C'est dans le sublime showroom Gibson que nous avons rencontré les deux sympathiques membres de Buffalo Summer pour un large tour d'horizon de la carrière passée, présente et à venir du groupe gallois...
Quelle est la question qu’on t’a trop souvent posée ?
Jonny Williams : (Silence) Hum, c’est vraiment une bonne question !
Andrew Hunt : En fait, tu peux nous poser ce que tu veux comme question…
Et nous ne nous dérangerons pas pour le faire. Votre actualité est la sortie de votre deuxième album "Second Sun", ressentez-vous une quelconque pression à quelques jours de la sortie de cet album ?
Andrew : Je ne dirais pas que nous ressentons une quelconque pression au contraire, nous sommes vraiment impatients qu’il sorte enfin dans les meilleures conditions…
Justement pour cet album, vous êtes signés chez UDR, le label de Mötorhead ou Saxon, avez-vous ressenti une pression au moment de vous lancer dans la composition de cet album ?
Andrew : En fait, l’album était totalement terminé avant que nous soyons signés par UDR. Nous avions rencontré les gens d’UDR il y a trois ans au moment de la tournée en Allemagne avec le groupe de Duff McKagan, Walking Papers et nous sommes depuis restés en contact. En clair, cet album a été totalement financé par nous-mêmes.
Comme le premier finalement…
Andrew : Exactement ! Nous avons tout fait par nous-mêmes. C’est ensuite que nous envoyé l’album à UDR qui l’a aimé et ils ont décidé de nous signer à ce moment-là.
En clair, cette signature n’a rien changé pour l’écriture du deuxième album…
Jonny : Non, nous avons fonctionné de la même façon que pour le premier album en essayant d’ouvrir notre horizon sur certaines chansons et notamment la façon de les construire.
Sur le premier album, nous étions encore un groupe frais et nous avions plein de fougue au moment de passer au studio. Sur ce nouvel album, nous avons passé plus de temps à écrire et enregistrer les chansons : nous avons également fait énormément de pré-production, de démos…
Faisons un bond en avant, vu que vous êtes désormais signés pour le futur troisième album, vous ne devriez pas avoir pour le financer serait-ce le seul changement ?
Andrew : Nous devrions avoir encore plus de temps en studio. Pour le premier album, nous avons eu 5 jours de studio. Pour le deuxième, 10. Cela veut dire que pour le troisième, nous devrions avoir… 15 jours (Rires) !
Peut-être que la pression que j’évoquais en début d’interview interviendra pour ce troisième album ?
Andrew : Exactement ! Nous allons devoir faire en sorte qu’il soit une nouvelle fois meilleur. Nous allons devoir nous assurer que les chansons que nous allons proposer soient encore meilleures… Malgré tout cela, nous avons le sentiment d’être vraiment privilégiés !
Je pense que le vrai travail commence maintenant : nous devrions entrer
dans une nouvelle ère grâce à la signature sur UDR qui va nous permettre
de grimper les échelons un à un
Comment expliquez-vous qu’un tel label s’intéresse à un groupe encore méconnu comme Buffalo Summer ?
Jonny : Je pense que nous avons fait tout ce que nous devions faire. Nous avons tourné avec nos propres moyens mais nous avions besoin de cette prospection pour nous aider pour nous exporter et avoir plus de personnes qui nous suivent autour du monde et qui ne nous auraient jamais suivis sans ça… Tout cela nous a donné l’opportunité de travailler avec UDR !
Andrew : Pendant les trois ou quatre dernières années, nous avons travaillé sans maison de disque, sans management… Nous avons tout fait par nous-mêmes, à commencer par ces tournées européennes, ce qui nous a permis de construire notre base de fans. Mais à partir d’aujourd’hui, la différence va être énorme : nous allons avoir notre propre équipe pour faire ce travail. Je pense que le vrai travail commence maintenant : nous devrions entrer dans une nouvelle ère grâce à la signature sur UDR qui va nous permettre de grimper les échelons un à un. Il nous reste à voir comment le public va accueillir ce nouvel album en espérant que la signature nous permette de toucher plus de personnes.
Et comment pensez-vous que le public va accueillir ce nouvel album ?
Andrew : Nous espérons tous qu’il sera bien accueilli en sachant qu’il a les éléments pour plaire aux amateurs de rock ou de blues rock. Il y a des morceaux typés rock sudistes et notamment 'Levitate' joué avec de la slide guitare qui lui donne un côté country, bluesy…
Bref, nous espérons vraiment que cet album va nous permettre de toucher un plus grand public et nous permettra de faire un nouvel album studio et ainsi nous permettre au groupe de se construire doucement mais sûrement une solide base de fans…
Et c’est finalement le bon moment pour Buffalo Summer car le hard rock des années 1970 n’a jamais été aussi en vogue. Comment expliquez-vous ce retour aux sources ?
Andrew : Nous n’avons jamais planifié quoi que ce soit, nous n’avons jamais essayé de faire partie d’un mouvement : c’est juste que le moment qui veut cela…
Mais comment expliquez-vous que tous ces groupes dont vous faites partie avec Monster Truck… aient décidé au même moment de jouer à nouveau cette musique qui vous tient à cœur : la nostalgie ?
Andrew : Je pense que la nostalgie tient un rôle prépondérant. Mais je pense également que dans les dix ou quinze dernières années, nous avons été gavés de musique électronique. Aujourd’hui, n’importe qui peut enregistrer un album d’électro chez lui. Et je pense qu’une partie du public en a un peu assez.
En revanche, si on parle du blues - qui est la racine du rock’n’roll - on parle d’une musique jouée avec le cœur et donc une musique plus vraie, en laquelle tu peux croire… Je pense que c’est la raison principale à ce retour aux fondamentaux : nous souhaitons écouter à nouveau de vraies chansons.
Vous jouez un classic rock sudiste bluesy très roots, pensez-vous que cette sensibilité musicale est due à vos racines galloises et à l’histoire ouvrière de votre Pays ?
Jonny : Je le pense, oui ! Cela vient de nos parents et notamment leur collections de disques, de Led Zeppelin à Jimi Hendrix.
Et concernant vos parents, quelle a été leur réaction de voir signé chez UDR au milieu de légendes ?
Andrew : (Rires) Pour ma part, au début, quand j’étais plus jeune, ils étaient plus concentrés sur le fait que je devais chercher à trouver un vrai boulot mais ils m’ont encouragé à suivre mes rêves… et parfois, certains se réalisent et même si ça a pris du temps, je crois qu’aujourd’hui, ils sont assez contents de ce que nous avons accompli.
Jonny : Ils ont toujours été derrière nous car ils savent plus que quiconque tout le travail que nous avons réalisé tout au long de ces cinq dernières années.
Plus personne ne peut plus nous enlever le fait d’avoir pu jouer avec
des groupes dont nous avions collé les posters dans nos chambres d’ado
Cet album a été produit Barret Martin (Screaming Trees, REM, Queens of the Stone Age, Walking Papers). Travailler avec une telle pointure, la signature avec UDR, tourner avec des légendes musicales comme Duff McKagan, Ugly Kid Joe, Soundgarden ou Black Sabbath. On a l’impression que vous vivez un rêve éveillé… Ne craignez-vous pas que tout aille trop vite pour vous ?
Jonny : Non !
Andrew : Nous en discutions récemment en nous remémorant tous ces groupes avec lesquels nous avons tourné, les festivals que nous avons fait… plus personne ne peut plus nous enlever le fait d’avoir pu jouer avec des groupes dont nous avions collé les posters dans nos chambres d’ado.
Mais quel pourrait être la prochaine étape ?
Andrew : Tourner, continuer à faire de la musique et essayer d’en vivre même si ce ne sera jamais un travail parce que nous adorons faire ce que nous faisons. Mais oui, être capables de vivre en vivant de notre musique : ce serait le rêve !
Et peut-être aussi lorsque nous viendrons à demander aux nouveaux groupes signés par UDR, quelle sensation ça fait de rejoindre une légende comme Buffalo Summer ?
Andrew : (Rires) Oh non ou si ça doit être le cas, il nous reste encore un très long chemin à parcourir.
L’album a un son très organique, avez-vous enregistré l’album dans les conditions du live ?
Jonny : Nous avons essayé de le faire le plus "live" possible : nous avons enregistré les parties de batteries, basses et guitares rythmiques en « live » ensemble dans la même pièce. Pour cet album, nous nous sommes inspirés de Black Sabbath et sa façon d’enregistrer.
Y-avait-il la place à l’improvisation durant ces enregistrements ?
Andrew : Bien sûr ! Nous sommes entrés en studio en étant très ouverts d’esprit : même si nous avions déjà écrit la majorité des chansons, nous en avons quand même écrit une durant l’enregistrement.
Jonny : 'Heartbreaklin’ Floorshakin’'…
Andrew : C’est le deuxième morceau de l’album, un titre très organique avec un très bon riff…
Jonny : Quand nous sommes entrés en studio, nous avions un morceau que nous pensions être le premier single de l’album mais la retranscription n’a pas du tout fonctionné comme nous le pensions. C’est ainsi que nous fonctionnons : ce qui prime avant tout, c’est la musique et comment elle doit sonner selon nous !
C’est la raison pour laquelle vous souhaitez passer 15 jours en studio pour le prochain album afin d’y aller les mains dans les poches et tout composer sur place ?
Andrew : (Rires) Non parce que nous avons déjà commence à composer ce troisième album : nous avons déjà six ou sept titres…
Vraiment ?
Andrew : Oui, nous n’avons pas vraiment de processus d’écriture : nous nous posons juste et commençons à composer naturellement.
Comment avez-vous enregistré les cuivres du titre ‘Little Charles’ ?
Andrew : Ce sont des amis à nous qui jouent. Nous pensions que cette chanson fonctionnerait parfaitement avec des cuivres. C’est quelque chose dont nous avons discuté en studio avec Barrett Martin qui a produit cet album. C’est quelque chose de naturel finalement parce que nous avons beaucoup écouté d’albums de la Motown et nous nous sommes dit que les émotions diffusées par cette musique collaient bien au blues et nous avons creusé en ce sens.
On l’a dit, cet album a été produit par Barrett Martin, quel a été sa valeur ajoutée ?
Andrew : Il est venu dans un rôle de producteur mais nous connaissions bien Barrett. En effet, le dernier concert de notre tournée alors que nous allions entrer en scène à Londres dans la salle du Garage et il nous a demandé si nous voulions qu’il produise notre prochain album.
Nous avions fait énormément de démos que nous lui avons envoyé. Il nous a proposé de supprimer quelques refrains et quand nous sommes entrés en studio, il nous a fait essayer différentes choses : par exemple, Barrett joue d’un instrument appelé le vibraphone sur le titre « Neverend » puis dans son studio à Seattle, il nous a proposé plein d’idées notamment sur les backing vocals.
Jonny : Il nous a juste donné confiance en ce que nous faisions et nous permettre de le faire le plus simplement possible.
Andrew : Il a voyagé à travers le monde à jouer de la batterie, il a été d’une sagesse et d’un encouragement incroyable pour cet album en proposant également des idées cools !
Vous citez Led Zeppelin, Deep Purple ou Black Crowes mais c’est surtout l’ombre de ce dernier qui plane sur cet album et en particulier sur le titre ‘Levitate’ avec sa guitare slide ou sur ‘Priscilla’ et ses chœurs gospel, revendiquez-vous cette influence ?
Andrew : C’est définitivement une des nos principales influences.
Jonny : Et je citerai également un autre groupe de cette époque : Cry of Love qui joue également un rock sudiste incroyable.
Andrew : Quand nous avons monté ce groupe ensemble au collège avec John : Black Crowes était le groupe qui faisait le plus l’unanimité.
'Light of the Sun' est une sorte d’hommage ou de marque de respect pour ces
personnes qui ont vécu ces périodes noires afin que nous puissions vivre
comme le faisons aujourd’hui
Un titre comme ‘Light Of The Sun’ sonne un peu plus pop, est-ce un choix délibéré ?
Andrew : Tout est parti d’un plan de guitare de Jonny. En l’écoutant, nous pensions à du Tom Petty and the Heartbreakers avec un riff très ouvert laissant la place au chant.
Et du point de vue du texte, je voulais raconter une histoire à propos de notre route sur la tournée française avec les Walking Papers. Nous avons voyagé dans le Nord de la France et avons vu les anciens champs de bataille, les cimetières de guerre et notamment deux où mes deux grand-pères ont été enterrés. Quand tu es témoin de cela, cela remet les choses en perspective, ce que certaines personnes ont donné à cette période. Cette chanson est une sorte d’hommage ou de marque de respect pour ces personnes qui ont vécu ces périodes noires afin que nous puissions vivre comme le faisons aujourd’hui.
Nous sommes plus qu’un groupe de rock de plus qui chante les thèmes
usuels que délivrent les groupes de rock, nous apportons un peu plus de
substance dans ce que nous disons
Quel est le fil rouge de cet album ?
Andrew : Je ne dirais pas qu’il y a un seul thème particulier dans cet album. Certaines chansons comme 'Make you Mine' sont plus des hymnes à la bonne humeur. Mais je pense que nous sommes plus qu’un groupe de rock de plus qui chante les thèmes usuels que délivrent les groupes de rock, nous apportons un peu plus de substance dans ce que nous disons. Cet album est un mélange de lumière et d’obscurité et si je devais résumer cet album, je dirais que son thème global est qu’il y a toujours de la lumière au bout du tunnel.
Selon vous, qu’est-ce qui distingue Buffalo Summer des autres groupes ?
Jonny : Je dirais que le fait d’avoir toujours essayer de faire du mieux possible par nous-mêmes et toujours rester vrais malgré ce que nous avons réussi à faire. Nous n’avons jamais rien fait pour faire plaisir à qui que ce soit, nous ne l’avons fait pour l’amour de la musique lorsque nous sommes ensemble dans la même pièce. Nous n’avons jamais pensé à suivre une tendance : nous ne pensons et jouons que la musique nous apprécions en espérant que certaines personnes apprécieront également. Rester vrai envers soi-même est le maître mot !
Andrew : Il faut rester vrai envers soi-même ! Quel est l’intérêt est d’être dans un groupe à chanter des chansons auxquelles je ne crois pas tous les soirs sur scène ? Je suis dans ce groupe par conviction et ces convictions, je les délivre au travers des messages de nos chansons.
Jonny : Dans le cas contraire, le public verra que nous ne sommes pas ce que nous chantons. Nous ne venons pas des rues de Los Angeles (Rires) !
Andrew : Exactement, nous ne pouvons chanter que les choses que nous connaissons et dans lesquelles nous avons grandi… En incorporant nos expériences dans nos histoires, le public se retrouve plus facilement dans ce qui est vrai.
Qu’attendez-vous de cet album ?
Andrew : En fait, nous avons déjà atteint nos plans initiaux. Tout ce que nous pouvons faire est de continuer à écrire des chansons, de travailler dessus et de jouer pour le plus de personnes possible. Si nous y arrivons, le reste suivra naturellement ! Nous n’avons pas d’attentes sur ce que nous sommes pas : nous ne faisons que jouer des chansons et si le public aime, c’est formidable (Rires) !
Ce serait extraordinaire si cet album marchait bien parce que nous y avons mis énormément de temps et d’effort, de sang et de sueur… cela serait cool d’avoir de bons retours et bien sûr d’avoir de bons chiffres de ventes même si cela ne veut plus rien dire de nos jours mais au moins assez afin que nous puissions continuer à grandir en tant que groupe. C’est notre principal but : grandir en tant que groupe !
Questions traditionnelles de Music Waves, quel est votre meilleur souvenir d’artiste ?
Andrew : Je pense qu’avoir joué au Download Festival au Royaume-Uni ou au Monsters of Rock à Donington parce que ce sont des évènements auxquelles tu rêves quand tu es gosse notamment quand tu vois les groupes s’y produire.
Jonny : C’est vrai c’est le genre de festival que tu rêves de faire. Parfois, nous ne croyons pas la chance que nous avons eu d’avoir pu jouer dans des endroits légendaires et des scènes que nous pensions pas pouvoir fouler.
Au contraire, le pire ?
Jonny : Personnellement, ce fut le soir au Download où tous mes équipements ont décidé de ne plus fonctionner alors que j’étais en plein milieu de la scène. Heureusement, quelqu’un est venu remettre ça dans l’ordre rapidement (Rires) !
Mais finalement ce ne sont pas de si mauvais souvenirs, c’est ce que les fans attendent d’un groupe non ?
Andrew : C’est exact, les gens attendent un vrai concert de rock live et bien sûr, ce genre de choses arrivent pendant ce type de concert où il n’y a rien de digital : tout ce que tu écoutes vient de ce que tu vois sur scène !
Jonny : Et il faut faire avec en gardant le sourire (Rires) !
On a commencé cette interview par la question qu’on vous avait trop posée, au contraire, quelle est celle que vous souhaiteriez que je vous pose ?
Jonny : "Souhaites-tu qu’on te donne une des guitares du show-room (NdStruck : l’interview se déroule dans le show-room parisien Gibsons) ?" (Rires) !
Merci
(En français) "Merci beaucoup !". C’était vraiment super !
Merci à Newf pour sa contribution...