To Hell and Back, la chanson de Sabaton correspond bien à ce que l’on ressent en revenant du Wacken Open Air 2017 tant les conditions météo ont été difficiles. Mais cet enfer est surtout un paradis incroyable, le pèlerinage obligatoire dans le plus grand festival métallique du monde comme un immense village planté au bord de la Mer du Nord. Car c’est bien dans un village que chaque année se rendent plus de 70 000 personnes avec en son centre des commerces et pas moins de 8 scènes pour un programme chargé.
Tout a commencé le mercredi 02 août, le temps de faire la route, de boucler les formalités et de s’installer. Notre périple en terre métallique débute avec un petit warm up. Officiellement le festival débute le jeudi mais le mercredi, il y a déjà de nombreux concerts sur les scènes annexes. Et cet apéritif va être royal. Nous arrivons en plein set d’Annihilator et ces derniers ont déjà mis le feu à la Headbangers. Au cœur du set, la bande de Jeff Waters balance un nouveau titre, ‘Twisted Lobotomy’, très thrash et prometteur pour l’album à venir. La fin du concert est monstrueuse avec ‘Alison Hell’, ‘Phantasmagoria’ et ‘Human. Le groupe affiche une sacrée maîtrise et au chant Waters est au top avec un sourire radieux devant un public en fusion.
Après cette baffe arrive une vieille légende, Boomtown Rats. La formation du légendaire Bob Geldof avait connu un joli succès dans les années 70 avant de disparaître. De retour le groupe irlandais va nous balancer un bon concert avec une musique oscillant entre pop et new wave. Geldof est déchaîné et une certaine folie s’empare de ce concert avec de nombreuses jams. Le public est à fond et le tube absolu ‘I Don’t Like Mondays’ fait un carton. Après ce moment rare nous allons finir notre mercredi avec Crowbar. Les patrons du sludge investissent Wacken devant un public fourni qui leur réserve un accueil chaleureux. Et il va en avoir pour son argent, derrière sa barbe Kirk est en forme et délivre avec ses comparses le meilleur du genre. Avec ‘All I Had’ ou ‘Plasmic And Pure’ et ‘Like Broken Glass’, il balance un son gras et lourd. Crowbar reste une machine de scène à faire pâlir d’envie les jeunes formations.

Après cette bonne mise en bouche les choses très sérieuses commencent donc en ce jeudi 3 août, sous le soleil mais dans une boue grasse et gluante après qu’un orage ait frappé le site. Le programme des scènes Harder et Faster ne commençant qu’à 15h nous nous sommes rendus au Bullhead City Circus où se trouvent deux scènes côte à côte dans un immense chapiteau, la Wet Stage et la Headbangers. Et là nous avons pu apprécier plusieurs concerts dans le cadre des Metal Battle organisées partout dans le monde par les organisateurs pour permettre à de jeunes formations de s’affronter devant une foule importante. Ce sont les belges de Speed Queen qui lancent les hostilités dès 11h. Et avec un thrash vintage remuant, ils montrent une sacrée fraîcheur. The Kroach vient de Pologne et fait penser à Avenged Sevenfold avec son metal moderne et mélodique, rien de neuf mais le chant haut perché à la Dio aura marqué les esprits. Avec leur hard rock couillu, les Suédois de Nale vont faire le taf, pas loin d’un Danko Jones, ils auront fait taper du pied en rythme. Corpse Hoarder vient des USA et balance ensuite un death metal digne de Cannibal Corpse sans faire de quartier, avec une brutalité qui va en assommer pas mal dans le chapiteau. Les Français de Stengah vont ensuite faire sensation avec leur metal progressif à la fois technique et mélodique. Pas loin d’un Mastodon, ils vont proposer un concentré d’émotions brutes de très haute qualité. Enfin avec Rising Dream, nous partons en Israël pour une bonne dose de metal moderne teinté de power faisant une belle place aux mélodies accrocheuses.

En soirée, l’extrême s'invite sur ces scènes. Brujeria est une claque énorme, entre death, punk et groove. Dans un esprit de rébellion, les musiciens masqués vont proposer un show mettant en lumière la situation sociale et raciale dans le tiers monde avec intensité. Batushka avec son black liturgique a encore frappé fort. Le chant profond est d’une force rare et on en revient comme on ressort d’un office religieux. Napalm Death a été fidèle à lui-même avec un death grind furieux et entraîné par un Barney semblant avoir 20 ans pour l’éternité. Mayhem est ensuite toujours aussi noir et occulte, Attila derrière son micro donne l’impression d’être possédé entre des cris inhumains et des rires déments, le chaos a été mis à l’honneur. Enfin avec Nile, le death brutal aura été très bien représenté, les Américains restant un mètre-étalon du genre avec une technique et une force incroyables

A côté des bons moments de ces deux scènes, il y a les concerts sur les grandes scènes. Le site est devenu difficilement praticable et la boue est présente sur la totalité de l’Infield, le site dédié aux Main Stages. Mais cela ne décourage guère des métalleux rodés à de telles conditions. Les hostilités commencent côté Faster avec un habitué des lieux, le groupe de reprises Skyline, qui sous une pluie battante va faire chanter les gens. Et il fait le taf avec du Judas Priest, du Maiden ou encore du Savatage. En fin de concert, la présence de Doro sur ‘All We Are’ et ‘We Are The Metalhead’ aura donné à ce concert un supplément d’intérêt tant la Metal Queen met l’ambiance.

Avec Ross The Boss, on reste dans les reprises, l’ex-Manowar balance un set best of de son ancien groupe et remporte la mise auprès d’un public client du genre. Aidé par un excellent line-up avec Mike Lepond de Symphony X à la basse, Rhino à la batterie et le formidable Marc Lopes au chant, il va faire fort avec ‘Blood Of The Kings’, ‘Kill With Power’ ou encore ‘Battle Hymn’ et tant d’autres. Certes, c'est un peu facile de vivre sur le passé mais le succès public a été immense pour un Ross très apprécié.

Les choses sérieuses débutent avec Europe, le groupe suédois ne s’arrête jamais et cela va se ressentir. Le groupe est très pro mais en roue libre et balance un set classique manquant de flamme. Devant une audience énorme, la pleine affiche quasi comble, il va faire le taf en partie. ‘War Of Kings’, ‘Hole In My Pocket’ ainsi que ‘Last Look At Eden’ représentant avec classe la superbe carrière récente du groupe. Norum reste un maître d’œuvre à la guitare tandis que Tempest reste le même séducteur. A côté de ces titres récents ‘Rock The Night’, ‘Superstitious’ et bien sur ‘Final Countdown’ auront fait un carton. A côté en milieu de concert, il a balancé des titres sans guère de conviction. Le public ne lui en a pas tenu rigueur mais on aurait pu espérer mieux de sa part.

Après cette petite déception, Status Quo débarque sur la Harder pour un plongeon dans le temps. La disparition de Rick Parfitt en 2016 a laissé Francis Rossi seul aux commandes du groupe mais cela n’a pas entamé sa détermination. Avec ses compagnons, il va nous balancer un superbe concert de pur rock à l’ancienne avec ce côté boggie irrésistible. Rossi approche les 70 ans mais demeure un superbe chanteur et un guitariste au touché tout en feeling. Et avec ‘Caroline’, ‘Hold You Back’ ou les hits ‘In The Army Now’, ‘Whatever You Want’ et tant d’autres, le Quo va ravir un public aux anges, la jam finale restera dans les esprits.

Après ce délicieux moment vintage, le grand moment de ce jeudi arrive avec Accept. Le groupe réserve à Wacken un concert exceptionnel en 3 parties. Et voir cette étendue de gens à perte de vue donne le frisson. La 1ère partie est classique et permet au groupe de balancer deux nouveaux titres, ‘Die By The Sword’ et ‘Koolaid’, qui permettent à Wolf de briller sur les soli. A côté ‘Restless And Wild’ ainsi que ‘Pandemic’ auront fait un tabac. 5 titres puis rideau pour préparer la 2ème partie, Wolf Hoffman avec son ‘Headbanger’s Symphony’. Accompagné de l’orchestre national tchèque, il va nous proposer 6 titres de relectures de titres classiques, dont ‘Pathétique’ et ‘Romeo et Juliette’. Heureux de partager ces relectures Wolf affiche un sourire radieux et cette demi-heure aura été sympathique même si l’idée de mélanger heavy et classique n’a rien d’orignal. Original par contre sera la 3ème partie, l’idée de passer les titres heavy d’Accept à la moulinette classique a de quoi surprendre mais l’orchestre sera souvent bien intégré et cela donnera plusieurs réussites sur les 10 titres. Mark Tornillo arrive à placer sa voix au milieu et ‘Stalingrad’, ‘The Dark Side of My Heart’, ‘Shadow Soldier’ et ‘Metal Heart’ s’en sortent bien avec une face épique irrésistible. A côté ‘Teutonic Terror’, ‘Breaker’ ou ‘Dying Breed’ sonnent de manière correcte mais ‘Fast As A Shark’ et ‘Balls To The Walls’ perdent un poil en puissance. Accept ce soir a marqué les esprits en prouvant que son heavy germanique pouvait s’accommoder de classique.

Après cette tornade la fosse se vide un peu mais il reste du monde pour Volbeat. Depuis la sortie de "Seal The Deal & Let’s Boogie" les Danois tournent de manière intensive et reviennent à Wacken pour la 4ème fois depuis 2007. Ils vont nous balancer un très bon set d’1h30, sans surprises mais d’une efficacité redoutable avec une set list mettant en avant le dernier album. D’entrée le son énorme frappe l’audience, Poulsen et ses hommes sont en forme et vont mettre le feu. En vrac dans la 1ère partie ‘The Devil’s Bleeding Crown’, ‘Lola Montez’, ou ‘Let It Burn’ sont de belles bombes. ‘Sad Man’s Tongue’ est l’occasion de se poser un peu, Poulsen fait le show avec sa gratte acoustique, reprend le ‘Ring Of Fire’ de Johnny Cash et montre un gros feeling. Après ce moment de fraîcheur le concert redémarre en fanfare avec ‘Soulweeper’. La 2ème partie alterne puissance et feeling. ‘For Evigt’ reste un moment de douceur, ‘Goodbye Forever’ est très fort avec l’hommage à Chris Cornell et Cheester Bennington. Enfin ‘Evelyn’ avec Barney de Napalm Death aura fait bien mal tandis que ‘Seal The Deal’ et le final sur ‘Fallen’ et ‘Still Couting’ auront été explosifs et parfaits pour clôturer. Volbeat a fait le boulot, certes il n’a pas été aussi événementiel qu’un Accept mais il a montré que son statut de tête d’affiche n’était pas usurpé. Ceci achève une belle journée sur les Main Stage et est prometteur malgré la boue pour un vendredi très chargé.