En ce dernier week-end de mars, Musicwaves s’est partagé entre la France et la Belgique pour suivre deux dates de la tournée européenne de
Blaze Bayley. Amoureux de la route, de ses fans et garant d’une certaine idée du heavy metal classique, le chanteur britannique ne fait pas dans le détail et multiplie les dates. Il défend ainsi son projet de trilogie débuté en 2016. Cette nouvelle tournée accompagne la sortie du troisième chapitre et reprend en Belgique avant de voguer vers le Pas-de-Calais et Mametz. Pour cette tournée Blaze n’a pas de première partie et les deux dates seront dotées d’un groupe choisi par les organisateurs.
Vendredi 23 Mars :
Nous retrouvons pour la première étape nos amis de Hell&M Prod dans leur salle du Cercle à Chapelle-lez-Herlaimont en ce vendredi 23 mars. Nous avions eu l’occasion de profiter du charme à l’ancienne de cette salle multifonction en janvier, et la perspective d’y retourner est un plaisir tant elle est confortable et idéale pour les concerts. Pour cette date belge ce sont les Anglais de Toledo Steel qui ouvrent les hostilités. On doit cette idée aux organisateurs du No Compromise Metal Fest qui les avaient fait jouer sur leur édition 2015. Et on ne peut que saluer cette idée, car le groupe cadre parfaitement au ton musical de cette soirée.
La salle est bien pleine quand les musiciens débarquent sur scène en envoyant la sauce avec conviction. Leur heavy metal old school est inspiré des grands anciens. Avec un unique EP "Zero Hour" sorti en 2015, Toledo Steel montre un sacré talent se positionnant comme un espoir sérieux. Avec l’intro ‘Zero Hour’ enchainée à ‘Speed Killer‘ ils confirment tout le bien que l’on pensait d’eux et épatent tous ceux qui les découvrent. Le son est costaud et fait apprécier ce côté rapide et mélodique maitrisé. La voix haut perchée de Rich est parfaite dans un pur esprit 80’s, et niveau solo tout est aussi bon avec un côté fluide et rapide. Avec ’Rock Nights’, ‘Heavy Metal Headache’ le groupe nous balance deux nouvelles claques bien speed qui évoquent le Helloween des débuts. Le public est sous le charme de cette intense prestation qui fait largement bien remuer les têtes. ‘City Lights’ est un titre au refrain bien troussé et ‘When The Night Draws In’, un boulet de canon d’une sacrée puissance. Ce concert aura été une réussite parfaite et un ravissement pour les amateurs de bon vieux heavy metal mélodique, qui espérent vite retrouver Toledo Steel sur scène et avec du matériel tout neuf en prime pour continuer de les ravir.
Cette date belge a failli être compromise pour Blaze. Suite à une panne le groupe est arrivé un peu à l’arrachée et ne dispose pas de tout son matériel. Il fait sans son décor de scène et ne dispose que d’une partie de son merchandising. Il en faut plus pour décourager un chanteur qui en a vu bien d’autres dans une carrière solo mouvementée. C’est en trio que le groupe démarre. En se joignant aux musiciens d’Absolv, Blaze a eu le nez creux car ils sont excellents. Après avoir lancé l’intro Blaze déboule en boulet de canon et harangue le public. Le trio ‘Reedemer’ / ‘Are You Here’/ ‘Futureal’ fait un tabac et les premiers rangs se déchainent. Les deux premières, issues du nouvel album "The Redemption Of William Black", sont des monstres heavy épique et la reprise d' Iron Maiden fait son effet, ce titre speed comme Maiden n’en fait plus étant taillé pour la scène avec une sacrée force notamment dans le refrain. Le chanteur est en forme, son chant est parfait avec le côté voilé qu’on lui connait.
Extraite du nouvel album, ‘The First True Sign’ fait un carton avec sa grande force mélodique dans la grande tradition heavy metal britannique avec un refrain parfait. Avec ‘Silicon Messiah’, Blaze va faire l’unique saut de la soirée sur sa première vie solo. Ce morceau reste monstrueux de classe et un de ses tout meilleurs avec une montée en puissance formidable et un refrain imparable. Après ce grand moment, Blaze prend la parole pour expliquer l’histoire de sa trilogie et remercier chaleureusement un public qui l’a toujours soutenu. Le groupe va balancer un énorme enchaînement d’extraits de la trilogie. ‘Dawn Of The Dead Sun’, Fight Back’ et ‘Prayers Of Light’ montrent la classe de ces disques et confirment la seconde jeunesse d’un Blaze qui a tout d’un chat. On y apprécie les soli d’un Chris Appleton heureux d’être sur scène. Ce qui frappe c’est aussi cette force heavy et épique qui éclate à la figure d’un public bouillant et bougeant fortement dans les premiers rangs. Cette partie de concert s’achève avec un tonitruant ‘Virus’, un immense moment avec une première partie alternant entre puissance et mélodie et un final épique avec des parties de guitares ébouriffantes et une force épique énorme. Blaze va même au contact du premier rang en serrant la main de chaque personne.
Blaze présente le morceau suivant ‘Independance’ et en profite pour souligner la sienne -le fait qu’il n’ait pas de label- pour garder un contact direct avec ses fans. Cette sincérité donne à ce moment un beau côté émotionnel. Et derrière, 4 titres de la trilogie vont achever de convaincre tout le monde. ‘Independence’, ‘Human’, ‘Calling You Home’ et ‘Escape Velocity’ font l’unanimité avec un savant mélange entre puissance heavy et force mélodique, les refrains étant toujours aussi soignés. Blaze salue ensuite Toledo Steel et en leur faisant de chaleureux compliments. Il annonce ensuite son traditionnel meet & greet et insiste sur son côté gratuit là où bien souvent cela est devenu payant. Il évoque "Virtual IX" et les 20 ans du disque et il va nous en balancer le titre le plus controversé, ‘The Angel & The Gambler’. Il nous promet que nous allons adorer cette version, il a l’excellente idée d’en présenter une courte sans claviers avec plus de guitare pour un résultat tonitruant en forme de cure de jouvence. Le titre y gagne un bon côté rock’n’roll et prend de la puissance grâce à un trio musical au top. Maiden est encore à l’honneur avec un ‘Man On The Edge’ qui va mettre le feu et provoquer quelques pogos. Ce titre est toujours aussi bon et mérite d’être remis à l’honneur tant il est efficace, heavy et doté d’un refrain parfait.
Le concert tire sur sa fin, on repart vers la première partie de la trilogie avec ‘A Thousand Years’. Classique du style Blaze ce titre fait son effet avec un savant mélange entre mélodie et puissance, avec toujours ce souci du refrain qui fait mouche. C’est sur ce titre que le groupe se retire sous les vivats et pour mieux rapidement revenir. Ému de l’accueil, Blaze introduit le premier titre et nous explique qu’il est le point de départ de l'aventure avec Absolva. ‘Infinite Entanglement’ déboule et s’avère être un bon moment de heavy tout comme ‘Dark Energy 256’ qui enchaîne avec un ton speed notamment sur un refrain tonitruant. Le concert se termine sous les applaudissements nourris, et fidèle à sa promesse Blaze file vers son stand pour de nombreuses signatures et photos dans la bonne humeur. La soirée a été parfaite et nous remercions chaleureusement Bart et ses équipes pour leur accueil, leur gentillesse et leur organisation.
Samedi 24 Mars :
Pour la seconde date nous voguons vers les côtes de la Région Haut-de-France non loin de St-Omer à Mametz chez nos amis du Mametz’vy Metal. Ils nous régalent d’affiches de qualité depuis 2014. Pour cette cinquième édition décalée, l’équipe a pêché un gros poisson avec Blaze. En 2016 Absolva avait joué lors de la troisième édition et le succès rencontré a sans doute joué un rôle dans cette venue. Pour l’occasion le festival met les petits plats dans les grands et déserte la salle paroissiale pour la salle Millénium d’une bien plus large capacité. Grâce à un prix modique et deux autres groupes elle affiche complet et ce sont 400 personnes qui vont la blinder pour le plus grand plaisir d’organisateurs passionnés qui méritent un si beau succès.
Comme vendredi un groupe a été déniché pour ouvrir et il ne vient pas de très loin. Hopkins est originaire de Calonne Ricouart et compte dans ses rangs Arnaud qui œuvre comme chanteur dans Spirit. La salle est déjà remplie quand les musiciens débarquent, il faut dire qu’ils jouent à domicile avec plein de potes présents et la bonne humeur est palpable. Hopkins évolue dans un doom teinté de heavy avec un côté pachydermique typique et un chant rugueux et grave parfait. Avec l’intro puis ‘Edge Of The World’ il balance un titre efficace digne du Sabbath des débuts avec des riffs bien lourds qu’on imagine bien être balancés par Tony Iommi. Petit à petit le ton se fait bien plus doom et au hasard d’un ‘Black Mother’ ou de ‘It’s Over’ on apprécie cette lourdeur. L’ambiance est excellente, Arnaud est concentré sur son chant mais reste un frontman charismatique et il ira faire un petit tour dans la salle pour chauffer tout le monde. En fin de concert il est accompagné au chant d’une partenaire féminine pour un résultat remarquable. Son timbre lancinant, assez vicieux, se mixe à merveille à celui d’Arnaud et cela donne un splendide ‘Devil Driver’, parfait moment de doom heavy. ‘Intruder’ en aura assommé plus d’un par sa lourdeur et enfin la reprise de ‘Paranoid’ a rencontré un succès logique et a achevé parfaitement ce sympathique concert. Au-delà d’un groupe de potes, Hopkins est surtout un excellent groupe de doom qui en maîtrise les codes avec une sacrée classe et a été une première partie idéale.
Pour cette date Blaze et ses hommes ont retrouvé leur décor aux couleurs du nouvel album et la salle est pleine attendant le début des hostilités. Par rapport à la date de Chapelle le public est plus familial avec pas mal de générations représentées et bien sûr beaucoup d’amateurs de la Vierge de Fer aux côtés des fans de la première heure de Blaze. La set list sera identique une grande partie du concert avant que des circonstances n’influent sur le déroulement des évènements avec une petite surprise. Fier de cette carrière récente Blaze base son set en très grande partie sur sa trilogie "Infinite Entanglement" et ne garde à côté que quelques traces de son passé. Malgré cette prise de risques (tout le monde n’a pas forcément suivi le chanteur ces dernières années), la mayonnaise va prendre sans difficulté auprès d’un public heureux d’être là et savourant pleinement cette soirée. On retrouve le même duo d’entrée avec ‘Reedermer’ et ‘Are You Here’ et force est de constater que ces deux titres du dernier album sont vraiment taillés pour la scène avec leur force heavy. L’entame est idéale et le public savoure la qualité technique du trio musical, précis en étant décontracté et souriant. Le chanteur est lui en forme, moins décontracté que la veille mais en voix.
L’enchaînement avec ‘Futureal’ est clairement une bonne idée, le titre n’a pas été oublié des fans d'Iron Maiden et cette version sur vitaminée fait un sacré carton, le public adhère cash et la partie est déjà gagnée pour Blaze et ses hommes. Derrière, avec un petit speech en français Blaze achève de se mettre le public dans la poche. La suite du concert va ainsi se dérouler parfaitement, ‘The First True Sign’ confirme la forme vocale de Blaze puis ‘Silicon Messiah’ est toujours aussi forte à savourer. Epique et poignant, le titre est un beau moment d’émotion avec une jolie facette heavy. Blaze en profite ensuite pour nous raconter l’histoire de l’album sans négliger le français. Derrière vont ainsi s’enchaîner trois titres de cette trilogie et l’effet est total. ‘Dawn Of The Dead Sun’, Fight Back’ et ‘Prayers Of Light’ passent à la vitesse de la lumière et en assomment plus d’un. Certains redécouvrent un chanteur qu’ils pouvaient penser fini ou has been et la claque qu’ils se prennent les convainc de la force de cette carrière solo. ‘Virus’ est devenu un classique grâce à Blaze de manière très méritée : ce titre épique et puissant est une pure réussite. Et il fait son effet, les fans de Maiden étant ravis d’entendre ce titre oublié du groupe depuis le retour de Bruce Dickinson.
Blaze reprend la parole et évoque sa carrière, son indépendance et remercie encore le public pour s’être déplacé en masse. Son ‘You Look Magnifique’ rencontre un franc succès et le chanteur se montre vraiment ému de ce soutien. ‘Independence’ a encore plus résonné comme un hymne à la liberté et a donné le frisson. La dernière ligne droite approche et le rythme ne baisse pas. ‘Human’ est une nouvelle baffe speed. Puis ‘Calling You Home’ voit le chanteur remercier le public encore une fois insistant sur le fait que pour une première fois ici il se sent chez lui. ‘Escape Velocity’ porte bien son nom mais en fin de morceau un problème technique coupe le micro de Blaze. Le problème est bien géré et pour patienter le public chante le début de ‘Como Estais Amigos’. Dans la bonne humeur Blaze chante à son tour et une fois le souci réglé le titre est achevé et cette superbe ballade pleine d’émotion restera comme un moment fort de ce concert. La nouvelle version de ‘The Angel & The Gambler’ enchaîne et confirme que ce morceau gagne une seconde vie assez incroyable. Il est l’occasion de souhaiter l’anniversaire de Martin McNee, de soli mémorables à la basse comme à la guitare, le tout dans une ambiance de feu. Ambiance qui ne va pas retomber avec ‘Man On The Edge’, extrait de "The X Factor", qui fait son effet et voit le public chanter - mais la technique cède encore sur la fin du titre. Blaze et ses hommes patientent cette fois sur le côté de la scène mais reviennent pour un dernier titre. Il faut saluer le mérite des musiciens d’avoir su patienter, Blaze en profite pour rappeler le meet & greet gratuit et ‘Dark Energy 256’ finit le concert en beauté avec un ton bien rentre-dedans.
Le chanteur file ensuite directement vers son stand et prendra le temps pendant plus d’une heure pour signer et faire des photos sans lassitude. Pendant ce temps-là la scène est démontée mais la soirée n’est pas finie. Il reste le final, la cerise sur le gâteau en guise de cadeau avec la venue du tribute band Dynasty qui rend comme son nom le laisse supposer hommage à Kiss. Bien connu des amateurs, il sort du lot par sa qualité et sa ressemblance avec les originaux. Des costumes aux maquillages tout est parfait et en fermant les yeux on se penserait vraiment à un concert de Kiss. Le quatuor va donner un concert bien énergique et malgré l’heure un peu tardive la salle reste bien pleine et sous le charme de ces chansons devenues des hymnes hard rock. En début de concert le quatuor fait l’unanimité avec ‘Deuce’, ‘Paradise’ ou ‘Do You Love Me’, et le duo Simmons Stanley est parfait tant musicalement que vocalement. Ce concert est un joli moment de plaisir pour les fans et en vrac on retiendra ‘Firehouse’ -avec le casque de pompier porté bien sûr- ou encore ‘Shout It Loud’, ‘God Of Thunder’ et bien sur ‘I Was Made For Loving You’, tous parfaitement interprétés. Ceci achève une soirée bien remplie en forme de réussite complète. Il nous reste à remercier chaleureusement Jéjé et ses équipes pour leur accueil, leur parfaite organisation et tout ce travail au service du heavy metal rendu accessible au plus grand nombre.