Nous sommes à Courtrai chez nos amis de l’Alcatraz dans leur salle fétiche de De Kreun pour assister à la venue des Canadiens d’
Anvil. Fidèle à la Belgique sur chacune de leurs tournées, le groupe est de retour moins de deux ans après son passage non loin de là à Roulers pour la tournée "Anvil Is Anvil" et trois et demi après un passage brûlant à De Kreun pour présenter "Hope In Hell". Récemment auteur d’un bouillant "Pouding The Pavement", le trio vient d’entamer une tournée longue durée dont il a le secret, de celles qui semblent sans fin, et a emmené dans ses bagages deux formations dont une de la même génération que lui.
En attendant et dans une salle qui sans être sold-out se remplit bien ce sont les Allemands de Grey Attack qui ouvrent la soirée. Originaires d’Aix La Chapelle, ils ne jouent que sur quelques dates et disposent d’une demi-heure. Peu connus par chez nous et auteurs d’un premier album éponyme en 2015, ce sont des musiciens expérimentés qui œuvrent dans un hard rock mélodique et accrocheur qui emprunte autant à Europe qu’à Scorpions. Dans cette affiche purement heavy le groupe peut faire figure d’anomalie mais il ne va pas se laisser impressionner et proposer une prestation énergique porté par la voix puissante et chaleureuse de Grey Charlez. Cette prestation va être de qualité, certes il n’y a rien de neuf dans ce hard rock classique mais les musiciens connaissent leur métier. Dans l’esprit d’un Nickelback ils jouent habilement sur les ambiances entre mélodie et puissance avec un joli côté feutré. Sur des titres comme ‘Over The Rainbow’ ou ‘Until I’ll Die’ on apprécie aussi un bon travail sur des refrains évidents. Cette prestation aura été un bel encas de la part d’un groupe sympathique, digne héritier des grandes formations hard rock mélodiques des années 80.

Après cette mise en bouche se présente un grand ancien de la scène heavy métallique avec Trance. Le groupe a vu le jour en 1977 en Allemagne et a connu de jolis moments avec trois bons disques entre 1982 et 1985. Malheureusement comme beaucoup il a mal vécu les années 90 et a connu une longue traversé du désert jusqu’à son retour en 2011 couronné par un album, "The Loser Strikes Back", en 2017. Trance commence à Courtrai sa tournée en support d’Anvil et il a un line-up spécial pour l’occasion. Il a un nouveau chanteur, Nick Holleman et son batteur d’origine, Jurgen Baum pour quelques dates. Ce concert va être un sacré plongeon dans le passé et rappeler pas mal de souvenirs aux plus anciens. Porté par un Nick plein de fougue du haut de ses 26 ans, Trance va donner un concert énergique dans une idée speed métal typé 80’s. Il va le baser essentiellement sur ses années glorieuses avec pour débuter un ‘Heavy Metal Queen’ qui a servi de mise en place, avec des musiciens concentrés et un peu hésitants, début de tournée oblige.

Mais petit à petit les anciens trouvent leurs marques et montrent qu’ils n’ont rien perdu de leur talent. Nick Markus Berger et Eddie St James tissent avec leurs guitares un ensemble heavy metal à l’ancienne véloce. Tandis que le revenant Jurgen tabasse ses fûts comme un jeune premier. ‘Sensation’ puis ‘We Are The Revolution’ font leur effet auprès d’un public ravi de ce voyage dans le passé, ramenant les chœurs classiques, les soli épiques et les refrains évidents. Nick est clairement heureux d’être ici et va chercher le public avec envie. Sur ‘Break Out’ il lui fait chanter le refrain et cela marche bien. De plus son ton suraigu est maitrisé et il rend bien hommage à ses prédécesseurs. La suite est tout aussi brillante, on retrouve le charme de l’époque à l’écoute d’un ‘Loser’ ou d’un ‘Break The Chains’. La force épique et mélodique se fait ressentir et nous rappelle aussi la force d’un Scorpions pour des soli à la fois aériens et rapides. En fin de concert, Trance nous balance un excellent ‘Shock Power’ qui ravit un public désormais à fond. Les anciens ont montré une belle classe, certes le tout est un peu daté mais ce côté old school a pas mal de charme dans une époque parfois trop moderne et clinique. Trance a fait honneur à son nom et montré qu’il était bien vivant.

Après ce très bon moment la salle se remplit nettement pour accueillir le trio canadien. Anvil n’a jamais dévié de sa route en plus de 40 ans et semble ne jamais ressentir de lassitude. Lips et Reiner continuent de vivre leur passion, et le public est au rendez-vous pour une bonne rasade de heavy metal teinté de hard rock dans un pur esprit old shcool. Le trio débarque et commence très fort avec ‘March Of The Crabs’ enchainé à ‘666’. Ces deux extraits de "Metal On Metal" sont toujours parfaits pour débuter. Le court instrumental fait toujours son effet et permet à Lips de déjà se mettre en évidence. Derrière ‘666’ fait un tabac, ce titre heavy restant un pur classique dont on ne se lasse pas à l’instar d’un ‘Wrathchild’ pour Iron Maiden. Le concert est à peine entamé et déjà Lips se fait très bavard. Le chanteur guitariste a toujours un sourire digne d’un personnage de manga et est heureux comme un gosse de jouer devant un public fervent. Autre classique et habitué des débuts de concert ‘Ooh Baby’ cartonne dans l’esprit hard rock proche d’AC/DC que montrait Anvil à ses débuts sur "Hard’n’Heavy". Dans le même ton le plus récent ‘Badass Rock’n’roll’ enchaine à merveille et voit le public entonner le refrain dans un état d’esprit digne de la mentalité fraiche des Canadiens.

Anvil a lancé les hostilités avec fougue en scotchant au mur ceux qui les auraient pensés ringards ou dépassés. Derrière Lips reprend la parole pour présenter le nouvel album et exprimer sa joie d’être là après tant d’années de carrière. ‘Doing What I Want’ le premier extrait de "Pounding The Pavement" va être un sévère uppercut. Doté d’un refrain parfait il montre qu’Anvil est toujours pertinent pour signer du heavy metal percutant. Le retour sur le passé se fait ensuite avec deux extraits de "Forged In Fire". ‘Winged Assassins’ tout d’abord qui fait toujours son effet avec la basse de Chris Robertson bien mise en avant et à ses côtés le travail monstrueux de Reiner derrière ses impressionnants fûts. ‘Free As A Wind’ est ensuite l’occasion pour Lips de faire une dédicace à Lemmy au détour d’une longue anecdote racontée comme s’il était avec ses potes. Ce titre est l’occasion d’un joli moment hard rock costaud. Après ce plongeon dans le passé retour au présent avec ‘On Fire’ : ce titre bien heavy porte bien son nom et permet de voir Reiner massacrer sa batterie avec une puissance rare. Lips évoque "Story of Anvil" qui leur a permis de prendre un nouvel élan, remercie sa famille pour introduire le titre emblématique de ce documentaire, "This Is Thirteen", un titre très heavy qui fait son effet et montre que le groupe avait la rage au moment de sa composition.

‘Mothra’ revient ensuite avec bonheur vers le classique "Metal On Metal" avec ton old school mais heavy et avec surtout le solo de guitare avec un sex toy qui a fait beaucoup parler de lui et qui reste un moment fun. Derrière se présente un bel enchainement de titres récents. ‘Bitch In Box’ ne se prend pas au sérieux en évoquant avec férocité les voix féminines fatigantes des G.P.S. tandis que ‘Daggers And Rum’ est un bon concentré de hard et de heavy qui fait remuer la foule. La dernière ligne droite est entamée avec ‘Swing Thing’, un titre simple proche de Motörhead qui est surtout l’occasion pour Reiner de balancer un solo de batterie classique mais diablement énergique et très apprécié. Avec ‘Ego’ on retrouve un dernier extrait du nouvel album, tout aussi heavy et doté d’un super refrain. Puis dans cette même veine ‘Die For A Lie’ fait un joli carton et met l’ambiance. Celle-ci va monter d’un gros cran avec le tube d’Anvil, le classique ‘Metal On Metal’. Le concert a été long mais personne n’est fatigué et reprend en chœur dans une belle communion le refrain du titre. Le groupe quitte la scène mais revient très rapidement pour achever la soirée avec deux rappels. Sur de sa carrière récente il revient sur "Juggernaut Of Justice" avec un très efficace ‘Running’ puis en reprenant ‘Born To Be Wild’, le hit de Steppenwolf il donne une dernière fois l’occasion au public de chanter en chœur dans un joli moment de bonne humeur.


Anvil a proposé un excellent concert avec un bon mix de sa carrière récente et de ses débuts glorieux, il met certes de côté les années 90 mais il nous a prouvé ce soir qu’il n’était pas un groupe passéiste vivant sur ses acquis. Et au vu des visages radieux des fans on se dit que la soirée a été une réussite. De plus le passage du combo du combo à son stand après le concert a été un dernier moment fort de la part d’un groupe ayant su rester accessible et humain. Il nous rester à remercier Phillip et son staff pour leur accueil et pour leurs affiches.
Plus d'informations sur https://fr-fr.facebook.com/anvilmetal/