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TITRE:

ORK (03 JUILLET 2017)


TYPE:
INTERVIEWS
GENRE:

ROCK PROGRESSIF



Avec leur premier album "Orknest", Ork injecte du sang frais dans le rock progressif... il n'en fallait pas plus pour que Music Waves rencontre le duo français !
STRUCK - 20.07.2017 -
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Quelle est la question que l’on vous a trop souvent posée ?

Olivier et Sam : D’où vient votre nom Ork (Rires) ?


Tout d´abord que suggère le nom de votre album? Orknest c'est le nid d´Orques où Ork va prendre son envol? Ou y-a-t-il un lointain rapport avec le monstre du Orkness?

Olivier et Sam : Oui, Orknest est un nid, ou plutôt une base, un endroit pour chercher, affirmer nos envies de jeux, c’est aussi un jardin secret où les ADN des différentes esthétiques qui nous touchent se rencontrent, se mélangent. C’est une sorte de terreau, de bouillon de culture, un premier bouturage.





Votre nom de groupe fait penser au groupe de Colin Edwin de Porcupine Tree du même nom? Etait-ce le hasard ?


Olivier et Sam : Complètement ! Nous avons découvert ce O.R.K par hasard sur la toile. C’est une belle esthétique par ailleurs.


Pouvez-vous raconter votre parcours et comment vous avez décidé de faire ce groupe ensemble? Vous êtes tous deux diplômés du conservatoire de Strasbourg, est-ce là que vous vous êtes rencontrés?


Olivier et Sam : C’est encore un chouette coup du hasard. Nous étions effectivement tous deux étudiants au conservatoire de Strasbourg, dans la dernière ligne de notre cursus (Jazz et musique improvisée pour  Sam et percussions contemporaine pour moi). L’ami commun qui devait accompagner Sam pour son diplôme final s’est cassé la main et j’ai eu la bonne idée de me proposer pour le remplacer. Quelques années se sont écoulées pendant lesquelles nous fomentions le projet de ce duo, puis nous avons décidé de fixer des échéances et tout a pris corps avec nos envies de machines et d’homme-orchestre.


Olivier, comment ton expérience au sein du laboratoire sonore Hanatsu Miroir a-t-elle nourri ce premier album?


Olivier : HANATSU miroir est plus qu’un laboratoire sonore, c’est aussi du point de vue musical, un laboratoire de formes et d’esthétiques. Ma pratique du répertoire (existant et en création) de la musique contemporaine me permet de renouveler mes modes de jeux, de chercher des sonorités, de détourner celles assimilées par les codes de l’instrument. Pour Ork le vibra acoustique devient électrique, détournant les codes esthétiques de l’instrument qui a souvent le rôle un peu mielleux. En termes de forme, j’aime penser que le répertoire contemporain est le répertoire de toutes les libertés, et que la structure n’est plus là pour donner un cadre mais plutôt pour provoquer de la surprise. Dans Ork, tout en gardant les cycles pairs propres à la musique ‘pop’, nous essayons de créer des points de rupture pour renouveler plus que pour rassurer.


Samuel, tu as joué avec Pierre Moerlen au sein de sa version de Gong (alsacienne de surcroit), qu´est-ce que tu as acquis de cette expérience?

Sam : Nous n'avons pas vraiment joué ensemble dans cette formation, j'ai commencé à prendre des cours particuliers avec lui à l'âge de 15 ans, il avait une façon d'enseigner pas du tout académique et ramenait toujours le jeu de batterie au plaisir et à l'enthousiasme, il avait une certaine fougue en tant que prof. Il m'a énormément apporté sur l'emploi des métriques et des mesures composées, mais aussi sur l'assise et le son, et je m'en rends vraiment compte avec le temps de son influence énorme sur ma façon d'aborder le travail de composition.
Ces rendez-vous étaient aussi une façon de parler longuement du métier et des anecdotes du travail en studio avec Mike Oldfield ou de la vie en communauté au temps du Gong de David Allen.
Lorsqu'il est décédé le groupe a fait appel à moi pour continuer le nouveau répertoire et mettre en forme les morceaux écrits par Pierre mais qui n'avaient encore jamais été joués.
Olivier a d'ailleurs rejoint la formation l'année passée au marimba.





Cet album est un véritable objet sonore non identifié. Vous avez parlé de prog techno. Qu´entendez-vous par ce terme? Ne le trouvez-vous pas réducteur? Est-ce que les gens ne vont pas se faire une fausse idée de votre musique?

Olivier : Ah? mince, je ne me rappelle pas de cette appellation ! Depuis le début de notre duo nous cherchons une appellation pour définir notre style. La dernière en date était plutôt du côté électro progressif. Ce que je retiens de notre premier album, c’est l’écriture des structures et des riffs qui ont un petit côté rock prog parfois; mais les harmonies sont très simples, ce sont des bases ; les thèmes ont un petit côté cinématographique, les timbres donnent à planer. On utilise le mot électro parce qu’il y en a mais la technologie n’a pas vraiment le rôle qu’elle occupe dans ce qu’on catégorise comme musiques électroniques. La pulse est générée par Sam, l’électro est ici seulement une augmentation du duo dans le timbre et l’orchestration. Elle n’a pas un rôle d’assistant de composition, et n’est pas non plus un carcan dans lequel nous nous situons. Ici la machine est au service du geste instrumental et non l’inverse.
Bref : c’est tout ça qu’il faudrait définir dans un qualificatif, plutôt que de parler de style car la volonté n’est pas d’en isoler un mais d’en fédérer plein. Et en tous cas : non ! prog techno c’est pas du tout du tout ça! D’ailleurs j’ai du mal à m’imaginer comment ça pourrait sonner !

Sam : Je ne me souviens pas non plus d'avoir entendu cette appellation pour définir notre style, néanmoins certains morceaux de l'album pourraient illustrer un assemblage d'une forme complexe et asymétrique qui viendrait dans son apogée être agrémentée d'un beat lourd et régulier, ce qui justifierait cette étiquette pour certains passages, mais l'album est trop éclectique pour s'en satisfaire.


Orknest se situe à mi-chemin entre le jazz, le ´Moonchild´ de King Crimson, les rythmiques tribales de Peter Gabriel, et Gentle Giant. Sont-ce des influences qui sont vôtres?

Olivier : Pour ma part je suis plutôt passé par les Beatles, les Pink Floyd et les musiques du monde oriental et nord-africain. J’ai découvert King Crimson tardivement et adhère à fond à cette écriture. Mais si il faut citer une influences qu’on peut retrouver de mon côté chez Ork, c’est définitivement Steve Reich. Par la simplicité de ses harmonies, le traitement de la répétition et la richesse des polyrythmies, il exploite le moindre élément à son maximum : une architecture qui permet de faire plus avec le moins de matériau possible…

Sam : Ce sont effectivement des influences notables, 'Moonchild' a dû passer des centaines de fois sur le tourne-disques de mes parents lorsque j'étais ado. Je pense que c'est les Floyd qui doivent être ceux qui ont le plus déteint sur notre musique, et d'ailleurs pour ici répondre à la première question tant posée, il se pourrait bien que le chant de Farfisa sur 'Echoes' comparable à celui d'un chant d'orque nous ait aiguillé dans le choix de notre nom.





Cet album est la revanche du vibraphone, un peu trop relégué en arrière-plan, mais occupant ici une place principale. Comment êtes-vous tombés amoureux du son de cet instrument sous-estimé?

Olivier : Sous-estimé peut-être, mais pas sous utilisé : il est dans une track sur deux dans les playlist de FIP !
Ce qui m’a plu avec cet instrument c’est son timbre qui plane. Je ne suis vraiment pas issu de l’école jazz, j’ai une oreille harmonique désastreuse et le vibraphone à cet avantage d’avoir un sustain très long qui finit par fixer l’harmonie dans mon tympan rétif. Son timbre très pauvre (ou pure selon le langage) était un bon prétexte au détournement.


Le ton de cet album est résolument sombre. Si le vibraphone offre un aperçu vers un horizon lointain, les claviers et les percussions se font plus lourds et empêchent l´envol. Est-ce que l´on peut dire que cet album est entre pesanteur et apesanteur?

Olivier et Sam : Ça nous va!


Comment enregistrez-vous les parties instrumentales en studio? On a l´impression que vous appuyez sur un bouton et que tout est là ? Mais je suppose que cela doit vous demander une somme astronomique d´efforts.


Olivier et Sam : C’est un travail sur la longueur. La machine que nous avons mise entre nous est en grande partie responsable de nos difficultés à enregistrer. Il s’agit toujours choisir entre avoir le son de l’instrument acoustique bien enregistré ou conserver la pâte que nous en faisons avec notre machine, en partant de sons live et non studio. Le prochain album sera plein de questions à ce sujet.
Pour certains titres nous sommes partis de version live que dont nous avons ré-enregistré certains éléments en studio. Les claviers ont été faits en partie dans notre studio maison puis travaillés au mixage. Certains autres titres ont été enregistrés piste par piste pour retrouver la masse que nous avons en live.


Le chant semble vouloir pervertir la pop de l´intérieur : ´How I Feel´, le sommet de l´album parasite la pop de l´intérieur, avec un yukulélé qui se voudrait fédérateur, mais les claviers lugubres apportent à cette chanson une aura de psychopathe (´You Drive Me Crazy´ est répété jusqu´à la lie) ou encore ´Heroes´ qui ressemble à un diamant noir du psychédélisme ou des Beatles. Est-ce que c´est volontaire?

Olivier et Sam :  Tout est fortuit! Nos influences sont très variées, on est aussi passé par la pop des 90's avec des groupes comme Supergrass, on ne pouvait pas passer à côté d'un ou deux clins d'œil!


Les paroles de la chanson Crash évoquent ou évoqueraient des somnambules au volant. Au-delà d´une référence lointaine à Cronenberg, y-a-t-il un message à décoder?

Sam : Il est plus ici question de représenter un tableau, une image, plutôt qu'un propos, ce texte s'imprègne de l'univers onirique du clip de Peter Von Pehl "The Story of Impossible ».


En raison de nombreux extraits sonores. Est-ce un album politique? Est-ce que vous êtes engagés pour défendre une cause?


Olivier : J’aimerais l’être. J’ai du mal à me retrouver dans un acte créatif gratuit ; je pense qu’il faut toujours générer des espacesq poétiques ou le spectateur peut se trouver, trouver un espace de rêverie, d’inspiration ou en tous cas un espace propice à sa propre créativité ou réflexion. Ou alors être concret, être le support à un message, comme effectivement dans Cash Game ou Mahatma qui portent des idées très simples et franches. Et là oui, on peut dire que comme tout le monde on aimerait plus de justice sociale, écologique, éthique… Sans néo colonialistes, sans vendeurs d’armes, avec des gens humbles face au pouvoir. On est un peu des hippies au fond…


Quelle est la source sonore autour de 4 minutes sur 'Cash Game' de la part de ce samaritain qui veut annuler toutes les dettes des pays ?

Olivier et Sam : Richard Boringer sur un plateau télé !


Quel est votre avis sur le rock progressif actuel et passé?

Olivier : J’adore son côté ‘musique de musicien’, virtuose. Son côté un peu kitsch m’attendrit et je trouve cette musique souvent porteuse d’un gros plaisir instrumental. J’aime entendre ces hyper-écritures harmoniques et rythmiques qui donnent lieu à des soli souvent hyper bien construits, et super riches.

Sam : C'est un courant musical ou l'on ose les choses et qui s'éloigne des formats actuels, les morceaux longs, épiques, ne sont pas laissés de côté ou placés en B side pour des raisons de timing.


Allez-vous poursuivre votre aventure sur scène?

Olivier et Sam : Bien sûr, c’est avant tout de la musique à jouer sur scène.


Vos concerts sont très colorés et l´on peut observer une grande variété d´instruments. Comment faites-vous logistiquement?

Olivier et Sam : On met tout dans un camion et on pleure...


Je voudrais que vous nous parliez de certains instruments dont vous êtes crédités : Samuel Klein joue de l´œuf et des sonnettes de comptoir et Olivier Maurel joue du bilbo le boquet et du bug…

Sam : La sonnette de comptoir m'a été offerte par une comédienne comme cadeau de première, elle est incisive et tranchante, et a le mérite de toujours sortir de la masse, même loin des micros. L'avantage des œufs et autres Maracas est qu'ils donnent du liant sur les titres.

Olivier : Bilbo le Boquet c’est le nom que j’ai donné à un petit instrument en bois que j’ai ramené du Japon. Je ne sais pas du tout comment ça s’appelle, je ne suis pas certain que ça ait un nom défini. C’est une sorte de wood-block-shaker. C’est un jouet pour enfant qui me faisait penser à la Bilbo le Hobbit mais avec un manche de bilboquet. Voilà voilà.
Puis le bug… écrans bleu, je suis pro. Je suis geek mais les ordis m’en veulent un peu.





Quel est votre meilleur souvenir en tant qu’artiste ?

Olivier : Difficile question. Je crois que c’était au Grattoir à Gerarmer, un concert d’Ork. J’hésite avec un concert d’HANATSU miroir dédié à la musique de Yoshihisa Taïra, à Strasbourg.
J’ai aussi un souvenir excellent d’un concert à la Tonhalle de Zurich : l’acoustique était éblouissante dans cette salle.

Sam : Il y a parmi mes meilleurs souvenirs la collaboration avec l'ensemble des Percussions de Strasbourg dans une forme Ork extended : reléguer ou doubler les instruments électroniques à de vrais claviers ou à des crotales simulant un arpegiator c'était dingue!
Je citerais aussi le concert de la Fanfare en Pétard aux Francofolies en 2010 et notre concert avec Lyre le Temps aux Solydays la semaine dernière.


Au contraire le pire ?

Sam et Olivier : Un concert d’Ork à Paris où les machines ont sévèrement buggé…là on est d'accord.


Quelle est la question que vous aimeriez que l’on vous pose ?

Olivier et Sam : comment s’est passée votre rencontre avec Bjork, ou comment avez-vous été amenée à travailler sur cet album commun avec Radiohead?


Un dernier mot pour les lecteurs de Music Waves ?

Olivier et Sam :  J’espère que cet album vous plaira, belle écoute!


A noter que le groupe vous donne rendez-vous le 9 novembre 2017 au Temps Machine à Joué les Tours et le 26 janvier 2018 à Tulles pour le festival du Bleu en Hiver


Plus d'informations sur http://orkmusic.wixsite.com/orkmusic
 
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