Une fois encore, il fallait s'y prendre tôt pour avoir la chance d'assister à l'un des événements marquants de cette fin d'année : la célébration du concert de
Ghost à Paris, donnée par le respectable
Papa Emeritus III, seulement en fonction depuis le 15 juin dernier. En effet, le concert était complet 3 mois avant la représentation, autant dire que les heureux chanceux présents ce soir ont pu doublement apprécier cette soirée mémorable ...
Pour la tournée de leur dernier album,
Papa Emeritus et les
Nameless Ghouls ont choisi d'être accompagnés de compatriotes, un duo singulier du nom de
Dead Soul.
Dead Soul
Véritables extra-terrestres de la scène
Heavy, ce jeune duo composé de
Anders Landelius alias
Slidin’ Slim au chant et
Niels Nielsen à la guitare, œuvre dans un Rock entre
Industriel et
Heavy, assez unique tant dans leur musique que dans leur univers. D'une base pourtant
Blues, ce duo a pourtant pris le parti d'une musique indéfinissable, comme puisant son inspiration dans des registres énergiques tellement divers, aux frontières d'un
Thrash ou d'un
Garage Rock.
Aidés par un guitariste pour leur live, et donc au final composé de 2 guitaristes et un chanteur, pas de musicien rythmique (ni basse, ni batterie), absence palliée par une importante orchestration enregistrée, ce qui ne laisse aucune place à l'improvisation, quelconque échange avec le public ou liberté de quoi que ce soit. Mais heureusement, le set du trio est maîtrisé et le tout se déroule sans encombre.
Niels Nielsen enrichit la musique par ses claviers avec lesquels il alterne.
Côté ambiance, elle peine à décoller dans le public et sur scène, difficile d'en imposer une avec 2 guitaristes les yeux rivés sur leurs instruments et un chanteur en lunettes noires dont la gestuelle est très limitée. Cependant, les enchaînements rapides et le rythme volontairement enlevé va finir par libérer quelques fans dans le public, alors que la salle termine de se remplir.
Les lumières sont au rendez-vous dans cette
Cigale dont la température commence à monter, et le son promet d'être à la hauteur pour la tête d'affiche, que nous attendons maintenant de pied ferme.
Ghost
Alors que la salle trépigne d'impatience pendant le changement de scène, des chants liturgiques commencent à se faire entendre ("Miserere mei, Deus" de
Gregorio Allegri et Masked Ball de
Jocelyn Pook), plongeant l'audience dans une véritable ambiance biblique. Ne manquent que les vitraux et le décor serait parfait !
La salle enfin plongée dans le noir, voici enfin les vitraux que nous espérions, projetés en fond de scène, l'ambiance est désormais parfaite. Les
Ghouls prennent place solennellement dans la brume, vêtus de leur nouvel uniforme. Exit la capuche, ceux-ci arborent désormais des masques beaucoup plus travaillés, la bouche toujours obstruée.
Alors que le groupe de musiciens commence à jouer les premières notes de 'Spirit', titre introductif du dernier né des Suédois, la foule ovationne
Papa Emeritus III qui fait son apparition dans l'intense fumée qui noie désormais la scène. La chanson ultra rythmée par ses riffs saccadés et un jeu de percussion basique mais efficace est sublimée par la mise en scène produite devant nous où certains
Ghouls claquent violemment leur chaussures vernies sur le parquet de la scène, ce qui marque les accents de la mélodie et intensifie le refrain "Spirit, Absinthe", scandé à l'unisson par un public surexcité.
Papa est magistral dans sa nouvelle tenue, extrêmement travaillée dans ses moindres détails, des chaussures à la pointe de la coiffe papale frappée du sceau du groupe, en passant par les gants. Le nouveau maquillage de
Papa est également de mise. Sa mise en scène est toujours aussi spectaculaire, dans sa gestuelle noble, son regard noir, prenant le soin de dévisager individuellement chaque membre de l'audience, comme s'il les damnait sur 20 générations. En introduction de 'Con Clavi Con Dio', de l'"Opus Eponymous",
Papa balancera longuement son encensoir qui parfume instantanément la fosse.
Alors que les
Ghouls se partagent parfaitement la large scène, se réunissant parfois en face à face ou en cercles, allant voir tantôt le batteur et claviériste, tantôt leur public, mais les observant toujours de leurs yeux noirs d'un air impassible. L'absence d'expression sur leur visage est compensée par leurs expressions corporelles qui semblent trahir une sacrée énergie et l'envie de donner au public ce qu'il est venu voir. Ces allures de diables tournoyant autour de
Papa Emeritus, qui, lui, mesure chaque pas, chaque geste, chaque regard, sont du plus bel effet. L'image est parfaite.
Les lumières sont à la hauteur de ce qu'il y a à voir sur scène, les places assises servent au contraire au public à prendre plus de hauteur pour mieux contempler ce véritable spectacle, et le son est parfaitement délivré dans les moindres recoins de la salle. La voix de Papa résonne parfaitement sur l'ensemble des titres et chaque refrain est repris par le public, incollable sur les paroles impies du groupe. Les échanges avec le public sont très nombreux, chaque lancement de chanson apporte son lot d'applaudissements et d'ovations, le tout régulièrement introduit par une anecdote amusante de
Papa, très en forme et définitivement porté sur le sexe.
La setlist met évidemment à l'honneur l'excellent dernier opus "Meliora", sorti cette année, mais également le très apprécié "Infestissumam" donc les titres annoncés font mouche. En effet, des monuments tels que 'Ghuleh/Zombie Queen', 'Jigolo Har Megiddo', 'Monstrance Clock' ou encore 'Year Zero' déchaineront encore davantage, s'il est encore possible, le public.
Alors que la soirée bat son plein et que
Papa a décidé d'ôter sa coiffe, révélant une chevelure brune tirée en arrière, et des gants blancs, plus fins, il est temps de lancer le titre qui clôturera cette soirée mémorable avec un dernier clin d'oeil sur le 'Monstrance Clock'. Longuement ovationné par une salle suintante, le groupe se retirera avec autant de flegme qu'à son arrivée, mais en laissant ses fans comblés et ravis.
Setlist
Miserere mei, Deus de Gregorio Allegri
Masked Ball de Jocelyn Pook
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Spirit
From the Pinnacle to the Pit
Ritual
Con Clavi Con Dio
Per Aspera ad Inferi
Body and Blood
Devil Church
Cirice
Year Zero
Spöksonat
He Is
Absolution
Mummy Dust
Jigolo Har Megiddo - accoustique
Ghuleh/Zombie Queen
If You Have Ghosts de Roky Erickson
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Monstrance Clock
Toutes les photos de
Dead Soul et
Ghost en HD sont visibles sur le compte
FlickR de PhilX.