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TITRE:

SAXON (11 JANVIER 2018)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

HEAVY METAL



Le groupe de heavy metal britannique Saxon fêtait l'an dernier ses 40 ans d'existence ! Ils nous donnent rendez-vous en ce début d'année avec un 22ème album, "Thunderbolt" ! Rencontre avec leur chanteur emblématique, Peter Rodney "Biff" Byford.
DARIALYS - 26.01.2018 -
10 photo(s) - (0) commentaire(s)

Nouvelle rencontre avec notre désormais ami Biff qui revient sur les évènements qui ont secoués le hard rock depuis notre dernière entrevue. Une interview placée sous le signe de la marche en avant avec un artiste au regard résolument tourné vers l'avenir...





Biff, c’est la troisième fois que l’on se retrouve ! On s’est rencontré pour la première fois en 2012, puis en 2015, et maintenant en 2018. Pour nous, c’est comme si on retrouvait un bon vieil ami ! Mais de ton côté, est-ce que tu n’es pas fatigué par toutes ces interviews ?

Non non non ! Cela fait partie de mon travail ! En plus on a un nouvel album donc on n’est pas du tout fatigués !





Beaucoup de gens parlent du bon vieux temps, mais je n’en fais pas trop partie


Alors que la presse traditionnelle disparaît progressivement, la presse dématérialisée se développe grâce à Internet. Est-ce que tu regrettes le bon vieux temps, ou au contraire, est-ce que tu préfères le média de l’Internet qui est peut-être moins professionnel mais plus passionné ?

C’est difficile à dire… Je les aime tous les deux. A l’époque, quand j’étais plus jeune, et que je lisais des journaux comme Sounds, NME, Melody Maker, c'’était toujours sympa de lire des choses à propos des groupes que j’aimais. Maintenant, tu peux aller sur Blabbermouth pour aller lire les news. Avec Saxon, nous nous sommes popularisés dans les années 80, fin des années 70. Nous avons grandi au cœur de la révolution digitale mais on a quand même beaucoup de souvenirs de comment les choses se faisaient avant. Beaucoup de gens parlent du bon vieux temps, mais je n’en fais pas trop partie. J’aime les journaux, j’aime les magazines. Il y a quelque chose de spécial dans le fait de paraître dans un magazine. Heureusement, il en reste toujours. Concernant Internet, il faut faire attention à ce que tu y lis, car tu peux y trouver des interviews 15 minutes après qu’elles aient été réalisées. Tout n’est pas toujours bon. Dans l’édition du mois dernier du magazine Classic Rock, il y a un article de 8 pages sur les années 80. Le même contenu est sur Internet et ça rend mieux sur magazine, mais j’aime les deux ! Je pense qu’Internet a une très grande force.


La dernière fois, on s’est vu en 2015. Deux ans et demi après, des icônes du rock nous ont quittés. Le temps passe. Est-ce dur à vivre ? Es-tu aussi heureux que tu l’étais en 2015 ?

Eh bien, un autre ami à moi est mort la nuit dernière, Eddie Clarke, de Motörhead (guitariste présent depuis la formation du groupe, ndr). C’est très bizarre pour moi et tous les autres survivants de la révolution des années 80 de voir un ami qui meurt, mais bon, c’est la vie. Je suis très triste que Lemmy (Kilmister, chanteur et bassiste emblématique de Motörhead, ndr) soit parti, qu’Eddie soit parti lui aussi maintenant, il y a eu aussi Dio... On se sent proches d’un groupe comme Motörhead.


C’est un but pour toi de jouer de la musique jusqu’au bout comme c’était le cas pour Lemmy ?

Non, ce n’est pas mon objectif. Je n’y pense pas vraiment, je prends les choses comme elles viennent.





Je veux juste continuer mon chemin et me rappeler des bons moments que j’ai eu avec les gens

En d’autres termes, est-ce que le fait de rester en activité aujourd’hui en continuant d’enregistrer des albums et en faisant des tournées est un moyen pour vous de repousser la fin de votre carrière ?

La mort de gens comme ça te rappelle que tu es mortel. Je ne suis pas paranoïaque à propos de la mort, je veux juste continuer mon chemin et me rappeler des bons moments que j’ai eus avec les gens.


La dernière fois que l’on s’est rencontré, votre album « Battering Raw » venait de sortir et d’être bien accueilli. Après tant d’albums réalisés, est-ce que le fait d’être toujours créatif est une fierté pour toi ?

Quand tu sors un nouvel album, on va le comparer au précédent, et je pense que c’est important de ne pas être prévisible.


Est-ce que vous ressentez de la pression au moment de sortir un album ?

Je suis le seul à me mettre la pression, il n’y a pas de pression extérieure.


Quel genre de pression te mets-tu ?

J’ai simplement envie que l’album soit bon !



C’est votre 22ème album. Après autant d’albums produits, est-ce que tu considères toujours que vous avez quelque chose à prouver ?

Je ne pense pas vraiment que l’on ait quelque chose à prouver, mais on a le devoir de faire le meilleur album possible, c’est ce que je crois. Je veux que chaque chanson soit divertissante. Quand tu écoutes l’album, j’ai envie que tu te dises : “est-ce que cette chanson est meilleure que celle-ci ? ». Il faut que l’album grandisse en toi. Je n’aime pas les albums où il n’y a qu’une seule chanson centrée autour d’un bon riff et où le reste est nul. Je n’aime pas ces albums, j’aime les albums profonds.


Pourtant, c’est la conception contemporaine de la musique. Maintenant, il y a des playlists, et les artistes font des albums qui contiennent un ou deux titres majeurs.

Effectivement, les gens prennent une chanson et se focalisent dessus. Je ne suis pas vraiment comme ça. Je pense que toutes les chansons se doivent d'être bonnes.


Sur votre nouvel album « Thunderbolt », l’aigle est de retour sur la pochette. Nous ne l’avions pas vu sur un album studio depuis « Forever Free » paru en 1992. Est-ce que l’on peut y voir un clin d’œil à votre passé et une volonté d’affirmer qui vous êtes ?

Eh bien, l’idée de remettre l’aigle sur la pochette de “Thunderbolt” venait en réalité de l’artiste qui a conçu la pochette, Paul Gregory, pas de moi. “Thunderbolt” parle de Zeus, le dieu grec, et ses symboles sont l’aigle et l’éclair. C’est comme ça que l’idée de l’aigle est venue, mais elle est venue de Paul et pas de moi. C’est très old school, j’aime ça. Des fois, je m’implique dans l’artwork, mais là, ce n’était pas le cas.


L’artwork a un côté années 80 et rappelle l’esprit du heavy metal de l’époque. Il a ce côté épique que l’on pouvait retrouver sur les pochettes de Manilla Road (groupe de heavy metal américain né dans les années 80, ndr). Avec un peu de recul, est-ce en quelque sorte un hommage à ce groupe ?

Je ne sais pas vraiment, mais effectivement c’est une pochette très old school qui aurait très bien pu être celle d’un album des années 80. Ça aurait pu être la pochette de “Innocence Is No Excuse” (album de Saxon paru en 1985, ndr). Je trouve que Paul Gregory a des bonnes idées pour réaliser nos pochettes, il a ce côté gothique qu’on affectionne.




Tu me disais que quand vous sortez un nouvel album, il devient un standard. Vos fans ne sont donc pas surpris. Et pour cause, Saxon a une véritable marque de fabrique, tout comme Judas Priest ou Iron Maiden ont la leur, ce qui est plus difficile à obtenir pour des jeunes groupes. Comment expliques-tu que vos fans sont toujours aussi excites à l’idée de découvrir le nouvel album de Saxon alors qu’ils savent à l’avance à quoi il va ressembler ?

C’est une chose folle d’enregistrer un album. On ne sait jamais comment il sera accueilli jusqu’à ce que les gens l’aient écouté.


La chanson ‘Thunderbolt’ est un single typique, rapide et mélodique, avec une voix haut perchée et des guitares lourdes comme on les aime. Cela nous semble évident que cette chanson ouvre l’album et les prochains concerts ! Est-ce que c’était le cas pour vous également quand vous l’avez composée ?

J’aime toujours avoir une très bonne chanson d’ouverture sur un album. Mais je ne crois pas pour autant que ce soit la meilleure chanson sur l’album. Il faut démarrer un album avec une chanson qui représente l’essenc même du groupe. La chanson ‘Thunderbolt’ est très bien dans ce registre-là, le refrain est énorme, et ça devrait bien rendre en concert. Mais musicalement et au niveau de l’écriture, ce n’est pas la meilleure chanson de l’album.


Est-ce que vous écoutez toujours cet album ?

Je l’ai écouté il y a quelques jours encore. C’est un très bon album. Dans un album de Saxon, il y a toujours plusieurs bonnes chansons, et les gens l’écoutent dans son intégralité. Du coup, il n’y a aucune chanson qui attire toute l’attention. Les meilleures chansons du moment à part ‘Thunderbolt’ sur cet album semblent être ‘Nosferatu’, ‘They Played Rock And Roll’, les Allemands ont l’air d’apprécier ‘Sniper’, je ne sais pas pourquoi celle-ci en particulier mais on ne peut pas dire aux gens ce qu’ils doivent aimer ! ‘The Secret Of Flight’ est très bien, tout le monde sembler aimer ‘Roadie's Song’.





Les anciens groupes doivent être à la pointe, ils ne doivent pas être uniquement rattachés au passé, leur esprit doit être dans le présent, c’est ça le secret



Cet album est riche et varié. Il y a des chansons percutantes de heavy metal comme ‘Sniper’, du hard rock old school, et des chansons épiques, ce qui donne une structure très équilibrée au disque. Est-ce que le fait d’offrir un album varié et équilibré est aussi caractéristique de Saxon ?

Oui, je pense. C’est quelque chose d’unique, comme c’est le cas de beaucoup de groupes, comme Judas Priest. Beaucoup de groupes nous ont écoutés au cours des dernières années et je pense qu’on a montré la voie en quelque sorte aux autres groupes. Les anciens groupes doivent être à la pointe, ils ne doivent pas être uniquement rattachés au passé, leur esprit doit être dans le présent, c’est ça le secret.


Dans le registre heavy metal, nous avons été bluffés par la rapidité de certains morceaux comme ‘Sniper’, ‘Predator’, ou encore ‘Speed Merchants’ qui sont excellents. Est-ce que le fait de garder cet état d’esprit « heavy » est un moyen de montrer que vous ne vous ne voulez pas être considéré comme un vieux groupe et que votre puissance est toujours là malgré le temps qui passe ?

Le passé est le passé. Tout est dans le cerveau, le cerveau ne vieillit pas. Il faut continuer d’écrire de la musique. Le riff sur ‘The Secret Of Flight’ est vraiment cool, c’est un style de jeu excellent. Je pense qu’il est facile de devenir fainéants et d’écrire du blues à notre âge.





Les années 80 ont été une décennie incroyable. [...] Si nous en sommes là aujourd’hui, c’est grâce à tout ça, il faut s'en rappeler


Considères-tu que les groupes actuels sont fainéants ?

Non, je ne le crois pas. Les années 80 ont été une décennie incroyable. De nombreux groupes étaient déjà énormes avant les années 80, comme Motörhead. Je pense que les années 80 ont rassemblé les jeunes et anciennes générations, en Angleterre notamment. Iron Maiden, Saxon, Judas Priest, Motörhead, Whitesnake, tous ces groupes des années 80 passaient constamment à la télévision et à la radio. Si nous en sommes là aujourd’hui, c’est grâce à tout ça, il faut s’en rappeler. Mais on ne peut pas revenir en arrière, c’est impossible, c’est derrière nous. Cela pourrait revenir un jour, il se peut qu’un jour il y ait un nouveau mouvement rock en Angleterre. C’est assez cyclique. Nous avons eu notre moment de gloire dans les années 80, les Américains ont eu leur époque aussi. Les groupes doivent rester concentrés et continuer à écrire de la musique.


Vous avez marqué des points avec la chanson ‘They Played Rock’N’Roll’ dont le son est très proche de celui de Motörhead. Est-ce un hommage à ce groupe légendaire ?

Oui, c’est ce qu’on voulait. Je voulais un riff de guitare très proche du style de Motörhead. Je voulais aussi une batterie percutante. Mais le riff reste quand même du Saxon, c’est un mélange entre nos deux styles. Ça sonne très années 80. C’est d’ailleurs notre prochain single !




‘Roadie’s Song’ est une autre très bonne chanson dans le même style. Est-ce que c’est un hommage aux roadies, ces hommes de l’ombre qui vivent sur les routes ?

Oui bien sûr. Nous nous sommes faits beaucoup d’amis roadies au fil des années, et c’est une chanson sur eux. Ils travaillent dur, ils arrivent dans la salle de concert le matin…


C’est pour ça que cette chanson est si bien et que ce genre d’hommage est très important, car sans eux, ce ne serait pas possible d’organiser de tels concerts.

Pas pour des concerts comme les nôtres, c’est sûr. On ne pourrait pas vérifier le matériel et tout ça, il y aurait trop de travail.


Il y a aussi des chansons au côté épique comme ‘Nosferatu’ qui est ma préférée personnellement. Est-ce que tu es d’accord si je te dis que le côté sombre du début de ce titre rappelle Blue Öyster Cult ?

Oui, c’est vrai ! Le directeur artistique m’a demandé de faire une chanson sur Dracula. Il se trouve que j’ai vécu dans la ville où Bram Stoker a écrit Dracula. Je voulais que la chanson soit très gothique, sur une mesure de valse, ce qui est quelque chose d’assez rare dans le metal. J’aime vraiment cette chanson.


Les chansons ‘Sons Of Odin’ et ‘The Secret Of Flight’ suivent le chemin de ‘Crusader’ (sur l’album du même nom sorti en 1984) et de ‘Conquistador’ (parue sur l’album « Metalhead » en 1999). Ce côté épique fait partie de votre personnalité. Est-ce que le but de ces chansons est de faire voyager l’auditeur ?

Oui. Je pense que quand tu écris une chanson, il y a 3 éléments principaux, pour moi en tout cas : le riff de guitare qui doit être accrocheur, les arrangements qui doivent être intéressants, et il y a les paroles et la mélodie que je classe ensemble. Avec les paroles, j’aime faire voyager les gens. Je travaille assez dur sur les paroles en réalité. Pour moi, il y a la chanson d’un côté et les paroles de l’autre.





Je pense que quand tu écris une chanson, il faut utiliser les idées qui te viennent naturellement à l’esprit


‘Scarat’ et ‘Quinn’ sont deux autres excellentes chansons avec leur riff et leur solo. Iron Maiden et Judas Priest peuvent être jaloux de ces chansons qui revêtent un aspect très puissant. Votre duo continue de s’améliorer et gagne en puissance. Comment expliques-tu que ce duo semble rajeunir d’album en album ?

Je ne sais pas, je pense que les premières idées qui te viennent à l’esprit quand tu écris une chanson doivent figurer dans la version finale, tu vois ce que je veux dire ? Quand tu trouves une mélodie, les premiers mots que tu dis ou les premiers sons que tu chantes doivent être utilisés car ils viennent d’une partie de toi qui est inspirée. Quand j’écoute un riff de guitare ou une suite d’accords, cela peut me rappeler quelque chose, et parfois, c’est de là que mes idées viennent. Par exemple, j’ai écrit les accords de ‘Thunderbolt’, et Nibbs (Nibbs Carter, le bassiste du groupe, ndr) a rajouté l’aspect musical, donc ce sont deux choses différentes. Je pense que quand tu écris une chanson, il faut utiliser les idées qui te viennent naturellement à l’esprit. J’essaye toujours de faire en sorte que les paroles aillent avec le style de la chanson. Je ne vais pas faire une ballade qui parlerait de conduire une voiture rapide. Par exemple, la chanson ‘Speed Merchants’ se devait d’avoir un riff rapide avec des paroles qui correspondent. J’utilise cette règle à chaque fois que j’écris.


Au niveau de ta voix, tu as toujours une véritable puissance et un vrai sens de la mélodie. C’est plutôt rare d’arriver à maintenir ce niveau-là avec le temps sans ressentir de faiblesse dans la voix. La dernière fois que l’on s’est vus, tu m’as dit que tu ne faisais rien pour que ta voix reste à ce niveau-là, mais c’est dur à croire !

Je ne vais pas durer pour l’éternité non plus ! Mes oreilles ne sont pas aussi performantes qu’elles l’étaient quand j’étais jeune, je commence à devenir un peu sourd, ce qui peut être un peu dérangeant pour chanter. Mais pour le reste, ne t’inquiète pas ! (Rires).




Concernant la tournée qui arrive, vous allez jouer avec Judas Priest et Black Star Riders. J’imagine que le fait de partir en tournée avec ce genre de groupes doit être un immense plaisir pour vous ?

Oui, c’est un sacré line-up ! On voulait faire cette tournée en Europe, mais je ne crois pas que ce soit la volonté de Judas Priest. Ça aurait été super de faire venir tous ces groupes dans des Zéniths, à Paris, etc. Ça aurait été fantastique pour les groupes, mais ça ne va pas se faire ! (Rires).





La dernière fois que l’on s’est vu en 2015, tu m’as dit que tu étais en train de composer une chanson en vue de sortir un album solo. Qu’en est-il de cet album solo ?

Aujourd’hui, Saxon joue du bon heavy metal anglais, et j’aimerais peut-être jouer quelque chose de plus rock’n’roll.


Du coup, est-ce que tu penses que cet album solo sortira un jour ?

Le processus d’écriture de l’album est déjà plus ou moins fini à l’heure actuelle. Je pense que je le sortirai l’an prochain !


Merci beaucoup !

C'était toujours un plaisir...


Merci à Noise pour sa contribution...


Plus d'informations sur https://www.saxon747.com/
 
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