rires). Mais notre volonté était de donner l'impression d'entendre le groupe sur un même live alors qu'il y a plusieurs sections de live différents. Du coup ça a été tout un travail de mixage pour obtenir une continuité dans ce CD afin de pouvoir donner cette impression. On a dépensé pas mal de budget dans ce travail. C'est Jeremy Wheatley qui s'est chargé du travail de mixage, c'est un génie qui travaille avec nous depuis.... 2010 et qui nous connait bien, il connait ma voix, les solos de guitare par cœur... C'est une équipe soudée depuis 10 ans qui a permis d'obtenir ce résultat qui nous satisfait. Il a gardé la densité, les atmosphères....


Ce travail est impressionnant et si vous aviez imaginé enregistrer un seul concert, vous n'aurez pas obtenu le même résultat avec une foule plus ou moins bruyante ?


Skin : Ce n'est pas à proprement parler une question d'audience. Cette dernière sait ce qu'elle veut. Un coup elle peut faire du bruit, un coup elle peut écouter plus calmement, être énergique... Parfois elle peut taper dans les mains pendant toute une chanson, parfois non. Puis nous voulions avoir une énergie importante sur 25 chansons, ce qui est important et faire ça sur un set est difficile. Il fallait aussi chercher ce que représente Skunk Anansie comme "Selling Jesus" par exemple puis ce qu'est aujourd'hui devenu le groupe. Du coup il nous a fallu un temps pour faire le point et faire la meilleure liste possible de morceaux.  Pour en revenir à l'une des questions, il y a un côté peut être nostalgique quand on a comparé ce qu'était le Skunk et comment il a évolué. Lorsqu'on a écouté l'album, pour nous ça a été comme une consolidation, quelque chose qu'on a fait ensemble, construit et bâti pendant des années. Par exemple j'aime la version studio de 'Intellectualise My Blackness' mais je préfère de loin la version live car elle est plus sexy, groovy... Et c'est comme ça que sonne Skunk Anansie maintenant.


Tout le monde a été impliqué dans le choix des titres, il y a un équilibre entre nous




Beaucoup de groupes ont cet état d'esprit de préférer le live au studio. Puis j'imagine que le choix est difficile aussi car tu n'es pas seule dans le groupe ....

Skin : Tu as raison mais je pense que nous nous connaissons tellement maintenant que tout c'est fait naturellement. Il n'y a pas de compétition entre nous. Tout le monde a été impliqué dans le choix des titres, il y a un équilibre entre nous, puis on a suivi le mix de près... Ensuite Jérémy nous guidait en disant ce passage représente Skunk Anansie. Souvent on parle d'amitié dans un groupe et c'est souvent galvaudé, mais là non, on se connait bien et nous faisons ça depuis longtemps.


Vous avez sorti un live acoustique il y a quelques années, avec ce live, cela représente-t-il votre facette plus énergique et ensemble constitue-t- il la réunion du yin et du yang, tout en contraste entre la face la plus calme et celle la plus brute ?


Skin : Oh c'est très intéressant, comme vision. Tu vois on peut considérer ce nouveau disque comme notre premier live officiel, celui qui représente le mieux ce qu'on est en live. Le live acoustique a été fait un peu par accident parce que à l'époque ce genre de live était très populaire, avoir un DVD live acoustique. C'était une mode. Ce dernier live était vraiment désiré ! Faisons un vrai live album ! Les fans le veulent, nous le voulons et c'était le moment de faire quelque chose de magique.  C'est sur ces live que nous nous sommes construit notre réputation.


Ce live s'ouvre sur une version incroyable de 'Charlie Big Potato' qui avec ses breaks et ses arrangements est presque progressif, certains riffs nous rappellent Tool, pouvons nous imaginer une évolutions de Skunk Anansie vers un style plus progressif pour le prochain album ?


Skin : Nous avons toujours eu un peu ces éléments dans nos albums, particulièrement dans notre dernier.


Plus particulièrement sur le live ?


Skin : Tu as raison sur ce point, lorsque nous jouons, nous arrangeons différemment les morceaux, nous les étirons parfois ce qui peut donner cet aspect progressif. C'est surtout sur les premiers titres, les 4 ou 5 premiers. En fait ça attire le public, ça fait monter l'ambiance. Nous sommes sensibles au progressif, Rush par exemple tout en apportant quelques éléments un peu pop.


Nous faisons de la musique indépendante sans penser à chercher un succès absolument.




Oui, nous l'avons entendu sur le dernier album studio et plus particulièrement la chanson 'Death For The Lovers' touchante, qu'est ce qui pourrait être la prochaine étape pour vous dans l'avenir ? Plus progressif, plus pop, émotionnel ? Peut être qu'avec l'âge, vous devenez plus introspectif, moins énergique ?


Skin : Je crois que nous ferons ce que nous aimons, sans penser à l'âge. Lorsque tu écoutes le dernier album, il y a tous ces éléments. En fait notre but, n'est pas forcément d'entrer dans les charts, nous ne cherchons pas à passer à la radio, tout cela on s'en moque un peu. Beaucoup de groupes courent après leur single pop, avec du succès ou avec des cordes... Le genre de musique que nous faisons n'est pas calibrée pour des radios pop. On n'écrit pas en pensant à ça. Nous faisons de la musique indépendante sans penser à chercher un succès absolument. Cette stabilité a contribué à cette façon de penser.


Le fait de sortir ce live, qui montre ce que vous êtes, est la confirmation que vous n'êtes pas un groupe à la mode ?


Skin : C'est exact !

Ace : On s'est construit comme cela en fait, on n'a pas cherché absolument à être à la mode, suivre la mode, c'est pas notre truc. Après si le succès vient, tant mieux ! On fait partie des groupes comme Queens Of The Stone Age par exemple qui sont venus comme ça et le public les a suivis sans pour autant qu'ils composent en pensant  au marketing.

Skin : Notre public jeune dans les années 90 en avait peut être marre d'écouter des choses commerciales et se sont tournés vers ce genre de groupe, plus underground, et de plus authentique peut être. On vit actuellement dans un monde de fake news que les gens recherchent aussi actuellement cette authenticité. Ne pas seulement prétendre être vrais, mais l'être vraiment. Ce qui fait notre authenticité c'est de ne pas suivre les modes mais d'être ce que nous sommes.


Est ce que vous pensez qu'un groupe qui se crée actuellement pourrait avoir un carrière telle que la vôtre ?


Skin : Oui ! Ce n'est pas facile.


Moi je pense que non.


Skin : Tu sais pourquoi c'est encore possible, parce qu'il faut que ces groupes pensent à faire des choses différemment. Et si tu fais des choses différemment, le public pourra suivre. Quand tu penses à la musique anglaise, il y a des gens comme ça qui sont venus de nulle part comme Amy Winehouse et qui ont su trouver le truc qui fallait pour se démarquer, c'est valable aussi pour Ed Sheeran. Ces gens ont à un moment apporté un regard nouveau, différent dans leur manière d'aborder la pop music. Regarde le groupe Police, on n'attendait pas ce mélange de rock et de reggae.  C'est venu presque par hasard. Et ça a été la même chose pour Led Zeppelin. Ces groupes à un moment donné ont fait des trucs différemment, que le mainstream et les gens ont suivi.


C'est ce que tu dis en fait, faire de la musique qui vient du cœur et de vos tripes....


Skin : Et surtout quelque chose de différent et authentique. Une musique de qualité avec laquelle les gens puissent se connecter. C'est comme un autre groupe, il y en a plein, regarde Radiohead, c'était très différent. Venu de nulle part et devenu tellement important. Et cette possibilité est toujours présente. La musique anglaise est si diversifiée, parfois expérimentale qu'il y a toujours la possibilité pour un groupe d'émerger. C'est la magie de cette musique très présente en Europe.


Skin ta voix est toujours aussi performante, proche de Annie Lennox, comment arrives-tu à la conserver ?


Skin : C'est le travail tout simplement. Il faut aussi un bonne hygiène de vie. J'ai eu un gala il y a quelques semaines et je n'ai pas bu d'alcool par exemple. Je mange sainement.... Quand j'étais plus jeune, c'était plus facile à gérer, mais maintenant, en prenant de l'âge et devenant adulte, il m'a fallu m'adapter. Prendre des vacances pour la reposer....


Je pense qu'il reste encore beaucoup à faire pour éduquer certains hommes sur le respect des femmes.

 


La parole des femmes a connu une libération en 2018 après la dramatique affaire Weinstein, qui a conduit à des mouvements sur les réseaux sociaux, crains-tu qu'il s'agisse d'un feu de paille ou bien penses-tu qu'il y a une réelle prise de conscience et surtout qu'elle soit durable ?

Skin : Je l'espère. Regarde internet, il y a eu beaucoup de choses positives et négatives. Le positif est venu à la base de Me Too qui a permis de libérer la parole et grâce auquel les femmes ont pu se dire qu'elles n'étaient pas seules dans leur cas personnel. Tout le monde a écrit et a pu s'exprimer. Mais je pense aussi que ce mouvement devrait conduire à éduquer les hommes sur ce que les femmes n'aiment pas, sur ce qui est cool ou non. Je pense qu'il y a eu du changement et que certains hommes ont pris conscience de la situation. Pour certains ignoraient que taper sur les fesses d'une femme pour rire était quelque chose de mal et qu'ils faisaient plein de gestes ainsi sans forcément penser à mal. Je crois que pour ceux qui étaient boderline, qui disaient "oh elle rigole c'est bon tout va bien !" , ce mouvement a provoqué une prise de conscience : si elle rigolait, c'est parce que tu étais le patron et qu'elle ne pouvait faire autrement car elle risquait de perdre son job. Et je pense qu'il reste encore beaucoup à faire pour éduquer certains hommes sur le respect des femmes.
Mais d'un point de vu négatif, c'est qu'il faut pas inverser la tendance, ce n'est pas pour détruire l'homme, le désir, la drague. La limite est parfois très fine. Il existe des lois si vous vous sentez harcelées et ce n'est pas à vous de jeter en pâture certains hommes. Il faut trouver un juste équilibre en fait.


Des choses graves se sont passées depuis une dizaine d'années : les nationalismes qui augmentent, l'écologie... quel est votre opinion sur le futur ?

Skin : Je pense qu'il faut renier la politique, les grosses industries.... Il faut avoir du recul. Tout ces problèmes sont tellement évidents comme l'écologie et le réchauffement de la planète, et certains politiques le renient, c'est tellement ridicule et ça me met en rage. Le compte à rebours à commencé, qu'allons-nous laisser aux enfants ? C'est terrible qu'il y ait encore des gens qui nient l'évidence.


Qu'est-ce que vous attendez de ce live ? Est-ce que vous attendez encore quelque chose après  25 ans de carrière ?


Ace : On attend toujours quelque chose. Encore tourner, faire de la nouvelle musique, c'est notre vie. 25 ans c'est incroyable mais notre priorité c'est de faire des disques et jouer en live.





Vous nous indiquez que vous allez tourner encore et encore et que peut être dans 25 ans nous aurons droit à un double album live 50live@50 ?


Skin (Rires) : C'est possible, j'espère que je serai encore capable de chanter mais je ne me projette pas si loin.


Au regard de l'évolution de l'industrie du disque, quel est votre regard sur ça et sur l'impact d'internet ?


Skin : C'est quelque chose d'irrémédiable et que l'on ne peut pas changer maintenant. Il faut je crois en prendre le positif et laisser le négatif. C'est un moyen de toucher plein de gens et il faut utiliser cet outil intelligemment et de façon positive.


Merci beaucoup.


Skin et Ace en français : Merci





Plus d'informations sur http://www.skunkanansie.net/
 
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