JETHRO TULL
Ian Anderson
et Jethro Tull, qui fête ses cinquante ans d’existence, nous donnent, ironie du
sort, rendez-vous le jour même où certains gilets jaunes nous rejouent, eux
aussi cinquante ans plus tard, mai 68.
La Salle Pleyel, lieu du concert, est
même obligée sur la toile, dans l’après-midi, de confirmer que la
prestation est maintenue et aura bien lieu.
En arrivant devant la salle, vers
dix-huit heures trente, on se rend compte que l’air est encore chargé de gaz
lacrymogènes et des effluves des incendies qui ont émaillés l’ensemble du
quartier tout l’après-midi.
D’ailleurs, dès l’ouverture des portes, tout le
monde s’engouffre dans le hall de la salle pour trouver un soupçon de
protection et de calme.
Une autre
surprise attend les spectateurs, aucune photo et vidéo ne sera autorisée. C’est
pourquoi, cette chronique reste vierge de toute illustration.
Il est loin le
temps (cinquante ans plus tôt) ou le maître mot était « il est interdit
d’interdire ». Maxime, certainement bien connue d’un public constitué d’un
bon nombre d’anciens hippies.
Ce soir,
Jethro Tull va revisiter sa carrière qui, avouons-le, plus prolifique à ses
débuts que lors de ces dernières décennies.
Pour rappel Jethro Tull a été un
des pionniers et groupe majeur du mouvement progressif rock anglais du début
des seventies, au même titre que Yes, Emerson Lake & Palmer, Pink Floyd et
quelques années plus tard Genesis (avant que Phil Collins ne phagocyte le
groupe).
Le concert, qui se décompose en deux sets d’environ cinquante minutes
chaque, fait la part belle aux morceaux des premiers albums qui sont joués par
ordre chronologique.
Ainsi, ce sont d’abord cinq morceaux de l’album This Was
(My Sunday Feeling, Love Story, A Song For Jeffrey, Some Day The Sun Won’t
Shine For You et Dharma For One), deux morceaux de l’album Stand Up (New
Yesterday et Bourrée In E Minor) puis The God d’Aqualung et une partie de Thick
As A Brick (extrait de l’album éponyme) qui viennent clôturer le premier set.
L’interprétation des morceaux est impeccable et nous replonge dans les années
de gloire du groupe à un détail près… Ian Anderson n’a plus les capacités
vocales d’antan. Autant les performances
musicales, solos de flute et harmonica, ne souffrent d’aucune critique, les
parties vocales sont anémiées et donnent l’impression que Ian Anderson est
devenu asthmatique.
Après un
entracte de vingt minutes, on repart, pour le second volet de la soirée qui se
compose des chansons éponymes des albums qui ont fait suite dans la carrière de
Jethro Tull.
A savoir, A Passion Play, Too Old To Rock’n Roll (de
circonstance ?..), Song From The Wood, suivi de Ring Out Solstice
Bells du même album, puis Heavy Horses suivi de Past With Company, FarmOn The
Freeway (de Crest Of A Knave) pour finir bien évidemment par l’emblématique
Aqualung.
Le problème vocal est particulièrement criant lors de cette chanson
car Ian Anderson laisse le job à une voix off matérialisée par un
chanteur-acteur apparaissant sur l’écran géant, se trouvant sur le back- de
la scène.
Cet écran, qui permet tout au long du concert d’illustrer les
chansons, voit apparaitre entre chaque chanson, d’anciens membres de Jethro
Tull au court des âges (sauf Martin Barre …) dont Tony Iommy, qui fut membre du
groupe quelques semaines durant, avant de partir former Black Sabbath.
Nous
retrouvons aussi des messages de Joe Bonamassa, Joe Elliott (Def Leppard),
Steve Harris (Iron Maiden) et Slash fans depuis toujours du groupe de
Blackpool.
Le show ne pouvait pas se terminer sans le mythique morceau qu’est
Locomotive Breath. John O’Hara (claviers), David Goodier (Basse), Scott Hammond
(Batterie) et le brillant Florian Opahle (à la guitare) font encore preuve
d’une grande maitrise et portent le morceau à bout de bras car les limites de
Ian ne seraient que plus criantes sans eux.
Jethro Tull
bien évidemment fait un triomphe mais certainement plus grâce à une certaine
nostalgie et une reconnaissance de l’œuvre par public que pour la performance du leader du groupe. Dommage de finir sur
cette note, mais hélas réelle.
Plus d'informations sur https://www.facebook.com/officialjethrotull