Alors qu'il y avait concurrence en ce premier soir de week-end entre
Massive Attack qui se produisait au Zénith et
Muse à l'Accord Hotels Arena, il fallait être avisé pour venir applaudir
Hypno5e ce soir. Là où les organisateurs ont joué un atout de taille, c'est sur le deuxième groupe qui partageait la tête d'affiche avec
Hypno5e, à savoir
Psykup, qui prépare un retour imminent sous les projecteurs. Inutile de dire que la salle était pleine ou presque...
Psykup
Cela aurait bientôt fait 7 ans qu'on ne voyait plus les membres de
Manimal,
Simone Choule ou
My Own Private Alaska, réunis sous la même bannière de
Psykup, depuis la dernière tournée 2009, en fait. D'où la grande surprise que de voir programmé le groupe à l'origine de l'
Autruche Core ce soir au Trabendo pour partager la tête d'affiche avec
Hypno5e. Sans actu officialisée, le groupe aurait-il des choses dans les cartons...? Réponse plus bas...
Hé oui, il y a déjà plus de 20 ans, le groupe toulousain complètement déjanté balançait à qui voulait bien les entendre ses riffs faits d'une fusion de metal extrême, de groove et de heavy pour un joyeux mélange aussi frais que riche, original que délirant. Cinq albums plus tard et une notoriété toujours grandissante - mais en même temps des projets musicaux multipliés - voilà que la route du
Psykup s'arrêtait suite au départ de MiLKa , malgré une envie de continuer, laissant là une horde de fans déroutés. Il est permis que l'espoir renaisse ce soir...
Alors que les Toulousains s'apprêtent à monter sur scène, un fan me tape sur l'épaule "Désolé, mec, mais on va pas t'épargner, hein!". Interrogateur, puis rassuré, "Ouais, j'en ai vu d'autres", me dis-je en pensant aux quelques coups reçus pendant un circle pit de
Cannibal Corpse, ou encore lorsqu'il m'a fallu changer de carte mémoire en plein solo de Ben Weinman de
Dillinger Escape Plan alors que des slammeurs pleuvaient littéralement sur les premiers rangs et que je tentais tant bien que mal, une carte mémoire entre les dents, de protéger mon matériel photo. Pauvre inconscient, ce soir je savais
Psykup aussi chaud que ses fans - qui avaient inondé la page de l'événement sur Facebook - mais j'étais loin d'imaginer ce qui m'attendait vraiment.
La sentence ne tardera pas à tomber... une fois les zickos de
Psykup foulant les planches, voilà que les premiers beuglements du public se font entendre et que les premiers mouvements de foule sont nourris par des individus dont certains avaient posé leur cerveau à l'entrée du Trabendo.
C'est parti pour une grosse heure de show pendant laquelle le groupe va jouer dans son intégralité l'excellent "Le Temps De La Reflexion", premier véritable album de la formation, sorti en 2002, dans l'ordre d'apparition des titres, malgré les "Mets la 4!!! Mets la 6!!!" du public, ultra joueur, et encouragé par
MiLKa et
Julien. Les ultras fans se sont déplacés en masse et les passages les plus heavy sont immédiatement suivis en harmonie par un public qui saute d'un pas, tournoie et slamme, et dont quelques membres investissent la scène pour slammer de plus haut.
MiLKa, le poignet tenu par une attelle, ne se ménage pas et alterne parfaitement entre un chant tantôt clair, tantôt plus brut, entre le micro et les claviers.
Julien Cassarino exulte sur les morceaux les plus soutenus et on le voit alors parcourir la petite scène de long en large, jouant avec sa six-cordes comme avec une poupée désarticulée, dans une attitude qu'on lui connait bien, à la fois désinvolte et rageur. Le jeu du musicien est excellent et sa possession de la scène est remarquable. Il est bon de revoir ce duo avec
MiLKa, comme si les années n'avaient en rien gâché la complicité que les membres partagent sur scène.
Les pogo se font de plus en plus rudes, et les slams sont parfois multiples, il devient compliqué de rester dans la fosse tant les premiers rangs sont sollicités pour éviter les coups de chaussures coquées et résister à l'écrasement contre la scène basse (à hauteur de mi-cuisse en témoignent les bleus découverts plus tard).
Inutile de dire que le public a vite retrouvé ses vieux réflexes et ses vieux délires qu'il partageait avec le groupe quand il était encore actif et productif. Heureusement, les plus lourdingues se feront chambrer par le groupe, mais dans l'ensemble, c'est une vraie réunion de retrouvailles, et pas seulement composée de vieux briscards ! Son public lui mange dans la main, mais ce n'est pas pour autant que
MiLKa et ses complices se reposent sur leurs lauriers et redoublent d'énergie pour finir de convaincre les dernières oreilles nouvelles. C'est ainsi qu'à l'annonce du titre 'Teacher',
MiLKa invite les "Freros De La Vega" nouvelle version, à savoir
Stéphane Buriez et
Poun de
Black Bomb A pour leur prêter main forte. Les deux invités, surexcités, mettront une ambiance du tonnerre sur l'étroite scène, face à de vrais enragés dans la fosse.
MiLKa trouvera quelques minutes avant la fin du set pour remercier le plus chaleureusement possible, en essayant d'imposer un peu de sérieux - pas facile au milieu d'un tel show - pour prouver sa sincérité à ce public dont la passion n'a en rien fléchi pendant ces années. Il est vrai que la réponse de la foule est remarquable.
MiLKa précisera que le groupe inaugurait un peu un retour et promet des nouvelles prochaines avec du nouveau contenu et des actualités fraiches... Ce que le public ovationnera avant que ne résonnent les notes du dernier titre bien nommé, 'Rebirth & Recession', sur lequel il peut se lâcher sans retenue.
Setlist
To Be(tray)
Or Not To Be
Libido
La Peur du Vide
Teacher
Martin X part 1
Martin X part 2
Insipid
L'Autruche
Time & Space
Rebirth & Recession
] Hypno5e [
Nous attendions ce nouvel album depuis des mois, voici enfin le moment de savourer live "Shores Of The Abstract Lines", au lendemain de la soirée de présentation de la galette dans un bar parisien. Alors que le public se disperse pour aller récupérer des efforts fournis précédemment, nous apercevons alors les membres de la formation, calmes, concentrés, installer rigoureusement leur matériel, aidés par des petites mains venues disposer de chaque côté de la scène des écrans blancs. La promesse faite sur l'animation visuelle va donc être tenue pour accompagner ce set.
D'autant plus que la présence de
MiLKa, qui avait, rappelons-le, prêté sa voix sur le titre 'The Hole' nous permettra peut-être de voir le featuring live.
De longues minutes plus tard, changement assez radical d'ambiance, après les Toulousains et leur son rentre-dedans très direct, ce sont désormais les ambiances cinématographiques et imagées qui sont privilégiées, sur une musique tantôt planante, invitant à fermer les yeux pour mieux s'imprégner de ces mélodies, tantôt dissonante et ultra brutale, menée par une structure très fluide et abondée par les cris sortis du chaos par un
Manu très en forme, jouant toujours sans médiator sur sa 7-cordes, et de toute évidence ravi d'être sur scène.
Fidèle à lui-même,
Gredin joue pieds-nus de sa basse à 6 cordes, très humblement. Lorsque les passages se font plus corsés et heavy, le voilà instoppable à sauter en l'air tout en jouant et à tournoyer sans fin.
C'est sur le titre introductif puis le premier long morceau de l'album, tous deux situés sur l'East Shore, que débute le set. L'ambiance est posée en quelques secondes. 'In Our Deaf Lands' parcourt pendant presque 13 minutes un thème lent, somptueux, aux structures rythmiques recherchées, dont le chant doux, presque murmuré au départ est ponctué par les séquences narrées de 'Planches Courbes' que le public récite en même temps. Puis le titre se corse et le groupe donne alors toute la dimension de ce morceau riche qui se magnifie en live. Le public, jusqu'alors attentif et se laissant transporter dans les hauteurs de ce titre est maintenant en train de se déchainer au rythme du morceau.
La batterie de
Théo est puissante, juste, et son jeu de double pédale l'est tout autant. Il restera concentré, imperturbable, sur tout le set.
Jonathan n'est pas en reste, même s'il reste assez statique sur son côté droit de la scène, il forme avec
Emmanuel un duo mélodique solide et semble à l'aise, acclamé par les fans qui s'amassent devant lui.
Les séquences enregistrées sont bien balancées et complètent parfaitement les tableaux. Les images projetées sur les écrans blancs donnent de la couleur aux récits et permettent de canaliser nos imaginations et de nous guider dans l'univers visuel du groupe. Ce côté apporte un plus non négligeable dans la prestation des Montpelliérains et méritera d'être mieux mis en valeur sur les prochains shows du groupe.
Vient alors un incontournable des prestations live d'
Hypno5e, 'Maintened Relevance of Destruction (part 2)' issu de leur premier effort "Des deux l'une est l'autre", où le chant lyrique d'
Ilene G entraîne la voix de
Manu dans des hurlements bouleversants pour finir en harmonie.
Peu d'échange avec le public et de transition entre les titres, la setlist file à vive allure et parcourt alors l'excellent "Acid Mist Tomorrow" avec le violentissime part 2 de 'Gehenne' et son part 3, plus aérien grâce à son chant en espagnol, avant de replonger dans l'exploration de la côte Ouest maintenant avec les 'Where We Lost the Ones' et 'Memories'. Suite à ce dernier titre, le public réclamera le titre suivant dans l'album, 'Tio' qui ne sera malheureusement pas choisi ce soir.
Présenté par
Manu qui annonce 'The Hole', voici donc revenir
MiLKa pour interpréter ce morceau en duo. L'occasion de montrer au public que
Psykup et
Hypno5e se connaissent bien et de longue date. Il paraît naturel que
Psykup s'invite sur la tournée de "Shores Of The Abstract Lines" pour annoncer leur grand retour.
La boucle du dernier album sera bouclée avec l'interprétation du titre concluant l'oeuvre, 'South Shore–Blind Man's Eye' avant de revenir après rappel pour jouer 'Tutuguri' à l'issu duquel le show se terminera dans une apocalypse auditive et visuelle, où
Emmanuel,
Jonathan et
Gredin achèveront leur set, avant que
Théo viennent lâcher un pied de cymbale sur une guitare laissée par terre, se retirant sous les applaudissements fournis du public.
Enorme prestation du groupe qui aura livré une performance à la hauteur de la qualité de leur dernier opus, ce soir sur le sol parisien pour la première date d'une longue tournée. Nous avions jusqu'ici toujours vu le groupe jouer en première partie (de
Gojira en 2013, puis au
Hellfest) donc toujours frustrés de ne pas en avoir plus. Cette fois, moins de regrets, même si nous aurions voulu prolonger l'expérience. Nous entendrons même dans le public une remarque d'un fan qui s'était visiblement déplacé pour applaudir
Psykup disant "Je me demandais pourquoi
Psykup ne jouait pas en dernier, mais maintenant je sais..."
Setlist
East Shore-In Our Deaf Lands
Acid Mist Tomorrow
Maintened Relevance of Destruction part 2
Gehenne part 2
Gehenne part 3
West Shore–Where We Lost the Ones
West Shore–Memories
The Hole
South Shore–Blind Man's Eye
Tutuguri
Toutes les photos de
Psykup et
] Hypno5e [ en HD sont visibles sur le
compte FlickR de PhilX.