En ce dimanche glacé de mi-novembre MusicWaves est à Tourcoing pour la dernière date de la tournée européenne de
Paradise Lost. Entamée début septembre après une tournée des festivals elle est l’occasion pour la légende britannique du heavy doom de présenter son dernier album, "Medusa". La salle du Grand Mix affiche quasi complet. Le groupe garde une belle aura et sa venue dans cette très belle salle est un évènement. Pour le concert il y a un changement dans la première partie.
Sinistro qui a accompagné
Paradise Lost sur la tournée a dû repartir au Portugal et ce sont les Français de
Klone qui les remplacent en urgence.
Klone débarque sur la scène du Grand Mix pour donner son dernier concert acoustique de l’année. Avec leur album "Unplugged" les Poitevins ont marqué les esprits. Avec ce format intimiste ils ont fait preuve d’une émotion à fleur de peau et la tournée a été un succès. Ce concert est très attendu et la surprise est bonne pour mal de personnes qui découvrent le changement. Dans une légère pénombre le groupe déboule et d’entrée avec ‘Immersion’ il fait parler l’émotion. Ce titre porte parfaitement son nom tant il nous plonge dans un univers éthéré d’une forte sensibilité. La salle est quasi silencieuse et écoute religieusement le groupe, ce qui ajoute une note très forte et donne l’impression d’être dans une cathédrale avec un côté recueillement. Le groupe dispose d’un temps de jeu confortable et va égrener les extraits de son disque acoustique avec aisance.
On aime la face métallique de Klone mais ce visage épuré lui va à merveille. Ainsi ‘Fog’ et ‘Grim Dance’ s’imposent aussi, tandis que la reprise de ‘People Are People’ de Depeche Mode fait son effet. Il n’est pas sûr que tout le monde ait reconnu ce classique mais dans cette version à nu ce titre démontre sa force mélodique et mélancolique. La deuxième partie du concert est aussi prenante, le groupe communique à minima mais suffisamment pour créer un lien avec le public. Avec ‘The Silent Field Of Slaves’ ou ‘Nebulous’ et ‘Rocket Smoke’ il se fait tout aussi prenant et enchanteur.
Ce concert a été une belle réussite, le pari de l’acoustique avant un concert purement métallique était osé mais il est gagné. Klone confirme en tout cas son aisance avec ce format et il a ravi un public pas forcément adepte à la base. A présent on attend de sa part un retour vers des contrées plus électriques dans lesquelles il excelle tout autant.
Apprécier un concert sur un festival est une bonne chose mais rien ne vaut un concert complet de tournée. En plus de 25 ans de carrière Paradise Lost a gardé une armée de fidèles et les premiers rangs sont bien compacts. Le back aux couleurs de "Medusa" en impose et quand l’attente prend fin la salle est bien chaude pour accueillir les cinq Britanniques. D’entrée ceux-ci assomment la salle avec un premier extrait de "Medusa", ‘From The Gallows’. Ce court titre est un pur concentré de doom gothique qui fait son effet. Au chant Nick prend sa voix caverneuse si profonde et ses compères tissent parfaitement un ensemble musical bien noir. Par la suite le groupe va alterner subtilement entre nouveautés et classiques, évitant la lassitude et en montrant surtout sa formidable diversité musicale. ‘The Enemy’ fait un premier carton, cet extrait de "In Requiem" est devenu un classique avec son refrain en voix clair. Ensuite ‘One Second’ fait un tabac. 20 ans après sa sortie, le titre reste une référence d’un metal s’ouvrant à des sonorités plus pop avec une mélancolie à fleur de peau. Autre nouveauté de la soirée, ‘Gods Of Ancient’ va épater pas mal de gens avec unfort ton doom et un chant guttural maitrisé de la part d’un Nick peu bavard mais dont le chant demeure d’une sacrée puissance.
Avec ‘Enchantment’ Paradise Lost dégaine une jolie cartouche. Extrait du référentiel "Draconian Times", le titre fait un triomphe avec sa mélodie délicieusement gothique, sa force heavy et son côté mélancolique. Après ce moment de grâce, le groupe part vers "Symbol Of Life" avec ‘Erased’. Ce disque avait permis au groupe de relancer sa carrière et ce titre teinté de pop et de wave est lui aussi devenu un incontournable. Les musiciens sont en forme, Mackintosh est tout aussi impassible que son ami Holmes même s’il va parfois au contact des premiers rages. On remarquera aussi qu’Aaron Aedy reste une pile électrique sur scène. La suite du concert va voir le groupe repartir vers les contrées doom teintés de death. Il y a ‘Medusa’, le titre éponyme du nouvel album et remarquable de force. A la fois noir et sombre il est un uppercut qui a tout du futur classique. Dans cette partie lugubre, Paradise Lost va mettre en avant le plus opaque de ses albums, "The Plague Within". ‘An Eternity Of Lies’ et ‘Beneath Broken Eaerth’ sont écrasants de lourdeur et de puissance et amènent une ambiance glaciale. Entre les deux il y a de la nouveauté avec l’excellent ‘Blood And Chaos’ dont le refrain permet à Holmes de briller en voix grave. Deux autres classiques sont aussi au rendez-vous, l’antique ‘As I Die’ qui n’a rien perdu de sa puissance 25 ans après sa création et fait un gros carton. ‘Faith Divided Us – Death Unites Us’ est plus récent mais montre que le groupe est toujours aussi efficace pour proposer des chansons sombres, accrocheuses et profondes.
La fin approche, Holmes l’annonce à sa manière, nonchalamment avec son célèbre "This is the last song, this is ‘The Last Time’". Ce dernier extrait de "Draconian Times" fait toujours le même effet avec sa mélodie simple et nous renvoie en 1995, quand Paradise Lost était vu comme le fils spirituel de Metallica. Après une courte attente le groupe est de retour pour les rappels. Il va revenir sur sa facette doom récente et nous assommer avec un énorme et glacial ‘No Hope In Sight’. Ce titre gras, lourd et teinté de death est énorme dans le cadre live avec un refrain monstrueux de puissance porté par la voix gutturale de Nick. Derrière un dernier extrait de "Medusa" résonne et ‘The Longest Winter’ en impose tout autant que ses camarades de jeu. Lent et lancinant, ce titre glacial a lui aussi une grande force spirituelle. Enfin Paradise Lost n’oublie pas son classique, le single de "One Second", ‘Say Just Words’. Repris en chœur par le public ce titre conclut le concert de belle manière et reste un pur hit d’un heavy metal mélodique qui s’ouvre à des sonorités plus pop. Cela achève une belle soirée, Paradise Lost reste une valeur sûre et a donné un concert de très bonne facture en mettant sa carrière récente à l’honneur tout en revenant sur sa riche carrière. Il a ravi un public heureux de cette belle soirée. Il nous reste à remercier le Grand Mix pour son accueil et le féliciter pour la qualité et la fonctionnalité de sa salle.
Plus d'informations sur http://www.paradiselost.co.uk