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TITRE:

BERNARD MINET (08 OCTOBRE 2018)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

AUTRES



Music Waves est allé affronter les forces du mal. Dans son périple face au vide sidéral, notre intrépide interviewer a pu rencontrer Bernard Minet, la voix des génériques de dessins animés japonais de notre enfance...
ADRIANSTORK - 09.11.2018 -
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Vous ne rêvez pas! C'est dans le luxueux salon VIP du Hard Rock Café de Paris que nous avions rendez-vous avec Bernard Minet, la voix des génériques de dessins animés japonais de votre enfance, à l'actualité surchargée entre la sortie de son nouvel album "Aujourd'hui" et la sortie d'un triple CD best-of à venir. Music Waves a souhaité en savoir sur l'homme qui se cache derrière Bioman pour une interview fleuve...





Nous aimons commencer nos interviews chez Music Waves par cette question : quelle est la question qu'on t'a trop souvent posée ?

(Sans hésiter) Quelle est ta chanson préférée parmi celles que tu as chanté? (rires)


Alors, on ne te la posera pas. Ton actualité, c'est la sortie de ce triple best-of avec pleins de surprises. Nous y reviendrons plus tard. Cela fait plaisir de te revoir au titre de cette actualité chargée. En 2015, tu avais écrit un livre, puis aujourd'hui cet album dont nous avons eu quelques extraits en exclusivité. Avant ça, nous allons faire une interview biographie. Tu as grandi dans le Nord dans un milieu ouvrier. Quand tu es monté à Paris, est-ce que devenir musicien était comme une évasion de ce milieu, est-ce que ce milieu te faisait peur ?

Non, à cette époque-là, rien ne faisait peur. Une vie d'ouvrier, c'est une vie difficile mais ça ne fait pas peur. Naturellement, je voulais une autre vie. Je le dis dans le livre. A l'âge de neuf ans, je voulais faire de la trompette. Je me voyais meilleur trompettiste du monde. Dans ma ville, l'école de musique prêtait des instruments mais il n'y avait plus de trompette. Faire que du solfège, c'est trop difficile, donc j'ai arrêté, un peu écœuré. Mais à l'âge de douze ans, j'ai commencé à taper sur tout, je faisais une batterie avec tout, avec des stylos, n'importe quel objet. Ça a interpellé mon père qui en a parlé à un copain batteur. Le déclic c'était les émissions de Guy Lux ''Le Palmarès des Chansons'' avec l'orchestre de Raymond Lefèvre. Je voyais le batteur au premier plan, qui lisait les partitions, qui accompagnait tout le monde. Je me suis dit : ''Ce gars est génial, il accompagne tout le monde, il joue de tous les styles. Je veux faire ça!''


Comment as-tu vécu ces années d'apprentissage ? On peut rappeler que tu as obtenu le premier prix de percussions au Conservatoire de Paris...

(Il coupe) En 1974, septante-quatre (rires). Je me suis moins vu comme le meilleur batteur pour le coup, à l'inverse de la trompette. A cette époque-là, tu avais la chance de pouvoir jouer dans des bals. Tu avais 7000 bals, tous les samedis. Quand tu es musicien, taper sur des caisses, gratter ta guitare ou danser, c'était magnifique. Ces jours-là, je prenais un plaisir fou à taper pendant 6 heures sur des caisses. C'était naturel. Ça n'a pas été la galère du tout. On avait du travail, on était respecté.


Je prenais un plaisir fou à taper pendant 6 heures sur des caisses.





Ce ne serait plus le cas maintenant ?

Non, les patrons de bar ou des lieux ne te respectent plus. Il y a des normes sonores contraignantes. Les cachets, ce n'est pas la peine d'en parler...


Tu penses avoir vécu un âge d'or ?

Oui, je suis né en 1953, bien après-guerre, tout se renouvelait, tout repartait. Nous les vieux musiciens, on a eu de la chance (rires).


Pas vieux ! On t'a connu ensuite comme batteur d'Alain Chamfort, de Thierry Le Luron et de Charles Aznavour, récemment disparu. Que t'ont appris ces monstres sacrés à leur contact ?

J'ai commencé avec madame Nicole Croisille. C'est la première grande vedette que j'ai accompagné. Moi gamin, j'allais voir les émissions de RTL - elles n'existent plus non plus! - en direct. On voyait les chanteurs en live. Je voyais Nicole Croisille. Cette belle fille qui avait été en Amérique m'a charmé. Je vais vous raconter comment je l'ai rencontrée : avec des potes, on commençait à bien travailler. On venait de faire une comédie musicale avec Anny Duperey et Bernard Giraudeau qui s'appelait ''Attention Fragile'' au Théâtre Saint Georges. On jouait derrière un rideau, on ne devait pas jouer trop fort bien sûr car c'était un petit théâtre. On venait de finir une saison complète. Peu avant la fin, Nicole Croisille est rentrée avec son producteur, Sylvain Krief, pour ne pas le nommer, un gars qui était également batteur. Il rentre dans la loge et nous dit : ''Bon, vous arrêtez le 28 mai, qu'est-ce que vous faites le 30?'' On ne voyait pas trop où il voulait en venir alors on a répondu : ''Bah, rien.'' Alors il nous a dit : ''Voilà, je vais vous engager pour accompagner Nicole Croisille, parce que vous ne jouez pas fort!'' Nicole en a marre des musiciens qui jouent trop fort. La morale de l'histoire : ''Faut pas jouer trop fort, les gars!''


Justement, la légende dit que pour travailler avec Dorothée, tu t'es présenté comme le batteur de Nicole Croisille.

Non! C'est Dorothée qui dit ça. Je lui ai sûrement dit une fois, ça l'a éclaté. J'avais aussi des T-shirts sans manches, on pouvait voir mes biceps. Elle a cru que j'en avais mis un exprès pour l'impressionner! Qu'est-ce qu'il ne faut pas croire!


Tu as joué dans des groupes éphémères. Le premier, Rive Gauche et ensuite Shaker et sa chanson romantique 'C'est toujours pareil au soleil'. Comment un batteur qui voulait devenir le meilleur trompettiste et le meilleur batteur...

(Rires) Je n'ai pas dit ça!


Non, c'est moi qui l'ai dit, comment ça se fait que tu as voulu devenir le meilleur chanteur ?

C'est une époque où on est entre potes. Je jouais avec un orchestre en Corse avec Bimbo Junior. On a eu envie de toucher au succès, on cherchait le tube d'été. Je tentais un coup, c'est plus les mêmes références de musicien. Ça s'est passé pareil avec l'aventure du Club Dorothée, je ne pensais plus à mon rôle de musicien des années Conservatoire, j'avais une autre fonction que je ne regrette pas. On voulait avoir un groupe qui marche.


Justement, vous n'étiez pas en avance sur votre temps. Avec des paroles presque similaires, David et Jonathan ont fait 'Est-ce que tu viens pour les vacances', 'Bella vitta'...

(Il coupe) Pour réussir un tube, il faut être ni trop en avance, ni trop en retard. En plus, ce sont les radios qui te jouent. On était des petits mecs sans moyens.


Tu as produit également des singles en rapport avec le foot. On se souvient de Footbrothers 'Il suffit d'un ou deux excités' avec des samples des voix de Thierry Rolland et Jean-Michel Larqué. C'était aussi un coup ?

Oui. Par contre, c'est devenu un tube. A l'époque, il y avait eu un succès 'On se calme, Monsieur Dechavanne' avec le même principe. Moi, je ne suis pas jaloux, j'aime quand les tubes sont bien faits. Boris et son 'Soirée Disco', c'est un gros tube, chapeau, c'est réussi, il était là au bon moment.


Justement, dans le milieu du foot, tu as aussi produit un 'Allez l'OM' avec ses ''Olé Olé Olé''. Qu'en ont pensé les supporters du RC Lens que tu as côtoyé dans ta jeunesse ?

(rires) Ils ne savent pas! J'avais sympathisé avec les Tigers, des jeunes supporters lensois, très sympa. Ils me racontaient leurs histoires. Ils étaient tristes car ils galéraient dans les déplacements, les joueurs ne les calculaient pas... Mais là c'était pareil. En fait, moi et mes associés Olivier Masselot et Gérard Langella, nous avons été attaqué pour contrefaçon alors que nous avions demandé une autorisation à Bernard Tapie et à son directeur. Ils ne nous ont pas répondu et après ils nous ont demandé beaucoup d'argent...


Tapie et Bernès qui demandent de l'argent, c'est étonnant! Dans des valises ?

C'était beaucoup d'argent. Heureusement, je connaissais Daniel Xuereb, un joueur de l'OM.


Qui a joué aussi à Paris et à Lens.

Oui, c'est vrai. Une de ses filles chantaient dans 'Dis-moi Bioman'. J'ai revu récemment Daniel et je l'embrasse. Dans la chanson, je citais Papin. Tapie demandait 150.000 euros, pareil pour la citation du nom de Goethals (avec l'accent belge), 100.000 euros. Xuereb a dit que ce n'était pas possible et que Papin n'était pas au courant et que je devais le rencontrer. Je l'ai rencontré au Sofitel de Marseille avant un match. Papin m'a tapé sur l'épaule, il a été adorable et m'a dit qu'il n'était pas au courant. Il m'a aussi dit qu'il partait au Milan AC. Finalement, il a décidé de se désister gentiment. Et Daniel et Jean-Pierre ont fait désister par une lettre Raymond Goethals. Les gars, super!


Bernard Tapie me demandait 150.000 Francs !





On ne pouvait pas passer à côté de 'Toutes, je les veux toutes' de Philippe Castelli.

Encore une grosse tentative de tube!


Tu le connaissais d'où ?

Figure-toi qu'on a fait un casting à Versailles. On devait trouver le personnage. Philippe Castelli était en pleine bourre avec les Grosses Têtes. On est entré dans le bureau de monsieur Carrère et c'était signé en 5 minutes. La belle époque! Sauf qu'on a rien vendu!


On arrive à l'époque Dorothée. Pourquoi Jean-François Porry ou plutôt Jean-Luc Azoulay a eu l'éclair de génie de te faire chanter des génériques de dessins animés ?

Jean-Luc Azoulay m'a connu quand je travaillais avec Gérard Salesses. Gérard Salesses, l'arrangeur et chef d'orchestre d'AB convoquait les musiciens pour faire des covers. Tu faisais un 45 tours, la distribution était terrible et ça marchait bien. Jean-Luc Azoulay savait que j'étais chanteur-batteur dans des orchestres de soirées privés et de fil en aiguille, il m'a fait chanter.


Et c'est comme ça qu'a débuté une carrière de chanteur !

(Rires) C'est une longue histoire.


Lorsque tu interprétais un nouveau générique, est-ce que Jean-Luc Azoulay te briefait sur l'histoire, les personnages. Est-ce que tu regardais les épisodes ?

Non, pas du tout. Pour regarder les épisodes, j'étais très frustré car sur le plateau, on avait les écrans de contrôle en direct. A la fin du direct, les écrans se coupaient car on devait répéter les plans suivants du direct. Donc je ne voyais pas les épisodes. J'étais frustré car j'entendais : ''Moitié hom...'' et ça coupait. Jean-Luc Azoulay ne m'expliquait rien, il faisait tout seul sa chanson, il avait acheté sa série. Quand tu avais acheté une série à l'époque, tu pouvais avoir ton générique à toi et avoir des droits d'édition. Mais maintenant les Japonais ne veulent plus. Cette année, j'ai eu deux demandes d'éditeurs français. Le premier, je ne peux pas en dire plus, c'est un duo avec un gros artiste et ça fait un an et demi qu'ils ont demandé l'autorisation, mais pas de réponse. AB m'a contacté pour refaire 'Mazenger' mais pareil c'est bloqué par les Japonais. Les auteurs/compositeurs ne sont pas intéressés, ils veulent le droit sur le monde entier et interdiction de refaire un générique. Les producteurs sont obligés d'accepter.


Je ne voyais pas les épisodes





C'est un manque à gagner, car les chansons en japonais ne se vendent pas à l'inverse de tes génériques.

Sans parler business, la force de Jean-Luc Azoulay a été d'écrire des paroles magnifiques. 50 mots, les mêmes mots mais des mots forts, qui parlent et important.


Justement, ces 50 mots, tu as dû voir nombre de vidéos dans lesquels on se moque de ces mots, est-ce que ce n'est pas frustrant ?

Je n'ai pas vu beaucoup de vidéos. Je n'ai pas regardé de vidéos récentes. On le disait à l'époque dans les forums. Mais je ne suis pas l'auteur. Bravo, il a réussi. Quand je commence mon show, j'ai une intro et avant je commence sur 'Bioman III' (il chante a cappella) ''De tous les coins de l'univers/La terre est menacée/Bruits de canons et bruits de guerre/Que va-t-il arriver?'' Tu te rends compte? Bravo, Jean-Luc. C'était bien pour les enfants. C'était pour eux.


Ce n'était pas frustrant finalement d'être un musicien professionnel et de devoir faire quelque chose vers laquelle tu ne te destinais pas à la base et surtout
de laisser Gérard Salesses enregistrer les percussions et batterie ? Tu étais quand même qualifié pour la tâche...

Nous n'avions pas le temps. C'était le travail de Gérard. Azoulay voulait une boîte à rythmes. Les premiers génériques, on les a fait avec une toute petite boîte à 2500 balles, une RX7 de Yamaha, pour ceux qui veulent savoir. Une petite boîte toute nulle. Après il est passé à l'Akai Mpc60. Tu sais, Azoulay est un grand producteur. Il connaît le métier, il est très fort. Il voulait toujours le même son de caisse claire et pas de vrais instruments. Il avait compris que les vrais instruments, c'était fini.


Jean-Luc Azoulay avait compris que les vrais instruments, c'était fini.





Au regard de ce que tu nous a fait écouter, n'as-tu jamais eu l'ambition d'enregistrer de vraies chansons capables de séduire tout le monde, comme le single 'Hey Jolie Petite Fille', qui n'a pas trop marché. Finalement, ne penses-tu pas que les génériques de dessin animé n'ont pas tué dans l’œuf une autre carrière ?

Je n'ai aucun regret. Il n'était pas question de faire des chansons parce que de toute manière, je savais très bien que j'aurais écrit des textes moins bien que Jean-Luc Azoulay.


Tu pouvais faire appel à d'autres choses ?

'Hey Jolie Petite Fille', c'était une tentative de Jean-Luc Azoulay de faire de Bernard Minet un chanteur à minettes.


Quoi de plus logique pour Bernard Minet ?

(rires) C'était logique. Arrêtez de rigoler! C'était sérieux. Tu vois la différence entre un chanteur de génériques et de chanteur à minettes. Le chanteur à minettes fait des tubes, il passe à la radio et à la télé.


Tu crois que c'est typiquement français ça, quand tu es dans une case, tu ne peux pas en sortir ?

C'est un autre débat. A l'époque, en 1990, on a fait cet essai-là. ça n'a pas marché et même moi, je ne voulais pas insister.


En revanche, quand j'entends ce que tu nous a fait écouter, les reprises en jazz de 'Bioman' ou du 'Capitaine Flam', on sent que ça doit te rappeler tes débuts. N'as-tu pas eu envie de sortir avec un titre jazz et d'autres paroles ?

J'ai une étiquette. Je n'ai pas envie de faire un truc qui reste dans un tiroir. Si je fais un super truc, personne ne va l'écouter. Même celui-là, les programmateurs ne vont pas l'écouter. Ça faisait 20 ans que je n'avais pas fait de CDs. J'ai fait ça pour faire plaisir à mon public que je rencontre dans des conventions depuis l'an 2000. Beaucoup m'ont dit qu'ils écoutaient dans leur voiture. ça fait du bien, ça permet d'écouter les paroles différemment. Essaie!





C'est dédié effectivement aux cosplayers

Un hommage à tous les cosplayers, qui ne sont pas tout à fait mon public. Mais comme ils créent une bonne ambiance dans les conventions, je veux leur rendre hommage. C'est beaucoup de travail, de courage, de passion.


Comme toi, les cosplayers sont parfois moqués. Comment as-tu vécu la parodie des Inconnus ?

C'est normal, c'était très bien. Quand un truc marche fort en France, c'est parodié. Ça veut dire que c'est réussi. Par contre, c'était faux, je n'ai jamais eu de comportement comme ça avec les enfants. J'ai demandé à mon attaché de presse d'aller les voir.


Et de demander 150.000 euros ?

(rires) Tu as raison, j'aurais dû y penser. J'ai eu des places pour aller les voir au spectacle. Je suis allé les voir dans leur loge et j'ai trouvé trois hommes timides, gênés, mais très gentils. Mais à l'époque on se battait pas. Aujourd'hui, j'irais au combat (rires). En plus ça m'a servi car j'ai utilisé cette chanson en hymne pour commencer les concerts. J'ai fait beaucoup de discothèques à une époque et les gars ont compris que j'avais du recul et de l'auto-dérision.


C'est pour ça qu'on est là. On sait que tu n'es pas hautain.

Moi, je suis naturel et vrai. C'est mignon, c'est une belle histoire pour moi, cette parodie.


On va parler des Musclés. Toi tu n'es pas comédien à la base. Comment t'es-tu laissé entraîner ? Est-ce que tu pris des cours de diction, de comédien?

Non, nous n'avons pris aucun cours. Nous étions livrés à nous-mêmes. Pour la petite histoire, Les Musclés était le premier sitcom réalisé par AB. Après il y a eu les déclinaisons, ''Hélène et les Garçons'', ''Les filles d'à-côté''. Nous avons commencé avec Pat Le Guen qui a fait un numéro 0 avec Dorothée. ça a été présenté à TF1 qui en a bien voulu. On nous a ensuite donné Jacques Samyn, qui a une longue carrière télévisuelle. On avait demandé à 13 heures. Jean-Luc Azoulay nous l'avait accordé. Les premiers, on terminait à 4 heures du matin. Il fallait tout faire en une journée. On eu des problèmes de son, tout n'était pas au point, chaque ingénieur du son venait mettre son grain de sel. On a un peu essuyé les plâtres... Jean-Luc Azoulay nous a dit que Les Musclés c'était un soap-opera, on ne disait pas sitcom à l'époque. On ne savait pas ce que c'était, alors il nous a dit de regarder ''Madame est servie''. Alors j'ai regardé un épisode et j'ai vu Tony Danza qui surjouait. Alors j'ai compris que je devais surjouer.


Pas de boxeur, mais des bras de batteur! Justement est-ce qu'à l'instar des Charlots, les Musclés auraient pu passer au cinéma?

Peut-être. Une fois, Framboisier a été approché par un grand monsieur du cinéma. Mais non. Quand les Charlots ont fait du cinéma, la télé n'était pas si importante. A ce moment-là, la télé était très importante et les gens n'allaient pas payer un billet de cinéma pour quelque chose qu'ils pourraient regarder gratuitement.


Pourquoi c'est Framboisier qui chante dans Les Musclés et pas toi?

Je ne pouvais pas tout chanter...


Est-ce qu'Azoulay voulait vraiment faire un distinguo entre génériques de dessins animés et Les Musclés ? Les Musclés avaient un répertoire grivois tandis que les génériques étaient destinés aux jeunes.

Oui mais Les Musclés, c'était les copains des enfants. Bon, ils ne comprenaient pas tout. Pour leur maman aussi. Personne ne s'est plaint à l'époque des sous-entendus de l'auteur. Maintenant, on ne pourrait plus.


Azoulay s'est aussi servi de vous pour régler ses comptes. 'Antoine Daïcone' où il attaque Antoine De Caunes. Certes Antoine De Caunes vous avez traité de "têtes de veaux mal décongelées", mais est-ce qu'une émission pour les enfants était le lieu pour un règlement de compte?

Il a eu raison de régler ses comptes à la télé. Au départ, Lescure et De Greef disait à Azoulay qu'ils ne pouvaient pas intervenir, c'était l'émission de De Caunes. Nous avons été de bons soldats. Moi ça m'amusait de pouvoir faire une réponse.


En 2007, vous avez tenté un come back avec Nicolas et Ségolène, auto-parodie d'Azoulay sur une chanson de Dorothée pour coller à l'actu. Vous vous attendiez à enregistrer un nouvel album, mais pourquoi finalement ça ne s'est pas fait?

Une compil est sortie. C'est un de mes grands regrets. On avait un immense tube énorme mais tout a été stoppé. L'ordre est venu de très haut. Ni de Sarkozy ni de Ségolène Royal.


Cette fois-ci, ce n'était pas Ségolène Royal! 

Non (Rires) C'est un gros regret. J'aurais aimé t'entendre me dire : ''En 2007, vous avez fait un gros hit.''





Des Musclés, tu étais le chouchou du public. Est-ce que c'est parce que tu te prenais des baffes?

(rires) Pour ça, je remercie Jean-Luc Azoulay. J'étais mis en valeur dans les textes. J'étais le plus petit, le moins grand devait faire 1,85 mètres. On n'en parle plus trop des claques. A un moment, on ne parlait que de ça...


C'est la boîte le Queen qui t'a remis à l'étrier.  Qu'est-ce qui t'a vraiment convaincu de poursuivre?

La demande. En mai 2000, ça faisait 3 ans que le club était arrêté. J'ai reçu un appel pour chanter trois chansons au Queen. Je leur ai répondu : ''C'est un gag, un jeu de massacre, les gens auront des balles à me lancer.'' Ils m'ont dit qu'ils voulaient faire ''La soirée de la chanson française''. Je ne savais pas. Ça s'est fait, il y avait 1700 personnes. Je me suis pris pour Patrick Bruel. Tout le monde chantait 3 chansons, 'C'est Toujours Les Vacances Au Club Dorothée', un petit bout de 'Bioman', 'Les Chevaliers du Zodiaque'. C'était la première fois que je voyais ça car les enfants à l'époque ne chantaient pas. A l'étage, on m'a fait un drap avec marqué ''Bernard, on t'aime.'' Le grand patron du Queen a halluciné car quand je suis parti, tous les gens sont partis. J'ai continué par les Soirées de la Jeunesse Dorée au Queen, puis les discothèques de province.


Comment vis-tu avec la nostalgie des gens, est-ce que tu n'as pas peur qu'un jour tout s'arrête à nouveau ?

Maintenant, ça peut s'arrêter. ça va s'arrêter forcément, je vais mourir un jour. Je n'ai rien fait pendant 20 ans car je savais qu'aucune radio allait me passer, encore aujourd'hui. Mais si tu penses comme ça, tu ne fais rien. Nous avons fait un bel objet qui restera. Fin octobre-début novembre, l'essentiel Bernard Minet, 66 titres, avec l'essentiel de Dorothée et des Musclés.


Comme tu n'étais pas compositeur, tu ne touches pas grand chose.

Non, mais c'est un aboutissement. Il y a 66 titres, des inédits. Il y aura les chansons sérieuses. Ils ont accepté de me prendre 'Hommage au Club Dorothée' et les trois morceaux jazz. C'est un cadeau pour mes fans.


Qu'est-ce que tu attends de cet album ? Tu dis que ça ne va pas passer à la radio...

(grave) Je n'attends pas grand chose.


Une tournée ?

Oui. C'est un objet de promotion. Bernard Minet aujourd'hui. Continuez à venir aux galas. Je fais ça avec bonheur et sérieux. Ça se passe toujours bien. Cet été, on a fait un truc avec 22 chanteurs has-been. Il y avait 13.000 personnes.


Comment vis-tu avec cette image ?

(protestant) Mais normalement. Tu as été, on a été. Je suis toujours là.


C'est fort parce que beaucoup en souffrent. En as-tu souffert ?

Non. Quand ça s'est terminé, on le savait à l'avance que c'était un contrat de dix ans. On savait qu'à la fin TF1 aurait tout stoppé. Nous n'étions pas surpris. Les premiers mercredis, dans la rue, ça fait drôle. Mais chez toi, quand tu regardes la télé, ce ne sont plus tes copains. Si l'émission avait continué sans moi, là j'aurais morflé. C'était la fin d'une merveilleuse aventure et d'une belle époque. En 1997, jamais j'imaginais que je rechanterais ces chansons-là. Il n'y avait pas de nostalgie à cet âge-là. Les enfants devaient d'abord grandir pour avoir de la nostalgie. Je connais mon dossier, tu sais (rires). C'est la première fois que les enfants avaient des souvenirs de télévision. Car avant, la télévision commençait à 19 heures et à 23 heures, il y avait un générique de fin. Je me suis retrouvé devant des jeunes de 20-30 ans nostalgiques.


Tu as du recul par rapport à ça.

J'ai commencé à 14 ans à taper sur des caisses. J'en ai bientôt 65, si je n'ai pas compris, c'est que c'est grave. Si c'était le cas, je ne serais plus là (rires).


Nous avons commencé cette interview par la question qu'on t'avait trop souvent posé. A l'inverse, quelle est celle à laquelle tu aimerais répondre?

C'est une belle question. Je ne sais pas quoi répondre. Ça ne me vient pas.





Je te propose : à la sortie du prochain album, tu réfléchis à cette question et on commence l'interview avec cette question.

Fais gaffe, ce sera début novembre avec le triple best-of ! (rires)


Merci!

Merci vraiment. Bonne continuation à vous. Vous connaissez beaucoup de choses et ça fait plaisir.
 
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