En ce dimanche de mi-janvier et sous des conditions météorologiques mauvaises nous avons rendez-vous à Lille au troisième étage d’Euralille dans le cadre de l’Aéronef pour une soirée placée sous le signe du metal mélodique.
Sabaton fait une étape de son "The Last Tour" deux ans et demie après avoir mis le feu lors de la tournée "Heroes". Pour l’occasion, les Suédois disposent d’une première partie de luxe avec
Accept, la légende germanique ayant accepté malgré sa renommée de ne jouer que trois quarts heure, essentiellement pour se frotter sans pression et avec bonne humeur à un public jeune et un peu différent du sien.
Avant tout chose et dans une salle quasi comble - contrairement à 2014 le balcon est ouvert -, nous retrouvons Twilight Force. Le groupe est connu de certains pour avoir ouvert mi-2015 pour Sonata Arctica dans le Splendid tout proche. Les amateurs sont donc au rendez-vous et particulièrement les fans d’heroïc fantasy, entre Rhapsody, Gloryhammer et Blind Guardian. Le groupe pousse son concept à fond avec un immense back avec un dragon géant, un décor scénique soigné et des musiciens maquillés en elfes ou en chevaliers tout droit sortis du Seigneur des Anneaux et de l’univers du jeu Magic. Il faut être honnête : tout cela prête un peu à sourire et semble un poil en retard d’une vingtaine d’années. Mais les Suédois vont réussir leur coup et nous proposer un concert bien troussé, à la fois vif et frais et avec une bonne humeur jamais remise en question. D’abord assez attentifs les premiers rangs du public vont bien remuer au son des extraits de leurs deux albums.
Il faut dire que Twilight Force manie bien les rouages du genre ; il n’invente rien mais sait proposer des titres à la fois rapides et mélodiques D’entrée avec ‘Battle Of Arcane Might’ extrait du dernier album il nous fait rentrer dans un pur power speed, le ton est maitrisé, les claviers de Blackwald sont bien en avant et au chant Chrileon monte haut dans les aigus avec facilité. Ce concert va être une belle réussite pour peu que l’envie de voyager dans l’univers de la fantasy vous prenne. Le groupe va chercher le public en lui faisant lever les mains. Dans les six titres au programme, la face speed d’un ‘Riders Of The Dawn’ ou celle épique d’un ‘Flight Of The Sapphire Dragon’ font l’unanimité. Enfin le groupe achève son concert en beauté avec deux extraits de son premier album, "Tales Of The Ancient Prophecy" et rencontre un succès certain avec un ‘The Power Of The Ancient Force’ qui regroupe toutes ses qualités épiques et mélodiques. Twilight Force a parfaitement lancé la soirée et a gagné sans nul doute un gros capital sympathie auprès du public. Il manque un poil de personnalité mais a fait souffler un joli vent frais et aventureux.
La tension monte d’un cran quand le décor d’Accept s’installe : les Allemands ont une grosse base de fans venue principalement pour eux. Et au vu de la richesse de leur répertoire il y a un peu de frustration chez certains dans le fait d’apprécier juste dix chansons. Mais cela va s’envoler en un éclair. Dès l’introduction passée, les musiciens déboulent sur scène avec une énergie incroyable, le décor est splendide et le logo Accept brille de mille feux derrière la batterie. Musicalement l’ensemble est très carré, les nouveaux sont désormais parfaitement intégrés et derrière ses fûts Christopher Williams ne fait pas de quartier et montre un franc sourire à jouer avec une telle légende. Accept balance en entame deux extraits de l’ère Mark Tornillo : ‘Stamped’ et ‘Stalingrad’ rencontrent un franc succès dans un public à fond dedans, des premiers rangs au fond de la salle. Ces chansons confirment que la carrière d’Accept a été relancée superbement avec l’arrivée de Mark. Ce dernier sans monter aussi haut que son illustre prédécesseur fait néanmoins le job avec un talent fou, il a du charisme et sa voix puissante s’apprécie fortement. À ses côtés admirer des légendes du heavy metal comme Wolf Hofmann et Peter Baltes est un plaisir dont on ne se lasse pas. Bien rapide ‘Stampede’ lance le concert à merveille tandis que ‘Stalingrad’ avec son ton épique et son refrain énorme poursuit sur les chapeaux de roue. Ensuite les morceaux de bravoure s’enchainent.
Le premier arrive avec un immense ‘Restless And Wild’, qui 35 ans après sa création reste un hit absolu en matière de heavy classieux et puissant. En déjà 7 ans passés au sein du groupe, Mark maitrise parfaitement le répertoire d’Accept. Ces chansons sont aussi l’occasion de déguster des soli brillants montrant un Wolf en pleine forme, souriant, joueur et clairement heureux d’être là. Les deux titres suivants permettent à Accept malgré sa courte durée de jeu de sortir une vieillerie et un titre du petit dernier . Avec ‘London Leatherboys’ nous est proposé un excellent titre issu de "Balls To The Walls" et dont le côté plus hard rock fait merveille. Extrait de "Blind Rage" ‘Final Journey’ brille aussi par sa force épique et sa belle montée en puissance qui voit Mark briller de nouveau. La seconde partie du concert est lancée avec un énorme ‘Princess Of The Dawn’, cet extrait de "Restless And Wild" splendide de puissance faisant l’unanimité avec notamment un refrain toujours aussi percutant.
Le quatuor final s’annonce explosif et Accept va frapper avec une envie digne de débutants mordants. Le silence se fait, l’introduction de ‘Fast As A Shark’ retentit dans la salle et chacun reprend ce thème extrait du patrimoine allemand. Et quand le titre débute c’est l’explosion, ce monstre précurseur du thrash est toujours aussi fort avec son énorme riff, sa batterie mitraillette et son refrain qui donne le frisson. L’ambiance ne va pas redescendre avec l’arrivée de ‘Metal Heart’ qui va mettre le feu à un public qui profite de chaque miette. Ce titre est lui aussi intemporel avec son refrain fédérateur et son solo avec le passage de ‘La Lettre à Elise’. Le final approche et Accept nous balance ce qui est devenu un classique. ‘Teutonic Terror’ a été le morceau symbole de la réussite du retour du groupe. Avec son refrain épique à souhait, son ton heavy et sa montée en puissance il remporte lui aussi l’unanimité et s’impose au milieu des anciens titres. Enfin le concert s’achève avec ‘Balls To The Wall’, cet ultime moment de communion étant savouré à sa juste valeur par un public bouillant. Et pourtant c’est bien fini, mais la prestation bien que courte aura été formidable d’intensité et de classe. Accept reste un monument du heavy metal et on espère vite le retrouver avec un nouvel album, et en tête d’affiche cette fois.
La scène est ensuite rapidement dégagée pour installer l’impressionnant décor de Sabaton. En 12 ans, les Suédois ne cessent de grimper les échelons et rien ne semble devoir les arrêter, leur armada de fans en témoignant. Pas de back cette fois mais un écran géant surplombant une batterie en forme de char avec des mitraillettes. L’introduction retentit et des soldats arpentent la scène, le son de ‘In The Army Now’, chanté par Joakim fait grimper l’ambiance. L’explosion a lieu rapidement avec l’arrivée du groupe sous le son de ‘The March To War’ qui précède le classique ‘Ghost Division’. Toujours aussi speed et efficace, ce titre extrait de "The Art Of War" met les choses au point : Sabaton est en forme, Joakim en voix et ses compères parfaits pour distiller ce power metal mélodique diablement entraînant. Derrière eux l’écran affiche l’essentiel des paroles avec pas mal de vidéos pour illustrer les titres.
Cette première partie de concert va mettre à l’honneur la carrière récente du groupe. Pas moins de quatre extraits de "The Last Stand" sont ainsi proposés et ils mettent le feu confirmant la santé impeccable du groupe. Sur ‘Sparta’ des soldats de Sparte déboulent sur scène et Joachim chante le morceau casqué. Ce morceau tout comme ‘Blood Of Bannockburnn’, ‘The Last Stand’ et ‘Winged Hussars’ montrent la force du nouvel album. Ces titres historiques se créent une belle place dans le cœur des fans et font de cette première partie une sacrée belle réussite. On y apprécie particulièrement une face épique très prenante. À côté ‘Carolus Rex’ s’avère toujours aussi brillant avec son refrain formidable tandis que ‘Far From The Fame’ rappelle à notre bon souvenir la qualité de "Heroes". Le classique ‘Swedish Pagans’ se fait également remarquer et rencontre un beau succès. Dans cette partie Joachim s’est montré bien bavard et il va enfoncer le clou avec le break acoustique, en prenant plaisir à raconter nombre d’anecdotes.
Ce break lance la deuxième partie du concert : la scène est plongée dans le noir et l’introduction du titre suivant tourne au sketch. Joakim raconte sa vie, se souvient des débuts du groupe quand il jouait du clavier, et plaisante avec son nouveau guitariste. Tout cela dure mais on sent que les musiciens s’amusent, et l’esprit est bon enfant. Enfin ‘The Final Solution’ démarre avec le nouveau Tommy Johansson aux claviers et le résultat épuré est efficace pour un moment de détente. Joakim décidément en pleine forme continue de blaguer, attrape une guitare et lance un des moments fort de "Heroes" avec ‘Resist And Bite’. Le résultat est convaincant même si on peut se demander s’il jouait vraiment de la guitare. Cela étant ce titre confirme la haute qualité de la carrière récente de Sabaton qui pond des morceaux immédiats avec une impressionnante régularité. Extrait de "Heroes", ‘Night Witches’ est tout aussi acclamé et le concert prend des allures de marche triomphale.
Le final va être royal avec trois morceaux imparables : extrait de "Carolus Rex" et précédé d’une introduction grandiloquente ‘The Lion From The North’ est un grand moment de bravoure. Ensuite et lui aussi dotée d’une introduction forte, un autre extrait du petit dernier, ‘The Lost Battalion’ fait un un tabac et prouve à quel point le public a adhéré à ce disque. Enfin un dernier extrait de "The Art Of War" achève de mettre le feu à la salle, il faut dire ‘Union (Slopes Of St. Benedict)’ est un pur et grand moment de métal épique, guerrier et mélodique avec un riff monstrueux et une force énorme dans le chant. Le groupe se retire mais personne n’est rassasié et les rappels arrivent vite. Cela va se finir en apothéose : avec ‘Primo Victoria’ Sabaton fait encore monter l’ambiance d’un cran avec un de ses plus grands titres, toujours aussi fédérateur et épique. Un ultime extrait du dernier album est dégainé avec ‘Shiroyama’ et il rencontre lui aussi un franc succès. Enfin ‘To Hell And Back’ achève le concert de la meilleure des manières dans une ambiance de feu. Ce titre de "Heroes" s’étant imposé en peu de temps comme un classique du répertoire du groupe et l’accueil triomphal qui lui est fait touche des musiciens que l’on sent sincèrement heureux.
Tout cela achève une sacrée belle soirée, Sabaton confirme son statut de grand de la scène metal mélodique et continue sur la voix royale qu’il trace depuis ses débuts. L’affluence à son stand démontre largement une popularité sans cesse grandissante. À ses côtés le plaisir de retrouver Accept en grand forme fut énorme et aura été la cerise sur un bien joli gâteau. Il nous reste à remercier l’Aéronef pour son accueil toujours aussi sympathique.