Interview pendant laquelle outre le rapprochement avec Nickelback, il sera longuement question du message du groupe qui plus qu'un message est une vraie philosophie de vie pour son frontman...
Quelle est la question qu’on t’a trop souvent posée ?
Rich Moss : La question de savoir d’où vient le nom du groupe revient souvent…
C’est étonnant, nous aurions pensé que celles relatives au fait que la batterie est tenue par une femme ou que ta voix est près proche de Chad Kroeger…
(Rires) … de Nickelback…
Jamais entendu parler de ce groupe…
(Rires) Non, c’est vrai que ces questions reviennent souvent… mais aucune ne nous embête, nous répondons à toutes les questions…
Et puis dans le cas de Nickelback, il y a pire comparaison…
Absolument, et quand les gens découvrent un nouveau groupe, ils vont toujours chercher à comparer. Et comme ma voix à cette tonalité rugueuse et grave, les gens pensent de suite à Nickelback (Sourire). Ils ont vendu des millions d’albums donc oui, il y a pire comparaison…

Comment te sens-tu à quelques jours de sortir ce nouvel album sortis chez Spinefarm ?
Nous sommes très positifs. C’est la première fois que nous sommes associés à un label. Nous sommes excités car c’est une vraie expérience qui va nous permettre d’apprendre. Tout ce que nous avons fait par le passé était fait par nous-mêmes. « All in Time », notre premier album, est totalement autoproduit. Et aujourd’hui, nous avons une vraie forte équipe pour nous soutenir. Dans certains cas, je ne vais pas te cacher que c’est difficile de laisser faire à d’autres ce que tu avais l’habitude de faire par toi-même mais bon, nous sommes en de bonnes mains avec les gars de Spinefarm.
Ce que nous avons fait par le passé nous a permis d’être là où nous
sommes aujourd’hui et il est désormais temps que nous prenions notre
envol.
D’une certaine façon, peut-on dire que cet album marque les vrais débuts de la carrière de Stone Broken ?
Je le pense. Ce que nous avons fait par le passé nous a permis d’être là où nous sommes aujourd’hui et il est désormais temps que nous prenions notre envol.
D’un autre côté, penses-tu que Spinefarm qui est connu pour être un label metal est le meilleur pour promouvoir votre musique ?
Je crois qu’ils ont aujourd’hui un panel assez diversifié de groupes, de Rammstein à Seether. Je pense que nous nous inscrivons parfaitement dans ce catalogue. De plus, ils ont créé une nouvelle division récemment Snakefarm avec des groupes plus country comme Whiskey Myers… Donc bien qu’ils aient été un label metal par le passé, ils ont évolué avec le temps et avec la résurgence du rock sudiste, on peut nous voir au milieu de ça. Non, c’est vraiment l’endroit où il faut être parce qu’ils ont une grande expérience de la scène metal mais également country… Je pense donc qu’au contraire, ils sont les bonnes personnes qui vont nous permettre d’aller de l’avant.
Le visuel de "Ain’t Always Easy" représente un paysage américain typique. Est-ce une façon de montrer que vos influences viennent surtout du rock américain plus qu’anglais ?
Oui ! Nous écoutons énormément de rock américain, le groupe vient de là. Mais la route représente le voyage que tu dois faire et le panneau à terre montre que la route sera sinueuse et donc que rien ne sera facile.

C’est clairement le message de cet album…
Exactement ! Les gens et en particulier en Grande-Bretagne pensent que tout roule pour Stone Broken parce qu’ils nous voient dans des festivals, que nous passons en radio… mais en coulisse, ce n’est pas aussi rose : nous ne jouons pas toujours les concerts dans lesquels nous voudrions jouer, nous n’avons pas forcément les opportunités que nous aimerions avoir… Comme nous sommes humains, nous sommes un peu contrariés au fond de nous car nous n’avons pas eu ce que nous voulions mais nous continuons notre route… cette image représente tout cela pour nous !
Sur des titres plus calmes comme ‘Home’ ou ‘Anyone’, la comparaison avec Nickelback est flagrante. Est-ce conscient et si oui, assumes-tu ce rapprochement ?
Ce n’est pas un choix conscient. Nous écrivons juste les chansons naturellement ainsi. ‘Home’ et ‘Anyone’ ont été écrites très rapidement. Au moment de commencer à enregistrer l’album, trois jours avant d’entrer au studio exactement, nous avions deux chansons dont nous n’étions pas sûrs. Je me vois encore dire à Robyn (NdStruck : Robyn Haycock, batterie) que je n’aimais pas deux titres que nous devions enregistrer. J’ai vu la panique sur son visage car nous étions à trois jours d’entrer en studio (Rires). Je leur ai demandé de me laisser 15 minutes, 15 minutes de calme et puis, une mélodie m’est venue en tête, j’ai pris ma guitare acoustique et j’ai demandé à Robyn de prendre un papier et un crayon et d’écrire tout ce qui sortait de ma bouche. Ça a pris exactement 3 heures entre la première idée et la démo terminée de ‘Anyone’.
Peut-on en conclure que vous avez la recette magique pour composer le prochain album à savoir que la prochaine fois, au lieu de 3 jours, tu en prendras 4 pour composer tout l’album ?
(Rires)

Non, sérieusement ces deux titres sont des tubes potentiels et confortent l’idée que les chansons les plus réussies sont les plus spontanées…
Les chansons qui viennent de façon naturelle et organique sont effectivement celles qui vont le mieux sonner car ce sont celles qui viennent du cœur : il n’y a aucun filtre !
On en riait mais est-ce que cette expérience d’écriture va vous influencer pour la composition du prochain album ?
Nous en sommes qu’à nos débuts, nous n’avons composé que deux albums soit 21 chansons, il nous reste encore beaucoup de choses à développer pour encore mieux écrire nos chansons. Mais effectivement, comme tu l’as dit, ça a marché avec ces deux chansons mais je ne pense pas que ça marchera aussi bien avec les titres plus heavy qui réclament plus de développement. Mais nous allons essayer de retenter et revisiter cette façon de faire parce que tu l’as dit, il semblerait que nous ayons produit deux bonnes chansons ainsi.
Notre intention est toujours de faire quelque chose de catchy.
Vous mélangez souvent mélodies et énergie dans votre musique. Peut-on y voir une influence de la scène hard mélodique anglaise et des groupes comme Newman, Shy ou Ten ?
Pas du tout. Nous tirons nos influences de plein de groupes américains et nous sommes conscients que quand nous composons un titre, il faut une accroche qui doit rester en tête. Nous essayons de réaliser cela soit avec des parties de guitares catchy ou de gros refrains. Notre intention est toujours de faire quelque chose de catchy. Tu as cité des groupes d’AOR et je suppose qu’ils ont de gros refrains et des mélodies entêtantes mais ce type n’est clairement pas une influence musicale pour nous.
Vous incluez des éléments modernes dans des titres comme ‘Follow Me’ par exemple. Avec ce type de titres, vous sentez-vous plus proches de groupes post-grunge comme 10 Years ou les premiers Nickelback ou des groupes comme Fuel, Shinedown ou encore Alter Bridge ?
Tous ces groupes !
Ouf, cette fois-ci on est bon…
(Rires) Tout à fait, nous écoutons tous les groupes que tu viens de citer et avons écouté toute la discographie passée de ces groupes. Nous puisons notre inspiration de tout ce que nous pouvons écouter.
Ce groupe s’est construit sur la frustration
Tu as vécu une période difficile pendant laquelle tu étais prêt à abandonner l’idée d’être musicien et c’est à ce moment que tu as créé Stone Broken. Est-ce que ces moments difficiles, cette expérience sont le point de départ de l’énergie de votre musique et votre approche optimiste ?
Définitivement ! Ce groupe s’est construit sur la frustration parce que comme tu l’as dit, j’étais vraiment prêt à abandonner le monde de la musique, j’ai perdu un membre de mon précédent groupe à cause de l’alcool. Suite à ça, j’ai laissé tomber la musique pendant deux ans mais j’ai dû me remettre en selle car j’étais trop frustré. Tout cela se ressent dans nos chansons dans lesquelles nous parlons d’addiction, de ne laisser passer aucune chance qui passe devant toi et vivre le moment présent : c’est vraiment ce que nous ressentons au fond de nous.
Plus qu’un groupe musical, peut-on dire que Stone Broken est le point de départ d’une nouvelle vie ?
Exactement, et je dirais même que tu le dis bien mieux que moi (Rires) ! Avant d’être dans ce groupe, j’étais derrière un bureau : j’étais analyste de données. C’était ma vie ! Et puis, j’ai réalisé que ce n’était pas la vie que je voulais mener, j’ai donc dû prendre des décisions. En effet, quand j’ai donc monté Stone Broken, je jonglais avec ces deux vies, ça a marché un temps mais à un moment nous avons été retenus pour faire la tournée avec Glenn Hughes, soit 6 semaines et ensuite, il a fallu composer ce nouvel album parce que nous devions entrer en studio… C’était une décision compliquée parce que j’avais une sécurité financière avec mon boulot…
Et aujourd’hui, qu’en est-il ? Arrives-tu à t’en sortir financièrement avec ta seule activité au sein de Stone Broken ?
(Silence) Nous ne gagnons pas énormément d’argent actuellement.
Et comment t’en sors-tu ?
Je m’en sors avec les indemnités chômage.
Ce groupe est un pari
Mais ça ne durera pas…
Bien sûr ! C’est compliqué parce que tout peut arriver mais aujourd’hui, j’essaie de ne pas trop penser à tout ça, je ne pense qu’au moment présent.
Mais c’est certain que ce groupe est un pari mais je n’avais pas le choix, il fallait choisir entre mon boulot et le groupe.
Et ce choix il fallait le faire alors que tu es encore jeune…
Le choix fut rapide car je voulais faire de la musique et aujourd’hui, je suis nettement mieux dans ma peau.
Pour la suite, nous verrons bien, seul le temps nous dira si je ferai de la musique pour le restant de ma vie… mais je ferai tout ce qui est possible pour que ça marche !
En clair, tu ne veux pas avoir de regret et c’est un peu de quoi cet album traite également…
Tout à fait !
Vous ouvrez cet album avec ‘Worth Fighting For’. Avez-vous placé ce titre en ouverture afin de poser les fondations de l’identité de Stone Broken et sa philosophie qui est de dire que rien n’est facile à obtenir mais cela vaut-il la peine de se battre pour l’obtenir ?
Absolument ! Dès les premières notes de l’album, les gens vont comprendre ce qu’est Stone Broken. Mettre cette chanson en premier était un choix conscient car elle contient tous nos éléments : il y a des riffs, des mélodies, il y a une grosse batterie avec ce message "si ça en vaut la peine, il faut se battre pour l’avoir". Nous voulions vraiment que les gens le sachent parce que beaucoup de personnes vont nous découvrir avec cet album et nous voulions être directs pour montrer ce qu’est Stone Broken !
Dans la même idée, ‘The Only Thing’ est un rappel de votre état d’esprit et peut-être un nouvel horizon pour le futur du groupe ?
Oui ! ‘The Only Thing’ est une chanson construite sur des souvenirs d’enfance, quand tu sors avec tes amis et ce genre de choses. C’est toujours le cas -je sors toujours avec mes amis en tournée et tous les jours. En fait, tout est une question de cycle : j’étudiais la musique au collège et c’est là que j’ai rencontré Robyn, notre batteuse. Nous avons fait des virées ensemble et puis, nous avons travaillé et ensuite, sortir à nouveau… Nous faisons ce que nous adorons, à savoir voyager à travers le monde : je n’étais jamais venu à Paris avant aujourd’hui…
Nous prenons chaque chose qui s’offre à nous avec excitation et nous
allons continuer à faire ce qu’il faut pour arriver à nos fins et
effectivement, tout commence aujourd’hui !
On l’a évoqué : cet album marque la signature chez Spinefarm, une tournée avec Glenn Hughes, cette promo internationale… Stone Broken a clairement passé un cap…
Tout commence aujourd’hui dans ce salon ! C’est ce que nous voulons faire : nous sommes en train d’acquérir énormément d’expérience, nous apprenons tous les jours et nous prenons chaque chose qui s’offre à nous avec excitation et nous allons continuer à faire ce qu’il faut pour arriver à nos fins, et effectivement, tout commence aujourd’hui !
D’un autre côté, ‘Let Me See it All’ semble montrer une vraie rage sur le refrain et même dans le solo. Quel est la base de cette rage ?
Eh bien, nous l’avons fait exprès : en fait, à l’écoute de ‘Let me See it All’, les gens pensent que c’est une chanson décapante avec un côté sordide. Les paroles traitent d’addiction mais quand on parle d’addiction, les gens pensent aux drogues, à l’alcool et c’est tout mais c’est faux : on peut être addict à tout !
Cette chanson parle d’un mec qui a besoin d’un fix, il se rend au club de strip-tease… et tout cela affecte sa santé mentale mais également son physique… La frustration vient du fait que les gens ne se rendent pas compte de son incapacité mentale au départ.
Nous délivrons un message avec émotion et c’est la meilleure de le faire passer.
Est-ce que ce personnage est réel ?
Dans mon esprit oui ! Nous essayons de parler des choses que nous avons vécues ou les choses que des personnes ont vécues. Pour cette chanson, nous avons vu une situation et nous avons brodé une histoire tout autour de cette situation : cette chanson est une histoire construite sur des émotions, des sentiments…
Sur ‘Heartbeat Away’, il y a une certaine rage dans les riffs mais les paroles sont optimistes. Est-ce une façon de botter le cul de l’auditeur et de lui dire de faire tout son possible pour arriver à ses fins ?
(Rires) Tout à fait ! Et pour le coup, ‘Heartbeat Away’ est une chanson personnelle qui traite de violence domestique et la façon dont cela impacte non seulement la victime mais également le monde tout autour. C’est une chanson très agressive parce qu’elle porte un message très agressif, mais nous voulions le tourner positivement en indiquant qu’il y a toujours une lumière au bout du tunnel, il y a toujours une solution à chaque situation…
Dans le précédent album, plein de gens sont revenus vers nous en disant que certaines de nos chansons les avaient beaucoup aidés dans des moments difficiles : nous avons réussi à créer un lien avec nos fans et nous voulons qu’ils sachent que ce sera toujours le cas, qu’ils pourront toujours nous parler si nous pouvons les aider.
Quelles sont tes attentes pour cet album ?
C’est une question très dure. Nous savons ce que nous pouvons faire par nous-mêmes donc désormais que nous avons un label avec nous, nous souhaitons que le groupe connaisse une plus grande croissance.
Vous avez tourné avec Glenn Hughes, quelle peut-être la prochaine étape car on ne parle pas d’ouvrir pour n’importe qui ?
(Rires) C’est clair ! Et bien, nous avons monté une tournée en tant que tête d’affiche autour de la sortie de cet album : une tournée de deux semaines aux Royaume-Uni et ensuite, en Europe avec une date au Forum Vaureal. Après cela, nous aimerions tourner aux Etats-Unis et puis, on arrivera à la saison des festivals. En clair, nous voulons être sur la route le plus longtemps possible en jouant avec d’autres groupes, le top serait de jouer avec Shinedown, Alter Bridge… ça serait cool !
Concernant votre ambition et pour faire le lien avec une de nos premières questions : souhaitez-vous conquérir le marché anglais avec votre rock typiquement US ou conquérir les Etats-Unis ?
Clairement, nous espérons conquérir les Etats-Unis ! Quand nous avons monté le groupe, l’objectif était d’aller aux Etats-Unis pour faire du bruit… C’est notre but mais cela coûte cher (Rires) !
Il faudrait trouver une première partie avec une grosse pointure comme tu les as cité tout à l’heure…
C’est clairement ce que nous essayons de faire…
On a commencé cette interview avec la question qu’on t’a trop souvent posée, au contraire quelle est celle que tu souhaiterais que je te pose ou à laquelle tu rêverais de répondre ?
C’est compliqué… J’ai toujours aimé parler de nos expériences de tournée : les gens nous demandent toujours nos meilleures expériences mais il faut savoir que ce n’est pas toujours glamour (Rires) !
Si tu devais en citer qui te vient tout de suite en tête ?
Quand nous tournions avec Glenn Hughes. Glenn Hughes est une légende. Il nous considérait comme ses enfants parce qu’il nous appelait ses « gosses ». Nous le regardions jouer des coulisses et il lui arrivait de sortir de scène entre deux titres et en nous voyant, il nous disait "Continuer à faire ce que vous faites car vous le faites super bien mais tenez-vous éloignés des drogues !" et il remontait sur scène chanter ‘Burn’ : c’est tellement rock’n’roll comme souvenir !
Merci
Merci beaucoup !
Merci à Loloceltic pour sa contribution...